Étiquette : Marabout
L’homme des monts déchirés par Pierre Pelot
Fiche de L’homme des monts déchirés
Titre : L’homme des monts déchirés (Tome 19 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1969
Editeur : Marabout
Première page de L’homme des monts déchirés
« L’instant d’avant, les yeux à demi clos dans la forte réverbération du soleil, il fixait par-delà les talus pauvrement herbus cette lointaine chaîne de montagnes déchirées, incroyable dentelle violacée, pâle, au bout du ciel tremblant. La barre chaotique n’était distante que de quelques miles, mais la torride pesanteur de l’air doublait pour l’œil cette distance.
À Feadaws Creek, on lui avait dit : « De tous les ranches du coin, c’est chez Caomett qu’on embauche le plus facilement. Son ranch est à quatre miles d’ici, plein sud-ouest ». On lui avait précisé : « Y a une piste, tu verras… ».
Il y avait effectivement une piste : simple trace qui cheminait à travers les pâtures, déroulait ses lacets au pied de soudains escarpements raides. Il avait suivi la trace. »
Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – L’homme des monts déchirés. »
L’homme-qui-marche par Pierre Pelot
Fiche de L’homme-qui-marche
Titre : L’homme-qui-marche (Tome 11 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1968
Editeur : Bragelonne
Première page de L’homme-qui-marche
« On sait à peine que c’est le milieu du jour. C’est vague. Mais on sait qu’avant le soleil était dur, et cru, et blanc. Avant, toute la plaine – une plaine, cette peau calcinée, boursouflée, tout encombrée de cannaies et de halliers ; une plaine, ça ? – avait sur le dos comme une grande couleur de brûlé. Voilà. Une couleur qui avait le même goût, la même odeur que ce sacré soleil planté haut dans le toit bleu du monde.
On sait que des mamelons roux s’étiraient nonchalamment à cet endroit, que l’air était parfaitement immobile, aussi transparent que l’eau claire de la rivière. Que des oiseaux, quelque part, se démenaient tout ce qu’ils savaient pour attirer l’attention.
On sait qu’il faisait chaud et que les chemises moites collaient aux creux des reins, que le pas du cheval avait un effet soporifique, que l’envie de parler était tombée depuis bien longtemps. Que les lèvres et la langue étaient sèches, les mains poisseuses de sueur, et que le chapeau ressemblait fortement à une sacrée petite étuve posée sur la tête. »
Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – L’Homme-qui-marche. »
Le hibou sur la porte par Pierre Pelot
Fiche de Le hibou sur la porte
Titre : Le hibou sur la porte (Tome 8 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1968
Editeur : Marabout
Première page de Le hibou sur la porte
« Mollement, il acheva d’épandre le reste du ballot de paille, à petits coups de fourche, puis il se redressa. Un moment, il demeura ainsi penché en avant, appuyé des deux mains sur le manche de l’outil et le regard inspectant la litière. C’était bien, bon et frais. À présent, ils pouvaient venir de la plaine enneigée, naseaux fumants et givrés, crinières folles ; ils pouvaient venir, avec leurs croupes hautes, musclées, leurs odeurs d’hiver. Ils seraient bien. On les attendait. L’écurie serait chaude et amicale, solide ; et le vent pouvait bien souffler alentour et buter dans les poutres.
Dylan laissa fuser un soupir, puis il alla porter la fourche au fond du bâtiment, dans un angle. Là encore il s’arrêta pour jeter un coup d’œil autour de lui. Il regarda les boxes alignés et égaux, clairs, bien pourvus chacun d’une épaisse litière de paille. »
Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – Le hibou sur la porte. »
Les irréductibles par Pierre Pelot
Fiche de Les irréductibles
Titre : Les irréductibles (Tome 7 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1967
Editeur : Marabout
Première page de Les irréductibles
« Le 12 novembre 1865
Bientôt la nuit déborderait sur terre, et elle serait grise, sale, molle et visqueuse. Elle serait sur la neige comme une suie mauvaise, transformant les lointains sommets de la montagne, là-bas aux environs de Springfield, en obscures et vagues silhouettes maladroitement tracées au crayon – comme une esquisse jetée avant le travail au pinceau. La nuit comme une armée en marche coulerait, lente, inexorable, avec ses mains froides aux caresses voraces, roulée dans les plis de ses affreux sourires. Et puis ce serait le brouillard dense et opaque ; et puis il n’y aurait plus rien.
