Étiquette : livre
Omega 5 par Georges Murcie

Fiche de Omega 5
Titre : Omega 5
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir
Première page de Omega 5
« Mélodieux, le timbre d’appel égrena ses notes brèves.
Mouralhia soupira.
Un autre visiteur, à n’en pas douter. Une nouvelle entrevue. Elle ne les comptait plus ! Qu’allait-on encore lui apprendre, ou lui demander, ou quémander ? De quel problème, grave, bénin, insoluble, allait-on maintenant l’entretenir ?
Mouralhia fit un effort pour se ressaisir. Dans un souci d’élégance, peut-être de coquetterie (mais savait-on encore vraiment ici ce qu’était la coquetterie ?), elle porta la main à sa chevelure, dompta rapidement en la laissant entre ses doigts une longue mèche blonde qui venait lui barrer la joue et la rejeta doucement derrière son épaule. Elle devait afficher un visage serein, se montrer aimable, accueillante, compréhensive. Un devoir impératif envers ses sujets. Un rôle qu’il lui fallait jouer, coûte que coûte.
Elle était, en effet, au service de son peuple et ne pouvait l’oublier. Tout un chacun pouvait venir, les jours d’audience. On sonnait. Elle répondait toujours et recevait tout le monde, en personne ou par
l’intermédiaire des écrans. Elle écoutait, réconfortait, aidait. Ici, régner comportait plus de servitudes que de prérogatives. »
Extrait de : G. Murcie. « Omega 5. »
Objectif : la Terre ! par Georges Murcie

Fiche de Objectif : la Terre !
Titre : Objectif : la Terre !
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1972
Editeur : Fleuve noir
Première page de Objectif : la Terre !
« Je me réveille en sursaut, avec la mauvaise conscience de quelqu’un qui sait, d’instinct, qu’il a laissé passer l’heure.
Les idées tardent quelques secondes à s’ordonner dans mon esprit tandis que, dépaysé, je parcours la chambre des yeux.
Il fait grand jour. De lourds rideaux de velours vert sont tirés devant ce qui doit être une haute porte-fenêtre, dont j’aperçois l’un des montants de métal chromé. Le soleil se glisse timidement par l’intervalle que ces tentures laissent entre elles. L’ensemble forme un décor un peu vieillot qui procure pourtant une sensation de confort.
Dissipées les dernières brumes du sommeil, je me souviens enfin que je ne suis pas à mon domicile. Cette chambre est celle d’un hôtel de Paris. J’y suis arrivé hier. C’est vrai que je suis en vacances !
Je ne sais pas encore que ces vacances vont être beaucoup plus longues que prévu. »
Extrait de : G. Murcie. « Objectif la Terre !. »
Motel 113 par Georges Murcie

Fiche de Motel 113
Titre : Motel 113
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1971
Editeur : Fleuve noir
Première page de Motel 113
« Dans sa hâte, il prit le virage un peu trop vite.
La « Capricieuse 18 » amorça un dérapage.
Le gémissement aigu des pneus sur le macadam…
Chris Welch vit la colonne de pierre de l’entrée et le vantail de fer se rapprocher dangereusement sur sa gauche.
Dans la même fraction de seconde, commandé par les multiples cellules photo-électriques et les télémètres incorporés sur tout le pourtour du petit véhicule, le système automatique de répulsion magnétique emplit son office. À la perfection ; sans que Chris Welch ait eu besoin d’effectuer la moindre correction de sa trajectoire par le volant. Un fonctionnement à la fois simple et extraordinaire, qui avait fait ses preuves ! En dépit des vitesses sans cesse plus élevées qu’atteignaient les véhicules terrestres, on ne comptait plus les accidents que ce procédé avait permis d’éviter.
« Une si belle entrée, pensa Welch, il aurait été regrettable de l’endommager ! »
Extrait de : G. Murcie. « Motel 113. »
Mission au futur antérieur par Georges Murcie

