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Une femme est un diable par P. Mérimée

Fiche de Une femme est un diable

Titre : Une femme est un diable ou La tentation de Saint Antoine
Auteur : P. Mérimée
Date de parution : 1825
Editeur : La bibliothèque digitale

Première page de Une femme est un diable

« L’auteur de la comédie que vous allez juger a pris la liberté de sortir de la route battue. Il a mis en scène, pour la première fois, certains personnages que nos nourrices et nos bonnes nous apprennent à révérer. Bien des gens pourront être scandalisés de cette audace, qu’ils appelleront sacrilège; mais traduire sur le théâtre les ministres cruels d’un Dieu de clémence, ce n’est pas attaquer notre sainte religion. Les fautes de ses interprètes ne peuvent pas plus altérer son éclat, qu’une goutte d’encre le cristal du Guadalquivir.
Les Espagnols émancipés ont appris à distinguer la vraie dévotion de l’hypocrisie. C’est eux que l’auteur prend pour juges, sûr qu’ils ne verront qu’une plaisanterie là où le bon Torrequemada aurait vu la matière d’un auto-da-fé, avec force san-benitos. »

Extrait de : Prosper Mérimée. « Une femme est un diable. »

Lettres à une autre inconnue par P. Mérimée

Fiche de Lettres à une autre inconnue

Titre : Lettres à une autre inconnue
Auteur : P. Mérimée
Date de parution : 1875
Editeur :

Première page de Lettres à une autre inconnue

« Me voici à Paris depuis le commencement de la discussion de l’adresse. Je suis parti de Cannes fort souffrant ; le voyage ne m’a pas peu fatigué et le temps horrible qu’il fait ici me rend véritablement malade. Je sors de mon lit pour aller au Luxembourg, et je me couche en revenant. Je crois que je retournerai dans le Midi aussitôt que je serai en état de supporter le voyage.

Tout le monde ici est extrêmement ému par la mort de M. de Morny. On commence, maintenant qu’il n’est plus, à comprendre toute sa valeur. On cherche un homme pour le remplacer, et je crois qu’on
le cherchera longtemps. Un de vos amis et presque compatriote s’est offert, mais on n’a pas accepté. On dit que M. de Morny est mort épuisé, sans aucune maladie, mais à bout de force, n’ayant plus que de l’eau dans les veines au lieu de sang. À toutes les fatigues morales et physiques, il joignait l’habitude de se droguer à la manière anglaise, ce qui était encore plus dangereux peut-être que le reste. »

Extrait de : Prosper Mérimée. « Lettres à une autre inconnue. »

Les âmes du purgatoire par P. Mérimée

Fiche de Les âmes du purgatoire

Titre : Les âmes du purgatoire
Auteur : P. Mérimée
Date de parution : 1834
Editeur : Flammarion

Première page de Les âmes du purgatoire

« Cicéron dit quelque part, c’est, je crois, dans son traité De la nature des dieux, qu’il y a eu plusieurs Jupiters, – un Jupiter en Crète, – un autre à Olympie, – un autre ailleurs ; – si bien qu’il n’y a pas une ville de Grèce un peu célèbre qui n’ait eu son Jupiter à elle. De tous ces Jupiters on en a fait un seul à qui l’on a attribué toutes les aventures de chacun de ses homonymes. C’est ce qui explique la prodigieuse quantité de bonnes fortunes qu’on prête à ce dieu.
La même confusion est arrivée à l’égard de don Juan, personnage qui approche de bien près de la célébrité de Jupiter. Séville seule a possédé plusieurs don Juans ; mainte autre ville cite le sien. Chacun avait autrefois sa légende séparée. Avec le temps, toutes se sont fondues en une seule. »

Extrait de : Prosper Mérimée. « Les Âmes du purgatoire. »

La Vénus d’Ille par P. Mérimée

Fiche de La Vénus d’Ille

Titre : La Vénus d’Ille
Auteur : P. Mérimée
Date de parution : 1837
Editeur : Librio

Sommaire de La Vénus d’Ille

  • La Vénus d’Ille
  • Vision de Charles XI
  • Il Viccolo di Madama Lucrezia
  • La perle de Tolède
  • Federigo

Première page de La Vénus d’Ille

« Je descendais le dernier coteau du Canigou, et, bien que le soleil fût déjà couché, je distinguais dans la plaine les maisons de la petite ville d’Ille, vers laquelle je me dirigeais.

« Vous savez, dis-je au Catalan qui me servait de guide depuis la veille, vous savez sans doute où demeure M. de Peyrehorade ?

