Kéraban-le-têtu par J. Verne

Fiche de Kéraban-le-têtu

Titre : Kéraban-le-têtu
Auteur : J. Verne
Date de parution : 1883
Editeur :

Première page de Kéraban-le-têtu

« DANS LEQUEL VAN MITTEN ET SON VALET BRUNO SE PROMÈNENT, REGARDENT, CAUSENT, SANS RIEN COMPRENDRE À CE QUI SE PASSE
 
Ce jour-là, 16 août, à six heures du soir, la place de Top-Hané, à Constantinople, si animée d’ordinaire par le va-et-vient et le brouhaha de la foule, était silencieuse, morne, presque déserte. En le regardant du haut de l’échelle qui descend au Bosphore, on eût encore trouvé le tableau charmant, mais les personnages y manquaient. A peine quelques étrangers passaient-ils pour remonter d’un pas rapide les ruelles étroites, sordides, boueuses, embarrassées de chiens jaunes, qui conduisent au faubourg de Péra. Là est le quartier plus spécialement réservé aux Européens, dont les maisons de pierre se détachent en blanc sur le rideau noir des cyprès de la colline.
C’est qu’elle est toujours pittoresque, cette place, – même sans le bariolage de costumes qui en relève les premiers plans, – pittoresque et bien faite pour le plaisir des yeux, avec sa mosquée de Mahmoud, aux sveltes minarets, sa jolie fontaine de style arabe, maintenant veuve de son petit toit d’architecture célestienne, ses boutiques où se débitent sorbets et confiseries de mille sortes, ses étalages, encombrés de courges, de melons de Smyrne, de raisins de Scutari, qui contrastent avec les éventaires des marchands de parfums et des vendeurs de chapelets, son échelle à laquelle accostent des centaines de caïques peinturlurés, dont la double rame, sous les mains croisées des caïdjis, caressent plutôt qu’elles ne frappent les eaux bleues de la Corne-d’Or et du Bosphore. »

Extrait de : J. Verne. « Kéraban-le-têtu. »

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