Brebis galeuses par Kurt Steiner
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Fiche de Brebis galeusesTitre : Brebis galeuses Première page de Brebis galeuses« Accoudé à la rambarde, Rolf admirait le monde. Il était au sommet de la tour du cinquième niveau, celle qui dominait la ville. De là, on avait une vision complète de l’horizon. Il suffisait de tourner la tête, de tourner sur soi-même à la limite de torsion du cou et de revenir à sa position primitive. Ainsi, on avait vu le monde. Rolf sourit. Non, on ne pouvait tout voir d’un seul point. Le monde était trop grand. À partir des faubourgs déjà lointains, son œil erra vers l’horizon cotonneux. Au-delà, et d’une façon très progressive, c’était le néant : le sol se confondait avec le ciel, à force de monter. Si on continuait de lever la tête, il fallait fermer les yeux car le regard rencontrait le soleil. On pouvait toujours les rouvrir après l’avoir dépassé. Alors, on voyait l’autre partie du ciel et on rencontrait bientôt l’autre partie de l’horizon. Car le monde avait la forme d’un œuf immense, avec le Soleil dedans. On pouvait faire le tour du Soleil sans jamais quitter le sol… enfin, théoriquement. » Extrait de : K. Steiner. « Brebis galeuses. » |