Étiquette : Le Masque

 

Les cercles de l’épouvante par J. Ray

Fiche de Les cercles de l’épouvante

Titre : Les cercles de l’épouvante
Auteur : Jean Ray
Date de parution : 1943
Editeur : Le masque

Sommaire de Les cercles de l’épouvante

  • Les cercles
  • La main de Goetz von Berlichingen
  • L’assiette de Moustiers
  • Le cimetière de Marlyweck
  • Le dernier voyageur
  • L’homme qui osa
  • Dürer, l’idiot
  • L’auberge des spectres
  • L’histoire du Wûlkh
  • Le miroir noir
  • Hors des cercles

Première page de Les cercles

« Ma petite fille Lulu a des yeux noirs comme la nuit qui s’avance, ses cheveux coulent comme les ténèbres d’une nue nocturne. Elle est grave et très belle ; son arrière-grand-mère était une squaw d’une tribu perdue du Dakota et elle fut certainement sorcière aux journées menaçantes de sa jeunesse.
Je lui demande :
— Tes poupées parlent-elles ?
— Elles parlent, courent, jouent et se battent, dit-elle.
— Et tes soldats de plomb, bougent-ils ?
— Sûr ! Avant de mourir… car ils sont soldats et faits pour mourir. Tu vois comme beaucoup ont la tête tranchée. Ils se coupent le cou en se battant avec leurs sabres.
En vain, par le trou de la serrure, j’espionne Lulu toute à ses jeux : les soldats montent une garde immobile et les poupées sont sagement assises en rond. »

Extrait de : Jean Ray. « Les Cercles de l’Epouvante. »

Les furies par K. Roberts

Fiche de Les furies

Titre : Les furies
Auteur : Keith Roberts
Date de parution : 1966
Traduction : F. Straschitz
Editeur : Le masque

Première page de Les furies

« On peut les nommer les Gardiens. La chose qu’ils gardaient si jalousement n’était pas matérielle dans le sens où nous l’entendons. Elle avait du volume, mais pas de forme ; de la masse, mais pas de dimension. Bouillonnant nœud de mémoire, frémissant arbre de sagesse, elle avait bourgeonné à travers l’espace, ballottée par les courants gravitationnels, léchée par les flammes blanches des novæ. Et elle avait atteint la Terre…

Peut-être les Gardiens étaient-ils las. Pour eux, Vanderdecken était une créature éphémère et le millénium des Ahasuerws, guère plus que le lent clignement d’un œil. Leur voyage s’étendait à l’infini dans l’avenir comme dans le passé, loin, loin, loin avant notre ère, jusqu’au jour, peut-être, de la Première Création. Et les Gardiens eux-mêmes avaient oublié d’où ils venaient, et n’avaient jamais su comment ils avaient propagé leur espèce. »

Extrait de : K. Roberts. « Les Furies. »

Le cavalier squelette par G. J. Arnaud

Fiche de Le cavalier squelette

Titre : Le cavalier squelette
Auteur : G. J. Arnaud
Date de parution : 2002
Editeur : Editions du Masque

Première page de Le cavalier squelette

« Comme chaque nuit vers 2 heures, le curé de Cubières quittait la chaleur de son gros édredon pour jeter une bûche dans sa cheminée. Ce mois de décembre lui gelait les os le jour comme la nuit et il ne cessait de grelotter. Aumônier de l’armée en Algérie, il y avait pris des fièvres qui ne lui laissaient de répit que l’été. Tout grelottant, il allait se recoucher lorsque le galop d’un cheval se fit entendre, venant de la route de Bugarach. D’abord roulement lointain d’orage sur le chemin gelé, les sabots de l’animal décomposèrent l’allure en petit trot. L’abbé Reynaud jeta sa robe de chambre en laine des Pyrénées sur ses épaules aiguës, gratta les fleurs de givre de sa vitre. Depuis son arrivée au presbytère, le menuisier de Mouthoumet devait installer des volets et l’abbé pensait que ce retard avait quelque sournoiserie d’anticlérical.
Maintenant réduit au pas, le cheval dépité devait secouer sa tête car cliquetait son mors entre ses dents. »

Extrait de : G. J. Arnaud. « Le Cavalier Squelette. »

