Étiquette : Philippe
Un enfant de l’amour par D. Lessing
Fiche de Un enfant de l’amour
Titre : Un enfant de l’amour
Auteur : Doris Lessing
Date de parution : 2003
Traduction : I. D. Philippe
Editeur : Flammarion
Première page de Un enfant de l’amour
« Un jeune homme descendit d’un train à Reading ; il donna à la valise qu’il tenait un mouvement si maladroit qu’elle faillit heurter le visage d’un autre jeune homme. Ce dernier se retourna en portant une main à sa tête pour donner plus de poids à son indignation, mais son froncement de sourcils s’effaça dans l’instant, et il s’écria :
— James Reid. Mais c’est Jimmy Reid !
Tous deux se serrèrent la main et se tapèrent dans le dos dans le nuage de vapeur qui s’échappait en sifflant de la motrice.
Deux ans plus tôt ils avaient été ensemble au lycée. Depuis cette époque, James suivait des cours de gestion et de comptabilité ; il avait salué la nouvelle que Donald « faisait de la politique » par un « Bravo, un métier qui paie bien ! » Car Donald avait toujours su tirer parti des aubaines qui se présentaient à lui, des voyages et des circonstances, alors que lui, James, continuait à compter chaque sou. »
Extrait de : D. Lessing. « Un enfant de l’amour. »
Les grand-mères par D. Lessing
Fiche de Les grand-mères
Titre : Les grand-mères
Auteur : Doris Lessing
Date de parution : 2003
Traduction : I. D. Philippe
Editeur : J’ai lu
Première page de Les grand-mères
« De part et d’autre d’un petit promontoire surchargé de cafés et de restaurants s’étendait une mer folâtre mais modérée. Rien en tout cas qui approchât du véritable océan, lequel grondait et rugissait à l’extérieur du trou béant formé par l’arrondi de la baie et la barrière corallienne que tout le monde appelait – cela figurait même sur les cartes – Baxter’s Teeth. Qui était ce Baxter ? Bonne question, souvent posée, à laquelle répondait un parchemin artistement patiné accroché au mur du restaurant situé au bout du promontoire. Cet établissement occupait le plus bel emplacement, le plus élevé donc le plus prestigieux. Baxter’s était son nom; on racontait que l’arrière-salle de brique légère et de roseau avait été la hutte de Bill Baxter, qu’il l’avait bâtie de ses propres mains. Ce Baxter était un navigateur infatigable, un marin qui avait découvert par hasard cette baie paradisiaque et son petit cap rocheux. Des variantes plus anciennes de la légende mentionnaient aussi des indigènes pacifiques et hospitaliers. Mais d’où provenaient ces « Dents » accolées à son nom ? »
Extrait de : D. Lessing. « Les grands-mères. »
Le rêve le plus doux par D. Lessing
Fiche de Le rêve le plus doux
Titre : Le rêve le plus doux
Auteur : Doris Lessing
Date de parution : 2001
Traduction : I. D. Philippe
Editeur : Flammarion
Première page de Le rêve le plus doux
« Un début de soirée d’automne. La rue en contrebas offrait un décor de petites lumières jaunes, évocatrices d’intimité, et de gens déjà habillés chaudement pour l’hiver. Dans son dos, la pièce se remplissait d’une fraîche obscurité, mais rien ne pouvait l’atteindre : elle était sur un petit nuage, aussi heureuse qu’un enfant qui venait de faire ses premiers pas. La raison de cette légèreté inhabituelle était un télégramme de son ex-mari, Johnny Lennox – le camarade Johnny – reçu trois jours plus tôt. SIGNÉ CONTRAT POUR FILM SUR FIDEL TE RÈGLE DIMANCHE TOTALITÉ ARRIÉRÉS ET MOIS EN COURS. Aujourd’hui, on était dimanche. Le recours à l’expression « totalité arriérés » s’expliquait, elle en était sûre, par une sorte d’exaltation fébrile, proche de ce qu’elle-même ressentait en ce moment : il n’était pas question qu’il lui paie la « totalité », ce qui devait, à l’heure actuelle, représenter une telle somme qu’elle ne se donnait même plus la peine d’en tenir la comptabilité. Mais il devait certainement attendre un joli paquet pour se montrer si sûr de lui. À ce moment-là, un léger trouble – l’appréhension ? – la saisit. »
Extrait de : D. Lessing. « Le Rêve le plus doux. »
Mara et Dann par D. Lessing
Fiche de Mara et Dann
Titre : Mara et Dann (Tome 1 sur 2 – Cycle de l’eau)
Auteur : Doris Lessing
Date de parution : 1999
Traduction : I. D. Philippe
Editeur : Flammarion
Première page de Mara et Dann
« La scène qu’enfant, puis adolescente et enfin jeune femme elle s’efforcerait tant de garder en mémoire était assez claire au début. Elle avait été entraînée de force – tantôt portée, tantôt tirée par la main –, par une nuit noire, seules les étoiles étaient visibles, puis on l’avait poussée dans une chambre en lui ordonnant de se taire, et les gens qui l’avaient amenée avaient disparu. Elle n’avait pas prêté attention à leurs visages, à leur aspect, elle était trop effrayée, mais c’était son peuple, le Peuple, elle en était sûre. La chambre ne ressemblait à rien de ce qu’elle avait connu. C’était un carré, construit avec des rocs énormes. Elle se tenait dans une des maisons rocheuses. Elle les côtoyait depuis toujours. Les maisons rocheuses étaient là où vivaient « les autres », le peuple des Rochers. Pas son peuple à elle, qui les méprisait. Elle avait souvent vu le peuple des Rochers marcher sur les routes, s’écarter vite du chemin à la vue du Peuple, mais l’aversion qu’on lui avait inculquée à leur encontre lui interdisait de bien les regarder. Elle en avait peur, elle les trouvait laids. »
Extrait de : D. Lessing. « Mara et Dann – Cycle de l’eau. »