Étiquette : Marabout
Le livre des fantômes par J. Ray
Fiche de Le livre des fantômes
Titre : Le livre des fantômes
Auteur : Jean Ray
Date de parution : 1943
Editeur : Marabout
Sommaire de Le livre des fantômes
- Mon fantôme à moi (L’homme au foulard rouge)
- Maison à vendre
- La choucroute
- M. Wohlmut et Franz Benschneider
- La nuit de Pentonville
- L’histoire du Marshall Grove
- La vérité sur l’oncle Timotheus
- Ronde de nuit à Koenigstein
- Le cousin Passeroux
- Rues
- Après
- Saint-Judas-de-la-nuit
Première page de Mon fantôme à moi
« Non seulement ceci n’est pas un conte, mais c’est un document. Si des souvenirs n’y vibraient pas, si, à travers mers, champs et villes, je n’y faisais pas de merveilleux retours vers mon enfance et ma jeunesse, je le voudrais net et sec comme un rapport ou une règle de trois.
Trois grands écrivains – ils ont, hélas, rejoint depuis l’immense bataillon des morts – m’ont posé la même question en refermant un de mes livres de contes.
— Avez-vous, en toute sincérité, fait la rencontre d’un fantôme ?
En vérité : oui.
La première rencontre date de si loin qu’elle devrait, simple et banale comme elle fut, rester enfouie parmi les premières images de la perception humaine. »
Extrait de : Jean Ray. « Le Livre des Fantômes. »
La cité de l’indicible peur par J. Ray
Fiche de La cité de l’indicible peur
Titre : La cité de l’indicible peur
Auteur : Jean Ray
Date de parution : 1943
Editeur : Marabout
Première page de La cité de l’indicible peur
« Sidney Terence Triggs ne fut jamais un policier.
Son père, Thomas Triggs, qui fut de son vivant garde-chasse sur les domaines de Sir Broody, le destina, dans ses rêves de gloire paternels, à la noble carrière des armes.
À Aldershot, on conserva de Sidney Terence Triggs le souvenir d’un garçon serviable, très doux et soumis aux brimades comme pas un, en dépit de sa puissante carrure et de sa considérable vigueur physique. Il n’y conquit aucun grade et, à ce qu’il paraît, n’en sollicita jamais.
Il fit partie des Rochester Guards ; mais le colonel Arrow, une grosse bourrique conservée dans le whisky, ne l’aimait pas et lui rendit l’existence pénible.
La protection de Sir Broody lui valut, à la fin de son engagement volontaire, une place dans la police métropolitaine. »
Extrait de : Jean Ray. « La Cité de l’Indicible Peur. »
Billenium par J. G. Ballard
Fiche de Billenium
Titre : Billenium
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1962
Traduction : L. Massun
Editeur : Marabout
Sommaire de Billenium
- Billenium
- Les fous
- Studio 5, les étoiles
- Un assassin très comme il faut
- Urbi et orbi
- Trois,deux, un … zéro
- Mobile
- Chronopolis
- Prima Belladonna
- Le jardin du temps
Première page de Billenium
« Tout au long de la journée, et souvent même dès les premières lueurs de l’aube, le bruit lourd des pas résonnait dans les escaliers qu’on montait et descendait, tout contre l’habitacle où vivait Ward. Encastrées dans un recoin exigu de la cage d’escalier, entre le quatrième et le cinquième étage, ses parois de contre-plaqué se pliaient et grinçaient à chaque pas comme la charpente d’un vieux moulin. Plus de cent personnes vivaient dans les trois étages supérieurs du vieil immeuble à appartements et, parfois, Ward, qui se tenait éveillé jusqu’à deux ou trois heures du matin, allongé sur son lit-placard, se prenait à compter, un par un, les derniers locataires qui rentraient des cinémas permanents du stade, situé à un kilomètre de là. Par la fenêtre, lui parvenaient des bribes de dialogues que les haut-parleurs faisaient ricocher entre les toits des immeubles voisins. Le stade ne désemplissait jamais. »
Extrait de : J. G. Ballard. « Billenium. »
Récits cruels par C. Seignolle
Fiche de Récits cruels
Titre : Récits cruels
Auteur : C. Seignolle
Date de parution : 1967
Editeur : Marabout
Sommaire de Récits cruels
- Récits cruels
- Les chevaux de la nuit
- Le dernier visiteur
- Minnah l’étoile
- Le retour à Tiburiac
- Bestiaires et cruautés rustiques
- Lou Siblaire
- Le dormeur
- Celui qui s’y frotta
- Le marchand de rats
- Les deux plumes
- Le chien pourri
- Nuits
- Nuits
- Le Hupeur
- L’auberge du Larzac
Première page de Les chevaux de la nuit
« Venant de Paris par chemin de fer, je descendis en fin d’après-midi à Landivisiau. C’était la première fois que je me rendais en Bretagne, où le temps de ce mois de mars 1892, doux et humide, se montrait plus clément qu’en la capitale. La nuit se hâtait de clore le jour, mais l’éclairage municipal, bien que faible, l’empêchait d’effacer complètement les rues de cette petite ville dont l’architecture provinciale, voilée par l’atmosphère crépusculaire, me dépaysa ; sensation accrue par la vision de ses habitants en costume local et par les étranges sonorités de leur langue, qui évoquèrent pour moi une époque révolue.