L’oeil derrière l’épaule par J.-P. Andrevon

Fiche de L’oeil derrière l’épaule

Titre : L’oeil derrière l’épaule
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2001
Editeur : Le Masque

Première page de L’oeil derrière l’épaule

« LE DÉMÉNAGEMENT

Les Woolwright quittèrent définitivement LA pour Harmony le dernier week-end de mai.
L’initiative venait de Pam, bien sûr. Jon avait tenté plusieurs semaines durant une résistance passive dont les bastions s’effondraient à mesure, louvoyant, faisant la sourde oreille, cherchant des prétextes futiles pour retarder l’irréparable. Il avait des raisons pour ça – ou au moins une, qu’il ne pouvait évidemment pas avouer à sa femme.
— On pourrait voir… attendre encore un peu.
— Un peu quoi ? persiflait-elle de sa voix la plus pointue.
— Je ne sais pas… que Veronika entre au lycée, par exemple.
— Mais ce n’est pas un peu, ça. C’est quatre ans ! »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « L’oeil derrière l’épaule. »

Via Velpa par Y. Dermèze

Fiche de Via Velpa

Titre : Via Velpa
Auteur : Y. Dermèze
Date de parution : 1975
Editeur : Le Masque

Première page de Via Velpa

« Lorsque Nel Gavard, bourreau juré d’Altaïr, décida de jouer à l’expérimentateur, il ne se doutait pas des bouleversements qu’il allait apporter dans sa constellation et dans sa galaxie tout entière. Des cerveaux beaucoup plus puissants que le sien n’eussent pas imaginé la millième partie de ce qu’allait entraîner un tout petit geste.
Nel Gavard était une demi-brute. Son front plat s’ornait de six barres verticales indélébiles. Ses yeux bovins saillaient sous ses épais sourcils noirs. Lorsque, dans son adolescence, on avait mesuré son indice intellectuel, on avait ricané avec pitié. Et Nel Gavard avait ricané aussi, incapable qu’il était de comprendre l’ironie ou la pitié. Les tests habituels l’avaient classé bon dernier. Que faire de ce dégénéré ? À partir de la septième catégorie, la loi ordonnait de les supprimer afin qu’ils ne fussent ni une charge, ni un danger pour la civilisation. Nel Gavard avait été sauvé par une toute petite étincelle qui subsistait en lui. »

Extrait de : Y. Dermèze. « Via velpa. »

Les lumières par Y. Dermèze

Fiche de Les lumières

Titre : Les lumières
Auteur : Y. Dermèze
Date de parution : 1976
Editeur : Le Masque

Première page de Les lumières

« (Extrait de l’Encyclopédie galactique, volume 3 de SOL)

L’Homme avait à peine colonisé quelques planètes lorsqu’il fut brusquement coupé de ses bases. La Terre ne répondait plus.

Or, si les hardis conquérants de l’espace avaient déjà commencé à se multiplier sur diverses colonies et avaient reçu à peu près tout le matériel nécessaire à la fabrication d’objets manufacturés, ils dépendaient totalement de la planète mère pour le carburant, essentiel pour les astronefs.

Les appareils qui disposaient des réserves suffisantes s’élancèrent aussitôt vers la Terre qui ne répondait plus, mais on n’obtint jamais de leurs nouvelles. Ce n’est que beaucoup plus tard que l’on eût l’explication de ce silence.

Ils avaient atterri sans encombre, mais n’avaient trouvé sur III de Sol que ruines et désolation, et n’avaient découvert aucune goutte de carburant pour repartir. »

Extrait de : Y. Dermèze. « Les Lumières. »

Le titan de l’espace par Y. Dermèze

Fiche de Le titan de l’espace

Titre : Le titan de l’espace
Auteur : Y. Dermèze
Date de parution : 1954
Editeur : Le Masque

Première page de Le titan de l’espace

« CHOB

Le corps gigantesque de Chob frémissait à lentes pulsations régulières. Une extrémité s’étendait tout là-bas, vers ß du Cygne, l’autre entourait cette planète Pluton que les Terrestres, pendant longtemps, ont cru terre dernière du système solaire.
Ces pulsations inquiétaient Chob. Il savait fort bien ce qu’elles signifiaient : les atomes extérieurs de son corps nébuleux et sans forme précise commençaient à se désintégrer. Son énergie vitale ne pouvait plus empêcher le processus classique. Vainement il s’était distendu au maximum de façon à se placer à la limite extrême où la matière n’est pas encore de l’énergie et où l’énergie demeure encore de la matière. Dans ces conditions, il couvrait un volume de quelques centaines d’années-lumière au cube et il vivotait d’une misérable existence d’être inférieur. »

