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Les amants de Palerme 1 par Gérard Néry

Fiche de Les amants de Palerme 1
Titre : Les amants de Palerme 1 (Tome 3 sur 6 – Julie Crèvecoeur)
Auteur : Gérard Néry
Date de parution : 1972
Editeur : J’ai lu
Première page de Les amants de Palerme 1
« La population du petit port de Corpus Christi, dans le golfe au Mexique, s’était portée en masse sur le quai où mouillait un magnifique steamer, le Tennessee, construit cinq ans plus tôt, pendant l’hiver de 1861, en Angleterre, aux chantiers de Birkenhead, pour le compte de l’empereur de Chine. Or, ce souverain ne prit jamais possession de son navire. Il le revendit, alors qu’il se trouvait encore en cale sèche à un certain James Morgan, lequel s’empressa d’en faire barder solidement la coque et d’en masquer les sabords d’une bonne dizaine de canons. Le gouvernement de la reine Victoria, alerté par le ministre américain à Londres, ordonna une enquête, car il était probable que le steamer n’était ni plus ni moins qu’un corsaire confédéré destiné à forcer le blocus que la flotte fédérale exerçait sur les côtes de la Confédération depuis qu’avait éclaté en, Amérique la guerre de Sécession.
La remarquable vitesse du Tennessee l’aida à échapper aux deux croiseurs fédéraux embusqués dans la Manche et à commencer aussitôt la campagne. Par la suite, et pendant quatre ans, le vapeur, arborant pavillon confédéré, devait se couvrir de gloire. »
Extrait de : G. Néry. « Les amants de Palerme – Tome 1. »
Julie Crèvecoeur 2 par Gérard Néry

Fiche de Julie Crèvecoeur 2
Titre : Julie Crèvecoeur 2 (Tome 2 sur 6 – Julie Crèvecoeur)
Auteur : Gérard Néry
Date de parution : 1970
Editeur : J’ai lu
Première page de Julie Crèvecoeur 2
« Lorsqu’elle revint à elle, elle ne se rappela rien. Sa tête était vide. Il lui semblait avoir dormi pendant des années. Elle se trouvait allongée sur un lit étroit dans ce qu’elle prit d’abord pour une cellule. Une cellule toute blanche qui tanguait imperceptiblement. Le soleil entrait à profusion par un hublot, la mer était un miroir d’argent, il n’y avait pas un nuage au ciel. En face du lit, sur le mur blanc, se détachait la photographie d’une dame au port de tête autoritaire. Julie la reconnut, mais ne réalisa pas tout d’abord qu’il s’agissait de la reine Victoria, dont l’image était pourtant aussi populaire en France qu’en Angleterre. Elle voulut se lever, mais elle en fut incapable, car elle était roulée, empaquetée, dans une couverture. Elle retomba dans ses oreillers et se sentit faible et nue comme un enfant qui vient de naître. Ses yeux, sa bouche, brûlés par le sel de mer, la faisaient souffrir. Ses membres lui pesaient d’un poids infini. Elle avait l’impression d’avoir été battue à mort. Il flottait dans la petite cabine une vague odeur pharmaceutique qui l’écœurait. Julie dut faire un effort pour réaliser qu’elle était vivante, qu’elle
se trouvait à bord de quelque navire sur une mer calme, en plein jour, en plein soleil. »
Extrait de : G. Néry. « Julie Crèvecoeur 2. »
Julie Crèvecoeur 1 par Gérard Néry

Fiche de Julie Crèvecoeur 1
Titre : Julie Crèvecoeur 1 (Tome 1 sur 6 – Julie Crèvecoeur)
Auteur : Gérard Néry
Date de parution : 1970
Editeur : J’ai lu
Première page de Julie Crèvecoeur 1
« Julie Crèvecœur attendait. Une attente qui la torturait. Elle était debout près de la cheminée, essayant de s’absorber dans le feu de bois qui crépitait, car les bûches étaient humides. Elle guettait le moindre bruit de l’extérieur. Mais rien ne troublait le calme champêtre d’Auteuil. Elle avait tout essayé pour distraire son attente. Et elle s’était mise à détester le temps qui passait toujours trop vite lorsque son amant était auprès d’elle et qui lui paraissait interminable lorsqu’Alain était absent.
Mais ce soir-là, Julie en avait conscience, c’était bien davantage que l’attente du plaisir, de la joie indescriptible qu’elle connaissait entre les bras d’Alain. C’était autre chose que la simple attente de ce moment où le monde quotidien allait sombrer pour n’être plus qu’un univers de passion et de folie. Ce soir-là devait se jouer le destin de Julie Crèvecœur. Ce qu’elle attendait de son amant, c’était une réponse définitive à une question qui la torturait depuis des jours et des jours : allait-il partir pour aller rejoindre le corps expéditionnaire français au Mexique ? Et dans l’affirmative, quand partirait-il ? »
Extrait de : G. Néry. « Julie Crèvecoeur 1. »
Les nuits de Deauville par Gérard Néry

