Étiquette : Baudelaire
Le coeur révélateur par Edgar Allan Poe
Fiche de Le coeur révélateur
Titre : Le coeur révélateur
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1843
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de Le coeur révélateur
« Vrai ! – je suis très nerveux, épouvantablement nerveux, – je l’ai toujours été ; mais pourquoi prétendez-vous que je suis fou ? La maladie a aiguisé mes sens, – elle ne les a pas détruits, – elle ne les a pas émoussés. Plus que tous les autres, j’avais le sens de l’ouïe très fin. J’ai entendu toutes choses du ciel et de la terre. J’ai entendu bien des choses de l’enfer. Comment donc suis-je fou ? Attention ! Et observez avec quelle santé, – avec quel calme je puis vous raconter toute l’histoire.
Il est impossible de dire comment l’idée entra primitivement dans ma cervelle ; mais, une fois conçue, elle me hanta nuit et jour. D’objet, il n’y en avait pas. La passion n’y était pour rien. J’aimais le vieux bonhomme. Il ne m’avait jamais fait de mal. Il ne m’avait jamais insulté. De son or je n’avais aucune envie. Je crois que c’était son oeil ! oui, c’était cela ! Un de ses yeux ressemblait à celui d’un vautour, – un oeil bleu pâle, avec une taie dessus. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « Le cœur révélateur. »
Le chat noir par Edgar Allan Poe
Fiche de Le chat noir
Titre : Le chat noir
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1843
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Feedbooks
Première page de Le chat noir
« Relativement à la très-étrange et pourtant très-familière histoire que je vais coucher par écrit, je n’attends ni ne sollicite la créance. Vraiment, je serais fou de m’y attendre, dans un cas où mes sens eux-mêmes rejettent leur propre témoignage. Cependant, je ne suis pas fou, – et très-certainement je ne rêve pas. Mais demain je meurs, et aujourd’hui je voudrais décharger mon âme. Mon dessein immédiat est de placer devant le monde, clairement, succinctement et sans commentaires, une série de simples événements domestiques. Dans leurs conséquences, ces événements m’ont terrifié, – m’ont torturé, – m’ont anéanti. – Cependant, je n’essaierai pas de les élucider. Pour moi, ils ne m’ont guère présenté que de l’horreur ; – à beaucoup de personnes ils paraîtront moins terribles que baroques. Plus tard peut-être il se trouvera une intelligence qui réduira mon fantôme à l’état de lieu commun, – quelque intelligence plus calme, plus logique, et beaucoup moins excitable que la mienne, qui ne trouvera dans les circonstances que je raconte avec terreur qu’une succession ordinaire de causes et d’effets très-naturels. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « Le Chat noir. »
Le canard au ballon par Edgar Allan Poe
Fiche de Le canard au ballon
Titre : Le canard au ballon
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1844
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de Le canard au ballon
« Etonnantes nouvelles par exprès, via Norfolk ! – L’Atlantique traversé en trois jours ! – Triomphe signalé de la machine volante de M. Monck Masson ! – Arrivée à l’île de Sullivan, près Charleston, s.c., de MM. Mason, Robert Holland, Henson, Harrison Ainsworth, et de quatre autres personnes, par le ballon dirigeable Victoria, après une traversée de soixante-cinq heures d’un continent à l’autre ! – Détails circonstanciés du voyage !
Le jeu d’esprit ci-dessous, avec l’en-tête qui précède en magnifiques capitales, soigneusement émaillé de points d’admiration, fut publié primitivement, comme un fait positif, dans le New-York Sun, feuille périodique, et y remplit complètement le but de fournir un aliment indigeste aux insatiables badauds durant les quelques heures d’intervalle entre deux courriers de Charleston. La cohue qui se fit pour se disputer le seul journal qui eût les nouvelles fut quelque chose qui dépasse même le prodige ; et, en somme, si, comme quelques-uns l’affirment, le Victoria n’a pas absolument accompli la traversée en question, il serait difficile de trouver une raison quelconque qui l’eût empêché de l’accomplir. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « Le Canard au ballon. »
La vérité sur le cas de M. Valdemar par Edgar Allan Poe
Fiche de La vérité sur le cas de M. Valdemar
Titre : La vérité sur le cas de M. Valdemar
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1856
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de La vérité sur le cas de M. Valdemar
« Que le cas extraordinaire de M. Valdemar ait excité une discussion, il n’y a certes pas lieu de s’en étonner. C’eût été un miracle qu’il n’en fût pas ainsi, – particulièrement dans de telles circonstances. Le désir de toutes les parties intéressées à tenir l’affaire secrète, au moins pour le présent ou en attendant l’opportunité d’une nouvelle investigation, et nos efforts pour y réussir ont laissé place à un récit tronqué ou exagéré qui s’est propagé dans le public, et qui, présentant l’affaire sous les couleurs les plus désagréablement fausses, est naturellement devenu la source d’un grand discrédit.
