Desolation road par Jérôme Noirez
Fiche de Desolation roadTitre : Desolation road Première page de Desolation road« Gayle Hudson était du genre chétif. Quand il était gosse, à l’école, on le surnommait Twisted Nail, « clou tordu », parce qu’il avait tendance à se tenir voûté, une mauvaise habitude qu’il n’avait pas perdue, du reste. Il était né avec le siècle, et, en 1917, quand l’Oncle Sam avait pointé son doigt autoritaire vers lui, il avait voulu s’engager volontairement. L’Amérique avait besoin de lui. Il y croyait alors. On l’avait réformé à la première visite médicale, à cause de sa taille et de son poids. « Mon gars, si une bombe explose à côté de toi, tu t’envoles jusqu’en Russie », lui avait dit le médecin en riant. Gayle n’était pas taillé pour la guerre, pour l’aventure, il valait mieux qu’il manie un crayon plutôt qu’un fusil, et il avait fini par se faire à cette idée. C’était un garçon têtu, terriblement têtu, opiniâtre des pieds à la tête. Ça se voyait dans sa démarche, quand il fendait la foule des rues de Los Angeles avec la détermination d’un homme décidé à commettre un meurtre de sang-froid, juste parce qu’il lui prenait l’envie subite d’aller boire un verre dans l’un de ses bars favoris. » Extrait de : J. Noirez. « Desolation road. » |