Je dînai à la table d’hôtes du meilleur hôtel de la ville et, malgré la possibilité d’y coucher confortablement, je décidai de repartir le soir même vers ma destination. L’impatience de mon cœur voulait me rapprocher encore de Kerentran où je n’étais attendu que le lendemain. Mais, sachant que la nuit me serait moins longue à proximité de Joceline, je désirais passer ce temps à l’auberge voisine de son manoir. »
Extrait de : Claude Seignolle. « Récits cruels. »
Les loups verts par C. Seignolle
Fiche de Les loups verts
Titre : Les loups verts
Auteur : C. Seignolle
Date de parution : 1970
Editeur : Marabout
Sommaire de Les loups verts
- Les loups verts
- Masques et malfarces
- Monsieur le cerf
Première page de Les loups verts
« Cette nuit-là, une nuit de juillet 1944, une nuit d’eau, la pluie diluvienne nous avait tenu éveillés, Micheline et moi, dans cette ferme des Quatre-Vents, que l’on connaît également sous d’autres noms moins rassurants : les Mauvents ou la Hardière, terres et bâtiments marqués des haines environnantes, qu’elles fussent humaines ou animales. Quant à la végétation, victime d’une terre sableuse et avare de sève, elle ne pouvait servir que de cape au Satan solognot, partout chez lui dans ce pays pourri d’étangs glauques, auréolé de landes mauves et verminé de reptiles sifflants. Sologne sauvage où je faisais retraite et méditation, me croyant momentanément éloigné de la folie guerrière mais livré à la sourde démence de la magie paysanne que j’étudiais alors, notant mes constats et écrivant mes premiers contes de sorcellerie. »
Extrait de : C. Seignolle. « Les loups verts. »
La malvenue par C. Seignolle
Fiche de La malvenue
Titre : La malvenue
Auteur : C. Seignolle
Date de parution : 1965
Editeur : Marabout
Sommaire de La malvenue
- La malvenue
- Désirée la sangsue
- La huche
- Marie la louve
- Le gâloup
- Le diable en sabots
Première page de La malvenue
« L’air de cette nuit d’août pèse. Ce n’est pas encore le moment où l’haleine fraîche du matin délie les senteurs pour les répandre de loin en loin. Le silence peine à se glisser entre les bruits qui animent la nuit : coassements naissants des mares, réguliers et lassants comme des battements d’horloge ; cris forts ou inquiets venant des bois que le noir rend encore plus mystérieux ; craquements qui effritent la quiétude. La ferme de la Noue, aux murs crépis d’une chaux blême, brille à la lune au milieu de ses terres enlisées dans le sombre. Les volets de bois et les fenêtres sont ouverts pour aspirer le peu d’air errant. Sur les lits défaits, chacun dort d’un sommeil commun, profond, pénible. Les muscles ont gardé la cadence du labeur de la journée et par moments se mettent à moissonner dans le vide. Chacun souffre à froid mais ne se réveille pas pour fuir ce cauchemar d’efforts inutiles. Les femmes geignent d’épuisement. Elles sentent leurs reins se tordre comme si elles continuaient véritablement à relever les javelles hargneuses pourries de chardons agressifs. »
Extrait de : Claude Seignolle. « La Malvenue. »
Histoires vénéneuses par C. Seignolle
Fiche de Histoires vénéneuses
Titre : Histoires vénéneuses
Auteur : C. Seignolle
Date de parution : 1970
Editeur : Marabout
Sommaire de Histoires vénéneuses
- Le venin de l’arbre
- Chaque chose à sa place
- Une veillée
- La vierge maudite
- L’Odile
- La fille gagnée
- Les roses d’en-haut
- L’impossédable
- La brume ne se lèvera plus
Première page de Le venin de l’arbre
« Moi, Simon, il faut que je regarde la Malvina, et, si je ne l’avais pas, je crois bien que je n’aurais rien pour aider ma vie qui n’a pas les mêmes goûts que celle des autres.
Quand je la regarde, je crois visiter une personne aussi grande mais bien plus douce que le Bon Dieu qu’on raconte au catéchisme. Lui, il me fait peur, tellement il est puissant pour faire naître les gens, dire aux plantes de pousser et commander aux choses.
C’est par crainte de Lui que je mets sur moi beaucoup de Signes de Croix.
La Malvina, elle, ne m’oblige à rien. Je sais qu’elle ne peut pas autant, mais, si je veux une grande lumière, c’est à elle que je la demandé sans être forcé de me mettre à genoux, et de faire le plus petit signe obligé.
Je la regarde et je vois qu’elle voit dans sa tête, plus loin que plus loin, des pays pas comme celui d’ici, avec des châteaux de fer couverts de toits de cuivre et habités par des princes d’argent ou des rois d’or. »
Extrait de : Claude Seignolle. « Histoires vénéneuses. »
Histoires maléfiques par C. Seignolle
Fiche de Histoires maléfiques
Titre : Histoires maléfiques
Auteur : C. Seignolle
Date de parution : 1965
Editeur : Marabout
Sommaire de Histoires maléfiques
- L’âme boiteuse
- Le bahut noir
- Pauvre Sonia !
