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Manque de pot ! par P. K. Dick

Fiche de Manque de pot !

Titre : Manque de pot !
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1969
Traduction : F. A. Lourbet
Editeur : Champ Libre

Première page de Manque de pot !

« SON père avait soigné les poteries avant lui. Aussi, guérissait-il les céramiques, n’importe quelle céramique réchappée du passé, le temps d’avant la guerre où les objets n’étaient pas encore tous faits de plastique. Une porcelaine était une chose merveilleuse, et chacune devenait un objet d’amour, un souvenir inoubliable, après qu’elle était repartie de chez lui, guérie. Sa forme, sa texture, son éclat restaient en lui à jamais.
Malheureusement, plus personne n’avait besoin de ses services. Il ne restait que trop peu de pièces en céramique et ceux qui les possédaient prenaient grand soin de ne pas les briser.
Je m’appelle Joe Fernwright, commença-t-il à soliloquer. Je suis le meilleur guérisseur de poteries de la Terre. Moi, Joe Fernwright, je ne suis pas comme les autres hommes.
Dans son atelier, des tas de caisses vides s’empilaient. Des récipients d’acier dans lesquels il retournait les poteries guéries. Mais à l’endroit où arrivaient les colis, il n’y avait pratiquement rien. Son établi était vide depuis sept mois. »

Extrait de : P. K. Dick. « Manque de pot !. »

Venus plus x par T. Sturgeon

Fiche de Venus plus x

Titre : Venus plus x
Auteur : T. Sturgeon
Date de parution : 1960
Traduction : J.-P. Carasso
Editeur : Champ Libre

Première page de Venus plus x

«  CHARLIE JOHNS », s’époumonait Charlie Johns : « Charlie Johns, Charlie Johns ! » C’était la nécessité absolue — savoir qui était Charlie Johns, ne pas lâcher une seconde, pour rien au monde, jamais.
« Je suis bel et bien Charlie Johns », il n’en démordrait pas, et puis, plaintif, il le répétait encore. Personne ne le discutait, personne ne le niait. Il était là, dans l’obscurité tiède, les genoux relevés, entourés de ses bras, le front appuyé contre les rotules, bien serré. Il y avait comme une palpitation rouge, un peu terne, mais ça, c’était derrière ses paupières fermées. Et il était Charlie Johns.
C. Johns au stencil, sur un bristol fixé à la porte d’une armoire métallique. Au feutre noir, sur un diplôme universitaire. À la machine à écrire, sur une feuille de paie. Johns, Chas, dans l’annuaire. »

Extrait de : T. Sturgeon. « Vénus Plus X. »

L’escargot sur la pente par A. et B. Strougatski

Fiche de L’escargot sur la pente

Titre : L’escargot sur la pente
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1968
Traduction : M. Pétris
Editeur : Champ libre

Première page de L’escargot sur la pente

« De cette hauteur, la forêt était comme une luxuriante écume mouchetée. Comme une immense éponge poreuse couvrant le monde tout entier. Comme un animal qui se serait un jour tapi dans l’attente puis se serait endormi et se serait couvert d’une mousse grossière. Comme un masque informe posé sur un visage que personne n’avait encore jamais vu.
Perets quitta ses sandales et s’assit, ses pieds nus pendant dans le précipice. Il lui sembla que ses talons étaient tout d’un coup devenus humides, comme s’il les avait réellement plongés dans le tiède brouillard lilas qui s’accumulait sous la falaise. Il tira de sa poche les cailloux qu’il avait ramassés, les disposa soigneusement а côté de lui, puis choisit le plus petit et le jeta doucement en bas, dans le monde vivant et silencieux, endormi et indifférent qui avalait pour toujours. L’étincelle blanche s’éteignit, et rien ne se produisit, aucun branchage ne remua, aucun oeil ne s’entrouvrit pour le regarder.
S’il jetait un caillou toutes les minutes et demi;  »

Extrait de : A. et B. Strougatski. « L’Escargot sur la pente. »

Un peu d’air frais par G. Orwell

Fiche d’Un peu d’air frais

Titre : Un peu d’air frais
Auteur : G. Orwell
Date de parution : 1939
Traduction : R. Prêtre
Editeur : Champ libre

Première page d’Un peu d’air frais

« À vrai dire, c’est le jour où j’ai étrenné mon dentier que l’idée m’est venue.
Je me le rappelle très bien. Vers huit heures moins le quart, j’avais sauté du lit pour occuper la salle de bains juste avant les gosses. Un matin de janvier sinistre, avec un ciel gris-jaunâtre, un ciel sale. Par le petit carré de la fenêtre, j’apercevais le jardin de derrière, comme nous l’appelons. Dix mètres sur cinq d’un gazon pelé au milieu, entouré d’une haie de troènes. Il y a le même, avec les mêmes troènes et la même haie, dans chaque maison d’Ellesmere Road. La seule différence, c’est que  »

Extrait de : G. Orwell. « Un peu d’air frais. »