Étiquette : Milady
Les promeneuses sur le bord du chemin par Pierre Pelot
Fiche de Les promeneuses sur le bord du chemin
Titre : Les promeneuses sur le bord du chemin
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 2009
Editeur : Milady
Première page de Les promeneuses sur le bord du chemin
« Au premier coup de sonnette il sursauta.
Il était effondré dans ce fauteuil crapaud aux accoudoirs de cuir râpé et aux coutures défaites. La bouteille coincée entre ses cuisses, le verre aux trois quarts plein dans la main droite. Sa grande taille et surtout cette position qui le tassait en une volumineuse et compacte masse faisaient paraître le fauteuil anormalement petit et étroit.
Au deuxième coup de sonnette, et au troisième qui suivit presque instantanément, il ne broncha pas d’un poil. Pas un frisson.
Le soleil à présent commençait de descendre vers le soir et frôlait la cime des arbres en ligne, là-bas, à deux ou trois cents mètres, peut-être moins, à l’ouest du grand jardin. Les ombres s’étaient considérablement allongées à la surface du gazon brûlé par ce qui semblait être désormais une éternelle canicule. La lumière avait quelque chose de lourd, une pesanteur, une consistance de brume dense, cuivrée, se glissant inéluctablement par les baies coulissantes. À l’intérieur, les ombres enchevêtrées en un treillis hirsute occupaient une bonne moitié de l’espace. »
Extrait de : P. Pelot. « Les promeneuses sur le bord du chemin. »
Le pain perdu par Pierre Pelot
Fiche de Le pain perdu
Titre : Le pain perdu
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1991
Editeur : Milady
Première page de Le pain perdu
« Toutes vitres baissées, il faisait déjà chaud dans la voiture. Mais, lorsqu’ils se retrouvèrent derrière cet énorme camion dont le pot d’échappement vomissait des nuages tourbillonnants de fumée noire et puante, il fallut bien remonter les vitres. La chaleur augmenta encore, après quelques minutes de ce régime.
Le conducteur grogna un peu, bougonna tout en donnant de petites claques sèches et énervées sur son volant. Il était âgé d’une quarantaine d’années, environ. Il avait des avant-bras courts, boudinés et velus. Des taches de sueur marquaient aux aisselles sa chemise bleu pâle.
Devant, le camion roulait à une allure d’escargot. Un camion dans le style « déménagements en tous genres », avec une haute caisse métallique, sans couleur précise. Les portes de l’arrière étaient maculées jusqu’à mi-hauteur de poussière grasse. »
Extrait de : P. Pelot. « Le Pain perdu. »
Le méchant qui danse par Pierre Pelot
Fiche de Le méchant qui danse
Titre : Le méchant qui danse
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1985
Editeur : Milady
Première page de Le méchant qui danse
« Calibre .22 LR.
Quinze coups dans le magasin tubulaire placé sous le canon, un seizième possible, balle engagée dans la chambre ; un seizième, ou un premier…
Réplique de la Winchester 30/30. Pas un jouet. Munitions Remington. Portée de tir dangereuse à 1500 mètres.
18h56 au cadran de la montre-bracelet.
Le doigt sur la détente. L’index. L’ongle est rongé jusqu’à la peau.
Les oiseaux se taisent. »
Extrait de : P. Pelot. « Le Méchant qui danse. »
Le mauvais coton par Pierre Pelot
Fiche de Le mauvais coton
Titre : Le mauvais coton
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1978
Editeur : Milady
Première page de Le mauvais coton
« DIMANCHE 18 JUIN 1978
Ils l’avaient écrit dans les journaux, ils l’avaient dit à la radio, à la télévision : c’était le mois de juin le plus froid depuis 1878. Ils avaient probablement raison.