- Ce que me raconta Jacob
- L’exécution
- Les âmes aigries
- Le millième cierge
- Le chupador
- Le faucheur
- L’homme qui ne pouvait mourir
- Le rond des sorciers
- Un petit monstre à louer au quart d’heure
- Et si c’était !
- Delphine
Première page de L’âme boiteuse
« Oncle Christian est étendu sur son lit, encore en tenue de promenade matinale, mais nous lui avons retiré sa veste, débouclé sa ceinture, dénoué sa cravate et largement ouvert le col de sa chemise. Nous… ses proches, venus hâtivement : son frère Michel et ses deux fils, mes cousins Louis et Henri ; le docteur, son ami de toujours ; Marthe, sa vieille bonne et moi, autre neveu par sa sœur.
Subitement poignardé par une attaque, l’oncle se meurt dans cette tenue négligée, lui pour qui la correction vestimentaire est devenue le bouclier de l’âge. Son visage buriné par tous les vents de la terre et que le soleil a cuit comme une brique, se déteint en gris cendres et se boursoufle de tourments. On dirait un grossier nœud de chêne. Ses paupières, closes, lui montrent déjà le noir revers de la vie. Son cœur, coupable d’abandon, ne spasme plus qu’après hésitation, et ce n’est pas, hélas ! »
Extrait de : Claude Seignolle. « Histoires Maléfiques. »
Contes sorciers par C. Seignolle
Fiche de Contes sorciers
Titre : Contes sorciers
Auteur : C. Seignolle
Date de parution : 1974
Editeur : Marabout
Sommaire de Contes sorciers
- L’oubliette
- Mais, qui est le plus fort ?
- Une santé de cerisier
- La morsure de Satan
- Un viol
- Il ne faut jamais
- La « Panard »
- A l’enseigne de l’étrange
- Un vieux mélomane
- Hupe et Pupuler
- La main de pierre
- Une enfance sorcière
Première page de L’oubliette
« Saint-Gaudrans est ce bourg aux maisons grisâtres tassées contre le château, comme peureuses, soumises à cet énorme monstre trapu d’épaisses murailles rousses, toujours roi de son passé terrifiant, mais vide de guerriers et grignoté par des vents rongeurs qui, après seigneurs et batailles, a continué à ruiner les finances municipales.
On le tint en vente pendant des années, mentant aux acheteurs ses inconvénients et vantant ses qualités perdues. Mais, qui eût acheté cinquante immenses pièces, toutes à refaire ? C’eût été plus coûteux que de construire à neuf ! Personne, ni richissime excentrique, ni milliardaire américain, n’en voulait malgré les avantages que promettait désespérément le maire, accablé par ce legs de pierres reçu de la vieille et dernière demoiselle châtelaine.
Il fallut la chance du député qui, devenant ministre, put imposer qu’on y installât un hospice de vieillards, poussant si adroitement l’affaire que les travaux de réfection commencèrent aussitôt l’achat conclu. »
Extrait de : Claude Seignolle. « Contes sorciers. »
Contes macabres par C. Seignolle
Fiche de Contes macabres
Titre : Contes macabres
Auteur : C. Seignolle
Date de parution : 1966
Editeur : Marabout
Sommaire de Contes macabres
- Le miroir
- L’homme qui savait d’avance
- L’Isabelle
- Un exorcisme
- Les Gorel
- Celui qui avait toujours froid
- Non, pas moi !
- Le bout du monde
- Le Christ est vengé
- Deux dents, pas plus…
- La mémoire du bois
- Pris entre Dieu et Diable
- Comme une odeur de loup
- Un hasard minutieux
- Un bel ensorcelé
- Le matagot
Première page de Le miroir
« Elle arriva seule, au volant d’une luxueuse conduite intérieure. Le gardien de la villa l’attendait, impatient depuis des heures, la guettant dans la grisaille de ce crépuscule de décembre.
Le vent d’hiver lacérait de plaintes agressives cette petite ville balnéaire, déserte et d’allure méchante comme en affectent les lieux aigris par l’abandon saisonnier.
Elle descendit la vitre et se fit connaître. Sa voix était douce, harmonieuse, mais feutrée par une grande tristesse. Elle demanda aussi qu’il l’excusât.
Troublé, aimable à contrecœur, le gardien répondit qu’attendre faisant partie de son métier, il en avait l’habitude ; qu’il n’y portait plus attention. Et il s’empressa de lui ouvrir la portière.
Mais, en voyant sortir l’arrivante, il fut saisi de méfiance : si elle était majestueuse, bottée de daim, couverte d’une riche fourrure dont la houppelande lui recouvrait la tête, son visage, presque entièrement dissimulé sous un châle noir, ne laissait entrevoir que ses yeux, éperdument fixes et absents. »
Extrait de : Claude Seignolle. « Contes macabres. »