Étiquette : livre

 

Le pain perdu par Pierre Pelot

Fiche de Le pain perdu

Titre : Le pain perdu
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1991
Editeur : Milady

Première page de Le pain perdu

« Toutes vitres baissées, il faisait déjà chaud dans la voiture. Mais, lorsqu’ils se retrouvèrent derrière cet énorme camion dont le pot d’échappement vomissait des nuages tourbillonnants de fumée noire et puante, il fallut bien remonter les vitres. La chaleur augmenta encore, après quelques minutes de ce régime.

Le conducteur grogna un peu, bougonna tout en donnant de petites claques sèches et énervées sur son volant. Il était âgé d’une quarantaine d’années, environ. Il avait des avant-bras courts, boudinés et velus. Des taches de sueur marquaient aux aisselles sa chemise bleu pâle.

Devant, le camion roulait à une allure d’escargot. Un camion dans le style « déménagements en tous genres », avec une haute caisse métallique, sans couleur précise. Les portes de l’arrière étaient maculées jusqu’à mi-hauteur de poussière grasse. »

Extrait de : P. Pelot. « Le Pain perdu. »

Le méchant qui danse par Pierre Pelot

Fiche de Le méchant qui danse

Titre : Le méchant qui danse
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1985
Editeur : Milady

Première page de Le méchant qui danse

« Calibre .22 LR.

Quinze coups dans le magasin tubulaire placé sous le canon, un seizième possible, balle engagée dans la chambre ; un seizième, ou un premier…

Réplique de la Winchester 30/30. Pas un jouet. Munitions Remington. Portée de tir dangereuse à 1500 mètres.

18h56 au cadran de la montre-bracelet.

Le doigt sur la détente. L’index. L’ongle est rongé jusqu’à la peau.

Les oiseaux se taisent. »

Extrait de : P. Pelot. « Le Méchant qui danse. »

Le mauvais coton par Pierre Pelot

Fiche de Le mauvais coton

Titre : Le mauvais coton
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1978
Editeur : Milady

Première page de Le mauvais coton

« DIMANCHE 18 JUIN 1978

Ils l’avaient écrit dans les journaux, ils l’avaient dit à la radio, à la télévision : c’était le mois de juin le plus froid depuis 1878. Ils avaient probablement raison.

Jean-Jo écrasa le mégot de son cigare dans le fond pâteux de la tasse à café vide. Cela fit un petit bruit chuintant. Il laissa tomber l’embout plastique qu’il avait mordillé pendant un bon quart d’heure, tout en fumant à petites bouffées : cela fit un second petit bruit, contre la faïence de la tasse. Les dimanches, après le repas, Jean-Jo s’octroyait un cigare, en remplacement de la cigarette des jours de semaine.

Il repoussa la tasse et posa un coude sur la tablette de la fenêtre.

Dehors, le ciel était lourd et gris. Les maisons de la place avaient le teint plombé, malade, et toutes les fenêtres étaient closes, comme en hiver, ou sur la fin de l’automne – en tout cas, ce n’étaient pas des fenêtres d’été. »

Extrait de : P. Pelot. « Le Mauvais Coton. »

Le dieu truqué par Pierre Suragne

Fiche de Le dieu truqué

Titre : Le dieu truqué
Auteur : Pierre Suragne
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le dieu truqué

« La planète des Moor’woks n’avait pas de nom propre. Ce n’était pas nécessaire. Parfois, lorsqu’ils en parlaient, ils disaient simplement « le Monde », et c’était bien suffisant.
Bien suffisant.
En un point de l’espace, le Monde tournait autour d’un soleil, et le soleil tournait autour d’un point central d’une galaxie, qui tournait elle-même, avec d’autres galaxies… depuis ce qu’on appelle le commencement des temps.
Sur le Monde, il y avait des prairies d’herbe, des déserts de sable et de pierres, des vallées et des montagnes. Il y avait des mers, des fleuves, des ruisseaux, des sources. Des arbres à chevelures feuillues et d’autres tout hérissés d’épines. Il y avait des nuages dans les cieux, de la pluie qui tombait, de la neige et du vent qui courait. Parfois, il faisait chaud, parfois il faisait froid. »

Extrait de : P. Suragne. « Le dieu truqué. »

Le ciel bleu d’Irockee par Pierre Pelot

Fiche de Le ciel bleu d’Irockee

Titre : Le ciel bleu d’Irockee
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1980
Editeur : Presses Pocket

Première page de Le ciel bleu d’Irockee

« Le soldat marchait devant Gyllia, d’un pas lent et balancé. Les talons ferrés de ses bottes griffaient le sol dallé du hall de la maison. Il était extraordinairement massif, avec des épaules très larges, un peu tombantes, mais bourrelées de muscles. Sa nuque était épaisse, rougeaude, comme un trait de chairs vives entre le col de la pelisse d’ours gris et le bord du casque de cuir fauve. Il ressemblait, en fait, à tous les soldats de l’Empire et ne possédait guère de trait caractéristique qui l’eût distingué tant soit peu de la masse anonyme et puissante des hordes conquérantes. Il était un soldat, parmi des centaines, des milliers d’autres soldats sur les terres occupées de Yorgom.

