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To-Ho le tueur d’or par Jules Lermina

Fiche de To-Ho le tueur d’or
Titre : To-Ho le tueur d’or
Auteur : Jules Lermina
Date de parution :
Editeur : Bibebook
Première page de To-Ho le tueur d’or
« Dans le kraton de Kota-Rajia, se dressant comme un nid d’aigles au-dessus du fleuve Kroung-Daroub, à la pointe nord de l’île de Sumatra, les Orangs-Atchés se défendaient contre les conquérants hollandais avec un courage du désespoir.
Peuple aux mœurs violentes, aux instincts pillards, les Atchés semblaient indomptables ; leur sultan, Mahmoud Shah, enfermé dans l’altière et sauvage forteresse le kraton, juché sur une masse de rochers inaccessibles, repoussait tous les assauts, dirigeant avec une énergie sauvage ses troupes qui faisaient de leurs cadavres une barrière infranchissable.
Autour du maître, serviteur d’Allah, s’étaient groupés les chefs des tribus barbares et courageuses, fanatisées par le mépris de la mort, qui, oubliant dans cette crise suprême leurs querelles intestines, étaient accourues pour résister à l’envahisseur. »
Extrait de : J. Lermina. « To-Ho Le Tueur d’or. »
Reine par Jules Lermina

Fiche de Reine
Titre : Reine
Auteur : Jules Lermina
Date de parution : 1891
Editeur : BnF
Première page de Reine
« Il deviendra bientôt plus facile de reconstituer l’antique cité des Pharaons ou les capitales des anciens Celtes que de donner aux Parisiens d’aujourd’hui une idée exacte de ce qu’était leur ville, telle que l’habitaient nos pères de 1815.
Le Paris du commencement du siècle était vieux comme la société que la Révolution avait balayée, vieux comme les préjugés ; il avait contracté toutes les maladies : engorgement des poumons, hypertrophie du cœur, cancer de l’estomac. Si le cerveau restait sain, la vie ne circulait plus qu’avec difficulté dans ses veines, où l’embolie était à l’état chronique ; grâce aux opérations miraculeuses de la chirurgie civilisatrice, aujourd’hui l’air et la lumière ont pénétré dans ce corps que menaçaient, non l’anémie, mais la pléthore, l’apoplexie.
Avenues, quais, places, squares, autant de soupapes ouvertes à cette activité, jusque-là comprimée, qui se heurtait, grondait, escaladait et retombait, vague vaincue, mais non domptée, sûre de la victoire finale.
Nos enfants, qui n’ont même pas connu le Paris de 1848, ne le peuvent imaginer différent, sauf quelques nuances, de ce qu’il est aujourd’hui. »
Extrait de : J. Lermina. « Reine. »
Mystère – ville par Jules Lermina

Fiche de Mystère – ville
Titre : Mystère – ville
Auteur : Jules Lermina
Date de parution : 1905
Editeur : Bibliothèque Numérique Romande
Première page de Mystère – ville
« Je suis Français et même Parisien.
Mes parents, braves bourgeois, ayant mené l’existence étroite des gagne-petits dans une modeste boutique de tailleur, m’ont laissé orphelin vers ma vingtième année.
J’avais fait des études assez rudimentaires, sans tenir compte des avis qui m’étaient donnés par ma mère, très férue de l’instruction des autres.
Chose qui paraît d’abord singulière, mais qui est en vérité plus fréquente qu’on ne le croit, mon père, sédentaire par état, calme par disposition, enveloppé de gâteries par ma mère qui ne l’eût pas laissé s’aventurer hors de la banlieue de Paris, par crainte d’accident, ne rêvait que voyages, expéditions lointaines, explorations aux pays mystérieux.
Son unique vice – très combattu par ma mère, toujours inquiète – consistait en l’achat de cartes, de volumes et de journaux de voyages. Livingstone l’avait enthousiasmé, il avait rêvé de Binger, il frémissait au nom de Nordenskjöld, et s’enfiévrait en songeant à Nansen. Il avait loué une mansarde au 6e étage de la maison, sous prétexte d’y ranger des draps et étoffes dites de nouveautés, pour habits, redingotes ou vestons. »
Extrait de : J. Lermina. « Mystère-Ville. »
Les mariages maudits par Jules Lermina
Fiche de Les mariages maudits
Titre : Les mariages maudits
Auteur : Jules Lermina
Date de parution : 1880
Editeur : BnF
Première page de Les mariages maudits
« La chambre à coucher de la vieille marquise de Lustin était plongée dans une demi-obscurité, que rendaient plus sombre des draperies de velours d’un rouge brun. Le lit se cachait dans une sorte d’alcôve sur laquelle retombaient les tentures lourdes.
Auprès de la fenêtre, une jeune fille était assise ; son teint pâle était encore blanchi par le reflet de la lune qui brillait au dehors.
Elle s’appuyait à un de ces petits meubles, bijoux de nos grands’mères et qu’on nommait Bonheur-du-Jour.
A droite de l’alcôve, une porte donnant sur l’escalier. A gauche, une portière cachant à demi la porte d’un oratoire.
La jeune fille, Caroline de Lustin, aux cheveux noirs, aux traits admirablement modelés, à la physionomie énergique, rêvait, le menton appuyé sur sa main.
Tout à coup, la portière de l’oratoire se souleva, et un personnage long, maigre, vêtu d’un long vêtement, ni redingote ni soutane, apparut, tendant avec précaution son visage en lame de couteau. »
Extrait de : J. Lermina. « Les Mariages maudits. »
Les hystériques de Paris par Jules Lermina

