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Le canard au ballon par Edgar Allan Poe

Fiche de Le canard au ballon

Titre : Le canard au ballon
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1844
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de Le canard au ballon

« Etonnantes nouvelles par exprès, via Norfolk ! – L’Atlantique traversé en trois jours ! – Triomphe signalé de la machine volante de M. Monck Masson ! – Arrivée à l’île de Sullivan, près Charleston, s.c., de MM. Mason, Robert Holland, Henson, Harrison Ainsworth, et de quatre autres personnes, par le ballon dirigeable Victoria, après une traversée de soixante-cinq heures d’un continent à l’autre ! – Détails circonstanciés du voyage !

Le jeu d’esprit ci-dessous, avec l’en-tête qui précède en magnifiques capitales, soigneusement émaillé de points d’admiration, fut publié primitivement, comme un fait positif, dans le New-York Sun, feuille périodique, et y remplit complètement le but de fournir un aliment indigeste aux insatiables badauds durant les quelques heures d’intervalle entre deux courriers de Charleston. La cohue qui se fit pour se disputer le seul journal qui eût les nouvelles fut quelque chose qui dépasse même le prodige ; et, en somme, si, comme quelques-uns l’affirment, le Victoria n’a pas absolument accompli la traversée en question, il serait difficile de trouver une raison quelconque qui l’eût empêché de l’accomplir. »

Extrait de : Edgar Allan Poe. « Le Canard au ballon. »

La vérité sur le cas de M. Valdemar par Edgar Allan Poe

Fiche de La vérité sur le cas de M. Valdemar

Titre : La vérité sur le cas de M. Valdemar
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1856
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de La vérité sur le cas de M. Valdemar

« Que le cas extraordinaire de M. Valdemar ait excité une discussion, il n’y a certes pas lieu de s’en étonner. C’eût été un miracle qu’il n’en fût pas ainsi, – particulièrement dans de telles circonstances. Le désir de toutes les parties intéressées à tenir l’affaire secrète, au moins pour le présent ou en attendant l’opportunité d’une nouvelle investigation, et nos efforts pour y réussir ont laissé place à un récit tronqué ou exagéré qui s’est propagé dans le public, et qui, présentant l’affaire sous les couleurs les plus désagréablement fausses, est naturellement devenu la source d’un grand discrédit.

Il est maintenant devenu nécessaire que je donne les faits, autant du moins que je les comprends moi-même. Succinctement les voici :

Mon attention, dans ces trois dernières années, avait été à plusieurs reprises attirée vers le magnétisme »

Extrait de : Edgar Allan Poe. « La vérité sur le cas de M. Valdemar. »

La génèse d’un poème par Edgar Allan Poe

Fiche de La génèse d’un poème

Titre : La génèse d’un poème
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1846
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de La génèse d’un poème

« La poétique est faite, nous disait-on, et modelée d’après les poèmes. Voici un poète qui prétend que son poème a été composé d’après sa poétique. Il avait certes un grand génie et plus d’inspiration que qui que ce soit, si par inspiration on entend l’énergie, l’enthousiasme intellectuel et la faculté de tenir ses facultés en éveil. Mais il aimait aussi le travail plus qu’aucun autre ; il répétait volontiers, lui, un original achevé, que l’originalité est chose d’apprentissage, ce qui ne veut pas dire une chose qui peut être transmise par l’enseignement. Le hasard et l’incompréhensible étaient ses deux grands ennemis. S’est-il fait, par une vanité étrange et amusante, beaucoup moins inspiré qu’il ne l’était naturellement ? »

Extrait de : Edgar Allan Poe. « La génèse d’un poème. »

La barrique d’Amontillado par Edgar Allan Poe

Fiche de La barrique d’Amontillado

Titre : La barrique d’Amontillado
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1846
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de La barrique d’Amontillado

« J’avais supporté du mieux que j’avais pu les mille injustices de Fortunato ; mais, quand il en vint à l’insulte, je jurai de me venger. Vous cependant, qui connaissez bien la nature de mon âme, vous ne supposerez pas que j’aie articulé une seule menace. À la longue, je devais être vengé ; c’était un point définitivement arrêté ; – mais la perfection même de ma résolution excluait toute idée de péril. Je devais non seulement punir, mais punir impunément. Une injure n’est pas redressée quand le châtiment atteint le redresseur ; elle n’est pas non plus redressée quand le vengeur n’a pas soin de se faire connaître à celui qui a commis l’injure.

