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Les trois cartes par S. King
Fiche de Les trois cartes
Titre : Les trois cartes (Tome 2 sur 8 – La tour sombre)
Auteur : Stephen King
Date de parution : 1987
Traduction : G. Lebec, M. de Prémonville
Editeur : J’ai lu
Première page de Les trois cartes
« Le Pistolero émergea d’un rêve trouble qui ne semblait constitué que d’une seule image : celle du Marin, une lame du Tarot dans laquelle l’homme en noir avait déchiffré (ou prétendu déchiffrer) son avenir gémissant.
Il se noie, pistolero, disait l’homme en noir, et personne ne lui lance de bouée. C’est ce garçon, Jake.
Mais cela n’avait rien d’un cauchemar. C’était un bon rêve. Bon parce que c’était lui qui se noyait, ce qui signifiait qu’il n’était pas Roland mais Jake. Il en fut soulagé parce qu’il valait bien mieux se noyer dans la peau de Jake que de vivre dans la sienne, celle d’un homme qui, pour un rêve glacé, avait trahi un enfant qui lui avait fait confiance.
Parfait, je vais me noyer, se dit-il, attentif au rugissement de l’océan. Ainsi soit-il.
Mais ce vacarme n’était pas celui du large et de ses abîmes ; de l’eau, certes ; mais qui se raclait la gorge, une gorge encombrée de graviers. »
Extrait de : S. King. « Les Trois Cartes – La tour sombre. »
Le pistolero par S. King
Fiche de Le pistolero
Titre : Le pistolero (Tome 1 sur 8 – La tour sombre)
Auteur : Stephen King
Date de parution : 1982
Traduction : G. Lebec
Editeur : J’ai lu
Première page de Le pistolero
« L homme en noir fuyait à travers le désert et le Pistolero le poursuivait.
De tous les déserts, celui-là était l’apothéose, immensément posé sous le ciel et couvrant jusqu’à plusieurs parsecs en tous sens. Blanc ; aveuglant ; aride ; sans rien pour le rompre sinon la traînée brumeuse des montagnes se découpant sur l’horizon et l’herbe du diable, porteuse de songes délicieux, puis de cauchemars, et de mort. Une pierre tombale, de temps à autre, montrait la direction à prendre, car cette piste tracée dans l’épaisse croûte d’alcali avait été jadis une route fréquentée. Le monde avait changé depuis. Le monde s’était vidé.
Le Pistolero marchait d’un pas régulier, sans hâte mais sans tramer. Une outre lui ceignait la taille, évoquant un gros boudin. Elle était pratiquement pleine. »
Extrait de : S. King. « Le Pistolero – La tour sombre. »
Le géomètre aveugle par K. S. Robinson
Fiche de Le géomètre aveugle
Titre : Le géomètre aveugle
Auteur : Kim Stanley Robinson
Date de parution : 1991
Traduction : M. Demuth, A. Buresi
Editeur : J’ai lu
Sommaire de Le géomètre aveugle
- Le géomètre aveugle
- Intersection
- Notre cité
- Les lunatiques
- Au retour de Rainbow Bridge
- Crève-la-faim en l’an 2000
- Leçon d’histoire
- La meilleure part de nous-mêmes
Première page de Le géomètre aveugle
« J’additionnais des colonnes avec mon poinçon à braille et, excité par mon nouveau pouvoir, je tendis à mon père la feuille de calcul râpeuse. Il réfléchit dessus un instant.
— Hum, fit-il. Écoute-moi : tu dois faire très attention à ce que les colonnes soient bien droites et verticales. (Ses longs doigts guidèrent les miens le long d’une colonne.) Le 22 est trop décalé à gauche, tu le sens ? Tu dois les faire absolument droites.
Je retirai ma main d’un geste impatient. La frustration monta en moi comme une marée (sensation qui m’était des plus familières et que j’éprouvais tant de fois par jour) et, sous l’effet de la tension, ma voix devint une plainte aiguë :
— Mais pourquoi ? Peu importe.
— Oh si !