— Si je le sais ! s’écria-t-il, je connais sa maison comme la mienne ; et s’il ne faisait pas si noir, je vous la montrerais. C’est la plus belle d’Ille. Il a de l’argent, oui, M. de Peyrehorade ; et il marie son fils à plus riche que lui encore.

— Et ce mariage se fera-t-il bientôt ? lui demandai-je.

— Bientôt ! il se peut déjà que les violons soient commandés pour la noce. Ce soir, peut-être, demain, après-demain, que sais-je ! C’est à Puygarrig que ça se fera ; car c’est Mlle de Puygarrig que monsieur le fils épouse. Ce sera beau, oui ! »

J’étais recommandé à M. de Peyrehorade par mon ami M. de P. C’était, m’avait-il dit, un antiquaire fort instruit et d’une complaisance à toute épreuve. »

Extrait de : Prosper Mérimée. « La Vénus d’Ille. »

La double méprise par P. Mérimée

Fiche de La double méprise

Titre : La double méprise
Auteur : P. Mérimée
Date de parution : 1833
Editeur :

Première page de La double méprise

« Julie de Chaverny était mariée depuis six ans environ, et depuis à peu près cinq ans et six mois, elle avait reconnu qu’il lui était non-seulement impossible d’aimer son mari, mais encore qu’il lui était bien
difficile d’avoir quelque estime pour lui.

Ce mari n’était point un fripon ; ce n’était pas une bête, encore moins un sot. En interrogeant ses souvenirs, elle aurait pu se rappeler qu’elle l’avait trouvé aimable autrefois ; mais maintenant il l’ennuyait. Tout en lui était repoussant à ses yeux. Sa manière de manger, de prendre du café, de parler, lui donnait des crispations nerveuses. Ils ne se voyaient et ne se parlaient guère qu’à table ; mais ils dînaient ensemble plusieurs fois par semaine, et c’en était assez pour entretenir l’espèce de haine de Julie. »

Extrait de : Prosper Mérimée. « La Double Méprise. »

Colomba par P. Mérimée

Fiche de Colomba

Titre : Colomba
Auteur : P. Mérimée
Date de parution : 1845
Editeur : Charpentier

Sommaire de Colomba

  • Colomba
  • La vénus d’Ille
  • Les âmes du purgatoire
  • Mateo Falcone
  • Vision de Charles XI
  • L’enlèvement de la redoute
  • Tamango
  • La perle de Tolède
  • La partie de trictrac
  • Le vase étrusque
  • Les mécontents
  • Lettres adressées à d’Espagneau, Directeur de la Revue de Paris

Première page de Colomba

« Dans les premiers jours du mois d’octobre 181., le colonel sir Thomas Nevil, Irlandais, officier distingué de l’armée anglaise, descendit avec sa fille à l’hôtel Beauveau, à Marseille, au retour d’un voyage en Italie. L’admiration continue des voyageurs enthousiastes a produit une réaction, et, pour se singulariser, beaucoup de touristes aujourd’hui prennent pour devise le nil admirari d’Horace. C’est à cette classe de voyageurs mécontents qu’appartenait miss Lydia, fille unique du colonel. La Transfiguration lui avait paru médiocre, le Vésuve en éruption à peine supérieur aux cheminées des usines de Birmingham. En somme, sa grande objection contre l’Italie était que ce pays manquait de couleur locale, de caractère. Explique qui pourra le sens de ces mots, que je comprenais fort bien il y a quelques années, et que je n’entends plus aujourd’hui. »

Extrait de : Prosper Mérimée. « Colomba et autres contes et nouvelles. »

Chronique du règne de Charles IX par P. Mérimée

Fiche de Chronique du règne de Charles IX

Titre : Chronique du règne de Charles IX
Auteur : P. Mérimée
Date de parution : 1829
Editeur : Flammarion

Première page de Chronique du règne de Charles IX

« Non loin d’Étampes, en allant du côté de Paris, on voit encore un grand bâtiment carré, avec des fenêtres en ogive, ornées de quelques sculptures grossières. Au-dessus de la porte est une niche qui contenait autrefois une madone de pierre ; mais dans la révolution elle eut le sort de bien des saints et des saintes, et fut brisée en cérémonie par le président du club révolutionnaire de Larcy. Depuis on a remis à sa place une autre vierge, qui n’est que de plâtre à la vérité, mais qui, au moyen de quelques lambeaux de soie et de quelques grains de verre, représente encore assez bien, et donne un air respectable au cabaret de Claude Giraut.
Il y a plus de deux siècles, c’est-à-dire en 1572, ce bâtiment était destiné, comme à présent, à recevoir les voyageurs altérés ; mais il avait alors une tout autre apparence. »

