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Les navigateurs de l’infini par J.-H. Rosny aîné

Fiche de Les navigateurs de l’infini

Titre : Les navigateurs de l’infini
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1925
Editeur : La nouvelle revue critique

Première page de Les navigateurs de l’infini

« 8 Avril. — Notre vaisseau vogue dans la nuit éternelle ; les rayons du soleil nous frapperaient durement, à travers l’argine, si nous ne disposions pas d’appareils qui atténuent, diffusent ou suppriment la lumière, à notre gré.

Notre vie est aussi aride que la vie des captifs ; dans l’étendue morte, les astres ne sont que de monotones points de feu ; notre tâche se borne à de menus soins d’entretien et de surveillance ; tout ce que les appareils doivent faire jusqu’à l’heure de l’atterrissage est rigoureusement  déterminé. Aucun obstacle ; rien qui exige un changement d’orientation ; une vie intérieure subordonnée à la machinerie. Nous avons des livres, des instruments de musique, des jeux. L’esprit d’aventure nous soutient, une espérance démesurée quoique amortie par l’attente…

La prodigieuse vitesse qui nous entraîne équivaut à une suprême immobilité. Profond silence : nos appareils — générateurs et transformateurs — ne font pas de bruit ; les vibrations sont d’ordre éthérique… Ainsi, rien ne décèle le bolide lancé dans les solitudes interstellaires… »

Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « Les navigateurs de l’infini. »

La femme disparue par J.-H. Rosny aîné

Fiche de La femme disparue

Titre : La femme disparue
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1926
Editeur : La nouvelle revue critique

Première page de La femme disparue

« – Vous passerez par la route des Loups, dit au cocher, Mme Francisca de Escalante, lorsque le coupé arriva au plus haut de la forêt.
C’est un site convulsé. Les futaies alternent avec des granits, des porphyres et des grès rouges ; les rocs ont d’étranges figures et des chênes six fois séculaires jaillissent sur des corniches indestructibles ; des labyrinthes tournoient parmi les blocs et les arbres. Ce fut jadis une formidable retraite de bêtes sauvages, un nid de parias, d’outlaws, de bandits, de sorciers et de sorcières. Les loups y dévoraient la chair vivante des voyageurs, on y célébra la messe noire ; les chauffeurs y rôtirent les pieds et y concassèrent les os de leurs victimes.
Francisca aimait ce lieu redoutable. Peut-être y retrouvait-elle l’âme des fauves sierras où avaient vécu ses ancêtres. Cet après-midi, dans la grande solitude, elle y examinait ses chances et ses malchances. »

Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « La Femme disparue. »

Au château des loups rouges par J.-H. Rosny aîné

Fiche de Au château des loups rouges

Titre : Au château des loups rouges
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1929
Editeur : La nouvelle revue critique

Première page de Au château des loups rouges

« — Il est près de huit heures, dit la vieille Catherine, Monsieur aura certainement dîné quelque part… Mademoiselle devrait se mettre à table.

Avec son visage basané, ses prunelles de feu noir, une chevelure tordue, couleur de goudron, et sa bouche enveloppée de poils rudes, Catherine évoquait les vieilles sorcières. Celle qui l’écoutait semblait une fée blonde, une fée des forêts gauloises, ou encore une jeune druidesse à la faucille d’or. Une lueur
s’élevait d’elle, de la chevelure tissée de lumière d’aurore, de fils de la Vierge, de cocons dorés. Elle tournait vers la vieille servante un visage de perle et d’églantine, des yeux de flamme bleue, pleins de la candeur des belles filles du Nord.

L’endroit semblait presque fantastique, une vieille gentilhommière de granit, une large cour aux murailles crénelées, un parc de rouvres et de hêtres rouges, puis un cercle de collines boisées dont les échancrures s’ouvraient à tous les méandres du rêve, à toutes les invitations au voyage. »

Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « Au château des loups rouges. »