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Conversation d’Eiros avec Charmion par Edgar Allan Poe

Fiche de Conversation d’Eiros avec Charmion
Titre : Conversation d’Eiros avec Charmion
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1839
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de Conversation d’Eiros avec Charmion
« Je t’apporterai le feu.
Euripide. – Andromaque.
EIROS. – Pourquoi m’appelles-tu Eiros ?
CHARMION. – Ainsi t’appelleras-tu désormais. Tu dois oublier aussi mon nom terrestre et me nommer Charmion.
EIROS. – Ce n’est vraiment pas un rêve !
CHARMION. – De rêves, il n’y en a plus pour nous ; – mais renvoyons à tantôt ces mystères. Je me réjouis de voir que tu as l’air de posséder toute ta vie et ta raison. La taie de l’ombre a déjà disparu de tes yeux. Prends courage, et ne crains rien. Les jours à donner à la stupeur sont passés pour toi ; et demain je veux moi-même t’introduire dans les joies parfaites et les merveilles de ta nouvelle existence.
EIROS. – Vraiment, – je n’éprouve aucune stupeur, – aucune. L’étrange vertige et la terrible nuit m’ont quittée, et je n’entends plus ce bruit insensé, précipité, horrible, pareil à la voix des grandes eaux. Cependant mes sens sont effarés, Charmion, par la pénétrante perception du nouveau. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « Conversation d’Eiros avec Charmion. »
Colloque entre Monos et Una par Edgar Allan Poe

Fiche de Colloque entre Monos et Una
Titre : Colloque entre Monos et Una
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1841
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de Colloque entre Monos et Una
« Choses futures.
Sophocle – Antigone.
UNA. – Ressuscité ?
MONOS. – Oui, très belle et très adorée Una, ressuscité. Tel était le mot sur le sens mystique duquel j’avais si longtemps médité, repoussant les explications de la prêtraille jusqu’à tant que la mort elle-même vînt résoudre l’énigme pour moi.
UNA. – La Mort !
MONOS. – Comme tu fais étrangement écho à mes paroles, douce Una ! J’observe aussi une vacillation dans ta démarche, – une joyeuse inquiétude dans tes yeux. Tu es troublée, oppressée par la majestueuse nouveauté de la Vie Éternelle. Oui, c’était de la Mort que je parlais. Et comme ce mot résonne singulièrement ici, ce mot qui jadis portait l’angoisse dans tous les coeurs, – jetait une tache sur tous les plaisirs !
UNA. – Ah ! la Mort, le spectre qui s’asseyait à tous les festins ! Que de fois, Monos, nous nous sommes perdus en méditations sur sa nature ! Comme il se dressait, mystérieux contrôleur, devant le bonheur humain, lui disant : Jusque-là, et pas plus loin ! »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « Colloque entre Monos et Una. »
Bérénice par Edgar Allan Poe

Fiche de Bérénice
Titre : Bérénice
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1835
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de Bérénice
« Le malheur est divers. La misère sur terre est multiforme. Dominant le vaste horizon comme l’arc-en-ciel, ses couleurs sont aussi variées, – aussi distinctes, et toutefois aussi intimement fondues. Dominant le vaste horizon comme l’arc-en-ciel ! Comment d’un exemple de beauté ai-je pu tirer un type de laideur ? du signe d’alliance et de paix une similitude de la douleur ? Mais comme, en éthique, le mal est la conséquence du bien, de même, dans la réalité, c’est de la joie qu’est né le chagrin ; soit que le souvenir du bonheur passé fasse l’angoisse d’aujourd’hui, soit que les agonies qui sont tirent leur origine des extases qui peuvent avoir été.
J’ai à raconter une histoire dont l’essence est pleine d’horreur. Je la supprimerais volontiers, si elle n’était pas une chronique de sensations plutôt que de faits. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « Bérénice. »
Aventure sans pareille d’un certain Hans Pfaall par Edgar Allan Poe

Fiche de Aventure sans pareille d’un certain Hans Pfaall
Titre : Aventure sans pareille d’un certain Hans Pfaall
Auteur : Edgar Allan Poe
Date de parution : 1835
Traduction : C. Baudelaire
Editeur : Bibebook
Première page de Aventure sans pareille d’un certain Hans Pfaall
« D’après les nouvelles les plus récentes de Rotterdam, il paraît que cette ville est dans un singulier état d’effervescence philosophique. En réalité, il s’y est produit des phénomènes d’un genre si complètement inattendu, si entièrement nouveau, si absolument en contradiction avec toutes les opinions reçues que je ne doute pas qu’avant peu toute l’Europe ne soit sens dessus dessous, toute la physique en fermentation, et que la raison et l’astronomie ne se prennent aux cheveux.
Il paraît que le… du mois de… (je ne me rappelle pas positivement la date), une foule immense était rassemblée, dans un but qui n’est pas spécifié, sur la grande place de la Bourse de la confortable ville de Rotterdam. La journée était singulièrement chaude pour la saison, il y avait à peine un souffle d’air, et la foule n’était pas trop fâchée de se trouver de temps à autre aspergée d’une ondée amicale de quelques minutes, qui s’épanchait des vastes masses de nuages blancs abondamment éparpillés à travers la voûte bleue du firmament. »
Extrait de : Edgar Allan Poe. « Aventure sans pareille d’un certain Hans Pfaall. »
Les 39 marches par J. Buchan