Mon père n’était pas un maniaque de l’ordre, comme je l’avais appris en trébuchant sur sa serviette égarée, ses chaussures ou ses patins à glace. »
Extrait de : K. S. Robinson. « Le Géomètre aveugle. »
La planète sur la table par K. S. Robinson
Fiche de La planète sur la table
Titre : La planète sur la table
Auteur : Kim Stanley Robinson
Date de parution : 1986
Traduction : J.-P. Pugi
Editeur : J’ai lu
Sommaire de La planète sur la table
- Venise engloutie
- Mercuriale
- Sur la ligne de crête
- Le déguisement
- Le « Lucky Strike »
- Retour à Dixieland
- Les oeufs de pierre
- L’air noir
Première page de Venise engloutie
« Lorsque Carlo Tafur parvint à s’extraire du sommeil, le bébé criait, la théière sifflait, la fumée du poêle flottait dans l’air. Des vaguelettes venaient lécher les murs, au-dessous, au niveau du plancher. C’était l’aube. Il eut du mal à se dégager des draps pour se lever. Il trotta discrètement jusque dans l’autre pièce, ignorant sa femme et l’enfant, et franchit la porte qui accédait au toit.
Venise était encore plus belle à l’aube, songea Carlo tout en pissant dans le canal. Dans la pâle clarté mauve, il était possible d’imaginer que la cité était telle qu’elle avait toujours été, que des hordes de visiteurs allaient descendre le Grand Canal par cette belle matinée d’été… Bien sûr, pour mieux accepter cette illusion, il fallait ne pas voir le patchwork de constructions diverses sur les toits alentour. Autour de l’église – San Giacomo du Rialto –, même les étages supérieurs des bâtiments étaient submergés et il avait été nécessaire de casser les toits de tuiles et d’ériger sur les poutres des cabanes faites de matériaux divers prélevés en bas : du bois, des briques, de la pierre, du lattis, du métal, du verre. »
Extrait de : K. S. Robinson. « La planète sur la table. »
La mémoire de la lumière par K. S. Robinson
Fiche de La mémoire de la lumière
Titre : La mémoire de la lumière
Auteur : Kim Stanley Robinson
Date de parution : 1985
Traduction : J.-P. Pugi
Editeur : J’ai lu
Première page de La mémoire de la lumière
« Toutes mes forces vitales contribuent à cette fuite dans les rues de Lowell, et je gagne en courant les terrains communaux pour retourner presque aussitôt dans les ruelles, tel un rat pourchassé à l’intérieur d’un labyrinthe. La nuit noire métamorphose les espaces verts en lieux déserts et surnaturels. Dans les ténèbres, l’hémisphère qui enveloppe la cité plutonienne est invisible, et la Plaine du Tartare s’étend tel un océan d’ébène au-delà d’une impasse qui s’interrompt brusquement. Mon ombre est légère, mes avant-bras humides frottent mes flancs, je perçois les battements de mon cœur : un allegro. Un chœur intérieur réclame sa drogue, du népanathol.
Et je fais une fois de plus le serment de me soustraire à son emprise. »
Extrait de : K. S. Robinson. « La mémoire de la lumière. »
La côte dorée par K. S. Robinson
Fiche de La côte dorée
Titre : La côte dorée (Tome 2 sur 3 – Orange county)
Auteur : Kim Stanley Robinson
Date de parution : 1988
Traduction : E. Jouanne
Editeur : J’ai lu
Première page de La côte dorée
« Bip-bip !
Tût-tût.
Jim McPherson passe la tête par la vitre de sa voiture, interpelle une Minihonda que son programme vient d’engager automatiquement devant lui sur la rampe d’accès.
— Tu m’as coupé la route !
L’homme dans la Minihonda se retourne pour le regarder, l’air déconcerté. La vieille Volvo de Jim fait un brusque bond en avant sur le rail en courbe et d’un seul coup Jim se retrouve à pendouiller à moitié dehors, par la portière, vacillant, le visage à quelques centimètres du béton de l’autoroute. Abe Bernard l’attrape par la ceinture et le ramène à l’intérieur, ouf !
Il fait nuit dans le Comté d’Orange – ici – et les quatre amis croisent en autopie. »
Extrait de : K. S. Robinson. « La Côte Dorée – Orange county. »
Le rivage oublié par K. S. Robinson
Fiche de Le rivage oublié
Titre : Le rivage oublié (Tome 1 sur 3 – Orange county)
Auteur : Kim Stanley Robinson
Date de parution : 1984
Traduction : J.-P. Pugi
Editeur : J’ai lu
Première page de Le rivage oublié
« — Je ne parle pas d’une véritable violation de sépulture, déclara Nicolin. Je propose simplement de déterrer un cercueil pour récupérer ses ornements en argent massif, puis de le remettre en terre sans même l’avoir ouvert… Il n’y a pas de mal à ça. De toute façon, ces poignées finiront par s’abîmer, si elles restent dans la terre.
