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L’étoile du Sud par J. Verne
Fiche de L’étoile du Sud
Titre : L’étoile du Sud
Auteur : J. Verne
Date de parution : 1884
Editeur : BeQ
Première page de L’étoile du Sud
« Renversants, ces Français ! « Parlez, monsieur, je vous écoute.– Monsieur, j’ai l’honneur de vous demander la main de miss Watkins, votre fille.– La main d’Alice ?…– Oui, monsieur. Ma demande semble vous surprendre. Vous m’excuserez, pourtant, si j’ai quelque peine à comprendre en quoi elle pourrait vous paraître extraordinaire. J’ai vingt-six ans. Je m’appelle Cyprien Méré. Je suis ingénieur des Mines, sorti avec le numéro deux de l’École polytechnique. Ma famille est honorable et honorée, si elle n’est pas riche. Monsieur le consul de France au Cap pourra en témoigner, pour peu que vous le désiriez, et mon ami Pharamond Barthès, l’intrépide chasseur que vous connaissez bien, comme tout le monde au Griqualand, pourrait également l’attester. Je suis ici en mission scientifique au nom de l’Académie des sciences et du gouvernement français. J’ai obtenu, l’an dernier, le prix Houdart, à l’Institut, pour mes travaux sur la constitution chimique des roches volcaniques de l’Auvergne. »
Extrait de : J. Verne. « L’Étoile du Sud. »
Le rayon-vert par J. Verne
Fiche de Le rayon-vert
Titre : Le rayon-vert
Auteur : J. Verne
Date de parution : 1882
Editeur : BeQ
Première page de Le rayon-vert
« Le frère Sam et le frère Sib
« Bet !
– Beth !
– Bess !
– Betsey !
– Betty ! »
Tels furent les noms qui retentirent successivement dans le magnifique hall d’Helensburgh, – une manie du frère Sam et du frère Sib d’interpeller ainsi la femme de charge du cottage.
Mais, à ce moment, ces diminutifs familiers du mot Élisabeth ne firent pas plus apparaître l’excellente dame que si ses maîtres l’eussent appelée de son nom tout entier.
Ce fut l’intendant Partridge, en personne, qui se montra, sa toque à la main, à la porte du hall.
Partridge, s’adressant à deux personnages de bonne mine, assis dans l’embrasure d’une fenêtre, dont les trois pans à losanges vitrés faisaient saillie sur la façade de l’habitation :
« Ces messieurs ont appelé dame Bess, dit-il ; mais dame Bess n’est pas au cottage.
– Où est-elle donc, Partridge ?
– Elle accompagne Miss Campbell qui se promène dans le parc. »
Extrait de : J. Verne. « Le Rayon-Vert. »
Les cinq cents millions de la Bégum par J. Verne
Fiche de Les cinq cents millions de la Bégum
Titre : Les cinq cents millions de la Bégum
Auteur : J. Verne
Date de parution : 1879
Editeur : BeQ
Première page de Les cinq cents millions de la Bégum
« Où Mr. Sharp fait son entrée
« Ces journaux anglais sont vraiment bien faits ! » se dit à lui-même le bon docteur en se renversant dans un grand fauteuil de cuir.
Le docteur Sarrasin avait toute sa vie pratiqué le monologue, qui est une des formes de la distraction.
C’était un homme de cinquante ans, aux traits fins, aux yeux vifs et purs sous leurs lunettes d’acier, de physionomie à la fois grave et aimable, un de ces individus dont on se dit à première vue : voilà un brave homme. À cette heure matinale, bien que sa tenue ne trahît aucune recherche, le docteur était déjà rasé de frais et cravaté de blanc.
Sur le tapis, sur les meubles de sa chambre d’hôtel, à Brighton, s’étalaient le Times, le Daily Telegraph, le Daily News. Dix heures sonnaient à peine, et le docteur avait eu le temps de faire le tour de la ville, de visiter un hôpital, de rentrer à son hôtel et de lire dans les principaux journaux de Londres le compte rendu in extenso d’un mémoire qu’il avait présenté l’avant-veille au grand Congrès international d’Hygiène, sur un « compte-globules du sang » dont il était l’inventeur. »
Extrait de : J. Verne. « Les Cinq cents millions de la Bégum. »
La rumeur dans la montagne par M. Renard
Fiche de La rumeur dans la montagne
Titre : La rumeur dans la montagne
Auteur : M. Renard
Date de parution : 1920
Editeur : BeQ
Première page de La rumeur dans la montagne
« Ce fut le deuxième jour que Florent Max entendit vraiment la rumeur, et qu’il l’écouta. La veille au matin, en passant, il l’avait perçue sans y faire attention ; elle s’était mêlée pour lui aux innombrables murmures de la montagne. La veille au soir, en repassant, il s’était rappelé confusément ; son oreille avait reconnu… Il y avait par là un essaim de mouches, ou quelque ruisseau souterrain.
