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Manuscrit trouvé dans une bouteille par Edgar Allan Poe
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Fiche de Manuscrit trouvé dans une bouteille
Titre : Manuscrit trouvé dans une bouteille
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1833
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de Manuscrit trouvé dans une bouteille
« De mon pays et de ma famille, je n’ai pas grand-chose à dire. De mauvais procédés et l’accumulation des années m’ont rendu étranger à l’un et à l’autre. Mon patrimoine me fit bénéficier d’une éducation peu commune, et un tour contemplatif d’esprit me rendit apte à classer méthodiquement tout ce matériel d’instruction diligemment amassé par une étude précoce. Par-dessus tout, les ouvrages des philosophes allemands me procuraient de grandes délices ; cela ne venait pas d’une admiration mal avisée pour leur éloquente folie, mais du plaisir que, grâce à mes habitudes d’analyse rigoureuse, j’avais à surprendre leurs erreurs. On m’a souvent reproché l’aridité de mon génie ; un manque d’imagination m’a été imputé comme un crime, et le pyrrhonisme de mes opinions a fait de moi, en tout temps, un homme fameux. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « Manuscrit trouvé dans une bouteille. »
Lionnerie par Edgar Allan Poe
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Fiche de Lionnerie
Titre : Lionnerie
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1835
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de Lionnerie
« Je suis, – c’est-à-dire j’étais un grand homme ; mais je ne suis ni l’auteur du Junius, ni l’homme au masque de fer ; car mon nom est, je crois, Robert Jones, et je suis né quelque part dans la cité de Fum-Fudge.
La première action de ma vie fut d’empoigner mon nez à deux mains. Ma mère vit cela et m’appela un génie ; – mon père pleura de joie et me fit cadeau d’un traité de nosologie. Je le possédais à fond avant de porter des culottes.
Je commençai dès lors à pressentir ma voie dans la science, et je compris bientôt que tout homme, pourvu qu’il ait un nez suffisamment marquant, peut, en se laissant conduire par lui, arriver à la dignité de Lion. Mais mon attention ne se confina pas dans les pures théories. Chaque matin, je tirais deux fois ma trompe, et j’avalai une demi-douzaine de petits verres. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « Lionnerie. »
Ligeia par Edgar Allan Poe
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Fiche de Ligeia
Titre : Ligeia
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1838
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de Ligeia
« Je ne puis pas me rappeler, sur mon âme, comment, quand, ni même où je fis pour la première fois connaissance avec lady Ligeia. De longues années se sont écoulées depuis lors, et une grande souffrance a affaibli ma mémoire. Ou peut-être ne puis-je plus maintenant me rappeler ces points, parce qu’en vérité le caractère de ma bien-aimée, sa rare instruction, son genre de beauté, si singulier et si placide, et la pénétrante et subjuguante éloquence de sa profonde parole musicale ont fait leur chemin dans mon cœur d’une manière si patiente, si constante, si si furtive que je n’y ai pas pris garde et n’en ai pas eu conscience.
