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Sukran par J.-P. Andrevon

Fiche de Sukran

Titre : Sukran
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1989
Editeur : Gallimard

Première page de Sukran

« Je me suis planté devant la terrasse du Zénith et j’ai déballé mon instrument. J’ai fait ça discrètement, comme toujours, pour ne pas effaroucher les consommateurs, ni les mateurs. Le Zénith est un crunch dont la façade doit bien faire cinquante mètres de large. C’est un de ces nouveaux rapid-food qui ont fleuri juste après la guerre, ou peut-être bien pendant, et qui affichent une anglophonie de surface pour paraître chrétiens en face du débordement arabe gangrenant toute la côte en général et Marseille en particulier.

Mais je n’ai pas à entrer dans ces considérations de géopolitique profonde, même si je suis un enfant de cette géopolitique-là. Il était neuf heures du soir, ou un peu plus. Le ciel était vert au-dessus de la ville, avec des moirures jaunes vers l’ouest, où en principe le soleil se couche si aucun incident cosmique n’a changé cette vieille habitude. C’est une bonne heure, pas à cause des considérations poétiques que les couleurs célestes peuvent vous précipiter dans l’âme, mais parce qu’il y a foule à toutes les terrasses et dans toutes les places et rues piétonnes du Nouveau-Frioul. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Sukran. »

Sherman par J.-P. Andrevon

Fiche de Sherman

Titre : Sherman
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1989
Editeur : Multivers éditions

Première page de Sherman

« Ils en avaient tous marre. Même Jo, qui avait eu l’idée. Il y avait des heures qu’ils marchaient. Et maintenant la nuit était venue, froide et lugubre. La forêt n’était plus qu’une masse indistincte dont les mailles se refermaient sur eux, buissons pleins d’épines qui les tiraient par la manche, branches basses qui leur raclaient les joues ou leur donnaient de méchantes gifles derrière les oreilles au moment où ils ne s’y attendaient pas. Mais ils marchaient quand même, en trébuchant, en haletant, en jurant, en s’engueulant.

— On est perdus… On est complètement paumés… Je vous dis qu’on va arquer comme ça toute la nuit, pour des prunes.

Ça, c’était Mittois, dit La Mitte. Mais il répétait toujours la même chose et personne ne lui répondait plus, pas même Brischbach, dit Bribri, qui au début avait essayé de le faire taire parce qu’avec ses plaintes lancées de sa voix geignarde il risquait de les faire repérer. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Sherman. »

Retour à la terre 3 par J.-P. Andrevon

Fiche de Retour à la terre 3

Titre : Retour à la terre 3
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1977
Editeur : Denoël

Sommaire de Retour à la terre 3

  • La guerre du pou par R. Blondel
  • Entre-propos bio-bibliographiques par J.-P. Andrevon
  • Un si bel I.M.P. par D. Phi
  • Deux personnages dans un paysage vide par A. Dorémieux
  • Petits moments exquis de résistance dans les garrigues par R. Durand
  • Entre parenthèses par C. Renard
  • Les foetus ne passeront pas par B. Blanc
  • Le futur t’attends ! par J.-P. Andrevon
  • Un amour de vacances (avec le clair de lune, les violons, tout le bordel en somme) par P. Pelot
  • Terre, si douce Terre… par C.-F. Cheinisse

Première page de La guerre du pou

« Trois poux erraient près d’une piscine. Voulaient peut-être se baigner ? Quelques étoiles lâchèrent des coups de feu furtifs. Le val ne laissait entendre que des bruits si discrets qu’ils ne se répercutaient pas à plus de trente centimètres. La lune parut, l’air très ancien.
— On attend, ou quoi ? dit Ambroise.
Une odeur de thym régnait, assez impérieuse.
— Il paraît, dit Jérôme, que les hiboux sont très affectueux.
Une rivière, en contrebas, avait une petite toux.
— On dit que des mines, dit Stanislas, truffent le terrain.
Quelques arbres montraient une certaine arrogance. Une boucle de ceinturon luisait.
— Des mines ? dit Thomas. Ce serait donc une guerre ?
Peut-être y avait-il, plus au nord dans la nuit, des prairies, des auberges, des fêtes chômées. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Retour à la Terre 3. »

Retour à la terre 2 par J.-P. Andrevon

Fiche de Retour à la terre 2

Titre : Retour à la terre 2
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1976
Editeur : Denoël

Sommaire de Retour à la terre 2

  • Un jour torride par M. Jeury
  • Timeo Danaos par J. de Fast
  • En attendant la marée par J. Houssin
  • Seconde chance par J.-P. Andrevon
  • Les Dragos par G. W. Barlow
  • Suicide d’une pop star par D. Douay
  • Retour à la Terre, définitif par P. Goy
  • Tivi et les autres par B. Mathon
  • Hier peut arriver par D. Drode
  • Un problème de salaire pour Buffalo Bill par P. Duvic

Première page de Un jour torride

« Bruno s’arrêta sur le pas de la porte. Agnès et Martine se tenaient l’une près de l’autre, au milieu de la cuisine, droites, figées, comme hostiles.

