Greffes profondes par Jean Viluber
![]() |
Fiche de Greffes profondesTitre : Greffes profondes Première page de Greffes profondes« Un bruit sourd et mou. Celui d’un corps disloqué jeté à terre, sans rebond. Sur le sol, une ombre referma le portail et disparut. Un pas lourd, ralenti par la boue, s’éloigna. La porcherie vide regagna son silence, étouffée de chaleur et d’obscurité. Une nuée de mouches bleues s’agitait dans l’unique rai de lumière qui tombait de l’œil-de-bœuf surmontant le portail. Des reniflements… Le charognard, tapi dans la pénombre, repéra la proie, mais c’était son odorat qui le guidait. En quelques pas rapides, il fut devant la petite forme inerte qui évoquait vaguement une silhouette humaine. Voûté au garrot, il jeta un dernier regard autour de lui pour s’assurer de sa solitude. D’un coup de mâchoire, il éclata la tête de son repas – guère plus de résistance que du cartilage – et mâcha furieusement, broyant, avalant, s’étouffant, crachant et ravalant le chaud mélange de cervelle, de fragments d’os, de gencives. La viande humide et encore tiède excita sa voracité. Sa première faim apaisée, il gloussa de satisfaction. » Extrait de : J. Viluber. « Greffes profondes. » |