Extrait de : Prosper Mérimée. « Chronique du règne de Charles IX. »

Carmen par P. Mérimée

Fiche de Carmen

Titre : Carmen
Auteur : P. Mérimée
Date de parution : 1845
Editeur : Gallimard

Première page de Carmen

« J’avais toujours soupçonné les géographes de ne savoir ce qu’ils disent lorsqu’ils placent le champ de bataille de Munda dans le pays des Bastuli-Pœni, près de la moderne Monda, à quelque deux lieues au nord de Marbella. D’après mes propres conjectures sur le texte de l’anonyme, auteur du Bellum Hispaniense, et quelques renseignements recueillis dans l’excellente bibliothèque du duc d’Ossuna, je pensais qu’il fallait chercher aux environs de Montilla le lieu mémorable où, pour la dernière fois, César joua quitte ou double contre les champions de la république. Me trouvant en Andalousie au commencement de l’automne de 1830, je fis une assez longue excursion pour éclaircir les doutes qui me restaient encore. Un mémoire que je publierai prochainement ne laissera plus, je l’espère, aucune incertitude dans l’esprit de tous les archéologues de bonne foi. En attendant que ma dissertation résolve
enfin le problème géographique qui tient toute l’Europe savante en suspens, je veux vous raconter une petite histoire ; elle ne préjuge rien sur l’intéressante question de l’emplacement de Monda. »

Extrait de : Prosper Mérimée. « Carmen. »

Nouvelles T.4 par P. Mérimée

Fiche de Nouvelles T.4

Titre : Nouvelles T.4 (Tome 4 sur 4)
Auteur : P. Mérimée
Date de parution : 1830 – 1870
Editeur : Bibebook

Sommaire de Nouvelles T.4

  • La partie de trictrac
  • Le vase étrusque
  • Arsène Guillot
  • Histoire de Rondino
  • L’abbé Aubain
  • La chambre bleue
  • Djoûmane
  • Il Viccolo di Madama Lucrezia

Première page de La partie de trictrac

« Les voiles sans mouvement pendaient collées contre les mâts ; la mer était unie comme une glace, la chaleur était étouffante, le calme désespérant.
Dans un voyage sur mer les ressources d’amusement que peuvent offrir les hôtes d’un vaisseau sont bientôt épuisées. On se connaît trop bien, hélas ! lorsqu’on a passé quatre mois ensemble dans une maison de bois longue de cent vingt pieds. Quand vous voyez venir le premier lieutenant, vous savez d’abord qu’il vous parlera de Rio-Janeiro, d’où il vient ; puis du fameux pont d’Essling, qu’il a vu faire par les marins de la garde, dont il faisait partie. Au bout de quinze jours, vous connaissez jusqu’aux expressions qu’il affectionne, jusqu’à la ponctuation de ses phrases, aux différentes intonations de sa voix. Quand jamais a-t-il manqué de s’arrêter tristement après avoir prononcé pour la première fois dans son récit ce mot, l’empereur… « Si vous l’aviez vu alors ! ! ! » (trois points d’admiration) ajoute-t-il invariablement. »

Extrait de : P. Mérimée. « Nouvelles 4. »

Nouvelles T.3 par P. Mérimée

Fiche de Nouvelles T.3

Titre : Nouvelles T.3 (Tome 3 sur 4)
Auteur : P. Mérimée
Date de parution : 1829 – 1833
Editeur : Bibebook

Sommaire de Nouvelles T.3

  • Vision de Charles XI
  • L’enlèvement de la redoute
  • Federigo
  • La double méprise
  • Tamango

Première page de Vision de Charles XI

« On se moque des visions et des apparitions surnaturelles ; quelques-unes, cependant, sont si bien attestées, que, si l’on refusait d’y croire, on serait obligé, pour être conséquent, de rejeter en masse tous les témoignages historiques.

Un procès-verbal en bonne forme, revêtu des signatures de quatre témoins dignes de foi, voilà ce qui garantit l’authenticité du fait que je vais raconter. J’ajouterai que la prédiction contenue dans ce procès-verbal était connue et citée bien longtemps avant que des événements arrivés de nos jours aient paru l’accomplir.

Charles XI, père du fameux Charles XII, était un des monarques les plus despotiques, mais un des plus sages qu’ait eus la Suède. Il restreignit les privilèges monstrueux de la noblesse, abolit la puissance du sénat, et fit des lois de sa propre autorité ; en un mot, il changea la constitution du pays, qui était oligarchique avant lui, et força les États à lui confier l’autorité absolue. »

Extrait de : Prosper Mérimée. « Nouvelles 3. »