Étiquette : Multivers
Sherman par J.-P. Andrevon
Fiche de Sherman
Titre : Sherman
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1989
Editeur : Multivers éditions
Première page de Sherman
« Ils en avaient tous marre. Même Jo, qui avait eu l’idée. Il y avait des heures qu’ils marchaient. Et maintenant la nuit était venue, froide et lugubre. La forêt n’était plus qu’une masse indistincte dont les mailles se refermaient sur eux, buissons pleins d’épines qui les tiraient par la manche, branches basses qui leur raclaient les joues ou leur donnaient de méchantes gifles derrière les oreilles au moment où ils ne s’y attendaient pas. Mais ils marchaient quand même, en trébuchant, en haletant, en jurant, en s’engueulant.
— On est perdus… On est complètement paumés… Je vous dis qu’on va arquer comme ça toute la nuit, pour des prunes.
Ça, c’était Mittois, dit La Mitte. Mais il répétait toujours la même chose et personne ne lui répondait plus, pas même Brischbach, dit Bribri, qui au début avait essayé de le faire taire parce qu’avec ses plaintes lancées de sa voix geignarde il risquait de les faire repérer. »
Extrait de : J.-P. Andrevon. « Sherman. »
La fée et le géomètre par J.-P. Andrevon
Fiche de La fée et le géomètre
Titre : La fée et le géomètre
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1981
Editeur : Multivers
Première page de La fée et le géomètre
« Yvar-Bivar-Sivar-Ulnar-Xylar-Zultar plissa dans son sommeil un nez qu’il avait fort rond et fort rouge. Un rayon de soleil, qui s’était infiltré entre les racines noueuses du châtaignier, venait de passer par le cœur découpé dans le bois du volet de sa chambre pour se poser sur son appendice tuberculeux. Yvar-Bivar-Sivar-Ulnar-Xylar-Zultar éternua. L’éternuement le réveilla.
— Qui a éternué ? glapit-il de sa voix de fausset en se dressant sur sa couche.
D’une autre partie de la maison semi-enterrée que la lumière du petit matin, se glissant par de multiples fentes, crevasses et interstices, baignait d’une pénombre poudreuse et dorée, lui parvint en réponse le timbre criard de son épouse, Myrian-Nurian-Sarian-Narian-Tirian-Virian :
— Mais c’est toi, mon pauvre ami ! C’est toi, mon pauvre ami…
L’épouse avait la désagréable habitude de répéter chacune des phrases qu’elle émettait à l’intention de son mari, comme si elle avait voulu bien souligner qu’elle parlait pour ses deux oreilles et pas pour une seule. »
Extrait de : J.-P. Andrevon. « La fée et le géomètre. »
Hamburgers et coïncidences par C. Vilà
Fiche d’Hamburgers et coïncidences
Titre : Hamburgers et coïncidences
Auteur : C. Vilà
Date de parution : 1992
Editeur : Multivers
Première page d’Hamburgers et coïncidences
« La nuit était venue. La température restait douce et les rues particulièrement animées. Flots de voitures en files serrées, piétons encombrant les trottoirs, kaléidoscope des néons multicolores. La nuit et sa faune particulière. Les files d’attente à l’entrée des salles de cinéma, les bars où l’on se bousculait. Les filles. Les travestis. La population des junkies en quête d’une dose, les clodos rassemblés autour d’une bouteille de raide, les vendeurs à la sauvette. Héroïne à quinze pour cent, cocaïne synthétique, herbe, speed…
— Psst, suis-moi, filles très jeunes, pas plus de quinze ans.
Les voitures de la police sillonnaient les boulevards en interminables rondes. Ils patrouillaient, les flics, et de temps à autre opéraient une rafle : une brochette de putes, un échantillon de travelos, un voleur à la tire trop maladroit, un clochard vindicatif, deux ou trois camés. Ce qu’il fallait pour remplir la cage. »
Extrait de : C. Vilà. « Hamburgers et coïncidences. »