Étiquette : Fayard
La ville où les morts dansent toute leur vie par Pierre Pelot
Fiche de La ville où les morts dansent toute leur vie
Titre : La ville où les morts dansent toute leur vie
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 2013
Editeur : Fayard
Première page de La ville où les morts dansent toute leur vie
« Le vent qui palpitait dans la lumière fanée du soir fit claquer le chalvaar déchiré de la fille, dénudant sa jambe blanche du genou à la hanche, quand elle apparut debout, émergeant du chaos des murs effondrés. Un lent courant d’air soudain charria des senteurs de cendres détrempées et caressa délicatement sur le haut de son dos les mèches de cheveux libres et les pointes du foulard qui la coiffait, noué sur sa nuque.
Le soleil lui avait cuit et lissé les pommettes, strié les lèvres de fissures blanchâtres. Elle était grande et semblait fine, peu épaisse. Les manches de son pull trop long dépassaient de celles de la veste multipoche tachée de boue plus ou moins sèche et de poussière. »
Extrait de : P. Pelot. « La Ville Où Les Morts Dansent Toute Leur Vie. »
L’ange étrange et Marie McDo par Pierre Pelot
Fiche de L’ange étrange et Marie McDo
Titre : L’ange étrange et Marie McDo
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 2010
Editeur : Fayard
Première page de L’ange étrange et Marie McDo
« Abel n’aurait su dire si le gamin à croupetons à l’extrémité de la grume, au sommet du tas, se trouvait déjà là quand il s’était arrêté sur le petit espace de stationnement qui s’inclinait vers le fossé, à la sortie du dernier virage.
Probablement pas.
Il l’aurait remarqué.
Mais il ne l’avait pas davantage vu grimper sur son perchoir. Tout à coup, le gamin s’était trouvé là, piqué sur la plus haute extrémité du tas de troncs, au pied du talus. À ne rien faire d’autre, juste perché. Du fait de la position en contrebas du tas de grumes, il se trouvait à peine plus haut que le niveau de la route, comme une espèce de sauterelle verte à longues pattes repliées, regardant passer les voitures. »
Extrait de : P. Pelot. « L’ange étrange et Marie McDo. »
Super-Cannes par J. G. Ballard
Fiche de Super-Cannes
Titre : Super-Cannes
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 2000
Traduction : P. Delamare
Editeur : Fayard
Première page de Super-Cannes
« La première personne que j’aie rencontrée à Éden-Olympia était un psychiatre, et à bien des égards il était on ne peut plus approprié qu’un spécialiste des troubles mentaux ait été chargé de m’initier à cette cité « intelligente » sur les hauteurs de Cannes. Je comprends maintenant qu’une sorte de folie larvée, comme un état de guerre non déclarée, hantait les immeubles du parc d’activités. Pour la plupart d’entre nous, le docteur Wilder Penrose était un aimable Prospero, le psychopompe qui guidait vers la lumière nos rêves les plus sombres. Je me rappelle son sourire décidé quand nous nous saluâmes, et son regard fuyant qui me fit me méfier de sa main tendue. Ce n’est qu’après avoir appris à admirer ce dangereux détraqué que j’ai pu envisager de le tuer.
Plutôt que de prendre l’avion entre Londres et Nice, voyage aussi fugitif qu’un plateau-repas, nous décidâmes, Jane et moi, de descendre sur la côte d’Azur en voiture pour dérober quelques derniers jours de liberté avant de nous enfermer dans Éden-Olympia et dans le mode de vie discipliné des nouveaux cadres européens. »
Extrait de : J. G. Ballard. « Super-Cannes. »
La face cachée du soleil par J. G. Ballard
Fiche de La face cachée du soleil
Titre : La face cachée du soleil
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1996
Traduction : B. Sigaud
Editeur : Fayard
Première page de La face cachée du soleil
« Franchir les frontières est mon métier. Ces zones de no man’s land entre les postes de contrôle me font toujours l’effet de terres exceptionnellement prometteuses, riches de nouvelles vies, de nouveaux parfums, de nouvelles affections en même temps qu’elles déclenchent un réflexe de malaise que je n’ai jamais pu réprimer. Tandis que les douaniers fouillent mes valises, je sens qu’ils essaient de déballer mon esprit et de mettre au jour une contrebande de rêves et de souvenirs prohibés. Et, même en ces instants-là, il y a ce plaisir particulier qu’on éprouve à risquer d’être démasqué – et qui a très bien pu faire de moi un touriste professionnel. Je gagne ma vie comme auteur de récits de voyages, mais je conviens que ce n’est guère plus qu’une façade. Mon véritable bagage est rarement verrouillé, ses fermoirs ne demandent qu’à être libérés.