Il est maintenant devenu nécessaire que je donne les faits, autant du moins que je les comprends moi-même. Succinctement les voici :
Mon attention, dans ces trois dernières années, avait été à plusieurs reprises attirée vers le magnétisme »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « La vérité sur le cas de M. Valdemar. »
La lettre volée par Edgar Allan Poe
Fiche de La lettre volée
Titre : La lettre volée
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1844
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Feedbooks
Première page de La lettre volée
« J’étais à Paris en 18… Après une sombre et orageuse soirée d’automne, je jouissais de la double volupté de la méditation et d’une pipe d’écume de mer, en compagnie de mon ami Dupin, dans sa petite bibliothèque ou cabinet d’étude, rue Dunot, n° 33, au troisième, faubourg Saint-Germain. Pendant une bonne heure, nous avions gardé le silence ; chacun de nous, pour le premier observateur venu, aurait paru profondément et exclusivement occupé des tourbillons frisés de fumée qui chargeaient l’atmosphère de la chambre. Pour mon compte, je discutais en moi-même certains points, qui avaient été dans la première partie de la soirée l’objet de notre conversation ; je veux parler de l’affaire de la rue Morgue, et du mystère relatif à l’assassinat de Marie Roget. Je rêvais donc à l’espèce d’analogie qui reliait ces deux affaires, quand la porte de notre appartement s’ouvrit et donna passage à notre vieille connaissance, à M. G… , le préfet de police de Paris. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « La Lettre Volée. »
La génèse d’un poème par Edgar Allan Poe
Fiche de La génèse d’un poème
Titre : La génèse d’un poème
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1846
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de La génèse d’un poème
« La poétique est faite, nous disait-on, et modelée d’après les poèmes. Voici un poète qui prétend que son poème a été composé d’après sa poétique. Il avait certes un grand génie et plus d’inspiration que qui que ce soit, si par inspiration on entend l’énergie, l’enthousiasme intellectuel et la faculté de tenir ses facultés en éveil. Mais il aimait aussi le travail plus qu’aucun autre ; il répétait volontiers, lui, un original achevé, que l’originalité est chose d’apprentissage, ce qui ne veut pas dire une chose qui peut être transmise par l’enseignement. Le hasard et l’incompréhensible étaient ses deux grands ennemis. S’est-il fait, par une vanité étrange et amusante, beaucoup moins inspiré qu’il ne l’était naturellement ? »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « La génèse d’un poème. »
La chute de la maison Usher par Edgar Allan Poe
Fiche de La chute de la maison Usher
Titre : La chute de la maison Usher
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1839
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Feedbooks
Première page de La chute de la maison Usher
« Pendant toute une journée d’automne, journée fuligineuse, sombre et muette, où les nuages pesaient lourds et bas dans le ciel, j’avais traversé seul et à cheval une étendue de pays singulièrement lugubre, et enfin, comme les ombres du soir approchaient, je me trouvai en vue de la mélancolique Maison Usher. Je ne sais comment cela se fit, – mais, au premier coup d’œil que je jetai sur le bâtiment, un sentiment d’insupportable tristesse pénétra mon âme. Je dis insupportable, car cette tristesse n’était nullement tempérée par une parcelle de ce sentiment dont l’essence poétique fait presque une volupté, et dont l’âme est généralement saisie en face des images naturelles les plus sombres de la désolation et de la terreur. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « La Chute de la maison Usher. »
L’île de la fée par Edgar Allan Poe
Fiche de L’île de la fée
Titre : L’île de la fée
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1841
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de L’île de la fée
« La musique, – dit Marmontel, dans ces Contes Moraux que nos traducteurs persistent à appeler Moral Tales, comme en dérision de leur esprit, – la musique est le seul des talents qui jouisse de lui-même ; tous les autres veulent des témoins. Il confond ici le plaisir d’entendre des sons agréables avec la puissance de les créer. Pas plus qu’aucun autre talent, la musique n’est capable de donner une complète jouissance, s’il n’y a pas une seconde personne pour en apprécier l’exécution. Et cette puissance de produire des effets dont on jouisse pleinement dans la solitude ne lui est pas particulière ; elle est commune à tous les autres talents. L’idée que le conteur n’a pas pu concevoir clairement, ou qu’il a sacrifiée dans son expression à l’amour national du trait, est sans doute l’idée très soutenable que la musique du style le plus élevé est la plus complètement sentie quand nous sommes absolument seuls. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « L’île de la Fée. »
L’homme des foules par Edgar Allan Poe
Fiche de L’homme des foules
Titre : L’homme des foules
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1840
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de L’homme des foules
« On a dit judicieusement d’un certain livre allemand : Es loesst sich nicht lesen, – il ne se laisse pas lire. Il y a des secrets qui ne veulent pas être dits. Des hommes meurent la nuit dans leurs lits, tordant les mains des spectres qui les confessent, et les regardant pitoyablement dans les yeux ; – des hommes meurent avec le désespoir dans le coeur et des convulsions dans le gosier à cause de l’horreur des mystères qui ne veulent pas être révélés. Quelquefois, hélas ! la conscience humaine supporte un fardeau d’une si lourde horreur qu’elle ne peut s’en décharger que dans le tombeau. Ainsi l’essence du crime reste inexpliquée.
Il n’y a pas longtemps, sur la fin d’un soir d’automne, j’étais assis devant la grande fenêtre cintrée du café D…, à Londres. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « L’homme des foules. »