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Les temps ultramodernes par Laurent Genefort

Fiche de Les temps ultramodernes
Titre : Les temps ultramodernes (Tome 1 sur 2 – Les temps ultramodernes)
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 2022
Editeur : Albin Michel
Première page de Les temps ultramodernes
« Dans la poche de son manteau, la lettre de convocation était froissée à force d’être serrée. Renée la posa sur sa jupe, pour la lisser avec application. Sur la banquette en face d’elle, un rire étouffé lui fit lever la tête. Les quatre heures du trajet ferroviaire lui avaient permis d’étudier à loisir les passagers du compartiment. Face à elle et flanquée de deux marmots boudeurs, une matrone somnolait, le menton enfoncé dans son fichu. Assis à côté, un homme à petite moustache cirée, comme tracée au fusain, était plongé dans la lecture d’un numéro du Temps daté de la veille : le 19 novembre 1924. Son voisin de gauche, un commis voyageur d’une cinquantaine d’années, aurait pu payer double tarif tant il occupait de place. Entre ses joues couperosées, sa bouche évoquait l’embouchure évasée d’un cor de chasse. Le dernier voyageur à sa droite, avec son allure efflanquée et son air d’adolescent rêveur, semblait le négatif de son épais voisin, sans cesse à l’affût d’une saillie à caser. Celui-là aurait éclaté d’un rire gaillard au lieu d’émettre un gloussement discret.
Renée faillit demander au jeune homme ce que son geste avait de si amusant. »
Extrait de : L. Genefort. « Les temps ultramodernes. »
Les incandescents par Fred Hoyle et Geoffrey Hoyle

Fiche de Les incandescents
Titre : Les incandescents
Auteur : Fred Hoyle et Geoffrey Hoyle
Date de parution : 1977
Traduction : R. Latour
Editeur : Albin Michel
Première page de Les incandescents
« Le tourbillon des découvertes depuis l’Âge des Ténèbres a pénétré jusque dans le monde slave.
Tels furent les mots par lesquels tout commença. Prononcés par le professeur Ortov, de l’Université de Moscou.
« Le tourbillon des découvertes depuis l’Âge des Ténèbres… » Pas du tout le genre de phrases qui pourraient vous échapper un jour dans un moment de distraction. Ortov savait ce qu’il disait, mais il ignorait à qui il le disait. C’était un signal codé à l’un des deux cents élèves qui suivaient son cours sur les concepts artistiques de Byzance.
Ce cours avait lieu à huit heures du matin en un mois de janvier particulièrement froid et sombre au vingt-septième étage du bâtiment de l’Université, ancien mausolée qui datait de la période stalinienne avant que le régime d’oppression en Russie eût réellement assis son pouvoir sur le peuple. »
Extrait de : F. Hoyle et G. Hoyle. « Les incandescents. »
Les hommes-molécules par Fred Hoyle et Geoffrey Hoyle

Fiche de Les hommes-molécules
Titre : Les hommes-molécules
Auteur : Fred Hoyle et Geoffrey Hoyle
Date de parution : 1971
Traduction : R. Latour
Editeur : Albin Michel
Sommaire de Les hommes-molécules
- Les hommes-molécules
- Le monstre du Loch ness
Première page de Les hommes-molécules
« J’attendais avec impatience que les bagages consentissent à émerger d’une sorte de four crématoire à l’envers. Ce système en vigueur sur l’aéroport afin d’économiser de la main-d’œuvre n’était heureusement que semi-automatique. J’en avais vu un, entièrement automatique, donc une merveille de la technologie, qui arrachait les étiquettes des bagages sortants et accumulait les valises entrantes dans des recoins aussi mystérieux qu’introuvables.
La profession que j’exerce présente deux aspects. En surface, je suis professeur à Cambridge. Sous cette surface, je suis, si l’on veut, un espion industriel – espionnage qui n’a rien à voir avec la politique ou les militaires. Mes deux activités se conjuguent étrangement bien, l’aspect respectable étant le complément naturel du pas-tellement-respectable. À Cambridge, je travaille sur des problèmes hautement académiques, ce qui me donne accès à toutes les sociétés de produits chimiques du monde entier. »
Extrait de : F. Hoyle et G. Hoyle. « Les Hommes-molécules. »
Quand reviendra l’oiseau-nuage par Bernard Villaret

Fiche de Quand reviendra l’oiseau-nuage
Titre : Quand reviendra l’oiseau-nuage
Auteur : Bernard Villaret
Date de parution : 1983
Editeur : Albin Michel
Première page de Quand reviendra l’oiseau-nuage
« En terminant ma tournée médicale dans les deux villages, j’ai appris ce matin, par le père Hellas, qu’il y aurait au crépuscule une « Séance missionnaire ».
Hellas est une personnalité de la « Réserve » ; ce maître Jacques est à la fois sabotier, garde-champêtre chargé d’annoncer les nouvelles au son du tambour et préposé à l’entretien des Solaires. Chez lui, la nature, économe de chair, n’a pas rechigné sur les os. Ce que l’on remarque d’abord, c’est son squelette qui transparaît de partout, prêt à crever la peau. Hellas est maigre à faire peur aux enfants, mais encore solide puisqu’il mène sa triple tâche à la satisfaction générale. Il est toujours vêtu d’un long manteau grisâtre qui lui vient de son grand-père, probablement plus grand que lui. Ce manteau lui tombe jusqu’aux pieds et semble marcher tout seul, tant le corps est sec, quasi inexistant. »
Extrait de : B. Villaret. « Quand reviendra l’oiseau-nuage. »
Le long détour par Arthur Bertram Chandler

Fiche de Le long détour
Titre : Le long détour
Auteur : Arthur Bertram Chandler
Date de parution : 1976
Traduction : F. M. Watkins
Editeur : Albin Michel
Première page de Le long détour
« Trajectoire, commandant ? » demanda vivement Carnaby.
Le commodore Grimes considéra son navigateur avec fort peu d’enthousiasme. Le jeune homme maigre, la mine éveillée sous les cheveux blond presque blancs, ses longs doigts posés sur le clavier de l’ordinateur du poste de commande, avait son expression alerte et empressée qui irritait toujours l’officier. Grimes se détourna lentement et contempla par les viseurs la sphère opalescente qui était, qui ne pouvait être que la planète de Kinsolving et au-delà de ce monde le lointain ellipsoïde de luminosité pâle de la Lentille Galactique. Rien ne pressait, pensa-t-il, inutile de prendre une décision immédiate. Il avait de nouveau son vaisseau, ses propres hommes autour de lui et le reste n’avait guère d’importance.
« Nous devons aller quelque part, dit sèchement Sonya.
— Ou quelque quand », murmura Grimes, plus pour lui que pour elle bien qu’il la regardât en parlant. »
Extrait de : A. B. Chandler. « Le long détour. »
Le mort-vivant par Marc Donat

Fiche de Le mort-vivant
Titre : Le mort-vivant
Auteur : Marc Donat
Date de parution : 1910
Editeur : Albin Michel
Sommaire de Le mort-vivant
- Le mort-vivant
- Ses cheveux
- La femme au chien
Première page de Le mort vivant
« — Alors, mon cher maître ?… demanda anxieusement le docteur Doyn à l’illustre professeur Lancast.
— Alors, mon cher confrère, le cas de votre malheureux ami, Henderson Jeffrys, est extrêmement grave, je ne vous apprends rien en vous le disant.
— Désespéré ?
— Aucun organe essentiel n’est atteint, mais, dans ces atrophies musculaires progressives, quand la paralysie envahit les muscles du tronc jusqu’au diaphragme, le malade succombe asphyxié. Il se peut aussi que rien de tout cela ne se produise et que son état s’améliore. Enfin, je vous le répète, continuez de lui prodiguer vos bons soins et gardez de l’espoir.
— Le traitement ?
— Celui dont vous m’avez parlé : vésicatoires volants autour de l’épaule et du thorax, pointes de feu, cautérisation transcurrente, douches d’eau chaude… Ce M. Henderson Jeffrys est un savant, n’est-ce pas ? »
Extrait de : M. Donat. « Le mort vivant. »
La forêt muette par Pierre Pelot

Fiche de La forêt muette
Titre : La forêt muette
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1982
Editeur : Albin Michel
Première page de La forêt muette
« Il tenait son poing fermé et serrait de toute sa force. L’objet caché à l’intérieur de sa main meurtrissait le creux de sa paume et ses doigts. Mais il ne voulait pas y songer, ni croire à la réalité de cette horreur ; il ne voulait pas que de nouvelles images terrifiantes, abominables, lui chavirent une fois encore le cerveau. Il n’avait rien dans sa main : c’était ce qu’il fallait se dire. Absolument.
Et s’ils voulaient y regarder, ils seraient obligés de lui casser les doigts.
Le docteur avait assuré qu’ils ne lui feraient aucun mal, au contraire, « N’aie pas peur, Charlie. C’est fini, terminé. » D’accord, d’accord, docteur. Il était sincère, c’est sûr. Sincère et gentil, le docteur.
Lui et les autres étaient venus à son secours et l’avaient arraché aux tentacules gluants du cauchemar, en cet endroit maudit. »
Extrait de : P. Pelot. « La forêt muette. »
L’homme nu par D. Simmons

Fiche de L’homme nu
Titre : L’homme nu
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1992
Traduction : M. Lebailly
Editeur : Albin Michel
Première page de L’homme nu
« Bremen quitta l’hôpital et sa femme mourante pour rouler vers l’est, vers la mer. Les routes étaient encombrées de Philadelphiens fuyant leur ville en ce week-end pascal exceptionnellement chaud, aussi dut-il se concentrer sur sa conduite, ne gardant qu’un contact fort ténu avec l’esprit de sa femme.
Gail dormait. Ses rêves induits par les médicaments étaient incohérents. Elle cherchait sa mère dans une suite interminable de pièces remplies de meubles victoriens. Les images oniriques se glissaient entre les ombres vespérales de la réalité pendant que Bremen traversait les Pine Barrens. Gail émergea du sommeil juste au moment où il quittait la route touristique et, durant ces quelques secondes où elle ne souffrait pas encore, Bremen put voir avec elle la lumière du soleil éclairant la couverture bleue, au pied de son lit ; puis il partagea également son bref vertige confusionnel lorsqu’elle crut – durant une seconde seulement – se réveiller à la ferme. »
Extrait de : D. Simmons. « L’Homme nu. »
L’amour, la mort par D. Simmons

Fiche de L’amour, la mort
Titre : L’amour, la mort
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1993
Traduction : M. Lebailly
Editeur : Albin Michel
Sommaire de L’amour, la mort
- Le lit de l’entropie à minuit
- Mourir à Bangkok
- Coucher avec des femmes dentues
- Flash-back
- Le grand amant
Première page de Le lit de l’entropie à minuit
« Nous sortions tout juste de Denver et nous nous dirigions vers l’ouest à l’heure de pointe d’un vendredi soir, nous étions arrivés en haut de la première grande montée et Caroline venait de me demander à quoi servait la voie de détresse des camions lorsque j’aperçus le semi-remorque en difficulté, dans la file en sens inverse, au pied de la côte. Sur le moment, je pensai qu’il avait simplement roulé trop vite sur les six kilomètres de pente à cinq pour cent, mais le lendemain matin, à Breckenridge, je vis les photos de l’accident en première page du Denver Post et du Rocky Mountain News ; le camionneur avait survécu, mais les trois passagères de la Toyota Camry qu’il avait percutée et envoyée par-dessus le séparateur en béton étaient mortes. »
Extrait de : D. Simmons. « L’Amour, la Mort. »
Sleeping beauties par S. King et O. King

Fiche de Sleeping beauties
Titre : Sleeping beauties
Auteur : Stephen King et Owen King
Date de parution : 2017
Traduction : J. Esch
Editeur : Albin Michel
Première page de Sleeping beauties
« Ree demanda à Jeanette si elle regardait parfois le carré de lumière de la fenêtre. Non, dit Jeanette. Ree occupait le lit du haut, Jeanette celui du bas. L’une et l’autre attendaient que les portes des cellules s’ouvrent, pour le petit déjeuner. Un matin comme les autres.
Apparemment, la compagne de cellule de Jeanette avait étudié le carré en question. Ree lui expliqua qu’il apparaissait sur le mur opposé à la fenêtre, et qu’ensuite il descendait, peu à peu, glissait sur le dessus du bureau, pour finir sur le sol. Où il se trouvait maintenant, au centre, comme Jeanette pouvait le constater, éclatant.
« Ree, dit Jeanette. Je n’en ai rien à foutre de ton carré de lumière.
– Tu ne peux pas ne rien avoir à foutre d’un carré de lumière ! »
Ree lâcha ce petit rire nasillard par lequel elle exprimait son amusement.
« OK. Comprenne qui pourra », dit Jeanette.
Sa compagne de cellule se remit à cacarder. »
Extrait de : S. King. « Sleeping beauties. »