Étiquette : livre
La passante par Pierre Pelot
Fiche de La passante
Titre : La passante
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1999
Editeur : Bragelonne
Première page de La passante
« Il a plu toute la journée.
Je ne crois pas mentir en affirmant que l’averse ne s’est pas calmée une seconde. La bourrasque battant contre les volets métalliques de ma chambre m’a tiré du sommeil bien avant que sonne le réveil. Il est minuit moins le quart, les rafales continuent de secouer régulièrement ce sacré volet – il faudra tout de même que je prenne mon courage à deux mains et trouve une petite demi-heure pour réparer ce qui cloche dans la fermeture : c’est quelque chose que je suis capable de faire.
Il semblerait que ce temps-là annonce un mois de juin totalement pourri, ce qui est le cas, régulièrement, depuis quelques années. Le mois de juin n’est pas un mois que j’aime, sur tous les plans, d’ailleurs, et pas uniquement sous l’angle météorologique. »
Extrait de : P. Pelot. « La Passante. »
La nuit sur Terre par Pierre Pelot
Fiche de La nuit sur Terre
Titre : La nuit sur Terre
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1983
Editeur : Bragelonne
Première page de La nuit sur Terre
« Il avait neigé la veille, vendredi 31 mars, sur les premiers bourgeons éclatés des saules. De la neige fondue et de la pluie crachouillante, du matin jusqu’au soir, et même encore dans les heures avancées de la nuit. Résultat : le sol une fois de plus recouvert de mauvaise boue, l’air humide porté par un vent ricanant, qui savait s’insinuer par le moindre interstice – même qu’il n’avait pas besoin de ça, le vent, pour vous pénétrer sous la peau et venir vous lécher l’intérieur des boyaux.
Et aujourd’hui, jeudi 1er avril, grand soleil, beau temps parfait, ciel bleu. Ce n’était pas une blague. À croire que la veille remontait à des mois…
En fait, cette alternance de chaleurs odoriférantes et de froidures traîtresses ne présentait rien d’extraordinaire pour la saison et le manège durait depuis le milieu du mois écoulé. »
Extrait de : P. Pelot. « La nuit sur Terre. »
La nuit du sagittaire par Pierre Pelot
Fiche de La nuit du sagittaire
Titre : La nuit du sagittaire
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1990
Editeur : Milady
Première page de La nuit du sagittaire
« Il faisait toujours partie du nombre, malgré tout, en dépit de ce que signifiait sa présence ici. Même si elle mentait, l’impression n’en était pas moins agréable, vaguement grisante : vivre cet instant, là, à l’insu de tous.
Il s’efforçait de pousser la tricherie sur ce plan, également : se convaincre que personne ni rien ne pouvait savoir qu’il se trouvait à cet endroit.
Son véritable nom n’était pas Daniel Payle.
Son véritable nom n’était pas Daniel Payle, et sans ce nom, pourtant, Daniel Payle se demandait parfois quelles auraient été les couleurs de sa vie au cours de ces vingt dernières années… C’est au bout de ces vingt dernières années qu’il avait commencé de se poser la question (qui existait en lui depuis tout ce temps, bien entendu, et qui avait germé patiemment, lentement, puisant sa force grandissante à chaque nouvelle aube de chaque nouveau jour à vivre) ; depuis l’instant où il s’était rendu compte qu’il avait pris la décision, et que c’était un pas décisif qu’il venait d’accomplir, un point de non-retour qu’il venait de franchir. »
Extrait de : P. Pelot. « La Nuit du Sagittaire. »
La nef des dieux par Pierre Suragne
Fiche de La nef des dieux
Titre : La nef des dieux
Auteur : Pierre Suragne
Date de parution : 1973
Editeur : Fleuve noir
Première page de La nef des dieux
« Après avoir donné de rapides informations concernant les compétitions de chasse dans les réserves gouvernementales des pôles, le présentateur enchaîna de sa voix monocorde :
— Et maintenant, notre bulletin politique. La situation est inchangée depuis hier en ce qui concerne la tension régnant sur les frontières de l’est. Aux dernières dépêches que nous avons reçues, les forces des Gardes envoyées voici douze jours, par les deux puissances de Terre, aux environs de Gadcham, sont toujours face à face. Le calme est revenu peu à peu parmi les populations de cette partie du globe. »
Extrait de : P. Suragne. « La nef des dieux. »
La guerre olympique par Pierre Pelot
Fiche de La guerre olympique
Titre : La guerre olympique
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1980
Editeur : Denoël
Première page de La guerre olympique
« Le 1″ juillet 2222, fut déclaré ouvert, par le porte-parole des gouvernements, le 12e conflit international planétaire. Il se situait, cette année-là, sur le territoire des États d’Union d’Amérique du Nord (American Group, de la Confédération libérale), dans le camp BLANC. »
« Le premier conflit international planétaire programmé éclata en l’an 2200, sur le territoire national éthiopien (Fédération socialo-communiste) du camp ROUGE.