Fiche de Les hystériques de Paris
Titre : Les hystériques de Paris
Auteur : Jules Lermina
Date de parution : 1885
Editeur : BnF
Première page de Les hystériques de Paris
« – Qui dois-je annoncer ? demanda le valet de pied à un jeune homme qui se présentait, vers onze heures du soir, à l’hôtel de Barnes.
Le jeune homme eut une hésitation.
– Ne me connaissez-vous pas ? murmura-t-il.
– Que monsieur me pardonne, mais je suis ici depuis plus de six mois, et je crois que monsieur ne s’est pas encore présenté à l’hôtel.
Certes, la raison donnée par le laquais était plausible.
Mais il en était une autre plus difficile à expliquer.
En ce moment, les salons de la belle comtesse de Barnes, l’idole du monde parisien, regorgeaient d’invités. On entendait à travers les tentures les accords vibrants d’une valse de Strauss, et on eût dit qu’à travers les murailles filtrât hue atmosphère surchauffée de plaisir et de luxe.
Or, pour l’œil exercé d’un laquais de Paris, la tenue du nouvel arrivant était loin de paraître irréprochable. »
Extrait de : J. Lermina. « Les Hystériques de Paris. »
Le fils de Monte-Cristo par Jules Lermina

Fiche de Le fils de Monte-Cristo
Titre : Le fils de Monte-Cristo (parties 1 et 2)
Auteur : Jules Lermina
Date de parution : 1881
Editeur : Bibliothèque Numérique Romande
Première page de Le fils de Monte-Cristo
« Le 1er janvier 1839, c’est-à-dire environ trois mois après le départ du Comte de Monte-Cristo – l’affaire Benedetto fut inscrite de nouveau au rôle de la cour d’assises.
Mais alors – comme aujourd’hui – les choses allaient si vite à Paris, que nul n’y avait pris garde, et le beau Cavalcanti, qui avait eu son heure de triomphe, risquait fort d’être condamné devant un auditoire composé uniquement de gendarmes et d’avocats.
Il neigeait fort et il gelait dur.
Ce n’était à tous les carrefours que chevaux abattus, que charretiers jurant et cochers s’apostrophant – en raison de ce principe que lorsqu’un cocher a commis une sottise, c’est l’autre qui a tort. »
Extrait de : J. Lermina. « Le Fils de Monte-Cristo (parties1-2). »
La magicienne par Jules Lermina
Fiche de La magicienne
Titre : La magicienne
Auteur : Jules Lermina
Date de parution : 1892
Editeur : BnF
Sommaire de La magicienne
- La magicienne
- Le secret des Zippélius
- Histoire d’une nuit
- Vie humaine
- La sacoche
Première page de La magicienne
« Mon cher ami, c’est à votre vieille et sincère affection que je confie le récit de la plus merveilleuse aventure qui me soit arrivée pendant ma longue carrière de médecin. Je vous prie instamment de ne le communiquer à personne avant ma mort.
Pourquoi me refusé-je à le publier de mon vivant ?… Je suis trop vieux pour affronter les polémiques qu’il peut soulever. Je souffrirais trop des démentis outrageants qui me seraient adressés et de la compassion plus insultante encore de ceux qui plaindraient ma crédulité sénile. J’ai passé l’heure des luttes et des écœurements : seulement je ne me reconnais pas le droit de l’égoïste Fontenelle, et, tenant une vérité dans ma main, je la laisse tout au moins échapper de mes doigts de mourant. Aux nouveaux venants de la ramasser et de la féconder.
Avec vous, mon cher ami, je ne m’abaisserai pas jusqu’à réitérer l’affirmation de ma sincérité absolue. L’observation qui suit est aussi exacte que colle d’un interne devant un lit d’hôpital. J’ai vu et je témoigne. »
Extrait de : J. Lermina. « La Magicienne. »
La deux fois morte par Jules Lermina
Fiche de La deux fois morte
Titre : La deux fois morte
Auteur : Jules Lermina
Date de parution : 1895
Editeur : BnF
Première page de La deux fois morte
« A peine eus-je posé le pied sur la terre de France — au retour de la longue mission qui m’avait retenu pendant près de trois années dans l’extrême Orient — que je me mis en route pour le coin de Sologne où s’étaient cloîtrés mes amis.
J’avais naguère trouvé assez étrange cette idée de s’aller enfermer avec une jeune femme, presque une enfant, dans une solitude morose, et cela dès le lendemain d’un mariage que j’avais d’ailleurs fort approuvé, en raison de la camaraderie qui avait unis enfants ceux qui devenaient époux.
Je les avais dès lors surnommés Paul et Virginie, et je continuerai à les désigner ainsi, estimant que l’impersonnalité convient aux faits singuliers dont je veux en ce récit conserver le souvenir.
De dix ans plus âgé que Paul, je m’étais toujours intéressé à son caractère. Sa nervosité excessive souvent m’avait effrayé, quoique en somme elle ne me parût exercer sur ses actes aucune influence mauvaise et ne se traduisît d’ordinaire que par une rare ténacité de volonté. »
Extrait de : J. Lermina. « La Deux Fois morte. »
La criminelle par Jules Lermina