Il frissonna, s’assura machinalement que le col de sa veste était bien remonté. »
Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – Les irréductibles. »
Les loups sur la piste par Pierre Pelot
Fiche de Les loups sur la piste
Titre : Les loups sur la piste (Tome 6 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1967
Editeur : Marabout
Première page de Les loups sur la piste
« Nebucad avait dit :
— La pluie sur Siloam, par le diable ! rien de plus triste à voir !
C’était juste avant de monter sur sa charrette, devant le magasin de Tom Shiffy. Ils étaient quatre dans le General Store, plantés derrière les vitres des devantures, les mains aux poches. Il y avait Tom, avec sa longue face plate de poisson hilare, qui passait le temps de ses silences à préparer de nouvelles plaisanteries ; Sid Shoffender – ce sacré Sid ! – avec son bras blessé et les souvenirs de la bataille du matin prêts à glisser à la moindre occasion sur ses lèvres gercées. Mais ces deux-là se taisaient la plupart du temps et, quand ils parlaient, on savait d’avance de quoi il serait question. Ce qui fait qu’ils auraient aussi bien pu être absents. »
Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – Les loups sur la piste. »
Les loups dans la ville par Pierre Pelot
Fiche de Les loups dans la ville
Titre : Les loups dans la ville (Tome 5 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1967
Editeur : Marabout
Première page de Les loups dans la ville
« Il en avait assez.
Sen Benton en avait assez.
La nuit de cette fin septembre était claire, sans lune et fraîche. Toute pâle. Le ciel tranquillement appuyé aux montagnes était gorgé d’étoiles. Dans l’ombre verte et les éclats glacés collés aux choses de la terre, les bosquets piqués au hasard de la vallée, tout alentour de la ville, n’avaient pas de couleur définie. Septembre était venu et il avait tué les feuillages ; dans la nuit, les bosquets ne ressemblaient à rien : des taches, des touffes brunâtres qui frissonnaient sous un souffle égaré de vent, des riens à peine consistants. On pouvait entendre les premiers pas du gel, hésitants, dans les feuilles tombées au sol ; le gel, comme une marée invisible et lente coulée dans les roseaux de la Hill-River, dans ses halliers. »
Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – Les loups dans la ville. »
La horde aux abois par Pierre Pelot
Fiche de La horde aux abois
Titre : La horde aux abois (Tome 4 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1967
Editeur : Marabout
Première page de La horde aux abois
« Pour Asaph Bewo, le petit homme, tout se déclencha le jour où, pour la première fois depuis le début de la guerre, on remit le feu aux herbes rôties par un soleil torride du mois d’août. Il se passa beaucoup de choses bizarres ce jour-là ; diverses circonstances, totalement indépendantes les unes des autres, se mêlèrent étrangement, à un instant précis, comme irrémédiablement attirées entre elles, pour se confondre finalement avec le visage du Hasard. Ce fut un jour à marquer d’une croix. Un de ces moments auquel s’accroche facilement le souvenir.
D’abord, les gens mirent le feu aux herbes et, rien que ça, c’était d’une très grande importance. Cela ne s’était pas vu depuis presque cinq années. Durant tout le temps noir de la guerre, on n’y avait pas songé. »
Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – La horde aux abois. »
Malpertuis par J. Ray
Fiche de Malpertuis
Titre : Malpertuis
Auteur : Jean Ray
Date de parution : 1943
Editeur : Marabout
Première page de Malpertuis
« L’oncle Cassave va mourir. Sa barbe s’écoule, blanche et frémissante, de son visage plombé, sur l’édredon rouge. Il aspire l’air comme s’il humait des odeurs parfaitement délectables et ses mains, qu’il a énormes et velues, griffent ce qui vient à sa portée.
La femme Griboin, qui est venue lui apporter du thé au citron, a dit :
— Il fait ses petits paquets.
L’oncle Cassave l’a entendue.
— Pas encore, femelle, pas encore, a-t-il ricané.
Quand elle fut partie, dans un remous de jupes apeurées, il a ajouté à mon adresse :
— Ce n’est pas que j’en aie pour longtemps encore, petit, mais, après tout, mourir est une chose sérieuse, et il ne faut pas se presser.