Il faut qu’on sache que je n’avais donné à Fortunato aucune raison de douter de ma bienveillance, ni par mes paroles, ni par mes actions. Je continuai, selon mon habitude, à lui sourire en face, et il ne devinait pas que mon sourire désormais ne traduisait que la pensée de son immolation. »

Extrait de : Edgar Allan Poe. « La barrique d’amontillado. »

L’île de la fée par Edgar Allan Poe

Fiche de L’île de la fée

Titre : L’île de la fée
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1841
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de L’île de la fée

« La musique, – dit Marmontel, dans ces Contes Moraux que nos traducteurs persistent à appeler Moral Tales, comme en dérision de leur esprit, – la musique est le seul des talents qui jouisse de lui-même ; tous les autres veulent des témoins. Il confond ici le plaisir d’entendre des sons agréables avec la puissance de les créer. Pas plus qu’aucun autre talent, la musique n’est capable de donner une complète jouissance, s’il n’y a pas une seconde personne pour en apprécier l’exécution. Et cette puissance de produire des effets dont on jouisse pleinement dans la solitude ne lui est pas particulière ; elle est commune à tous les autres talents. L’idée que le conteur n’a pas pu concevoir clairement, ou qu’il a sacrifiée dans son expression à l’amour national du trait, est sans doute l’idée très soutenable que la musique du style le plus élevé est la plus complètement sentie quand nous sommes absolument seuls. »

Extrait de : Edgar Allan Poe. « L’île de la Fée. »

L’homme des foules par Edgar Allan Poe

Fiche de L’homme des foules

Titre : L’homme des foules
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1840
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de L’homme des foules

« On a dit judicieusement d’un certain livre allemand : Es loesst sich nicht lesen, – il ne se laisse pas lire. Il y a des secrets qui ne veulent pas être dits. Des hommes meurent la nuit dans leurs lits, tordant les mains des spectres qui les confessent, et les regardant pitoyablement dans les yeux ; – des hommes meurent avec le désespoir dans le coeur et des convulsions dans le gosier à cause de l’horreur des mystères qui ne veulent pas être révélés. Quelquefois, hélas ! la conscience humaine supporte un fardeau d’une si lourde horreur qu’elle ne peut s’en décharger que dans le tombeau. Ainsi l’essence du crime reste inexpliquée.

Il n’y a pas longtemps, sur la fin d’un soir d’automne, j’étais assis devant la grande fenêtre cintrée du café D…, à Londres. »

Extrait de : Edgar Allan Poe. « L’homme des foules. »

L’ange du bizarre par Edgar Allan Poe

Fiche de L’ange du bizarre

Titre : L’ange du bizarre
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1844
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de L’ange du bizarre

« C’était une froide après-midi de novembre. Je venais justement d’expédier un dîner plus solide qu’à l’ordinaire, dont la truffe dyspeptique ne faisait pas l’article le moins important, et j’étais seul, assis dans la salle à manger, les pieds sur le garde-feu et mon coude sur une petite table que j’avais roulée devant le feu, avec quelques bouteilles de vins de diverses sortes et de liqueurs spiritueuses.

Dans la matinée, j’avais lu le Léonidas, de Glover ; l’Épigoniade, de Wilkie ; le Pèlerinage 1, de Lamartine ; La Colombiade, de Barlow ; la Sicile, de Tuckermann, et les Curiosités, de Griswold ; aussi, l’avouerai-je volontiers, je me sentais légèrement stupide. Je m’efforçai de me réveiller avec force verres de laffite, et n’y pouvant réussir, de désespoir j’eus recours à un numéro de journal égaré près de moi. Ayant soigneusement lu la colonne des maisons à louer, et puis la colonne des chiens perdus, et puis les deux colonnes des femmes et apprenties en fuite, j’attaquai avec une vigoureuse résolution la partie éditoriale, et, l’ayant lue depuis le commencement jusqu’à la fin sans en comprendre une syllabe, il me vint à l’idée qu’elle pouvait bien être écrite en chinois ; et je la relus alors, depuis la fin jusqu’au commencement. »

