La course à la mort par Édouard Rod
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Fiche de La course à la mortTitre : La course à la mort Première page de La course à la mort« … Je relis de temps en temps les notes que j’aime à prendre sur moi-même, et je conviens volontiers que, si je n’étais pas directement en cause, je trouverais peu d’intérêt au développement de ma vie. Les faits manquent beaucoup : il ne m’est jamais rien arrivé ; ou, quand il m’arrivait quelque chose, je m’en apercevais à peine : les événements se changeaient tout de suite en sensations qu’une analyse immédiate et inconsciente s’empressait de décomposer. — J’ai perdu des êtres qui m’étaient chers et je les ai pleurés, mais mes larmes ne jaillissaient pas de ma douleur comme d’une source vive : ou bien j’hésitais à les répandre et les refoulais, par je ne sais quelle pudeur qui m’interdisait l’affliction même devant moi seul ; ou ma volonté contribuait à mon désespoir, et je me jouais à moi-même une espèce de comédie. J’ai aimé, — si l’on peut donner le nom d’amour à un sentiment né de la solitude et du désir, qui se produit, se développe, se satisfait sans remplir le cœur, qui laisse l’imagination libre, qui ne s’étend ni jusqu’à l’oubli radieux des joies complètes ni jusqu’à l’égoïste absorption des vraies douleurs. » Extrait de : E. Rod. « La Course à la mort. » |