Le camp ROUGE fut vainqueur, avec une perte en vies humaines qui ne dépassait pas le chiffre de 3 millions. Le camp BLANC vaincu annonça plus de 8 millions de victimes.
Le deuxième conflit international planétaire programmé eut lieu en 2202.
Le troisième en, 2204. Et ainsi de suite. Il éclatait régulièrement tous les deux ans — c’était ce qu’avaient décidé les Nations.
On l’appelait également
LA GUERRE OLYMPIQUE »
Extrait de : P. Pelot. « La guerre olympique. »
La foudre au ralenti par Pierre Pelot
Fiche de La foudre au ralenti
Titre : La foudre au ralenti
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1983
Editeur : J’ai lu
Première page de La foudre au ralenti
« Son dos lui faisait mal. C’était cyclique et ne guérirait jamais, au moins il était prévenu, trois ou quatre docs, des types qui savaient de quoi ils parlaient, le lui avaient confirmé et répété – des vrais chanteurs de chorale. Il avait passé un examen radiographique. Non : deux. Conclusion, ils appelaient ça « une discrète ostéophytose antérieure débutante en D9-D10 ». Pas de quoi s’alarmer ; un jour, quand la douleur ne serait plus cyclique mais permanente et que les doses massives d’analgésiques n’auraient plus d’effet, bon, il se ferait peut-être bricoler la colonne vertébrale du côté de ces fameuses D9-D10. Un jour prochain. S’il vivait suffisamment longtemps pour souffrir le martyre. »
Extrait de : P. Pelot. « La foudre au ralenti. »
La forêt muette par Pierre Pelot
Fiche de La forêt muette
Titre : La forêt muette
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1982
Editeur : Albin Michel
Première page de La forêt muette
« Il tenait son poing fermé et serrait de toute sa force. L’objet caché à l’intérieur de sa main meurtrissait le creux de sa paume et ses doigts. Mais il ne voulait pas y songer, ni croire à la réalité de cette horreur ; il ne voulait pas que de nouvelles images terrifiantes, abominables, lui chavirent une fois encore le cerveau. Il n’avait rien dans sa main : c’était ce qu’il fallait se dire. Absolument.
Et s’ils voulaient y regarder, ils seraient obligés de lui casser les doigts.
Le docteur avait assuré qu’ils ne lui feraient aucun mal, au contraire, « N’aie pas peur, Charlie. C’est fini, terminé. » D’accord, d’accord, docteur. Il était sincère, c’est sûr. Sincère et gentil, le docteur.
