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Aucune étoile aussi lointaine par Serge Lehman

Fiche de Aucune étoile aussi lointaine

Titre : Aucune étoile aussi lointaine
Auteur : Serge Lehman
Date de parution : 1998
Editeur : J’ai lu

Première page de Aucune étoile aussi lointaine

« Toute la nuit, le fracas de l’orage et celui du fleuve s’étaient mêlés pour faire trembler la ville. Un torrent noir, poussé par le vent d’ouest, se frayait un chemin parmi les nuées et s’abattait sur la terre, fouettant les toits, les rues, les places, avant de se diviser en une multitude de ruisseaux et de mares ombreuses.

Lorsque l’aube vint, Arkadih réalisa avec surprise qu’il était éveillé depuis longtemps. Il ouvrit les yeux. Une lumière jaune, languide, filtrait par la fenêtre de sa chambre, comme si le soleil peinait à s’extraire de l’horizon boursouflé. Arkadih se leva et s’approcha de la baie. Le crépitement de la pluie, qui s’élançait en rafales contre les murs du palais, le fit frissonner. Il se retourna et considéra avec envie son lit ouvert, encore tiède. Mais à l’instant où la tentation se formait en lui, il la repoussa dédaigneusement. L’autodiscipline était, pour lui, une seconde nature – “le seul aspect honorable de l’héritage Tomekin”, selon grand-père Pavel (qui n’était pas peu fier de cette formule). »

Extrait de : S. Lehman. « Aucune étoile aussi lointaine. »

Involution par Johan Heliot

Fiche de Involution

Titre : Involution
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2014
Editeur : J’ai lu

Première page de Involution

« Vincent n’avait pas imaginé à quel point la chaleur et l’humidité peuvent porter sur les nerfs quand elles s’allient pour harasser le voyageur tout frais débarqué d’Europe du Nord. Pourtant, Sebastian l’avait mis en garde dans son dernier mail : Attends-toi à un choc, mon pâle et frêle ami habitué aux frimas !

Vincent avait souri, certain que son correspondant exagérait dans une sorte de réflexe chauvin destiné à mettre en avant les ressources naturelles de son pays – du moins les plus évidentes d’entre elles.

Mais il se heurte à un véritable mur de moiteur en sortant du terminal climatisé de Guarulhos, le gigantesque aéroport international implanté dans la banlieue nord-est de São Paulo. À peine a-t-il fait trois pas sous le soleil implacable que le dos de sa chemisette lui colle à la peau et que des auréoles sombres s’épanouissent sous ses aisselles. »

Extrait de : J. Heliot. « Involution. »

Création par Johan Heliot

Fiche de Création

Titre : Création
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2011
Editeur : J’ai lu

Première page de Création

« Le problème, songea Rachel, c’est qu’ils n’étaient pas censés se trouver là. Même les yeux électroniques ouverts dans le ciel avaient été convaincus de regarder ailleurs par la grâce mathématique de quelques lignes de code injectées dans les profondeurs du réel, là où dialoguent les maîtres du virtuel.
Stop, ça suffit. Trop tard pour les regrets. C’était arrivé, personne n’y pouvait plus rien. Ni en un improbable ailleurs, ni ici. Et ici, justement, n’avait plus aucune existence officielle. Les autorités au courant de la présence de Rachel et de ses collègues pouvaient se réunir dans une chambre de motel sans risquer de manquer de place, et même inviter quelques professionnelles pour leur tenir compagnie – il devait exister une ligne budgétaire pour ça aussi.
Rachel soupira. L’autre problème, celui qui aurait dû figurer en tête de liste de ses préoccupations, lui apparut soudain accessoire, dans la mesure où la jeune femme avait la certitude de sa mort prochaine. »

Extrait de : J. Heliot. « Création. »

L’âme du cyclone par Johan Heliot

Fiche de L’âme du cyclone

Titre : L’âme du cyclone (Tome 4 sur 4 – Le tempestaire)
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2012
Editeur : J’ai lu

Première page de L’âme du cyclone

« Ayiti avait survécu à la colère du Roi au Cœur de Pierre. La terre avait tremblé, la montagne au centre de l’île s’était ouverte en deux, la forteresse noire avait croulé et n’était plus que ruines. La joyeuse et bigarrée Potoprens avait été rudement secouée, mais elle s’était relevée. Les décombres avaient été déblayés, les rues nettoyées, les bâtisses reconstruites.
La vie avait fait un retour triomphal sous un soleil généreux, qui n’avait jamais tant brillé pour les habitants de l’Archipel. Aucun nuage n’était plus apparu dans le ciel depuis plusieurs saisons. Le vent ne soufflait plus sur Ayiti, la pluie n’y tombait plus, à croire que l’île vivait désormais en dehors du temps tel qu’il s’écoulait partout ailleurs.
Les premières semaines, la population avait accueilli ce climat d’exception comme une bénédiction. Après les souffrances endurées sous le long règne de Kristof, ce n’était qu’un juste retour des choses, une récompense pour tous ceux qui avaient vécu dans la crainte de son courroux. »

