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Raz de marée par Peter Randa

Fiche de Raz de marée

Titre : Raz de marée
Auteur : Peter Randa
Date de parution : 1988
Editeur : French Pulp

Première page de Raz de marée

« Du tonnerre, la fille ! Je la repère de loin, avant même de savoir qu’elle fait du stop. Longues jambes, cuisses fuselées. Elle porte un court short de toile bleue et un chandail d’orlon blanc. Un air supérieur et méprisant.

Je ralentis instinctivement pour pouvoir l’examiner au passage et, soudain, elle lève la main, pointant le pouce vers l’avant. À ses pieds un sac de scout. Le visage va avec le reste. Une blonde aux cheveux longs qui tombent un peu en désordre sur ses épaules.

Pas mon genre d’embarquer ce genre de fille. J’ai une hésitation. Ce qui me décide, c’est la moue vaguement déçue qu’elle a lorsque je la dépasse.

Je m’arrête, tant pis ! En souriant, je me penche pour lui ouvrir la portière.

Une fois n’est pas coutume. Déjà elle a ramassé son sac et l’apporte à bout de bras sans se presser, mais sans exagérer tout de même.

— Vous allez jusqu’où ? demande-t-elle.

— Montargis.

— De toute façon, ça me rapproche.

Une voix un peu rauque, assez agréable. J’ai l’impression qu’elle n’est pas française. D’un geste du bras, elle bascule son sac sur le siège arrière, puis s’installe à côté de moi. »

Extrait de : P. Randa. « Raz de marée. »

Qui suis-je ? par Peter Randa

Fiche de Qui suis-je ?

Titre : Qui suis-je ?
Auteur : Peter Randa
Date de parution : 1965
Editeur : Fleuve noir

Première page de Qui suis-je ?

« Un picotement dans tout le corps me réveille brusquement. Comme si des centaines de milliers de fourmis se débattaient désespérément à l’intérieur de mes veines. La douleur m’arrache un gémissement, et je me redresse.

Fini ! Instantanément ! A peu près comme si j’avais rêvé, comme si je sortais brutalement d’un cauchemar. Une montée de sueur. Un peu ahuri, je m’essuie le front.

Je suis entièrement nu. Etendu dans une espèce de baignoire. Une baignoire vide, équipée d’une infinité de robinets, de cadrans et de tubes en matière plastique. J’en ai encore trois attachés à mon torse par des ventouses.

Bon Dieu ! Je rêve ou quoi ? Dans une baignoire, mais pas dans une salle de bains. Plutôt dans une sorte de laboratoire. Je ne l’ai jamais vu, et, pourtant, il me paraît familier. »

Extrait de : P. Randa. « Qui suis-je ?. »

Quand la police sonnera par Peter Randa

Fiche de Quand la police sonnera

Titre : Quand la police sonnera
Auteur : Peter Randa
Date de parution : 1962
Editeur : Fleuve noir

Première page de Quand la police sonnera

« — Ta femme en a, du fric ! La garce ! Elle raccroche aussi sec. Je repose le combiné et je reste un instant immobile pour calmer ma fureur. Cinq cent mille francs ! Oh ! Je les ai, mais si je cède une seule fois à un chantage de ce genre, je n’en verrai plus jamais la fin.

Qu’est-ce qui lui prend ? Pourquoi cinq cent mille balles d’un coup ? J’allume une cigarette et je vais à la fenêtre… Devant moi le parc de Bagatelle inondé de soleil. Une journée magnifique.

Magnifique pour les autres. A moi elle n’apporte que des emmouscaillements… Evidemment elle se sent forte parce que je n’ai pas pu reconnaître le gosse… A cause d’Olga.

Loin de se calmer, ma fureur augmente. J’aurais dû divorcer immédiatement. A quoi bon me le répéter. Je le sais. Ça fait deux ans que je regrette de ne pas l’avoir fait. Trois ans ! Un bail !

Après avoir divorcé j’aurais pu reconnaître le môme. En ce temps-là, Francine était docile, encore disposée à tout accepter. Il n’y a que six mois qu’elle a changé. Un peu brutal son revirement, mais je suis coincé. »

Extrait de : P. Randa. « Quand la Police sonnera. »

Plate-forme de l’éternité par Peter Randa

Fiche de Plate-forme de l’éternité

Titre : Plate-forme de l’éternité
Auteur : Peter Randa
Date de parution : 1963
Editeur : