Auteur/autrice : CH91

 

La révolte des Boudragues par Jean-Louis Le May

Fiche de La révolte des Boudragues

Titre : La révolte des Boudragues (Tome 7 sur 12 – Chroniques des temps à venir)
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1981
Editeur : Fleuve noir

Première page de La révolte des Boudragues

« Par le trou créé par la disparition d’un nœud dans le bois trop ancien passe le premier rai de la lumière du jour et Toumas ouvre grands ses deux yeux. Il les referme, frotte ses paupières qui n’en peuvent mais et bâille. Cela fait un bout de temps qu’il tourne et retourne sur la couche formée à son empreinte et toute moite de sueur.

A sa droite, le nez tourné vers la fenêtre, Elèna paraît dormir, cette innocente ! Pas à dire, la saison chaude arrive plus vite d’une année sur l’autre. Entre deux orages à faire péter les oreilles, deux coups de vent à arracher les cornes les mieux enfoncées dans les crânes de cocus, deux averses bonnes à noyer un chourrou(2), le soleil brille et chauffe ce couillon ! Il chauffe tellement qu’on ne peut plus mettre la trogne dehors sans un chapeau à bord.

Avec un temps pareil, jamais la végétation n’a aussi bien poussé. Il n’y a pour ainsi dire plus de pelade sur les montagnes alentour. Même le mont Tonnerre, que l’orage massacre allègrement, commence à se couvrir de beaux taillis, solides et bien verts. »

Extrait de : J.-L. Le May. « La Révolte Des Boudragues – Chroniques des temps à venir. »

L’hérésie magicienne par Jean-Louis Le May

Fiche de L’hérésie magiciennelent les Achachilas

Titre : L’hérésie magicienne (Tome 12 sur 12 – Chroniques des temps à venir)
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1987
Editeur : Fleuve noir

Première page de L’hérésie magicienne

« En ce temps-là, le bon pape Adolfo Ruys Pacheco perdit la vie. Il serait plus exact de dire qu’il trouva la mort, étant donné que cette fin regrettable fut considérablement hâtée par autrui. Les méchants du temps prétendirent même quelle fut provoquée par les sortilèges érotico-initiatiques de la flamboyante conseillère privée du défunt, Anahuatl Pantli, évêque de l’Amazonas.
Dans de précédentes chroniques, nous avons traité en détail de la naissance et du développement de Transam, l’entité territoriale rockandine et de son avatar, l’Église de Grand Dieu Bon. Nous n’y reviendrons pas. Retenons que la belle Anahuatl Pantli, ayant remarquablement mené son action, se fit élire au sommet de la hiérarchie de l’Église sans la moindre difficulté.
Comme souvent en de semblables circonstances, il se découvrit des grincheux pour murmurer entre leurs dents que si le pape Pacheco avait moins chevauché l’amazone, il aurait conservé la vie. Il se trouva également des opposants systématiques à la présence, à la tête de l’œcumène, d’une femelle plus intéressée par la longueur et la cambrure de l’organe de ses diacres et vicaires du commun, que par la destinée de l’Église. »

Extrait de : J.-L. Le May. « L’hérésie magienne – Chroniques des temps à venir. »

Sur qui veillent les Achachilas par Jean-Louis Le May

Fiche de Sur qui veillent les Achachilas

Titre : Sur qui veillent les Achachilas (Tome 11 sur 12 – Chroniques des temps à venir)
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1985
Editeur : Fleuve noir

Première page de Sur qui veillent les Achachilas

« Aux oreilles fiévreuses des alpacas, les touffes de laine rouge, parsemée de vert et de jaune, signalaient leur appartenance à Yayllu principal de Chucuito. Paisibles, les camélidés broutaient Yichu que l’aridité du climat andin rend aussi dur que de la vieille corde.

Aussi bien pour les alpacas que pour les vigognes ou les lamas tenus à l’écart dans leurs enclos de pierres sèches, Vichu représentait l’énergie vitale. Les solides mâchoires le broyaient consciencieusement, la salive surabondante l’humectait au passage et dans les panses le prodigieux travail de transformation préparait la dissociation des fibres.

Adossée à un mur de roches grises, vestige d’une construction oubliée, Pacha somnolait, n’entrouvrant ses paupières ornées de longs cils que pour compter, en un seul regard, les différents animaux constituant le troupeau du cacique. Protégée contre la brise aigre venant du grand lac par ses robes de laine superposées et son ample poncho d’alpaca, elle maintenait rabattus les bords festonnés de son chuyo, le bonnet sans lequel le froid mordant de l’altitude serait insupportable. Pour un observateur attentif, le chuyo de Pacha Capac avait une forme assez inhabituelle, contenant difficilement les lourdes tresses de cheveux à l’étrange couleur de miel. »

Extrait de : J.-L. Le May. « Sur qui veillent les achachilas – Chroniques des temps à venir. »

Le calumet de l’oncle Chok par Jean-Louis Le May

Fiche de Le calumet de l’oncle Chok

Titre : Le calumet de l’oncle Chok (Tome 10 sur 12 – Chroniques des temps à venir)
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1984
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le calumet de l’oncle Chok

« L’Oural, le dernier-né des cosmonefs assemblés dans les cylindres ateliers de Cosmoskaïa, à 36000 kilomètres de Yourmansk, n’était plus visible que sur les écrans des télescopes électroniques. Il avait largué depuis longtemps ses accélérateurs à combustibles chimiques que les navettes ramèneraient dans une trentaine de jours.

On apercevait distinctement la tache pâle, bleutée, du cône plasmique créé par ses propulseurs électronucléaires Komarov, les plus puissants jamais mis en service. Grâce à eux, l’Oural allait effectuer l’immense voyage entre la Terre et le système de Saturne en moins de trois cents jours.

Et là, débuterait sa mission. Parvenu à proximité de l’énorme planète aux anneaux, il approcherait à petite vitesse de son satellite le plus célèbre, Titan, afin de tenter, pour la quatrième fois en cinquante ans, d’en prospecter la surface. »

Extrait de : J.-L. Le May. « Le calumet de l’oncle Chok – Chroniques des temps à venir. »

Un peu de vin d’antan par Jean-Louis Le May

Fiche de Un peu de vin d’antan

Titre : Un peu de vin d’antan (Tome 9 sur 12 – Chroniques des temps à venir)
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1983
Editeur : Fleuve noir

Première page de Un peu de vin d’antan

« La GTXL s’arrête après une dernière protestation de ses pneus ultra-étroits. Yvette Marion-Lachaume ne prend pas la peine d’ouvrir sa portière et enjambe celle-ci. Gérard Marion, son père de par la loi, c’est-à-dire en tant que mari de sa mère, Laure, née Lachaume, sursaute, grommelle, mais se garde de manifester autrement sa réprobation.

Yvette a des cuisses ravissantes, c’est entendu, mais elle n’a vraiment pas besoin d’exposer à qui n’a qu’à lever les yeux la blondeur veloutée de son intimité. Les culottes, ça existe encore, bon sang !

De mauvaise humeur, Gérard Marion ouvre rageusement la porte de la voiture de sport et s’en extirpe comme il peut. Nettement moins élégamment qu’Yvette. Le holster de son 457 double magnum accroche la poignée intérieure. Rien à faire pour le dégager, même en se contorsionnant, ce qui est délicat pour un homme quelque peu enveloppé.

— Yvette !

— Oui, p’pa, qu’est-ce qui arrive ? Merde ! Encore ? Un de ces jours tu vas t’envoyer une bastos dans les tripes ! Et je suis correcte, fait observer la charmante enfant en libérant son père. »

Extrait de : J.-L. Le May. « Un peu de vin d’antan – Chroniques des temps à venir. »

Lacunes dans l’espace par Jean-Louis Le May

Fiche de Lacunes dans l’espace

Titre : Lacunes dans l’espace (Tome 8 sur 12 – Chroniques des temps à venir)
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1981
Editeur : Fleuve noir

Première page de Lacunes dans l’espace

« Rigide comme le métal dont était constituée la plus grande part de son navire, l’amiral Marcus Douglas Meresdull, campé devant la baie tribord de la passerelle du croiseur spatial Atlanta, regardait défiler pour la dernière fois la onzième flotte d’attaque.

A sa droite, Herbert S. Rawling, le visage gras et luisant, masquait un malaise certain derrière un rictus pouvant imiter un sourire mais n’affectant que ses énormes lèvres de mâcheur de cigare. On peut être le Vice-Président de la Coalition et ne pas apprécier outre mesure de se morfondre sur une passerelle de navire de combat à 215 millions de kilomètres du Soleil, pour voir passer fugitivement quelques dizaines d’insectes bizarres défiant l’imagination d’un entomologiste averti.

A trois pas derrière l’amiral et le visiteur officiel, les douze officiers formant l’état-major de la onzième flotte, casqués, sanglés, astiqués, impassibles, vaguement méprisants, feignaient d’observer l’espace. »

Extrait de : J.-L. Le May. « Lacunes dans l’espace – Chroniques des temps à venir. »

Les volcans de Mars par Jean-Louis Le May

Fiche de Les volcans de Mars

Titre : Les volcans de Mars (Tome 6 sur 12 – Chroniques des temps à venir)
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1981
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les volcans de Mars

« Peu de bruit. Aucune vibration perceptible. Gravité pratiquement nulle. Le Tengri-Nor, minéralier modèle Sept de la Coalition est en route vers la quatrième planète du système solaire avec une accélération positive constante de 0,05 g.

L’équipage est formé d’un mélange de jeunes techniciens de l’espace et de vétérans de la dernière confrontation spatiale, cette guerre dont la Terre ne veut rien savoir et qui pourtant a eu lieu, créant ici et là de fugaces étincelles en avant des champs d’étoiles.

Combats opposant des femmes et des hommes à d’autres femmes et d’autres hommes persuadés comme eux détenir la vérité. Batailles totalement inutiles dans le bilan négatif de la Guerre Chaude, mais devenues plus intéressantes durant la guerre froide qui a suivi, en raison des comparaisons que purent effectuer les scientifiques des deux camps.

Ces confrontations ignorées du public furent suivies par les militaires, les ingénieurs, les techniciens des chantiers spatiaux qui en analysèrent les composantes, les déroulements, les conclusions plus ou moins tragiques, afin d’apporter améliorations et perfectionnements indispensables aux nouveaux navires de l’espace. »

Extrait de : J.-L. Le May. « Les volcans de Mars – Chroniques des temps à venir. »

Deux souris pour un concorde par Jean-Louis Le May

Fiche de Deux souris pour un concorde

Titre : Deux souris pour un concorde (Tome 5 sur 12 – Chroniques des temps à venir)
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1980
Editeur : Fleuve noir

Première page de Deux souris pour un concorde

« Penché sur les tiges nues émergeant du paillis de protection, Robert Sainval contemplait la progression de la sève. Futurs supports des bourgeons, les nœuds commençaient à prendre couleur. Pour le végétal, l’hibernation finissait. Le signal lumineux du printemps relançait la fantastique alchimie qui permet de transformer, dans l’exacte mesure des besoins, les matériaux d’une nouvelle croissance. A des distances insoupçonnées, les radicelles filiformes triaient avec patience les éléments traces indispensables à la vie du rosier.

Sous le chapeau de feutre informe, le front de l’homme âgé se plissa, de la même manière qu’autrefois, à Orsay et ailleurs, lorsqu’il dominait des feuillets couverts de signes, de chiffres ou de tracés. Ici, cependant, la préoccupation était de nature différente. Un des plus brillants cerveaux de son époque ayant décidé, comme certains sages avant lui, de cultiver son jardin.

Finie l’époque des soirées studieuses, harassantes, passées à surveiller le montage puis le fonctionnement d’instruments ou d’appareillages en gestation, aux noms incertains, aux formes indescriptibles parce qu’en changement perpétuel, de par la volonté des expérimentateurs, allant à tâtons dans le tunnel de l’inconnaissable. »

Extrait de : J.-L. Le May. « Deux souris pour un Concorde – Chroniques des temps à venir. »

Le verbe et la pensée par Jean-Louis Le May

Fiche de Le verbe et la pensée

Titre : Le verbe et la pensée (Tome 4 sur 12 – Chroniques des temps à venir)
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1979
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le verbe et la pensée

« La nuit s’annonce belle. Les étoiles brillent comme si elles voulaient que les hommes conservent la confiance, malgré le mauvais temps et ces nuages trop noirs qui arrivent en fin de journée, amenant l’orage, le vent, l’averse ou même la grêle. Oui, ce soir les étoiles ont chassé les éclairs plus tôt que d’habitude, pour prendre possession de tout le ciel et, cependant, Gastoun, le cardinal des Hauts, ne parvient pas à calmer son anxiété.
Il a beau se secouer, gronder et se répéter que ce n’est pas la première fois qu’un gosse va naître sous son cardinalat, rien n’y fait. Pourtant, il n’y a pas de doute, les choses vont plutôt mieux depuis quelque temps. Le linge blanc, il sert plus souvent que le noir. Pourquoi faut-il que l’inquiétude soit plus forte que la confiance ?
L’après-midi finissait. Sous le figuier vénérable, Gastoun écoutait le bruit ténu des premières grosses gouttes s’écrasant sur les feuilles, quand Adelina Deux Bosses a surgi de la gueule d’ombre de l’escalier descendant du Temple pour foncer tout droit vers le cardinal. »

Extrait de : J.-L. Le May. « Le Verbe et la Pensée – Chroniques des temps à venir. »

Safari pour un virus par Jean-Louis Le May

Fiche de Safari pour un virus

Titre : Safari pour un virus (Tome 3 sur 12 – Chroniques des temps à venir)
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1979
Editeur : Fleuve noir

Première page de Safari pour un virus

« — Un éden ! Un paradis ! Ravissant ! ne cesse de répéter Laure de la Roncières avec de gracieux mouvements de son poignet fin et lisse projetant en arc de cercle une main de fée aux longs doigts effilés terminés par des griffes d’or.

— Beuh ! Tout juste un petit bungalow, à peine confortable, comme pourrait te le répéter Juliette qui n’aime pas les moustiques d’Arbonne et préfère les gigolos de Monaco. Mais moi, j’aime !

— Et tu as raison, ce cadre est réellement divin, susurre la voix précieuse entre deux lèvres si parfaitement ourlées et tentantes que le gros homme rougeaud qui fait les honneurs d’une de ses discrètes résidences secondaires se demande quelle tête ferait cette petite pute si d’aventure il lui plaquait un vrai bécot, à pleine bouche…

— Note que je suis très heureux à l’idée que Juliette préfère Monaco, aussi longtemps qu’elle ne foutra pas les pieds au casino. »

Extrait de : J.-L. Le May. « Safari pour un virus – Chroniques des temps à venir. »