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Le salaire de la peur par G. J. Arnaud

Fiche de Le salaire de la peur

Titre : Le salaire de la peur
Auteur : G. J. Arnaud
Date de parution : 1950
Editeur : Julliard

Première page de Le salaire de la peur

« CINQ, dix coups de téléphone au bureau du grand boss dans les baraques en bois du camp de Las Piedras. Des employés énervés, bousculés, circulaient à toute vitesse d’une pièce à l’autre, et les portes mobiles montées sur ressorts rebondissaient.
— Oui… Oui… Cette nuit… Non, je n’y suis pas encore allé moi-même. J’ai été prévenu trop tard. Rynner est dans un état effrayant, il a subi une grosse commotion nerveuse. Naturellement, sa responsabilité personnelle est à couvert. La commission d’enquête ? Sans doute mercredi. La déposition des Indiens ? Il n’y en a plus qu’un, l’autre était mort quand l’ambulance est arrivée. L’autre… Sa déposition sera conforme à celle de Rynner, naturellement : ce qu’elle doit être, sans plus. Quoi, la fatalité n’existe pas ? Bien sûr. Oui, pour la presse. »

Extrait de : G. J. Arnaud. « Le salaire de la peur. »

Les voies du salut par P. Boulle

Fiche de Les voies du salut

Titre : Les voies du salut
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1958
Editeur : Julliard

Première page de Les voies du salut

« Accroupi à la lisière de la jungle, au bord de la piste qui limitait la plantation de Kebun Besar, Sen, soldat de la libération, commençait à se sentir pénétré par l’humidité de la nuit. Il inspecta le ciel, visible au-dessus des hévéas, et reprit patience en constatant qu’aucune lueur n’annonçait l’aube. Il porta ses mains à sa bouche, en entonnoir, et fit de nouveau le signal. Puis, il écouta, les sourcils froncés, la tête inclinée vers ses pieds ; mais il ne perçut pas de réponse.

Il redressa le cou en entendant tressaillir les plantes qui couvraient le sol, de l’autre côté de la piste, et ses mains étreignirent sa mitraillette. Ses traits se détendirent presque aussitôt en un sourire amusé. Un grognement l’avait rassuré. Il distingua bientôt deux masses sombres et, dans leur sillage, un grouillement de formes indistinctes plus petites. C’était une famille de sangliers qui trottinait sur la piste, avant de regagner la jungle. »

Extrait de : P. Boulle. « Les voies du salut. »

Le bon léviathan par P. Boulle

Fiche de Le bon léviathan

Titre : Le bon léviathan
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1978
Editeur : Julliard

Première page de Le bon léviathan

« On l’avait baptisé le Gargantua (baptisé sans la moindre cérémonie : pas un prêtre n’eût risqué de se compromettre en l’aspergeant d’eau bénite), mais les sobriquets dont il fut affligé bien avant sa naissance désignaient tous des créatures répugnantes. Il était : le maudit ou le monstre pour les pêcheurs de la côte atlantique ; Moby Dick, pour les lettrés ; le dragon pestilentiel, pour les romantiques, et le Léviathan pour certains. Ce fut ce dernier surnom, celui d’une créature vomie par l’enfer, qui lui resta. Il lui avait été décerné par ses ennemis les plus acharnés, alors qu’il n’était encore qu’un fantôme, une image confuse apparue une nuit d’insomnie dans le cerveau fécond de Mme Bach, image qui se précisa bientôt en croquis, en plans, puis en maquettes, enrichie par la nuée de considérations techniques et financières qui accompagnent la gestation d’un projet industriel audacieux, et saluée par les protestations furieuses qui accueillent toute innovation. »

Extrait de : P. Boulle. « Le Bon Léviathan. »