Cependant, je crois que je la rencontrai pour la première fois, et plusieurs fois depuis lors, dans une vaste et antique ville délabrée sur les bords du Rhin. Quant à sa famille, – très certainement elle m’en a parlé. Qu’elle fût d’une date excessivement ancienne, je n’en fais aucun doute. – Ligeia ! Ligeia ! – Plongé dans des études qui par leur nature sont plus propres que toute autre à amortir les impressions du monde extérieur, – il me suffit de ce mot si doux, – Ligeia ! – pour ramener devant les yeux de ma pensée l’image de celle qui n’est plus. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « Ligeia. »
Le système du docteur Goudron et du professeur Plume par Edgar Allan Poe
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Fiche de Le système du docteur Goudron et du professeur Plume
Titre : Le système du docteur Goudron et du professeur Plume
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1845
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de Le système du docteur Goudron et du professeur Plume
« Pendant l’automne de 18…, comme je visitais les provinces de l’extrême sud de la France, ma route me conduisit à quelques milles d’une certaine maison de santé, ou hospice particulier de fous, dont j’avais beaucoup entendu parler à Paris par des médecins, mes amis. Comme je n’avais jamais visité un lieu de cette espèce, je jugeai l’occasion trop bonne pour la négliger, et je proposai à mon compagnon de voyage (un gentleman dont j’avais fait, par hasard, la connaissance quelques jours auparavant) de nous détourner de notre route, pendant une heure à peu près, et d’examiner l’établissement. Mais il s’y refusa, se disant d’abord très pressé et objectant ensuite l’horreur qu’inspire généralement la vue d’un aliéné. Il me pria cependant de ne pas sacrifier à un désir de courtoisie envers lui les satisfactions de ma curiosité, et me dit qu’il continuerait à chevaucher en avant, tout doucement, de sorte que je pusse le rattraper dans la journée, ou, à tout hasard, le jour suivant. Comme il me disait adieu, il me vint à l’esprit que j’éprouverais peut-être quelque difficulté à pénétrer dans le lieu en question »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « Le système du docteur Goudron et du professeur Plume. »
Le sphinx par Edgar Allan Poe
Fiche de Le sphinx
Titre : Le sphinx
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1846
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de Le sphinx
« Pendant l’effroyable règne du choléra à New York, j’avais accepté l’invitation d’un ami pour passer une quinzaine de jours avec lui dans la retraite de son cottage orné [1] sur les rives de l’Hudson. Nous avions ici autour de nous tous les moyens ordinaires de distraction estivale ; et avec quoi vaguer dans les bois, faire des esquisses, du bateau, pêcher, se baigner, faire de la musique, et des livres, nous aurions dû passer le temps assez agréablement, ne fut-ce par l’effrayante information qui nous parvenait chaque matin de la populeuse ville. Pas un jour ne s’écoulait sans qu’il ne nous apporte des nouvelles du décès de quelque connaissance. Ainsi, comme la fatalité augmentait, nous apprîmes à nous attendre quotidiennement à la perte de quelque ami. A la longue nous tremblions à l’approche de chaque messager. L’air même du sud nous semblait imprégné de mort. Cette pensée paralysante, en effet, prit entière possession de mon âme. Je ne pouvais ni parler, penser, ni rêver à rien d’autre. Mon hôte était d’un tempérament moins excitable, et, bien que le moral profondément déprimé, il s’efforçait à remonter le mien. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « Le Sphinx. »
Le scarabée d’or par Edgar Allan Poe
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Fiche de Le scarabée d’or
Titre : Le scarabée d’or
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1843
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de Le scarabée d’or
« Il y a quelques années, je me liai intimement avec un M. William Legrand. Il était d’une ancienne famille protestante, et jadis il avait été riche ; mais une série de malheurs l’avait réduit à la misère. Pour éviter l’humiliation de ses désastres, il quitta la Nouvelle-Orléans, la ville de ses aïeux, et établit sa demeure dans l’île de Sullivan, près Charleston, dans la Caroline du Sud.
Cette île est des plus singulières. Elle n’est guère composée que de sable de mer et a environ trois milles de long. En largeur, elle n’a jamais plus d’un quart de mille. Elle est séparée du continent par une crique à peine visible, qui filtre à travers une masse de roseaux et de vase, rendez-vous habituel des poules d’eau. La végétation, comme on peut le supposer, est pauvre, ou, pour ainsi dire, naine. On n’y trouve pas d’arbres d’une certaine dimension. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « Le scarabée d’or. »
Le roi peste par Edgar Allan Poe
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Fiche de Le roi peste
Titre : Le roi peste
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1835
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de Le roi peste
« Vers minuit environ, pendant une nuit du mois d’octobre, sous le règne chevaleresque d’Edouard III, deux matelots appartenant à l’équipage du Free-and-Easy, goélette de commerce faisant le service entre l’Écluse (Belgique) et la Tamise, et qui était alors à l’ancre dans cette rivière, furent très émerveillés de se trouver assis dans la salle d’une taverne de la paroisse Saint-André, à Londres, – laquelle taverne portait pour enseigne la portraiture du Joyeux Loup de mer.