Fiche de Les nuits de Deauville
Titre : Les nuits de Deauville (Tome 1 sur 1 – Norma Désir)
Auteur : Gérard Néry
Date de parution : 1975
Editeur : J’ai lu
Première page de Les nuits de Deauville
« Christine aurait voulu rester ainsi allongée tout habillée sur son lit, attendant que passe la nuit. Il devait être 1 heure du matin. Elle se leva et se planta devant la glace de l’armoire, meuble en loupe de l’armoire incrustée de corbeilles de fleurs, savante mosaïque en coquilles d’œufs. Christine arborait encore sa tenue de tennis, tolérée au dîner familial : jupe plissée blanche qui s’arrêtait un peu au-dessous du genou, haut de jersey souple, bandeau assorti autour de la tête et foulard noué sur une épaule.
« Je n’irai pas là-bas cette nuit… Il m’attendra, jusqu’au matin. Il se posera des questions, il ne comprendra pas et moi, j’aurai eu la force de ne pas aller le rejoindre… »
Christine était convaincue qu’en agissant de la sorte elle était en mesure de rompre le sortilège, de s’évader du cercle magique où elle était prisonnière. Mais, en même temps, comme fascinée par sa propre image, elle défaisait sa jupe qui glissa sur le sol et se débarrassa du jersey. En
combinaison de soie naturelle, Christine ressemblait aux petites femmes licencieuses du « Rire ». Elle enleva ses dessous. Elle avait le ventre plat, la poitrine un peu basse, mais très ferme, émouvante comme la rondeur encore enfantine du genou, Christine Decruze, dix-neuf ans. »
Extrait de : G. Néry. « Les nuits de Deauville. »
La muraille sainte d’Omale par Laurent Genefort

Fiche de La muraille sainte d’Omale
Titre : La muraille sainte d’Omale (Tome 3 sur 6 – Omale)
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 2004
Editeur : J’ai lu
Première page de La muraille sainte d’Omale
« L’orage avait éclaté sans crier gare, prenant de court l’Oreithyyer Miroir-du-Vent. Depuis un quart d’heure, la « petite » nef – du moins selon les critères chiles – secouait ses passagers.
Haka se tenait dans le poste de commandement du dirigeable, aux côtés du capitaine Teríselaïr et des deux représentants humain et hodgqin de l’expédition. L’orage faisait tanguer le plancher, et le vacarme des éléments déchaînés emplissait le poste. Tous se cramponnaient aux barres d’appui coudées saillant des parois. Derrière les hublots, d’épais rideaux de pluie occultaient le paysage. Sans les instruments, il aurait été impossible de savoir à quelle altitude ils évoluaient, car plus rien n’était visible au-delà de ce mur gris-noir zébré d’éclairs. Le capitaine hurlait des ordres dans le jargon des aérostiers, par l’intermédiaire des lignes radio, aux postes de manœuvre. »
Extrait de : L. Genefort. « La muraille sainte d’Omale. »
Les conquérants d’Omale par Laurent Genefort

Fiche de Les conquérants d’Omale
Titre : Les conquérants d’Omale (Tome 2sur 6 – Omale)
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 2002
Editeur : J’ai lu
Première page de Les conquérants d’Omale
« La vingt-troisième escouade progressait sur la lande morte.
Sous les ordres de Faniraïrm avançaient onze vétérans des campagnes de pacification du Seden. Un barrage d’artillerie avait séparé son escouade de la septième Loge, mais, plutôt que de retourner en arrière, Faniraïrm avait décidé de continuer, se fiant à la carte qu’on lui avait imprimée le matin même.
La veille, ils avaient conquis une tranchée de première ligne presque sans tirer un coup de mousquet : les Humains avaient fui et ceux qui se trouvaient dans la tranchée et les boyaux de communication s’étaient tous rendus – près de neuf cents. Faniraïrm ignorait ce qu’ils étaient devenus. Sans doute avaient-ils été gazés dans un fourgon-prison, à l’arrière. »
Extrait de : L. Genefort. « Les conquérants d’Omale. »
Omale par Laurent Genefort

Fiche de Omale
Titre : Omale (Tome 1 sur 6 – Omale)
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 2001
Editeur : J’ai lu
Première page de Omale
« La présence de huit nefs à quai expliquait l’effervescence qui régnait dans le train, les cris d’enfants, les exclamations bruyantes des voyageurs. De la fenêtre de son compartiment, Amees’SixtedeVorsal apercevait le dos arrondi des nefs bosselant la ligne de fuite vers l’horizon. Chacune d’elles mesurait un jal au bas mot, soit plus de mille deux cents mètres de long.
Le train roulait au pas, longeant Grand’Havre depuis la veille. La gare de Platformjunction approchait et, déjà, une brise charriait de discrets relents de vase. Il avait fallu une journée à la locomotive pour faire ralentir les cent vingt wagons qu’elle tractait. Celui d’Amees s’insérait entre un wagon-serre et une cantine à trois étages. Au cours des cent cinquante dernières années, le port de Grand’Havre avait absorbé toutes les villes édifiées le long de la falaise, sur deux cents jals en direction de l’estuaire du Qe : Tiercelieu, Hestern, Janosq, Platformjunction, Hawlerlupillar, Saint-Coqimbo, et pour finir Point-Extrême – sans cesse grossies par les migrants. »
Extrait de : L. Genefort. « Omale. »
La féline par Gary Brandner

