Étiquette : livre

 

Kid Jésus par Pierre Pelot

Fiche de Kid Jésus

Titre : Kid Jésus
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1980
Editeur : J’ai lu

Première page de Kid Jésus

« Kid se redressa, les reins douloureux. Il souffla lentement, longuement ; un gros nuage de condensation filtra entre les mailles lâches de son vieux passe-montagne. La laine de la cagoule déformée était blanchie, durcie par le gel au niveau de la bouche. Kid tira sur le passe-montagne pour en agrandir l’ouverture et découvrir son visage. La sueur qui coulait sur sa peau fraîchit immédiatement ; il l’essuya avec son gant, effaçant du même coup les cristaux de glace qui s’étaient formés dans les poils roux de sa moustache, sous les narines, et dans sa barbe. Il soupira.

Cela faisait une bonne heure, sinon plus, que Kid-le-maigrichon (ou encore Kid-le-coup-de-vent, comme certains fouilleurs de l’équipe le surnommaient parfois) se bagarrait avec ce bloc de béton gelé, au milieu du carré de ruines délimité par quatre pieux de fer entre lesquels se balançait une ficelle roidie. »

Extrait de : P. Pelot. « Kid Jésus. »

Je suis la brume par Pierre Suragne

Fiche de Je suis la brume

Titre : Je suis la brume
Auteur : Pierre Suragne
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir

Première page de Je suis la brume

« C’était relativement tôt dans le matin, mais le soleil cognait déjà comme un damné. Sous la bâche de la camionnette, cela prenait des allures de fournaise, et tout un tas d’odeurs s’y mélangeaient hardiment. Sueur, vieux tabac, cuir moisi et chaud, odeur de papiers poussiéreux… cent autres encore.

Cette atmosphère étouffante réveilla Deddie Dull.

D’abord, il grogna. Se racla la gorge et tenta de cracher. Ensommeillé, un maigre jet plutôt boueux et sec fusa, malhabile, entre ses lèvres et retomba sur son menton hérissé de barbe blonde. Deddie Dull grogna encore, essuya les dégâts d’un revers de main mou. »

Extrait de : P. Suragne. « Je suis la brume. »

Fou dans la tête de Nazi Jones… par Pierre Pelot

Fiche de Fou dans la tête de Nazi Jones…

Titre : Fou dans la tête de Nazi Jones…
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1986
Editeur : Fleuve noir

Première page de Fou dans la tête de Nazi Jones…

« Il n’oublierait jamais les jours verts de son enfance en Guyane. Plus il avançait en âge et plus il se souvenait avec acuité d’une profusion de détails concernant cette époque de sa vie. Le phénomène obéissait sans doute à un mécanisme psychologique compensateur qui lui accordait de temps à autre une sorte de récréation, un repos. Alors, le poids du passé, que traduisait le présent, s’allégeait un peu. Sa mémoire gentille lui faisait des cadeaux.

Ses parents étaient français. Son père un ingénieur de la société de recherches aérospatiale M.O.U.C. basée à Touqué, à une cinquantaine de kilomètres en aval de l’embouchure deltaïque du Dyapok, sur la frontière du Nord-Est brésilien. »

Extrait de : P. Pelot. « Fou dans la tête de Nazi Jones. »

Fou comme l’oiseau par Pierre Pelot

Fiche de Fou comme l’oiseau

Titre : Fou comme l’oiseau
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1980
Editeur : Bragelonne

Première page de Fou comme l’oiseau

« La mère s’était déjà mise à la vaisselle, achevant de mâcher une dernière bouchée de pain. Irénée leva les yeux sur Chip, quand celui-ci repoussa sa chaise et s’en alla, claquant peut-être un peu fort la porte derrière lui. Irénée demeura immobile pendant quelques secondes ; même ses mâchoires se figèrent. Son visage n’avouait rien de ce qu’il pensait en cet instant, ses yeux gris pâle, comme à l’accoutumée, étaient vides. Il reprit sa mastication.

Sur le buffet de bois peint en blanc, parmi des bibelots, le transistor diffusait en sourdine les nouvelles du monde et de l’extérieur.

La cuisine était sombre, mais moins qu’en plein hiver à cette même heure, sur cette pente de la montagne. En hiver, il fallait allumer du lever au coucher.

La mère quitta l’évier pour venir ramasser la vaisselle sur la table. Elle prit l’assiette devant Irénée, et sa fourchette, mais lui laissa son couteau. Elle n’avait pas encore fini de mâcher sa croûte de pain. Son dentier clapait. »

Extrait de : P. Pelot. « Fou comme l’oiseau. »

Foetus party par Pierre Pelot

Fiche de Foetus party

Titre : Foetus party
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1977
Editeur : Denoël

Première page de Foetus party

« Un jour il était né. Bel et bien pris au piège. Sans le savoir.
Un jour il était né et s’était bravement mis à mourir.
Et le monde s’était mis à mourir lui aussi. La terre entière, inexorablement. Trash se disait souvent que l’événement était en rapport étroit avec sa propre naissance. Les preuves étaient là. Au fur et à mesure que Trash avait pris de l’âge, les hommes vivants disparaissaient les uns après les autres. Ne restaient que des ombres, des fantômes grouillants qui se bousculaient, se pressaient dans les rues de la ville. Ils n’avaient pas le moindre but, c’était flagrant. Ils passaient leur mort à errer.
Lorsqu’il ouvrait les yeux, chaque matin, la première chose qu’il apercevait était ce vieux poste de radio, cette boîte, posé sur le rebord intérieur de l’unique fenêtre murée. »

Extrait de : P. Pelot. « Fœtus-party. »