Extrait de : J. Heliot. « L’âme du cyclone. »

Le roi au coeur de pierre par Johan Heliot

Fiche de Le roi au coeur de pierre

Titre : Le roi au coeur de pierre (Tome 3 sur 4 – Le tempestaire)
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2011
Editeur : J’ai lu

Première page de Le roi au coeur de pierre

« La colère qui embrasait le cœur de Jed était retombée d’un coup. Il avait été le vent et la tempête, la fureur du ciel, une force indomptable et puis plus rien.
Sa flamme sombre ne brûlait plus, mouchée à la manière d’une chandelle inutile en plein jour. Il sentait un vide, une absence, quelque part dans le fond de sa poitrine. Toute énergie l’avait abandonné.
Il était bien trop las pour seulement regagner son corps. Il ne savait d’ailleurs plus dans quelle direction souffler. Le combat avec les Directeurs l’avait totalement désorienté. Mais il se rappelait comment cela avait pris fin. Impossible d’oublier une chose pareille !
Ils s’entredéchiraient à coups de griffes quand le ciel s’était ouvert pour attirer les adversaires dans une zone de calme à l’abri des ravages de la tempête. Partout alentour, l’averse continuait de faire rage, les éclairs incendiaient les nuages, le tonnerre grondait. Mais pas dans la brèche inondée d’une clarté aveuglante, comme si l’ouragan s’accordait une pause à cet endroit précis. Jed avait été entraîné à l’intérieur à la suite des Directeurs. Il n’avait pas pu résister. »

Extrait de : J. Heliot. « Le roi au coeur de pierre. »

Les flibustiers du vent par Johan Heliot

Fiche de Les flibustiers du vent

Titre : Les flibustiers du vent (Tome 2 sur 4 – Le tempestaire)
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2010
Editeur : J’ai lu

Première page de Les flibustiers du vent

« La douleur réveilla monsieur Chandaigne. Il avait l’impression qu’un feu brûlait dans son cœur et ses poumons, ainsi que sous son crâne. Par réflexe, il tâtonna à la recherche d’une fiole de potion mais ne trouva rien à sa portée. Il prit alors conscience qu’il avait été presque entièrement déshabillé et allongé sur un bat-flanc à même le bois rugueux.
On l’avait donc emprisonné, constata-t-il, amer. Au moins était-il toujours en vie, chercha-t-il à se rassurer. Mais pour combien de temps encore ? C’était toute la question…
Faute de soin, la maladie n’allait pas tarder à l’emporter vers l’En-Bas. À moins que ses geôliers s’en chargent avant elle. Quoi qu’il en fût, monsieur Chandaigne ne s’imaginait pas d’autre option.
Cela acquis, il n’avait plus aucune raison de s’inquiéter. Seule l’incertitude nourrit le doute – une leçon apprise à la lecture des philosophes, ses plus chers amis des années passées. Il allait regretter leur fréquentation, mais savait-on jamais, peut-être s’en trouverait-il dans le Royaume d’En-Bas, prêts à lui tenir conversation ? L’éternité de la mort serait alors une épreuve moins dure à supporter. »

Extrait de : J. Heliot. « Les flibustiers du vent. »

La confrérie des naufrageurs par Johan Heliot

Fiche de La confrérie des naufrageurs

Titre : La confrérie des naufrageurs (Tome 1 sur 4 – Le tempestaire)
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2010
Editeur : J’ai lu

Première page de La confrérie des naufrageurs

« Les nuages s’étaient rassemblés au-dessus de la ville, tel un troupeau de grosses bêtes noires poussées par le vent. Ils étaient arrivés par la mer en lent cortège sombre, le matin même. Depuis, tout le monde attendait que l’orage éclate, mais les heures passaient et l’averse refusait de tomber. Le ciel pesait de plus en plus lourd à mesure que la journée avançait. Il donnait l’impression de vouloir écraser les toits couverts d’ardoise. On pouvait croire, en levant le nez, que les plus hautes cheminées allaient crever la panse des géants aériens chargés de pluie. Mais rien de tel ne se produisit.