Fiche de La féline
Titre : La féline
Auteur : Gary Brandner
Date de parution : 1982
Traduction : M. Lederer
Editeur : J’ai lu
Première page de La féline
« Luna était assise devant sa hutte dans la chaleur de midi. Son regard inquiet était posé sur les hommes du village qui tenaient conseil un peu plus bas. Ils étaient accroupis en cercle au bord d’un champ d’herbes brûlées, un champ qui avait été jadis fertile. Au delà, on distinguait une étendue de
boue séchée, toute craquelée, avec au milieu une petite mare d’eau croupie. C’était tout ce qui restait d’un large point d’eau qu’hommes et bêtes avaient un jour partagé.
À la lisière de la jungle, les arbres autrefois verts et luxuriants étaient devenus, au cours de la sécheresse, des squelettes grotesques et rabougris. Au loin, la neige qui brillait sur les pics des hautes montagnes semblait narguer la soif du village.
Luna détourna les yeux pour regarder jouer son petit garçon. L’enfant avait une pierre dans la main. Il la lança à plusieurs reprises sur la terre aride en poussant de petits cris de joie. Se sentant observé, il leva les yeux vers sa mère et lui sourit. Ses dents étaient blanches et saines, son regard vif et intelligent. Luna lui sourit à son tour, mais son expression était triste.
– Chien, dit l’enfant dans le langage du village, en montrant à Luna la pierre nichée dans sa paume.
– Oui, acquiesça doucement Luna. C’est un gentil chien.
Le gamin reprit son jeu et la femme murmura :
– Amuse-toi tant que tu le peux, mon fils. Amuse-toi et sois heureux aujourd’hui. »
Extrait de : G. Brandner. « La féline. »
Carrion par Gary Brandner

Fiche de Carrion
Titre : Carrion
Auteur : Gary Brandner
Date de parution : 1986
Traduction : M. Deutsch
Editeur : J’ai lu
Première page de Carrion
« C’était un lundi du début de février et il ne faisait pas chaud. McAllister Fain tira les épais rideaux cramoisis des fenêtres. Il habitait au premier. Il mit une cassette de musique d’orgue mollassonne, embrasa un bâtonnet d’encens au jasmin, baissa les lumières, alluma des bougies stratégiquement disposées et se plaça au centre de la pièce pour juger de l’effet produit.
Pas trop mal, estima-t-il. Il fit le tour du propriétaire, redressant les gravures métaphysiques qui recouvraient des reproductions d’Utrillo, rectifiant la position des accessoires occultes disséminés çà et là. Dehors, un chien aboyait et quelqu’un enjoignit en espagnol au maître de l’animal de le réduire au silence ou en chair à pâté. L’odeur combinée de l’encens et du jasmin luttait bravement contre les relents épicés du menudo que mijotaient les voisins du dessous. On ne pouvait jamais totalement ignorer la présence du quartier. »
Extrait de : G. Brandner. « Carrion. »
Brebis galeuses par Kurt Steiner

Fiche de Brebis galeuses
Titre : Brebis galeuses
Auteur : Kurt Steiner
Date de parution : 1974
Editeur : J’ai lu
Première page de Brebis galeuses
« Accoudé à la rambarde, Rolf admirait le monde. Il était au sommet de la tour du cinquième niveau, celle qui dominait la ville. De là, on avait une vision complète de l’horizon. Il suffisait de tourner la tête, de tourner sur soi-même à la limite de torsion du cou et de revenir à sa position primitive. Ainsi, on avait vu le monde.
Rolf sourit. Non, on ne pouvait tout voir d’un seul point. Le monde était trop grand. À partir des faubourgs déjà lointains, son œil erra vers l’horizon cotonneux. Au-delà, et d’une façon très progressive, c’était le néant : le sol se confondait avec le ciel, à force de monter. Si on continuait de lever la tête, il fallait fermer les yeux car le regard rencontrait le soleil. On pouvait toujours les rouvrir après l’avoir dépassé. Alors, on voyait l’autre partie du ciel et on rencontrait bientôt l’autre partie de l’horizon.
Car le monde avait la forme d’un œuf immense, avec le Soleil dedans. On pouvait faire le tour du Soleil sans jamais quitter le sol… enfin, théoriquement. »
Extrait de : K. Steiner. « Brebis galeuses. »