Fin du monde par Pierre Pelot

Fiche de Fin du monde

Titre : Fin du monde
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1999
Editeur : Science Fiction Magazine

Première page de Fin du monde

« IL AVAIT ACCEPTÉ LA SIGNATURE parce qu’il avait accepté la télé, mais surtout pour une autre raison, la meilleure : parce que c’était une occasion de voir Dytch. Deux heures et demie de train, avec un changement à Épinal. Il avait bu un café pourri au buffet en attendant sa correspondance et en notant qu’il n’avait pas mis les pieds dans ce lieu depuis quatre siècles, ou plus. Non seulement ça ne ressemblait pas au souvenir qu’il en avait, mais il n’en avait, en vérité, pas de souvenir, ou plus exactement il se rappelait un autre buffet de gare, quelque part, allez savoir où… Quelle importance ? Aucune, évidemment, mais ça lui avait occupé la tête jusqu’à l’annonce de l’entrée en gare du train pour là-bas. Les trains vont toujours là-bas. Il n’avait jamais aimé prendre des trains, précisément parce qu’ils allaient là-bas et que là-bas ce n’était pas chez lui. Une vie ne suffit pas pour s’habituer à chez soi. »

Extrait de : P. Pelot. « Fin du monde. »

Et puis les loups viendront par Pierre Suragne

Fiche de Et puis les loups viendront

Titre : Et puis les loups viendront
Auteur : Pierre Suragne
Date de parution : 1973
Editeur : Fleuve noir

Première page de Et puis les loups viendront

« Ils étaient environ une quinzaine.
Quelques années plus tôt, ils étaient encore cent. Et puis, le froid s’était mis à grandir, et mille nouveaux bras avaient poussé au spectre de la mort. Les enfants chétifs s’étaient éteints les premiers, comme ces petites flammes vacillantes qui tremblotent péniblement au-dessus des coupelles des lampes à suif. Soudain bleus et raides comme des bûches. Ou bien encore, ils se mettaient à tousser, puis à cracher du sang. Quelques jours, pas davantage. Et puis, ils mourraient.
Ensuite, en nombre croissant, des femmes s’étaient couchées pour ne plus s’éveiller. Et aussi les vieux, ceux qui avaient dépassé le cap de la trentaine. De ceux-là, il en restait quelques-uns, mais très peu.
Ils restaient environ une quinzaine, sur cent et plus. »

Extrait de : P. Pelot. « Et puis les loups viendront. »

Elle qui ne sait pas dire je par Pierre Pelot

Fiche de Elle qui ne sait pas dire je

Titre : Elle qui ne sait pas dire je
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1987
Editeur : Editions Héloïse d’Ormesson

Première page de Elle qui ne sait pas dire je

« IL DONNAIT QUELQUES COUPS de lame courbe dans le taillis, puis se servait de l’outil pour ratisser et tirer dans le fossé, à ses pieds, branches et fougères coupées ; après quoi il soupirait brièvement, toujours pareil, et s’arrêtait, se redressait lentement, essoufflé comme s’il venait de fournir un effort surhumain. Alors, il posait la main gauche sur sa hanche, pouce au-dessus de la ceinture de cuir noir, sa main droite fermée sur le manche lisse du croissant débroussailleur, il appuyait maintenant sur l’outil cette énorme fatigue qui paraissait l’habiter et restait ainsi un moment à se demander s’il allait être capable ou non de poursuivre son travail. C’était sa manière. Trois ou quatre coups de lame pour sabrer, le mouvement transformé en ample ratissage, puis la pause, un regard bref au fil de la lame pour vérifier si un caillou sournois n’y avait pas d’aventure planté une dent. »

Extrait de : P. Pelot. « Elle qui ne sait pas dire je. »

Elle était une fois… par Pierre Suragne

Fiche de Elle était une fois…

Titre : Elle était une fois…
Auteur : Pierre Suragne
Date de parution : 1976
Editeur : Fleuve noir

Première page de Elle était une fois…

« Carling Joe avait l’âme généreuse, et il le regrettait parfois. Toujours trop tard, bien entendu.

Par exemple, ce mercredi de novembre…

Il aurait préféré mille fois se trouver chez lui, dans la maison de Boolt City, à regarder tomber la pluie furieuse derrière les carreaux, une tasse de café fumant dans le creux de la main. Ou même sous l’auvent de la scierie, dans l’odeur humide des tas de sciure. La scierie ou la maison, c’était pareil : c’était chez lui.

Mais non. Au lieu de ça, il roulait sur la route tortueuse, en plein cœur de la bourrasque, luttant avec le volant de sa camionnette poussive qui balançait méchamment sous les coups de boutoir du vent.

Un vent du diable, assurément. Un temps à ne pas mettre un chrétien dehors. C’était sûr  ; après toute cette pluie, on entendrait rugir la Boolt River un fameux moment. »

Extrait de : P. Suragne. « Elle était une fois…. »

Dylan Stark – l’intégrale par Pierre Pelot

Fiche de Dylan Stark – l’intégrale

Titre : Dylan Stark – l’intégrale
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution :
Editeur : Bragelonne

Sommaire de Dylan Stark – l’intégrale

  • Quatre hommes pour l’enfer
  • Le vent de la colère
  • La couleur de Dieu
  • La horde aux abois
  • Les loups dans la ville
  • Les loups sur la piste
  • Les irréductibles
  • Le hibou sur la porte
  • La marche des bannis
  • Deux hommes sont venus
  • 7h20 pour Opelousas
  • La peau du nègre
  • L’homme-qui-marche
  • Quand gronde la rivière
  • Plus loin que les docks
  • Un jour, un ouragan…
  • Le tombeau de Satan
  • L’homme des monts déchirés