Une seconde plus tôt, Agnès observait le ciel par la fenêtre entrebâillée. Elle s’était détournée à l’entrée de Bruno. Mais lui avait surpris son mouvement. Il savait qu’elle guettait la montée de l’orage : depuis la cour du Mas-Aliénas, on entendait de faibles roulements de tonnerre du côté du sud.

Une sécheresse implacable régnait cet été-là sur les plateaux du Centre, du Quercy, du Périgord. Les paysans étaient à bout d’attente, à bout d’espoir… Mais peut-être la jeune Agnès ne voulait-elle pas passer pour une paysanne comme les autres aux yeux de Bruno, le Parisien, et peut-être essayait-elle de cacher son anxiété à ce visiteur qui l’émouvait un peu trop. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Retour à la Terre 2. »

Retour à la terre 1 par J.-P. Andrevon

Fiche de Retour à la terre 1

Titre : Retour à la terre 1
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1975
Editeur : Denoël

Sommaire de Retour à la terre 1

  • Le petit chien blanc qui rôdait seul dans les rues de la ville déserte par D. Walther
  • Où se peigne la pluie aux courbes des ombrelles par P. Marlson
  • Tant on s’ennuie en Utopie par F. Carsac
  • Adamève par P. Curval
  • Le vallon par J.-P. Andrevon

Première page de Le petit chien blanc qui rôdait seul dans les rues de la ville déserte

« — Il n’y a pas de doute, Monsieur, il s’agit bien de Terra. Contrôle positif. Enregistrons les appels et les réponses s’il y a lieu.
— Bien. Passez sur vol orbital en fin de période.
— À vos ordres, Monsieur.
Sous le ventre du Mégasol la boule bleue et verte empanachée de traînées gazeuses que jadis on appelait la Terre ; 40 000 kilomètres et des poussières à l’équateur, aplatissement très réduit aux pôles. Population (?) : 7 000 000 000 d’individus mâles, femelles et hermaphrodites.
 
Le Mégasol 9 vaisseau surluminique de prospection venait de passer plus de 200 superpériodes dans l’espace interstellaire en mission de simple recherche, assortie de contrôles de routine. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Retour à la Terre 1. »

Repères dans l’infini par J.-P. Andrevon

Fiche de Repères dans l’infini

Titre : Repères dans l’infini
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1975
Editeur : Denoël

Sommaire de Repères dans l’infini

  • Le visage
  • L’enclave à éclipses
  • Deux visites à ces dames
  • Les aquatiques (carnets)
  • Le miroir de Persée
  • Escale
  • Scant
  • Lutte pour une petite planète
  • Les portes de fer
  • Brumes

Première page de Le visage

« Sur Vénus…

Sur Vénus ?

Sur Vénus, vraiment sur Vénus, lorsqu’on est au niveau du sol, lorsqu’on a les pieds dans le sable de Vénus, il ne fait pas aussi chaud qu’on le croyait au temps où on en était à expédier dans son atmosphère des sondes automatiques qui se déréglaient avant d’avoir pu descendre assez bas pour tester les conditions climatiques du niveau zéro. 400 degrés ? 400 degrés centigrades, oui, mais seulement dans les couches moyennes, là où l’air est le plus dense, là où la chaleur du soleil s’emmagasine dans cette espèce de serre sans toit de 300 kilomètres d’épaisseur. Plus bas, au ras du sol, sur une épaisseur de 3 ou 400 mètres…

Dans le tunnel de Forsythe ? »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Repères dans l’infini. »

Pleure, ô cher pays ! par J.-P. Andrevon

Fiche de Pleure, ô cher pays !

Titre : Pleure, ô cher pays !
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1999
Editeur : Les belles lettres

Première page de Pleure, ô cher pays !

« Mel Capuron hurla « Pas moi ! » et se réveilla. Ou alors il s’était réveillé d’abord pour hurler après, va savoir.