Lui et les autres étaient venus à son secours et l’avaient arraché aux tentacules gluants du cauchemar, en cet endroit maudit. »
Extrait de : P. Pelot. « La forêt muette. »
La croque buissonnière par Pierre Pelot
Fiche de La croque buissonnière
Titre : La croque buissonnière
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 2008
Editeur : Nil éditions
Première page de La croque buissonnière
« Orties
Elles accompagnaient nos jeux de pirates et d’Indiens. Elles étaient presque de toutes les expéditions, en forêt ou ailleurs, elles nous voyaient passer dans nos shorts aux couleurs d’été, harnachés, coiffés de plumes, hurlant, brandissant des arcs de noisetier à la courbure rien moins que flageolante. Elles hochaient la tête, indulgentes, sans nous tenir rigueur des percées que nous lancions parfois dans leurs rangs à grands coups de bâton… Comme des ombres de voyageuses revenues de bien loin, elles nous voyaient passer, l’âme et l’haleine chargées de sucs et d’épices indicibles, exotiques chez nous un jour ancien de retour de néants intouchables…
Certes… ça brûle. Quand on y met la patte. On s’y frotte et on s’y pique, c’est même un vieil adage. Alors qu’il suffit de les caresser dans le sens du poil… »
Extrait de : P. Pelot. « La croque buissonnière. »
La cité au bout de l’espace par Pierre Suragne
Fiche de La cité au bout de l’espace
Titre : La cité au bout de l’espace
Auteur : Pierre Suragne
Date de parution : 1977
Editeur : Fleuve noir
Première page de La cité au bout de l’espace
« C’était un long voyage. Un très très long voyage, pour le vaisseau spatial d’exploration Murwik 3 et son équipage. Ce qui restait de cet équipage…
Jen Mahutri était inquiet. La désagréable sensation d’angoisse était née à son insu, il y avait déjà plusieurs mois – il s’en apercevait maintenant – et elle n’avait fait que grandir. C’était peut-être la somme logique de toutes les vicissitudes du voyage…, une tension nerveuse « normale », qui se basait sur l’expérience des derniers temps et faisait naître ce sentiment de méfiance instinctive… Bien sûr… Jen Mahutri aurait voulu pouvoir s’en convaincre. Mais il ne pouvait pas. Et c’était précisément cela qui le gênait.
Il quitta la couchette de sa cellule, sur laquelle il était assis depuis de longues heures, désœuvré, tournant et retournant dans sa tête mille pensées noires, mille souvenirs. »
Extrait de : P. Suragne. « La cité au bout de l’espace. »
L’île aux enragés par Pierre Pelot
Fiche de L’île aux enragés
Titre : L’île aux enragés
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1973
Editeur : Hatier
Sommaire de L’île aux enragés
- L’homme qui venait de l’ouest
- La tempête
- Higg la maudite
- Les enragés
- Goel de Lyre
- Sur les traces de Sihan
- La ville aux monstres
- L’homme qui venait de la mer
Première page de L’homme qui venait de l’ouest
« Tout le jour, le soleil avait brillé.
Et puis, dans l’approche du soir, d’épais nuages s’étaient levés sur l’horizon. Le vent, qui venait de la mer et poussait devant lui ces vagues célestes moutonneuses, avait brutalement fraîchi. Mauvais signe.
Ceux qui se trouvaient dans les barques avaient rapidement hissé leurs filets. Ils avaient compris, habitués depuis leur plus tendre enfance à lire menaces et conseils de prudence dans le ciel et l’eau. Certains, les tout vieux, avaient senti le changement avant même que ne se lève le premier souffle de vent ou que n’apparaisse en ligne d’horizon la tête cotonneuse du premier nuage.
À présent, c’était vraiment le soir. Le soir noir, pressé à l’étouffement sous le ciel bas, surchargé d’un bataillon de grosses volutes molles. La mer était comme un métal froid, vide, toutes les barques de pêche tirées hors de son ventre. Sur la côte déserte, le vent venait se plaindre dans les griffes des broussailles ; il courait comme un fou sur la lande : on suivait à la trace ses danses d’hystérique dans les hautes herbes brûlées. »
Extrait de : P. Pelot. « L’île aux enragés. »