La vallée du temps profond par M. Jeury
Fiche de La vallée du temps profondTitre : La vallée du temps profond Sommaire de La vallée du temps profond
Première page de La vallée du temps profond« Quelquefois, le cœur plein d’un espoir fou, je poursuivais au fond de la vallée mon chien César, un corniaud fureteur qui connaissait mieux les secrets de l’univers qu’un professeur de grec à la Sorbonne. Je courais vite, en ce temps-là. J’avais dix ans… Si ces mots ont un sens. Je veux dire les mots « an » et « temps ». Mais peu importe. Le plus souvent, César bondissait vers la vallée de façon si soudaine que je n’avais aucune chance de m’accrocher à son sillage. Alors, en attendant son retour, je m’asseyais sur une pierre plate, toujours la même, et je regardais les vaisseaux ou les traîneaux flotter dans le temps profond, poussés par des chiens ou tirés par des serpents. Ces silhouettes étaient étirées et déformées par un phénomène de réfraction en traversant la surface du temps. Il fallait de jeunes yeux et un regard bien entraîné pour les distinguer des jeux d’ombre et de lumière dans les feuillages ou les nuages. Mais quel spectacle exaltant pour un petit paysan qui demandait la lune ! Je rêvais à l’infini, à l’éternité, comme d’autres aux prochaines vacances. » Extrait de : M. Jeury. « La Vallée du temps profond. » |