Jean-Jo écrasa le mégot de son cigare dans le fond pâteux de la tasse à café vide. Cela fit un petit bruit chuintant. Il laissa tomber l’embout plastique qu’il avait mordillé pendant un bon quart d’heure, tout en fumant à petites bouffées : cela fit un second petit bruit, contre la faïence de la tasse. Les dimanches, après le repas, Jean-Jo s’octroyait un cigare, en remplacement de la cigarette des jours de semaine.
Il repoussa la tasse et posa un coude sur la tablette de la fenêtre.
Dehors, le ciel était lourd et gris. Les maisons de la place avaient le teint plombé, malade, et toutes les fenêtres étaient closes, comme en hiver, ou sur la fin de l’automne – en tout cas, ce n’étaient pas des fenêtres d’été. »
Extrait de : P. Pelot. « Le Mauvais Coton. »
La nuit du sagittaire par Pierre Pelot
Fiche de La nuit du sagittaire
Titre : La nuit du sagittaire
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1990
Editeur : Milady
Première page de La nuit du sagittaire
« Il faisait toujours partie du nombre, malgré tout, en dépit de ce que signifiait sa présence ici. Même si elle mentait, l’impression n’en était pas moins agréable, vaguement grisante : vivre cet instant, là, à l’insu de tous.
Il s’efforçait de pousser la tricherie sur ce plan, également : se convaincre que personne ni rien ne pouvait savoir qu’il se trouvait à cet endroit.
Son véritable nom n’était pas Daniel Payle.
Son véritable nom n’était pas Daniel Payle, et sans ce nom, pourtant, Daniel Payle se demandait parfois quelles auraient été les couleurs de sa vie au cours de ces vingt dernières années… C’est au bout de ces vingt dernières années qu’il avait commencé de se poser la question (qui existait en lui depuis tout ce temps, bien entendu, et qui avait germé patiemment, lentement, puisant sa force grandissante à chaque nouvelle aube de chaque nouveau jour à vivre) ; depuis l’instant où il s’était rendu compte qu’il avait pris la décision, et que c’était un pas décisif qu’il venait d’accomplir, un point de non-retour qu’il venait de franchir. »
Extrait de : P. Pelot. « La Nuit du Sagittaire. »
Les pirates du Graal par Pierre Pelot
Fiche de Les pirates du Graal
Titre : Les pirates du Graal (Tome 2sur 2 – Matthieu Garden)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1998
Editeur : Milady
Première page de Les pirates du Graal
« Cinq jours avant Noël et la température extérieure, sur Paris, avoisinait les 25 °C. Sur toutes les chaînes de télé, les hérauts de la météo en bégayaient, répétant qu’on n’avait pas vu l’équivalent depuis plus d’un siècle. « Et pour cause, connard ! » ne pouvait s’empêcher de penser Nadia à chaque fois que lui parvenait à l’oreille l’annonce ressassée de l’événement, après que James, au journal, eut lancé une première fois l’apostrophe à l’adresse d’un quelconque Gillopétré ébahi en gros plan sur l’écran de la vieille télé, au fond de la salle de rédac.
Dans les rues, c’étaient moiteurs et transpirations, entassements d’affalés aux terrasses. »
Extrait de : P. Pelot. « Les Pirates du Graal – Matthieu Garden. »
Le chant de l’homme mort par Pierre Pelot
Fiche de Le chant de l’homme mort
Titre : Le chant de l’homme mort (Tome 1 sur 2 – Matthieu Garden)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1995
Editeur : Milady
Première page de Le chant de l’homme mort
« Il se versa une autre tequila. Le remous de liquide enveloppa la rondelle de citron, au fond du verre. Tequila gold. Combien déjà ? Sans doute un peu trop. Matt répondit, d’un sourire, à celui de Cat-Cathy, qui passait. Il alla reposer la bouteille sur la table.
— Tu fais le plein ? demanda le nouveau copain de Cat-Cathy. Vous en avez prévu, dans les rations alimentaires de survie ?
— Naturellement, dit Matt. Et des citrons verts lyophilisés pré-salés. Le must.