Extrait de : Y. Dermèze. « Le titan de l’espace. »

L’image de l’autre par Y. Dermèze

Fiche de L’image de l’autre

Titre : L’image de l’autre
Auteur : Y. Dermèze
Date de parution : 1974
Editeur : Le Masque

Première page de L’image de l’autre

« Je ne savais pas comment j’étais venu là. J’ignorais pourquoi je m’y trouvais. Peut-être étais-je mort subitement et y avait-il cela après la mort. Bizarre tout de même que j’aie conscience d’être vivant.

Par contre, je savais d’où je venais. Une fraction de seconde plus tôt, je vivais sur la troisième planète qui gravitait autour du Soleil : la Terre. Une fraction de seconde ? Comment pouvais-je être aussi affirmatif ? En fait j’ignorais tout du temps qui s’était écoulé entre mon « départ » de la Terre et mon « arrivée » ici. Cela avait pu être instantané. Mais tout aussi bien il avait pu y avoir un « trou » de plusieurs heures, plusieurs jours… pourquoi pas plusieurs siècles ?

J’étais vivant, soit. Je me sentais physiquement en forme, soit. Qu’est-ce que ça prouvait ? On avait pu me maintenir en état d’hibernation, ou utiliser quelque procédé inconnu des Terriens. »

Extrait de : Y. Dermèze. « L’Image de l’Autre. »

Les planètes meurent aussi par B. J. Bayley

Fiche de Les planètes meurent aussi

Titre : Les planètes meurent aussi
Auteur : B. J. Bayley
Date de parution : 1972
Traduction : M. Deutsch
Editeur : Le Masque

Première page de Les planètes meurent aussi

« Si les nouvelles qu’apportait Jundrak étaient incertaines, son arrivée, elle, ne laissait nulle place au doute. Il surgit, hurlant de toutes ses tubulures, le long de la glissante à longue portée. À deux années-lumière de Smorn, il coupa les moteurs pour accomplir le reste du parcours galactique à une vitesse transcendantale. Enfin, il inversa le flux énergétique, ce qui eut pour effet de l’immobiliser brutalement.

La manœuvre avait été précise. Stabilisé au-dessus du camp que Peredan avait établi cinquante ans auparavant, il n’eut même pas besoin de modifier sa position d’un mètre. L’atmosphère avait une limpidité de cristal et il distinguait avec une netteté étonnante le minuscule empire du prince-prétendant, qui s’étalait à quelques centaines de mètres au-dessous de lui.

Le spectacle était conforme à son attente : tout était tiré au cordeau, bariolé et témoignait d’une fébrile agitation. »

Extrait de : B. J. Bayley. « Les planètes meurent aussi. »

Les immortels par J. E. Gunn

Fiche de Les immortels

Titre : Les immortels
Auteur : J. E. Gunn
Date de parution : 1962
Traduction : M. Rosenthal
Editeur : Le Masque

Première page de Les immortels

« Le jeune homme était allongé sur la table d’hôpital capitonnée. Son bras gauche nu, musclé et hâlé, était sur la tablette à côté. La bande large et plate d’un sphygmomètre serrait son biceps. La face interne de son coude, où les veines traçaient des méandres bleus, avait été lavée à l’eau et au savon, frottée d’alcool, tachée de brun avec de l’iode.

Du regard, il suivait l’efficacité rapide de la technicienne, dont les mouvements étaient aussi nets que sa blouse blanche.

Elle ouvrit la porte de gauche du vieil et immense réfrigérateur, prit un flacon brun sur la deuxième étagère. Au bas du flacon se trouvait une poignée, fixée par une bande métallique. Maintenant, elle était relevée. Au-dessous de la poignée frémissaient deux centimètres de citrate de soude. Le reste était du vide. »

Extrait de : J. E. Gunn. « Les immortels. »