Le deuxième jour, il s’arrêta.
Florent Max avait quitté sa maisonnette montagnarde avant l’aurore. La boîte de couleurs en sautoir, le chevalet pliant sous le bras, il gravissait les hauts sentiers vers le site repéré et la tâche à finir. Le paysagiste marchait lentement. L’aube répandait sa lueur progressive. Les splendeurs environnantes reparaissaient dans l’insensible crescendo de la clarté. Florent Max, courbé, regardait ses brodequins se poser parmi les pierres. »
Extrait de : M. Renard. « La rumeur dans la montagne. »
La tentatrice par J.-H. Rosny aîné
Fiche de La tentatrice
Titre : La tentatrice
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1897
Editeur : BeQ
Première page de La tentatrice
« Je suis naturellement honnête homme. Il est vrai que j’y ai peu de mérite, si l’on me compare à ces gens héroïques tout le temps occupés à vaincre leurs tentations, et dont les désirs s’exaspèrent d’autant plus qu’ils sont illégitimes. Un objet n’excite pas mon envie parce qu’il m’est défendu ; – et tout au contraire, j’éprouve plutôt un dégoût pour ce que je sais ne pouvoir obtenir sans abus de confiance ou sans équivoque. Cette disposition m’a permis de goûter franchement les joies qui viennent s’offrir chaque jour aux hommes, et qu’ils se refusent le plus souvent, parce que les joies illicites leur ferment le chemin.
Pourquoi faut-il, avec cette garantie de bonheur, qu’il m’arrive justement une épreuve où ma propre volonté n’a été pour rien, pourquoi faut-il que je souffre d’une volonté étrangère, à laquelle je ne puis céder sans recourir au mensonge et à l’hypocrisie ou à l’ingratitude ? Encore me serait-il facile d’échapper en me sacrifiant, – mais je ne puis le faire qu’en rendant malheureuse celle qui me domine, en chagrinant mon bienfaiteur et en ôtant la sécurité à ma pauvre mère. »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « La tentatrice. »
La jeune vampire par J.-H. Rosny aîné
Fiche de La jeune vampire
Titre : La jeune vampire
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1911
Editeur : BeQ
Sommaire de La jeune vampire
- La jeune vampire
- La silencieuse
Première page de La jeune vampire
« – Il y a quelque chose de vrai dans toutes les croyances persistantes des hommes, fit Jacques Le Marquand… j’entends les croyances qui ont rapport à des faits précis et souvent répétés.
– Alors, la sorcellerie…
– Dans son ensemble, je la nie, parce qu’elle énonce trop de faits imprécis et aussi parce qu’elle varie immodérément. Mais la science actuelle use de mainte pratique propre aux sorciers et aux sorcières : par suite, il est ridicule de nier que la sorcellerie ait reposé, du moins partiellement, sur une base expérimentale… Je n’insiste point… parce que j’ai mal étudié la matière. Mais que diriez-vous si je vous affirmais l’existence d’un phénomène comme le vampirisme ?
– La science ne le nie pas, s’écria Charmel avec goguenardise. Elle le transpose seulement de l’homme à une espèce de chauve-souris…
Jacques Le Marquand haussa les épaules et continua : »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « La jeune vampire. »
L’étonnant voyage de Hareton Ironcastle par J.-H. Rosny aîné
Fiche de L’étonnant voyage de Hareton Ironcastle
Titre : L’étonnant voyage de Hareton Ironcastle
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1922
Editeur : BeQ
Première page de L’étonnant voyage de Hareton Ironcastle
« Rebecca Storm attendait les Esprits. Elle tenait, d’une main légère, un porte-crayon d’or, la pointe sur un bloc de papier glauque. Les Esprits ne venaient point.
– Je suis un mauvais médium, soupira-t-elle. Rebecca Storm avait le visage biblique du dromadaire et presque son poil sablonneux. Ses yeux étaient visionnaires, mais sa bouche, armée de dents d’hyène, qui eussent broyé des os à moelle, annonçait un contrepoids réaliste.
– Ou bien, suis-je indigne ? Ai-je démérité de l’Au-Delà !
Cette crainte la ravagea, puis entendant sonner l’heure, elle marcha vers la salle à manger.