Fiche de La criminelle
Titre : La criminelle
Auteur : Jules Lermina
Date de parution : 1881
Editeur :
Première page de La criminelle
« Chère madame (remarquez que je ne dis pas chère Pauline, pour respecter les convenances), le repentir est une belle chose, quoiqu’en certains cas il confine à l’ingratitude. Moi qui suis reconnaissant, je n’entends ni me repentir ni surtout oublier. Je ne suis pas de ces gens qu’on met hors de sa mémoire comme un laquais hors d’une maison. Donc sachez ceci. Vous n’avez pas répondu à mes premières lettres, méconnaissant en cela les règles de la plus élémentaire politesse. Celle-ci est la dernière. Lisez-la donc avec soin. Je vous attendrai aujourd’hui, de trois à six heures, dans la maison dont l’adresse est ci-jointe. Il vous suffira de monter au second étage et de frapper à la porte de droite. À six heures et demie, si je ne vous ai pas vue, je me résignerai à regret à envoyer à qui vous savez ce que vous savez. Pas d’exclamations désespérées ! pas de bras en l’air ! Méditez sur le proverbe : – La faim chasse le loup hors du bois. – J’attendrai, et dans votre intérêt, dans celui de… et de… je vous engage à tenir compte de cet avis… qui, je le répète, sera le dernier… »
Extrait de : J. Lermina. « La criminelle. »
L’étranglée de la porte Saint-Martin par Jules Lermina

Fiche de L’étranglée de la porte Saint-Martin
Titre : L’étranglée de la porte Saint-Martin
Auteur : Jules Lermina
Date de parution : 1908
Editeur : Oxymoron Editions
Première page de L’étranglée de la porte Saint-Martin
« TOUT le monde connaît le Courrier de Lyon, ce drame légendaire qui a fait pleurer nos mères et fera peut-être pleurer nos petits-fils…
Lesurques, l’innocent, Dubosc, l’assassin, son sosie, Courriol, Choppart dit l’Aimable… celui-là surtout féroce, cynique, le chef-d’œuvre de Paulin Menier qui savait si bien appeler en le sifflant l’ineffable Fouinard – Psst ! Ici, Fouinard ! – son inséparable – toutes figures gravées dans la mémoire populaire.
C’était bien la cinquantième reprise, dernière représentation avant une grande machine dont la répétition générale était annoncée pour le lendemain, et la salle de la Porte-Saint-Martin était bondée.
On applaudissait, on criait, on insultait Dubosc. C’était une tempête de bravos quand Fouinard enfin livrait Dubosc en lui coupant le chemin en haut d’une échelle. »
Extrait de : J. Lermina. « L’étranglée de la porte Saint-Martin. »