Gibraltar ne fit pas exception, or cette fois-ci, mes sentiments de culpabilité étaient fondés. Arrivé par le vol du matin en provenance de Londres-Heathrow, j’avais atterri pour la première fois sur la piste militaire desservant cet ultime poste avancé de l’Empire britannique. »
Extrait de : J. G. Ballard. « La face cachée du soleil. »
La course au paradis par J. G. Ballard
Fiche de La course au paradis
Titre : La course au paradis
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1994
Traduction : B. Sigaud
Editeur : Fayard
Première page de La course au paradis
« Sauvez les albatros ! Arrêtez les essais nucléaires ! Immédiatement ! »
Ruisselante d’écume, dressée à la proue du canot pneumatique, le Dr Barbara Rafferty se retenait à l’épaule de Neil tandis que l’embarcation oscillait sur la mer capricieuse. Remplissant ses poumons fatigués mais encore indignés, elle pressa le mégaphone contre ses lèvres et hurla à l’adresse des plages désertes de l’atoll :
« Dites non à la guerre biologique ! Sauvez les albatros et sauvez la planète ! »
Une vague balaya la proue et faillit lui arracher le mégaphone des mains. Elle insulta l’écume espiègle et écouta l’écho de sa voix pourchasser les rouleaux. Comme accablés par leur propre vanité, les slogans amplifiés s’étaient éteints bien avant de pouvoir atteindre le rivage. »
Extrait de : J. G. Ballard. « La course au paradis. »
Police du peuple par N. Spinrad
Fiche de Police du peuple
Titre : Police du peuple
Auteur : N. Spinrad
Date de parution : 2014
Traduction : S. Denis
Editeur : Fayard
Première page de Police du peuple
« Les choses sont encore plus comme elles sont maintenant qu’elles l’ont jamais été auparavant. » Celui qui a dit ça, peut-être un jour de Mardi gras du bon vieux temps, avait dû s’en envoyer de la bonne.
Y’a des gens qui continuent à râler parce que le « Mardi gras éternel » – classé X ou pas – n’est qu’une version Disney du Mardi gras à l’ancienne. La parade des krewes traditionnelles est limitée à la veille du Mardi gras traditionnel et aux itinéraires traditionnels, alors que les chars à gros budget d’Hollywood, Bollywood et Pornywood – classés X ou pas – paradent toute l’année et dans toute La Nouvelle-Orléans ; j’imagine qu’on peut dire que c’est plutôt vrai, vu que c’est Disney que j’ai introduit en premier dans la place, et que j’ai même persuadé la Souris d’ajouter ses dérivés classés X à son menu familial habituel. »
Extrait de : N. Spinrad. « Police du peuple. »
Oussama par N. Spinrad
Fiche d’Oussama
Titre : Oussama
Auteur : N. Spinrad
Date de parution : 2007
Traduction : N. Copper
Editeur : Fayard
Première page d’Oussama
« Comme des millions d’autres jeunes Musulmans du Califat et d’ailleurs, je porte ce nom en l’honneur d’Oussama Ben Laden et des Fils d’Oussama, les pères fondateurs. Je n’en dirai pas davantage pour protéger ma famille, si ce n’est que je suis le produit d’un mélange d’aisance et de privations. Enfant, j’ai reçu une bonne éducation coranique dans une des meilleures madrasas, mais j’étais privé de la connaissance du vaste monde qui s’étend au-delà des frontières du Califat.
Soucieux de préserver la pureté vertueuse du royaume que lui avait confié Allah, le Califat cherchait à maintenir une innocente ignorance. Interdits, les récepteurs de télévision par satellite, les films occidentaux, la musique occidentale. Quand les Fils d’Oussama avaient pris le pouvoir en Arabie Saoudite et au Pakistan, avant de rétablir le Califat puis d’élargir son empire à d’autres terres d’Islam plus défavorisées, les travailleurs immigrés venus des pays des Infidèles avaient été remerciés, vite remplacés par des Pakistanais et des Égyptiens vertueux, mais pauvres.»
Extrait de : N. Spinrad. « Oussama. »
Le temps du rêve par N. Spinrad
Fiche de Le temps du rêve
Titre : Le temps du rêve
Auteur : N. Spinrad
Date de parution : 2012
Traduction : S. Denis, R. C. Wagner
Editeur : Fayard
Première page de Le temps du rêve
« Votre Dreammaster 301
Depuis l’aube des temps, nous vivons dans nos rêves une vie bien plus excitante que notre vie de tous les jours, mais elle demeure imprévisible et limitée à notre imagination inconsciente.
Cette époque est révolue ! Aujourd’hui, grâce au DREAMMASTER 301, vous pouvez non seulement programmer vos rêves, mais profiter de rêves dépassant votre propre imagination, créés pour vous par les maîtres de ce nouvel art majeur.
Facile d’emploi, même les enfants (à partir de dix ans) peuvent sans difficulté en manipuler les commandes simples. Contrôle parental recommandé. »
Extrait de : N. Spinrad. « Le Temps du rêve. »