Fiche de Mission au futur antérieur
Titre : Mission au futur antérieur
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1973
Editeur : Fleuve noir
Première page de Mission au futur antérieur
« Olof Svensel abattit lourdement son énorme poing sur la table.
— Non, s’emporta-t-il, non !
Le coup avait résonné sourdement, et fait vibrer l’abat-jour métallique de la lampe de bureau. Il tintait encore sur une note aiguë, de plus en plus faible.
Son interlocuteur ne se départit pas de son calme. Il se contenta de sourire en regardant Svensel, l’air à la fois gêné et moqueur.
Sous le front haut constamment barré par une mèche blonde, les yeux clairs du Suédois luisaient d’un reflet froid.
— Rien ne justifie tous ces atermoiements, reprit Olof. Rien, sauf un sentimentalisme suranné qui ne nous mène à rien. Au contraire ! Il ne fait que freiner notre…
Le professeur Cardenas Perez le coupa d’un geste.
— Je sais tout cela, Olof, murmura-t-il. Vous me l’avez répété cent fois ! Et, dans le fond, je crois que vous avez raison. »
Extrait de : G. Murcie. « Mission au futur antérieur. »
Marga par Georges Murcie

Fiche de Marga
Titre : Marga
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1978
Editeur : Fleuve noir
Première page de Marga
« — Lâchez-moi !
Pour toute réponse, l’homme ricana de façon vulgaire. Marga sentit son souffle tiède et saccadé courir sur sa peau, à la naissance de sa gorge, et elle se débattit plus violemment pour tenter d’échapper à son étreinte. L’effort lui arrachait de courts gémissements. Elle réussit à le saisir par les cheveux, qu’il portait assez longs, et elle tira fortement en arrière pour l’écarter d’elle.
— Garce !
L’insulte avait sifflé entre ses dents serrées. Une lumière lointaine, qui provenait sans doute de la route, jeta un reflet fugace dans ses yeux soudain plus luisants. Marga en éprouva une joie intense et cruelle. Ces larmes involontaires que la douleur faisait naître la vengeaient d’avance et, en satisfaisant son orgueil, lui apportaient une sorte de compensation. »
Extrait de : G. Murcie. « Marga. »
Mâa par Georges Murcie

Fiche de Mâa
Titre : Mâa
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1976
Editeur : Fleuve noir
Première page de Mâa
« Il se réveilla en sursaut.
Il se sentait oppressé. Dans sa gorge, une boule d’angoisse faisait curieusement naître un volume dur et douloureux. Il essaya machinalement d’avaler sa salive, eut l’impression d’ingurgiter quelque chose de consistant et râpeux.
Il ne constata pas tout de suite qu’il était trempé de sueur. À vrai dire, cela ne le surprit pas. Il commençait même à en prendre l’habitude.
L’habitude…
Pour autant qu’on puisse s’accoutumer à ces désagréables réveils qui survenaient en pleine nuit. Il en ignorait la cause. C’était déjà la cinquième fois que le phénomène se produisait. Comme chaque fois, il conservait l’impression vague d’avoir été la proie d’un cauchemar, dont il ne gardait cependant aucun souvenir précis.
Il résista pendant quelques instants à l’envie impérieuse qu’il éprouvait d’allumer sa lampe de chevet. Il trouvait ce geste ridicule, et il en avait aussi un peu honte. »
Extrait de : G. Murcie. « Mâa. »
Les rescapés du futur par Georges Murcie

Fiche de Les rescapés du futur
Titre : Les rescapés du futur
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1971
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les rescapés du futur
« Les hautes et larges roues se remirent lentement en mouvement.
Sur le sol grisâtre et poussiéreux de la galerie, les pneus énormes laissaient les empreintes floues de leurs profonds dessins.
L’engin, massif, lourd, imposant, faisait d’abord songer à quelque tracteur. Ou à l’un de ces puissants appareils motorisés qu’on apercevait fréquemment sur les chantiers ou les tracés des futures autoroutes et dont le commun des mortels ne soupçonnait qu’à peine l’utilité. Mais la comparaison ne résistait pas à un examen plus détaillé.
L’habitacle, assez spacieux pour contenir une équipe de six hommes pourvus d’un abondant matériel, en était complètement clos. Les parois transparentes, de plastacier moulé, permettaient une visibilité totale sous tous les angles. On devinait, à ses joints épais et à son système de verrouillage, que la porte d’accès assurait une fermeture hermétique, transformait l’habitacle en un caisson parfaitement étanche. »
Extrait de : G. Murcie. « Les Rescapés du futur. »
Les possédés de Wolf 359 par Georges Murcie