Un homme de haute stature, symbole parfait du type inventé par Gobineau, se tenait devant la cheminée. »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « L’étonnant voyage de Hareton Ironcastle. »
Les spectres-pirates par W. H. Hodgson
Fiche de Les spectres-pirates
Titre : Les spectres-pirates
Auteur : W. H. Hodgson
Date de parution : 1909
Traduction : E. Chardome
Editeur : BeQ
Première page de Les spectres-pirates
« La figure qui sortit de la mer.
Il commença sans aucune circonlocution.
« Je m’embarquai à Frisco, en qualité de matelot à bord du Mortzestus. D’étranges histoires couraient sur le compte de ce bateau. Mais j’étais presque sans ressources, et trop heureux de partir pour m’arrêter à de tels détails. D’ailleurs, de l’aveu de tous, on ne pouvait rien dire contre le voilier au point de vue nourriture et bons traitements. Lorsque je demandai des précisions sur les causes de sa réputation inquiétante, nul ne sut m’en donner. Seulement, il passait pour malchanceux, s’attardait plus que de raison dans ses traversées et encaissait plus que sa part de gros temps. Même, la mer étant mauvaise, il avait eu deux fois son chargement déplacé, sans parler d’autres accidents analogues. Aucun n’offrait rien d’exceptionnel et, pourvu que je pusse regagner l’Angleterre, je ne craignais pas de courir quelque risque. Néanmoins, si l’occasion s’en était présentée, j’aurais préféré un autre navire. »
Extrait de : W. H. Hodgson. « Les spectres-pirates. »
La porte du monstre par W. H. Hodgson
Fiche de La porte du monstre
Titre : La porte du monstre
Auteur : W. H. Hodgson
Date de parution : 1924
Traduction : E. Chardome
Editeur : BeQ
Sommaire de La porte du monstre
- La porte du monstre
- Le dernier voyage
Première page de La porte du monstre
« En réponse au billet accoutumé de Carnacki nous invitant à dîner et à écouter une histoire, je me rendis de bonne heure à Cheyne Walk, où je trouvai, arrivés avant moi, les trois autres amis qui étaient toujours de ces charmantes petites soirées : Arkright, Jessop et Taylor. Cinq minutes après, un dîner exquis nous occupait tout entiers.
« Vous n’avez pas été longtemps parti, cette fois », observai-je, au moment de finir mon potage ; oubliant combien Carnacki déteste qu’on lui demande ne fût-ce que d’indiquer les grandes lignes de ses histoires avant qu’il se déclare prêt à les raconter.
« Non », répliqua-t-il brièvement. Afin de changer le sujet, je communiquai à toute la table que je venais d’acheter un nouveau fusil, annonce qu’il approuva d’un sourire et d’un signe d’intelligence, comme pour me montrer quel plaisir lui causait ma tentative de détourner la conversation. Après le dîner, Carnacki s’installa confortablement dans sa grande chaise, alluma une pipe, et entra au vif de son récit : »
Extrait de : W. H. Hodgson. « La porte du monstre. »
Le pays des aveugles par H. G. Wells
Fiche de Le pays des aveugles
Titre : Le pays des aveugles et autres histoires
Auteur : H. G. Wells
Date de parution : 1904
Traduction : H. D. Davray et B. Kosakiewicz
Editeur : BeQ
Sommaire de Le pays des aveugles
- Le pays des aveugles
- Le trésor de M. Brisher
Première page de Le pays des aveugles
« À plus de trois cents milles du Chimborazo, à une centaine de milles des neiges du Cotopaxi, dans la région la plus déserte des Andes équatoriales, s’étend la mystérieuse vallée : le Pays des Aveugles.
Il y a fort longtemps, cette vallée était suffisamment accessible pour que des gens, en franchissant d’effroyables gorges et un glacier périlleux, parvinssent jusqu’à ses pâturages ; et, en effet, quelques familles de métis péruviens s’y réfugièrent, fuyant la cruauté et la tyrannie de leurs maîtres espagnols.
Puis vint la stupéfiante éruption du Mindobamba, qui, pendant dix-sept jours, plongea Quito dans les ténèbres ; les eaux bouillaient à Yaguachi, et sur les rivières, jusqu’à Guyaquil, les poissons morts flottaient. Partout, sur le versant du Pacifique, il y eut des avalanches, des éboulements énormes, des dégels subits et des inondations ; l’antique crête montagneuse de l’Arauca glissa et s’écroula avec un bruit de tonnerre, élevant à jamais une infranchissable barrière entre le Pays des Aveugles et le reste des hommes. »
Extrait de : H. G. Wells. « Le Pays des Aveugles et autres histoires. »