La salle, quoique mal construite, noircie par la fumée, basse de plafond, et ressemblant d’ailleurs à tous les cabarets de cette époque, était néanmoins, dans l’opinion des groupes grotesques de buveurs disséminés çà et là, suffisamment bien appropriée à sa destination. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « Le roi peste. »
Le puits et le pendule par Edgar Allan Poe
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Fiche de Le puits et le pendule
Titre : Le puits et le pendule
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1842
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de Le puits et le pendule
« J’étais brisé, – brisé jusqu’à la mort par cette longue agonie ; et, quand enfin ils me délièrent et qu’il me fut permis de m’asseoir, je sentis que mes sens m’abandonnaient. La sentence, – la terrible sentence de mort, – fut la dernière phrase distinctement accentuée qui frappa mes oreilles. Après quoi, le son des voix des inquisiteurs me parut se noyer dans le bourdonnement indéfini d’un rêve. Ce bruit apportait dans mon âme l’idée d’une rotation, – peut-être parce que dans mon imagination je l’associais avec une roue de moulin. Mais cela ne dura que fort peu de temps ; car tout d’un coup je n’entendis plus rien. Toutefois, pendant quelque temps encore, je vis mais avec quelle terrible exagération ! Je voyais les lèvres des juges en robe noire. Elles m’apparaissaient blanches, – plus blanches que la feuille sur laquelle je trace ces mots, – et minces jusqu’au grotesque ; amincies par l’intensité de leur expression de dureté, – d’immuable résolution, – de rigoureux mépris de la douleur humaine. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « Le puits et le pendule. »
Le portrait ovale par Edgar Allan Poe
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Fiche de Le portrait ovale
Titre : Le portrait ovale
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1842
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de Le portrait ovale
« Le château dans lequel mon domestique s’était avisé de pénétrer de force, plutôt que de me permettre, déplorablement blessé comme je l’étais, de passer une nuit en plein air, était un de ces bâtiments, mélange de grandeur et de mélancolie, qui ont si longtemps dressé leurs fronts sourcilleux au milieu des Apennins, aussi bien dans la réalité que dans l’imagination de mistress Radcliffe. Selon toute apparence, il avait été temporairement et tout récemment abandonné. Nous nous installâmes dans une des chambres les plus petites et les moins somptueusement meublées. Elle était située dans une tour écartée du bâtiment. Sa décoration était riche, mais antique et délabrée. Les murs étaient tendus de tapisseries et décorés de nombreux trophées héraldiques de toute forme, ainsi que d’une quantité vraiment prodigieuse de peintures modernes, pleines de style, dans de riches cadres d’or d’un goût arabesque. Je pris un profond intérêt, – ce fut peut-être mon délire qui commençait qui en fut cause, – je pris un profond intérêt à ces peintures qui étaient suspendues non seulement sur les faces principales des murs, mais aussi dans une foule de recoins que la bizarre architecture du château rendait inévitables »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « Le portrait ovale. »
Le mystère de Marie Roget par Edgar Allan Poe
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Fiche de Le mystère de Marie Roget
Titre : Le mystère de Marie Roget
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1843
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de Le mystère de Marie Roget
« Il y a peu de personnes, même parmi les penseurs les plus calmes, qui n’aient été quelquefois envahies par une vague mais saisissante demi-croyance au surnaturel, en face de certaines coïncidences d’un caractère en apparence si merveilleux que l’esprit se sentait incapable de les admettre comme pures coïncidences. De pareils sentiments (car les demi-croyances dont je parle n’ont jamais la parfaite énergie de la pensée), de pareils sentiments ne peuvent être que difficilement comprimés, à moins qu’on n’en réfère à la science de la chance, ou, selon l’appellation technique, au calcul des probabilités. Or ce calcul est, dans son essence, purement mathématique ; et nous avons ainsi l’anomalie de la science la plus rigoureusement exacte appliquée à l’ombre et à la spiritualité de ce qu’il y a de plus impalpable dans le monde de la spéculation.
Les détails extraordinaires que je suis invité à publier forment, comme on le verra, quant à la succession des époques, la première branche d’une série de coïncidences à peine imaginables, dont tous les lecteurs retrouveront la branche secondaire ou finale dans l’assassinat récent de Mary Cecilia Rogers, à New York. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « Le mystère de Marie Roget. »