Fiche de Les possédés de Wolf 359
Titre : Les possédés de Wolf 359
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1973
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les possédés de Wolf 359
« Que s’est-il passé sur notre planète ? »
Que s’est-il produit ici, il y a longtemps, très longtemps ? Si longtemps que seul notre aîné en garde quelque souvenir, vague sans doute, et que tout ce qui nous environne a déjà subi gravement l’irrémédiable dommage de l’érosion, cette lente lime du temps qui parvient peu à peu, insensiblement, à tout corrompre, saper, détruire, effacer. Il ne reste plus que vestiges et décombres, à l’exclusion de l’ensemble complexe de machines, d’appareils et d’instruments divers qui forme la Matrice et son réseau tentaculaire soigneusement entretenu.
Qu’est devenu tout ce qui existait auparavant, de toute évidence, selon toute vraisemblance, et dont il ne reste plus que des traces ? Et tous ces ravages, toute cette désolation, sont-ils imputables seulement à l’action patiente et tenace du temps qui passe, inexorable, à cette dégradation
progressive et naturelle de toute matière ? »
Sans doute était-il normal que tout être doté d’intelligence en vînt un jour ou l’autre à se poser des questions sur ses propres origines et sur les cataclysmes qui avaient secoué la longue évolution de son espèce au cours de l’Histoire. »
Extrait de : G. Murcie. « Les possédés de Wolf 359. »
Les naufragés du temps par Georges Murcie

Fiche de Les naufragés du temps
Titre : Les naufragés du temps
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1975
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les naufragés du temps
« Par trente-sept degrés nord et trente degrés de longitude ouest, la base de Molkopekh s’étendait sur près de seize kilomètres carrés.
Pistes et installations diverses occupaient en fait la presque totalité d’une plaine circulaire blottie au fond d’une vaste dépression. Cette cuvette était située au sud-est de la Grande-Ile, non loin de la côte que l’océan mordait sans cesse. Elle était cernée par des sommets au tracé déchiqueté, assez élevés en réalité, bien que ce relief parût doux, comparé au massif montagneux qui, au nord et surtout à l’est du pays, dressait des cimes impressionnantes, si hautes qu’un feston de neige les couronnait même pendant les mois les plus chauds de l’été.
Sous la coupole de verre qui coiffait l’Édifice Pyramidal, où siégeaient la Direction de la base ainsi que divers services administratifs et la plupart des centres de recherches, Kamanzarak contemplait le paysage alentour d’un regard presque distrait. »
Extrait de : G. Murcie. « Les Naufragés du temps. »
Les hybrides de Michina par Georges Murcie

Fiche de Les hybrides de Michina
Titre : Les hybrides de Michina
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1975
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les hybrides de Michina
« Elle se redressa lentement en repoussant la couverture qu’elle avait frileusement ramenée sur
elle avant de s’assoupir.
Assise sur le lit étroit, elle jeta un coup d’œil autour d’elle. C’était devenu une sorte de réflexe, car elle ressentait toujours un peu d’appréhension à son réveil, et elle regardait alors ce qui l’entourait comme si elle redoutait de se retrouver dans un cadre inconnu. Elle savait bien pourtant que rien ne pouvait se passer ainsi, que tout dépendait d’elle en définitive ; de son acceptation. Un libre choix, vraiment, puisque aucune obligation ne la liait.
La pénombre n’était pas assez dense pour noyer tout à fait les contours des objets et des meubles
familiers. On les devinait dans la pièce, masses sombres et rassurantes.
Rassurantes…
Elle répéta le mot, eut du moins l’impression de le murmurer.
C’était vraiment contraire à ce qu’elle avait coutume d’éprouver lorsqu’il lui arrivait de s’éveiller en pleine nuit. »
Extrait de : G. Murcie. « Les hybrides de Michina. »