Fiche de Les 39 marches
Titre : Les 39 marches
Auteur : John Buchan
Date de parution : 1915
Traduction : T. Varlet
Editeur : Bibebook
Première page de Les 39 marches
« Cet après-midi de mai, je revins de la City vers les 3 heures, complètement dégoûté de vivre. Trois mois passés dans la mère patrie avaient suffi à m’en rassasier. Si quelqu’un m’eût prédit un an plus tôt que j’en arriverais là, je lui aurais ri au nez ; pourtant c’était un fait. Le climat me rendait mélancolique, la conversation de la généralité des Anglais me donnait la nausée ; je ne prenais pas assez d’exercice, et les plaisirs de Londres me paraissaient fades comme de l’eau de Seltz qui est restée au soleil.
— Richard Hannay, mon ami, me répétais-je, tu t’es trompé de filon, il s’agirait de sortir de là.
Je me mordais les lèvres au souvenir des projets que j’avais échafaudés pendant ces dernières années à Buluwayo. En y amassant mon pécule – il y en a de plus gros, mais je le trouvais suffisant –, je m’y étais promis des plaisirs de toutes sortes. Emmené loin de l’Écosse par mon père dès l’âge de six ans, je n’étais pas revenu au pays depuis lors : l’Angleterre m’apparaissait donc comme dans un rêve des Mille et Une Nuits, et je comptais m’y établir pour le restant de mes jours. »
Extrait de : J. Buchan. « Les 39 marches. »
Le prophète au manteau vert par J. Buchan

Fiche de Le prophète au manteau vert
Titre : Le prophète au manteau vert
Auteur : John Buchan
Date de parution : 1916
Traduction : M. Logé
Editeur : Bibebook
Première page de Le prophète au manteau vert
« J’achevais de déjeuner et je bourrais ma pipe lorsqu’on me remit la dépêche de Bullivant.
Ceci se passait à Furling, la grande maison de campagne du Hampshire où j’étais venu terminer ma convalescence, après la blessure reçue à Loos. Sandy, qui s’y trouvait dans les mêmes circonstances que moi, était, à ce moment précis, à la recherche de la marmelade d’oranges. Je lui jetai le télégramme qu’il parcourut en sifflant.
— Eh bien ! Dick, vous voilà à la tête d’un bataillon… À moins que vous ne soyez versé dans un état-major ! Vous allez devenir un sale embusqué et vous dédaignerez les malheureux officiers de troupe ! Quand je songe à votre manière de traiter les embusqués autrefois !
Je demeurai songeur quelques instants. Le nom de Bullivant me reportait à dix-huit mois en arrière, à cet été brûlant qui précéda la guerre. Je n’avais pas revu Bullivant depuis, mais les journaux avaient souvent parlé de lui. »
Extrait de : J. Buchan. « Le prophète au manteau vert. »
L’italien par A. Radcliffe