Le type s’appelait Lido – et non pas Ludo, il le précisait chaque fois qu’il se présentait –, genre chemise blanche-cravate en toutes occasions, le cheveu savamment flou, le bagou haut placé, œil de velours à la demande, mâchoire volontaire, sourire superman : un connard. »
Extrait de : P. Pelot. « Le Chant de l’homme mort – Matthieu Garden. »
La marche des bannis par Pierre Pelot
Fiche de La marche des bannis
Titre : La marche des bannis (Tome 9 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1968
Editeur : Milady
Première page de La marche des bannis
« Il était assis dans les caillasses, absolument immobile, enroulé dans sa couverture pelée, grise comme la roche.
Les jours précédents, les dieux avaient lavé le ciel : dernière toilette avant bien longtemps.
La terre, toute fendillée, crevassée comme une peau de vieillard, buvait l’onde bien vite. L’eau coulait en rus éphémères le long des pentes, comme une sueur. Sans trouver le temps de s’alanguir en flaques. La terre avait grand soif.
Pourtant, les terres étaient encore craquantes, et la course d’une bande de coyotes, quelques minutes après l’averse, élevait un long sillage pulvérulent. Mais elles avaient bu. Alors, on vit pointer le nez des herbes, tendres, fragiles, visiteuses inquiètes et paisibles dans un pays où la poussière et l’air sec tuaient comme la peste. »
Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – La Marche des bannis. »
Némésis par S. Hutson
Fiche de Némésis
Titre : Némésis
Auteur : S. Hutson
Traduction : J. Guiod
Date de parution : 1989
Editeur : Milady
Première page de Némésis
« Ça se rapprochait.
Pas de doute là-dessus.
Le grondement qui emplissait le couloir souterrain semblait émaner de chaque brique, pour grossir à son contact comme un orage qui s’annonce.
George Lawrenson savait que le tunnel dans lequel il courait se trouvait à plus de vingt mètres sous le pavé de Whitehall, malgré tout, chaque secousse l’ébranlait. De temps en temps, de la poussière se décollait du plafond, de minuscules morceaux de plâtre délogés par le tremblement incessant se détachaient, pour tomber comme de la neige solide. Sans cesser de marcher, Lawrenson épousseta sa veste et releva la tête quand les ampoules vacillèrent.
Sous terre, il y avait de la lumière. En surface, c’était le noir.
Cet étrange renversement des rôles, ce bouleversement de la normalité que chacun connaissait depuis plusieurs semaines, trouvait ici sa parfaite illustration, songea Lawrenson. Là où devraient régner les ténèbres resplendissait la lumière. Là où les réverbères auraient dû illuminer les rues, ce n’était qu’obscurité.
Les seules lueurs en surface étaient celles des flammes.
Des bombes incendiaires lâchées par la Luftwaffe, des maisons et des usines ravagées par le feu. »
Extrait de : S. Hutson. « Némésis. »
La cave par R. Laymon
Fiche de La cave
Titre : La cave (Tome 1 sur 4 – Beast House Chronicles)
Auteur : R. Laymon
Traduction : L. Lenoir
Date de parution : 1980
Editeur : Milady
Première page de La cave
« Jenson agrippa le micro de la radio. Il eut un instant d’hésitation avant de presser le bouton. Levant de nouveau les yeux vers la fenêtre à l’étage de la vieille maison victorienne de l’autre côté de la rue, il ne vit que le reflet de la lune sur la vitre. Il laissa retomber le micro sur ses cuisses.
Soudain, un pinceau de lumière illumina l’intérieur de la maison.
Il remit le micro devant ses lèvres, et appuya sur le bouton :
— Jenson à contrôle.
— Contrôle à Jenson, à vous.
— Il y a un rôdeur dans la Maison de la Bête. »
Extrait de : R. Laymon. « La cave – Beast House Chronicles. »