Ensuite il décolla ses paupières et demeura un moment les yeux grands ouverts et la bouche pareille, à regarder droit devant lui. Comme il était couché, droit devant lui, ça voulait dire au-dessus. Et au-dessus de lui il n’y avait rien de spécial, seulement ce qui tenait lieu de plafond à la ruine où il avait dormi, des continents de plastique qui se barraient par plaques, des câbles qui pendaient misérablement, des bâches lourdes du reliquat des pluies printanières, des traverses pourries qui tenaient grâce au seul travail d’entoilage des araignées innombrables, tout un univers plafonnier passionnant et fragile confondu dans une »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Pleure, ô cher pays !. »

Paysages de mort par J.-P. Andrevon

Fiche de Paysages de mort

Titre : Paysages de mort
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1978
Editeur : Denoël

Sommaire de Paysages de mort

  • Ici
  • Les rats
  • Le grand combat nucléaire de Tarzan
  • Jour de sortie
  • Ainsi vont les jours
  • Musique pour un départ
  • La grande révolte des robots de juin 2134
  • Opération de routine
  • La dérive
  • Sur le bord de la route
  • Paysage des morts

Première page de Ici

« Le matin, par exemple, j’attends pour me lever que le soleil passe l’angle gauche de la fenêtre et vienne arrondir une tache éblouissante sur mon oreiller. Je reste alors une minute, ou deux minutes, ou plus, dans ce cercle de chaleur lumineuse qui me poche l’œil. Je me sens bien.

Et puis je me lève, de n’importe quel pied. La moquette est toujours douce, et l’appartement toujours tiède. Je me lève, nu, et, par exemple, je fais plusieurs fois le tour de la pièce blanche qui me sert de chambre. La paroi à gauche est occupée par la fenêtre qui donne sur le soleil levant, la paroi en face est percée par la porte qui conduit au reste de l’appartement, la paroi à droite est occultée par l’armoire où sont rangés mes quelques habits et par les rayons de la bibliothèque où sont alignés mes nombreux livres, la paroi derrière… »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Paysages de mort. »

Papy end par J.-P. Andrevon

Fiche de Papy end

Titre : Papy end (Le Poulpe)
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1997
Editeur : Baleine

Première page de Papy end

« Le mardi 2 avril 1996 a été un jour comme un autre. Le mardi 2 avril, Ezzedine al-Qassem, la branche armée du Hamas, a annoncé la reprise des attentats suicides contre Israël. Six experts, cinq Français et un Américain, sont arrivés à Vlasenica, à l’est de la Bosnie, pour enquêter sur l’existence possible de charniers musulmans. Deng Xiaoping (91 ans), tyran chinois, a parlé en faveur de Chen Xitong, ex-maire de Pékin, accusé d’avoir détourné 18,3 milliards de yans, soit 11 milliards de francs. En demi-finale aller pour la coupe de l’UEFA à Prague, les Girondins de Bordeaux ont battu 1 à 0 la Slavia, qui n’est pas une bière, grâce à un tir au but de Christophe Dugarry, qui est un homme. Et après de multiples tractations, les ministères des Transports, des Finances et Matignon ont décidé qu’en matière de pollution de l’air, les villes de plus de 100000 habitants se verront dotées, à partir du 1er janvier 98, d’un réseau de surveillance. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Papy end (Le Poulpe). »

Nouvelles par J.-P. Andrevon

Fiche de Nouvelles

Titre : Nouvelles (1961-1983)
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution :
Editeur :

Sommaire de Nouvelles

  • La muraille occident
  • Musique pour un départ
  • De « A » à « Z »
  • Sur le bord de la route
  • Short shorts
  • Ici
  • Comme une étoile solitaire et fugitive
  • La tigresse de Malaisie
  • Tout à la main

Première page de La muraille occident

« TO-GLOC… TO-GLOC… TO-GLOC… Le convoi où avait pris place Wally Mestriano arriva en vue de la Muraille en fin d’après-midi. Éclairée de biais par le soleil couchant, la Muraille étincelait de lumière et la fumée jaune doré qui la couronnait sauvagement paraissait translucide comme une coulée de shampooing. La voilà ! C’est la Muraille ! On y est, les clefs ! Les défenseurs entassés dans les camions hurlaient, trépignaient, frappaient en cadence le plancher des Berliet avec la crosse de leur fusil d’assaut. Près de Wally Mestriano une rafale partit, crevant l’entoilage kaki du camion. Un défenseur sursauta, glissa du banc en coulissant le long du corps de son compagnon de siège, bascula sur le sol, s’étendit entre les rangers alignés. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Nouvelles. »