Les cinq autres membres de notre bande réfléchirent à ces paroles. Le soleil, bas dans le ciel, nimbait d’une clarté ambrée les falaises au fond de notre vallée. Sur la large plage en contrebas, les ombres des enchevêtrements de bois flotté s’étiraient jusqu’au pied de la paroi rocheuse. Chaque bout de bois sculpté par les vagues semblait marquer l’emplacement d’une tombe, et je m’imaginai en train de creuser sous l’un d’eux pour déterrer ce qui se trouvait dans le sable. »
Extrait de : K. S. Robinson. « Le rivage oublié – Orange county. »
Le deuil écarlate par P. Grimbert
Fiche de Le deuil écarlate
Titre : Le deuil écarlate (Tome 2 sur 4 – Les gardiens de Ji)
Auteur : Pierre Grimbert
Date de parution : 2009
Editeur : J’ai lu
Première page de Le deuil écarlate
« Je suis Zejabel de Kercyan. Dans des temps déjà lointains, on m’appelait aussi « la Kahati. » J’ai même porté le surnom de « Tueuse », à une époque qui semble faire partie d’une autre vie. Mais mon véritable nom, celui que mes parents ont choisi de me donner… je l’ai oublié depuis longtemps. Et sans doute ne le retrouverai-je jamais.
Toutes les fillettes enlevées pour le compte de Zuïa, ce démon femelle, devaient pareillement perdre leur identité. On ne leur permettait qu’une seule chose : se préparer au don ultime pour lequel on les avait emmenées. À savoir, devenir la prochaine incarnation de la déesse. Car Celle-qui-Juge avait beau être éternelle, il lui fallait malgré tout des enveloppes charnelles pour se matérialiser. Voici ce à quoi nous étions destinées. Grandir, dans la souffrance de l’apprentissage et des privations, pour avoir un jour le prétendu privilège d’offrir son corps à l’âme du monstre. Et ne plus être, alors, qu’une petite voix implorante et étouffée par l’esprit du démon… »
Extrait de : P. Grimbert. « Le Deuil écarlate – Les gardiens de Ji. »
Le patriarche par P. Grimbert
Fiche de Le patriarche
Titre : Le patriarche (Tome 4 sur 5 – Les enfants de Ji)
Auteur : Pierre Grimbert
Date de parution : 2005
Editeur : J’ai lu
Première page de Le patriarche
« Je suis SOMBRE. CELUI-QUI-VAINC. Ainsi en sera-t-il, à jamais. Quels que soient les noms que me donneront les hommes dans les siècles à venir, je resterai toujours « Sombre ». Au fond de moi-même, et devant les autres dieux. Ce simple mot est définitivement rattaché à mon existence. Enraciné dans l’éternité.
Et cette idée entretient ma rage.
Contrairement à la plupart de mes semblables, ce nom si important n’a été choisi que par un seul mortel. Une créature misérable, qui m’était inférieure en tout, et qui a pourtant posé les bornes de mon destin sans que je puisse y changer quoi que ce soit. Cet humain appelé Saat, a modelé mon esprit, m’a doté de pouvoirs, m’a donné une identité…
Je le hais, pour tout cela. »
Extrait de : P. Grimbert. « Le patriarche – Les enfants de Ji. »
Le testament oublié par P. Grimbert
Fiche de Le testament oublié
Titre : Le testament oublié (Tome 1 sur 5 – Les enfants de Ji)
Auteur : Pierre Grimbert
Date de parution : 2004
Editeur : J’ai lu
Première page de Le testament oublié
« MON NOM EST CORENN. Je ne suis pas encore assez usée par le temps pour me considérer comme une vieille femme… mais la sincérité m’oblige à avouer mes soixante-deux ans.
Depuis pratiquement deux décennies, je suis Mère chargée des Relations mondiales, au Conseil permanent du Matriarcat de Kaul. Ma fonction me place souvent devant des choix difficiles. Tous les royaumes du monde connu, malgré une paix relative, ont des intérêts contraires. L’art diplomatique est le seul moyen de maintenir une certaine stabilité entre les nations. Pour autant, on ne peut rien recevoir sans donner, et Kaul est parfois forcé de faire des sacrifices pour conserver son indépendance…
Quelques-unes de ces pertes sont des vies humaines. Mes agents hors des frontières, souvent ambassadeurs, et plus rarement… espions. Bien qu’ils connaissent les risques de leurs missions, la disparition de ces volontaires est toujours une tragédie dont j’endosse seule la responsabilité. Ce sont mes choix qui ont conduit des diplomates à se faire décapiter par un chef de tribu jez, ou lyncher par des rebelles jérusniens. »
Extrait de : P. Grimbert. « Le Testament Oublié – Les enfants de Ji. »