Puis son regard s’est remis à errer par la chambre, s’arrêtant sur chaque objet, comme pour un ultime inventaire. »
Extrait de : Jean Ray. « Malpertuis. »
Les derniers contes de Canterbury par J. Ray
Fiche de Les derniers contes de Canterbury
Titre : Les derniers contes de Canterbury
Auteur : Jean Ray
Date de parution : 1944
Editeur : Marabout
Sommaire de Les derniers contes de Canterbury
- M. Kupfergrun prend la parole
- Irish stew
- Le docteur Canivet raconte
- Les noces de Mlle Bonvoisin
- La clergesse parle
- Tyburn
- L’odyssée de M. Gallagher
- M. Gallagher went home
- Une étrange femme s’écrie
- Je cherche Herr Hasenfraz !
- M. Tipps raconte sa vie
- Suite à Tyburn
- Histoire d’un fantoche
- Le bonhomme Mayeux
- Un marin raconte
- La terreur rose
- L’histoire du fou
- Le uhu
- L’homme de la Rum-Row lit trois histoires
- La plus belle petite fille du monde
- La danse de Salome
- L’assomption de Septimus Kamix
- M. Kupfergrün reprend la parole
- Le fleuve Flinders
- Le gros homme raconte
- Falstaff se souvient
- Au tour du chat Murr
- Le chat assassiné
- La fin de la nuit
- Reid Unthank
- Au profit des conjectures
Première page de M. Kupfergrun prend la parole
« Monsieur Kupfergrun s’installa en pleine clarté, et le halo d’une des hautes chandelles de suif sanctifia d’or liquide sa bonne face jobeline. Inondé de lumière, il semblait un peu dérouté devant ce monde d’ombres aux écoutes de ses prochaines paroles ; aussi détournait-il le regard de la grande ténèbre d’alentour pour le fixer sur un mince jour-de-souffrance perçant le mur d’en face et légèrement teinté de lune. Puis il soupira, fit un salut plein de politesse aux invisibles et alluma sa pipe.
— Bitte-Bitte – murmura-t-il.
Quand enfin il parla, je pris grand plaisir à sa diction un peu précieuse mais néanmoins agréable.
— Si je ne venais d’écouter un bon discours sur le temps et son importance diminuée, je n’oserais fumer ici cette indigne pipe qui, de fait, deviendrait d’un déplaisant anachronisme. Je le fais pourtant, avec d’autant plus d’intention que mon histoire en fera de même. »
Extrait de : Jean Ray. « Les Derniers Contes de Canterbury. »
Les 25 meilleures histoires noires et fantastiques par J. Ray
Fiche de Les 25 meilleures histoires noires et fantastiques
Titre : Les 25 meilleures histoires noires et fantastiques
Auteur : Jean Ray
Date de parution : 1961
Editeur : Marabout
Sommaire de Les 25 meilleures histoires noires et fantastiques
- La ruelle ténébreuse
- La main de Goetz von Berlichingen
- La vérité sur l’oncle Timotheus
- Dieu toi et moi
- L’histoire du Wûlkh
- Je cherche M. Pilgrim
- Le psautier de Mayence
- Le cimetière de Marlyweck
- Quand le christ marcha sur la mer
- L’assiette de Moustiers
- J’ai tué Alfred Heavenrock
- Le grand nocturne
- L’auberge des spectres
- La scolopendre
- Merry go round
- Le miroir noir
- La princesse tigre
- Le gardien du cimetière
- Dents d’or
- L’homme qui osa
- Le dernier voyageur
- La nuit de Camberwell
- M. Gless change de direction
- Le cousin Passeroux
- Storchaus ou la maison des cigognes
Première page de La ruelle ténébreuse
« Sur un quai de Rotterdam, les whinch péchaient hors des cales d’un cargo, des ballots pressés de vieux papiers ; le vent les hérissait de banderilles multicolores, quand, tout à coup, l’un d’eux éclata comme une futaille dans la flamme.
Les dockers, en hâtifs coups de pelles, endiguèrent l’avalanche frémissante, mais une grande partie fut abandonnée à la joie des petits enfants juifs, qui glanent l’éternel automne des ports.
Il y avait là de belles gravures Pearsons, coupées en deux par ordre de douane, des liasses vertes et roses d’actions et d’obligations, derniers frissons de retentissantes banqueroutes ; de pauvres livres dont les pages étaient restées jointes comme des mains désespérées, et ma canne fourrageait dans cet immense résidu de la pensée, où ne vivait plus ni honte ni espérance. »
Extrait de : Jean Ray. « Les 25 meilleures histoires noires et fantastiques. »