Fiche de L’italien
Titre : L’italien
Auteur : A. Radcliffe
Date de parution : 1797
Traduction : N. Fournier
Editeur : Bibebook
Première page de L’italien
« Vers l’an 1764, quelques Anglais voyageant en Italie s’arrêtèrent, aux environs de Naples, devant l’église de Santa Maria del Pianto qui dépendait d’un ancien couvent de l’ordre des Pénitents Noirs. Le porche de cette église, quoique dégradé par les injures du temps, excita par sa magnificence l’admiration des voyageurs ; curieux de visiter l’intérieur de l’édifice, ils montèrent les degrés du perron de marbre qui y conduisait. Dans la pénombre produite par les piliers du porche marchait à pas mesurés un personnage vêtu d’une robe de moine, et qui, les bras croisés, les yeux baissés, était tellement absorbé dans ses pensées qu’il ne s’était pas aperçu de l’approche des étrangers. Au bruit de leurs pas, il se retourna tout à coup mais gagna, sans s’arrêter, une porte qui donnait dans l’église et disparut. La figure de cet homme, sa démarche et ses manières avaient on ne savait quoi de singulier qui provoqua l’attention des visiteurs : il était maigre et de haute taille ; il avait les épaules un peu voûtées, le teint bilieux, les traits durs et le regard farouche. »
Extrait de : A. Radcliffe. « L’Italien. »
Frankenstein ou le Prométhée moderne par M. Shelley
Fiche de Frankenstein ou le Prométhée moderne
Titre : Frankenstein ou le Prométhée moderne
Auteur : M. Shelley
Date de parution : 1818
Traduction :
Editeur : Bibebook
Première page de Frankenstein ou le Prométhée moderne
« Je suis né à Genève et ma famille est l’une de plus importantes de cette république. Mes ancêtres ont été, de longues années durant, conseillers ou syndics et mon père a occupé plusieurs fonctions officielles avec honneur et gloire. Il était respecté par tous ceux qui connaissaient en lui son intégrité et son inlassable dévouement au bien public. Il fut, dans sa jeunesse, constamment absorbé par les affaires de son pays. Un certain nombre de faits l’empêchèrent de se marier tôt et ce ne fut que sur le déclin de sa vie qu’il se maria et devint père de famille.
Comme les circonstances de son mariage illustrent son caractère, je ne puis pas ne pas les relater. Parmi ces amis intimes, figurait un commerçant qui, après avoir connu la fortune, tomba dans la pauvreté, à la suite de quelques opérations malheureuses. Cet homme dont le nom étant Beaufort était un être orgueilleux et in-flexible : il ne put se faire à l’idée de vivre pauvre et oublié dans ce même pays où il avait brillé autrefois par sa richesse et sa puissance.
Il paya ses dettes, de la façon la plus honorable, et se retira avec sa fille à Lucerne où il vécut dans l’oubli et la misère. »
Extrait de : M. Shelley. « Frankenstein ou le Prométhée moderne. »
Le professeur Krantz par M. Renard

Fiche de Le professeur Krantz
Titre : Le professeur Krantz
Auteur : M. Renard
Date de parution : 1932
Editeur : Bibebook
Première page de Le professeur Krantz
« André Semeur, commerçant ; c’est moi. Rien d’un romancier, même amateur. En écrivant cette histoire, je cède, sans plus, à l’invitation qu’on m’en a faite toutes les fois que je l’ai racontée de vive voix. Au reste, peut-être est-il opportun de fixer, en effet, la forme et la couleur d’une aventure singulière entre toutes et plus troublante, en sa réalité, que le plus troublant et le plus singulier des contes fantastiques.
Vais-je en attester l’exactitude ? Inutile. À l’heure voulue, on reconnaîtra aisément que je n’ai rien inventé. Je demande, néanmoins, au lecteur de l’enregistrer dès à présent et de s’en souvenir désormais, s’il le peut ; car ce n’est pas la moindre étrangeté de ce récit d’être, comme on le verra, rigoureusement véridique – d’où il résulte que j’ai respiré, dans l’air de notre vieux monde, l’odeur même d’un prodige.
J’ai connu le professeur Krantz à une époque tragique de mon existence, alors qu’une détresse sans nom, une affreuse angoisse transformait cruellement l’homme heureux que j’avais été jusque-là. »
Extrait de : M. Renard. « Le professeur Krantz. »
Le maître de la lumière par M. Renard
Fiche de Le maître de la lumière
Titre : Le maître de la lumière
Auteur : M. Renard
Date de parution : 1933
Editeur : Bibebook
Première page de Le maître de la lumière
« Cette histoire extraordinaire commence très ordinairement.
A la fin du mois de septembre 1929, le jeune historien Charles Christiani résolut d’aller passer quelques jours à La Rochelle. Spécialisé dans l’étude de la Restauration et du règne de Louis-Philippe, il avait déjà publié, à cette époque, un petit livre très remarqué sur Les Quatre Sergents de La Rochelle ; il en préparait un autre sur le même sujet et estimait nécessaire de retourner sur place, pour y consulter certains documents.
Il nous a paru sans intérêt de rechercher pourquoi la famille Christiani était déjà rentrée à Paris, rue de Tournon, à une époque de l’année où les heureux de ce monde sont encore aux bains de mer, en voyage, à la campagne. L’automne se montrait morose, et ce fut, croyons-nous, la seule raison de ce retour un peu prématuré. Car Mme Christiani, sa fille et son fils ne manquaient pas des moyens de mener l’existence la plus large, et disposaient des gîtes champêtres où l’on goûte un repos plus ou moins mouvementé. Deux belles propriétés familiales, en effet, s’offraient à leur choix : le vieux château de Silaz en Savoie, qu’ils délaissaient complètement, et une agréable maison de campagne située près de Meaux ; c’est là qu’ils avaient passé tout l’été. »
Extrait de : M. Renard. « Le Maître de la lumière. »