L’herbe aux pendus par Kurt Steiner
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Fiche de L’herbe aux pendusTitre : L’herbe aux pendus Première page de L’herbe aux pendus« La classe était enfin vide. Du haut de l’estrade sur laquelle trônait son bureau de bois vernis, Carmeaux laissa errer son regard de pupitre en pupitre, sans parvenir à lier ses pensées entre elles. Il flottait encore entre les tables cette odeur d’enfant poussiéreux que les instituteurs connaissent bien. Çà et là, la tache blanche d’une feuille de papier froissée mettait dans la grisaille louche de cette fin d’après-midi d’octobre comme une petite lumière abandonnée. Octobre. La rentrée ne datait pas de huit jours. Et déjà Francis Carmeaux, responsable de ce cours moyen, sentait sur ses épaules le poids d’une nouvelle année scolaire. Il venait d’atteindre trente ans. Huit ans d’enseignement derrière lui éloignaient tout espoir d’un événement quelconque. Et le pli vertical qui creusait son front, à la racine du nez, contenait déjà les lassitudes à venir, la discipline à maintenir avec peine, l’amertume des fins de mois difficiles. » Extrait de : K. Steiner. « L’herbe aux pendus. » |