« Pourquoi serait-il différent ? » songea distraitement Gyllia. »

Extrait de : P. Pelot. « Le ciel bleu d’Irockee. »

Le bonheur des sardines par Pierre Pelot

Fiche de Le bonheur des sardines

Titre : Le bonheur des sardines
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1993
Editeur : Bragelonne

Première page de Le bonheur des sardines

« Il entra dans le bar à midi tapant, traversa la salle de restau bondée, taillant dans la fumée et le brouhaha. À cette heure-là, c’était une clientèle de bureaux. Aucune des filles attablées devant le plat du jour ne détourna son attention à son passage.

Ils étaient comme prévu dans la salle du fond. Quatre autour d’une table. La partie n’était pas engagée depuis longtemps, à en juger par le tapis découvert et les piles de jetons. Le vacarme en provenance de la salle voisine était à peine moins fort.

Deux autres types, inconnus, se tenaient assis un peu en retrait, derrière Norbert. Visiblement deux frères, maigres, grands, osseux, dont un avec une tête incroyablement hirsute et vêtu un peu comme un hippie des temps révolus – une allure qui aurait motivé tout net le refoulement à l’entrée de l’établissement. Il fallait que ce type soit important pour que Norbert tolère un pareil look.

Il attendit, debout, sous le regard inexpressif des deux types maigres. »

Extrait de : P. Pelot. « Le Bonheur des sardines. »

La ville où les morts dansent toute leur vie par Pierre Pelot

Fiche de La ville où les morts dansent toute leur vie

Titre : La ville où les morts dansent toute leur vie
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 2013
Editeur : Fayard

Première page de La ville où les morts dansent toute leur vie

« Le vent qui palpitait dans la lumière fanée du soir fit claquer le chalvaar déchiré de la fille, dénudant sa jambe blanche du genou à la hanche, quand elle apparut debout, émergeant du chaos des murs effondrés. Un lent courant d’air soudain charria des senteurs de cendres détrempées et caressa délicatement sur le haut de son dos les mèches de cheveux libres et les pointes du foulard qui la coiffait, noué sur sa nuque.

Le soleil lui avait cuit et lissé les pommettes, strié les lèvres de fissures blanchâtres. Elle était grande et semblait fine, peu épaisse. Les manches de son pull trop long dépassaient de celles de la veste multipoche tachée de boue plus ou moins sèche et de poussière. »

Extrait de : P. Pelot. « La Ville Où Les Morts Dansent Toute Leur Vie. »

La septième saison par Pierre Pelot

Fiche de La septième saison

Titre : La septième saison
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1972
Editeur : Fleuve noir

Première page de La septième saison

« De mai à juin, en cette année 3096, les troupes civiles des commandos « Survie » avaient organisé le dernier rassemblement. De mai à juin. Un mois terrestre, simplement. Suivant un réseau-quadrillage très serré, ils avaient parcouru la planète, à bord de leurs plates-formes rasantes équipées de détecteurs d’ondes biologiques, repérant infailliblement toute trace de vie humaine dans les déserts, les magmas putrides des anciennes jungles. Un mois, pour inventorier, cloisonner, repérer. Sur ces données, la chasse s’était ouverte, menée par d’autres commandos Survie.

La chasse, il n’y avait pas d’autre mot pour qualifier le travail de ces hommes lancés dans la brousse molle, armés de projecteurs paralysants.

A présent, la chasse était finie. Elle s’était déroulée sans accidents graves – des flèches perdues avaient blessé quelques membres des commandos, mais sans gravité ; il n’y avait eu aucune mort d’homme. »

Extrait de : P. Pelot. « La septième saison. »

La rage dans le troupeau par Pierre Pelot

Fiche de La rage dans le troupeau

Titre : La rage dans le troupeau
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1979
Editeur : Presses Pocket

Première page de La rage dans le troupeau

« Le vent lourd de pluie giflait les vitres du petit bureau des veilleurs lorsque Loïc Davenec entra. Il fit de la lumière et referma la porte derrière lui. Son collègue du moment – un nouveau que Loïc ne connaissait pas encore très bien : il savait simplement que le type s’appelait Naviguant, Albert-François Naviguant, il avait lu sa fiche d’identification et son C.V. militaire – son collègue, donc, était parti depuis quelques minutes : Loïc l’avait croisé dans le couloir, ils avaient échangé une poignée de main, quelques mots, des banalités au sujet du temps qu’il faisait, c’est tout. »

Extrait de : P. Pelot. « La rage dans le troupeau. »

La peau de l’orage par Pierre Suragne

Fiche de La peau de l’orage

Titre : La peau de l’orage
Auteur : Pierre Suragne
Date de parution : 1973
Editeur : Fleuve noir

Première page de La peau de l’orage

« Il fit bien des efforts pour résister au malaise, espérant naïvement lui échapper. Il avait grandi, n’est-ce pas ? Il était presque un homme, à présent, et il y avait bien longtemps que le malaise n’était venu le visiter. Avant, il était encore un enfant, sans force, sans volonté. Quelque chose de tout à fait malléable. Mais maintenant…

Oui, il fit bien des efforts, cherchant à s’isoler des cris, du bruit ronflant de la moto-faucheuse qui couchait l’herbe en vagues régulières, guidée par le père. Faire le vide, et oublier jusqu’aux odeurs bleutées qui s’envolaient derrière le monstre mécanique, oublier les odeurs de l’herbe écrasée de soleil.

Il essaya. »

Extrait de : P. Suragne. « La peau de l’orage. »