Extrait de : Edgar Allan Poe. « L’ange du bizarre. »

Hop-Frog par Edgar Allan Poe

Fiche de Hop-Frog

Titre : Hop-Frog
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1849
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de Hop-Frog

« Je n’ai jamais connu personne qui eût plus d’entrain et qui fût plus porté à la facétie que ce brave roi. Il ne vivait que pour les farces. Raconter une bonne histoire dans le genre bouffon, et la bien raconter, c’était le plus sûr chemin pour arriver à sa faveur. C’est pourquoi ses sept ministres étaient tous gens distingués par leurs talents de farceurs. Ils étaient tous taillés d’après le patron royal, – vaste corpulence, adiposité, inimitable aptitude pour la bouffonnerie. Que les gens engraissent par la farce ou qu’il y ait dans la graisse quelque chose qui prédispose à la farce, c’est une question que je n’ai jamais pu décider ; mais il est certain qu’un farceur maigre peut s’appeler rara avis in terris.

Quant aux raffinements, ou ombres de l’esprit, comme il les appelait lui-même, le roi s’en souciait médiocrement. Il avait une admiration spéciale pour la largeur dans la facétie, et il la digérait même en longueur, pour l’amour d’elle. Les délicatesses l’ennuyaient. Il aurait préféré le Gargantua de Rabelais au Zadig de Voltaire, et par-dessus tout les bouffonneries en action accommodaient son goût, bien mieux encore que les plaisanteries en paroles. »

Extrait de : Edgar Allan Poe. « Hop-Frog. »

Eléonora par Edgar Allan Poe

Fiche de Eléonora

Titre : Eléonora
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1841
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de Eléonora

« Je suis issu d’une race qu’ont illustrée une imagination vigoureuse et des passions ardentes. Les hommes m’ont appelé fou ; mais la science ne nous a pas encore appris si la folie est ou n’est pas le sublime de l’intelligence, si presque tout ce qui est la gloire, si tout ce qui est la profondeur, ne vient pas d’une maladie de la pensée, d’un mode de l’esprit exalté aux dépens de l’intellect général. Ceux qui rêvent éveillés ont connaissance de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu’endormis. Dans leurs brumeuses visions, ils attrapent des échappées de l’éternité et frissonnent, en se réveillant, de voir qu’ils ont été un instant sur le bord du grand secret. Ils saisissent par lambeaux quelque chose de la connaissance du Bien, et plus encore de la science du Mal. Sans gouvernail et sans boussole, ils pénètrent dans le vaste océan de la lumière ineffable, et comme pour imiter les aventuriers du géographe nubien, aggressi sunt Mare Tenebrarum, quid in eo esset exploraturi. »

Extrait de : Edgar Allan Poe. « Éléonora. »

Le joueur d’échecs de Maelzel par Edgar Allan Poe

Fiche de Le joueur d’échecs de Maelzel

Titre : Le joueur d’échecs de Maelzel
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1836
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook

Première page de Le joueur d’échecs de Maelzel

« Aucune exhibition du même genre n’a jamais peut-être autant excité l’attention publique que Le Joueur d’échecs de Maelzel. Partout où il s’est fait voir, il a été, pour toutes les personnes qui pensent, l’objet d’une intense curiosité. Toutefois, la question du modus operandi n’est pas encore résolue. Rien n’a été écrit sur ce sujet qui puisse être considéré comme décisif. En effet, nous rencontrons partout des hommes doués du génie de la mécanique, doués d’une perspicacité générale fort grande et d’un rare discernement, qui n’hésitent pas à déclarer que l’automate en question est une pure machine, dont les mouvements n’ont aucun rapport avec l’action humaine, et qui est conséquemment, sans aucune comparaison, la plus étonnante de toutes les inventions humaines. Et cette conclusion, disons-le, serait irréfutable, si la supposition qui la précède était juste et plausible. Si nous adoptions leur hypothèse, il serait vraiment absurde de comparer au Joueur d’échecs tout autre individu analogue, soit des temps anciens, soit des temps modernes. »

Extrait de : Edgar Allan Poe. « Le joueur d’échecs de Maelzel. »