L’orage se contenta de menacer. Chacun s’habitua à sa présence et reprit ses activités. La ville ne pouvait pas se permettre de faire de pause. Des marchandises arrivant du monde entier transitaient par ses entrepôts avant d’être distribuées dans l’arrière-pays. Ses quais accueillaient des navires jour et nuit. Les embarcations reprenaient la mer à peine leurs soutes déchargées et la solde des marins bue dans les tavernes du port. La grande cité ne dormait jamais. »

Extrait de : J. Heliot. « La confrérie des Naufrageurs. »

Sursis pour l’amour par Gérard Néry

Fiche de Sursis pour l’amour

Titre : Sursis pour l’amour (Tome 6 sur 6 – Julie Crèvecoeur)
Auteur : Gérard Néry
Date de parution : 1977
Editeur : J’ai lu

Première page de Sursis pour l’amour

« — Il est fou ! Ton mari est fou ! Qu’il ait tué en duel à Berlin un petit lieutenant prussien qui te faisait les yeux un peu trop doux, passe encore ! Cela s’inscrit, dirons-nous, dans une tradition bien française. Qu’il dévoile dans le journal qui l’employait jusqu’à ces dernières semaines une négociation ultra-secrète et ultra-délicate menée avec Bismarck par notre ambassadeur en Prusse et que cela fasse à Paris l’effet d’une bombe, c’est de bonne guerre ! Après tout, Raoul est journaliste et, de surcroît, journaliste d’opposition. Mais qu’il se permette d’écrire ce qu’il écrit dans ce torchon qu’il vient de lancer, c’est… c’est tout simplement inqualifiable.
Jamais Julie Crèvecœur n’avait vu son père dans un tel état. David-Axel, le calme personnifié, était hors de lui. Il arpentait la bibliothèque à grandes enjambées, un cigare éteint entre les dents.
— Veux-tu que je te dise, Julie ? La Valette aura sa peau et je n’y pourrai rien… Ecoute ça… »

Extrait de : G. Néry. « Sursis pour l’amour. »

A l’amour comme à la guerre par Gérard Néry

Fiche de A l’amour comme à la guerre

Titre : A l’amour comme à la guerre (Tome 5 sur 6 – Julie Crèvecoeur)
Auteur : Gérard Néry
Date de parution : 1973
Editeur : J’ai lu

Première page de A l’amour comme à la guerre

«  Notre vie… Réussir notre vie, notre mariage… Vivre heureux côte à côte, dans le calme, dans la paix… La sérénité. Oui, c’est là peut-être le secret du bonheur… »
Julie Crèvecœur se parlait de la sorte à elle-même, au beau milieu de la forêt de Fontainebleau. Et elle avait conscience que ce n’était pas la sérénité qui l’habitait, mais l’inquiétude. Les pensées se bousculaient dans sa tête, fiévreusement. Elle n’était pas dans son état normal, mais comment aurait-elle pu l’être, à la veille du jour où se décidait l’avenir de son mari ? Comment ne pas se poser mille questions ?
« Il faut que mon plan réussisse ! se dit-elle. Il le faut absolument si je ne veux pas perdre Raoul. Mais lui ? Entrera-t-il dans le jeu jusqu’au bout ? Ne se doute-t-il pas que je suis à la base du projet qui doit faire de lui le plus jeune directeur de journal de Paris ? Et s’il apprenait que c’est mon père qui a convaincu le groupe financier de confier ce nouveau quotidien à Raoul de Saint-Cerre ? »

Extrait de : G. Néry. « A l’amour comme à la guerre. »

Les amants de Palerme 2 par Gérard Néry

Fiche de Les amants de Palerme 2

Titre : Les amants de Palerme 2 (Tome 4 sur 6 – Julie Crèvecoeur)
Auteur : Gérard Néry
Date de parution : 1972
Editeur : J’ai lu

Première page de Les amants de Palerme 2

« — Seule ? s’exclama Raoul, (et il baissa la voix pour ajouter 🙂 vous voulez entreprendre cela… seule ?
— Mon cher, dit Patrice Kergoat, si Mlle Crèvecœur vous demandait de l’accompagner, elle risquerait de ne pas aller plus loin que le coin du boulevard Saint-Germain où l’on ne manquera pas de vous mettre la main au collet… Vous semblez oublier les soupçons qui pèsent sur votre personne !
Il était assis sur l’unique chaise de la mansarde, alors que Raoul se tenait debout, près de la porte, un peu courbé, tant le plafond était bas. Pendant ce temps, Julie préparait son maigre bagage. Après une brève hésitation, elle avait glissé le Smith & Wesson de Blanche d’Antigny dans la poche de son waterproof hâtivement réparé.
— Mes amis, dit-elle, ayez la gentillesse de m’attendre dans le couloir. Il y a là un vasistas d’où l’on peut voir la cour. Si jamais il s’y passait quelque chose d’insolite, nous pourrions toujours essayer de nous sauver par les toits…
Elle avait dit cela sur un ton un peu badin, mais les deux jeunes gens savaient qu’elle ne reculerait devant rien pour échapper à ceux qui la recherchaient pour le compte de son tuteur. »

Extrait de : G. Néry. « Les amants de Palerme T2. »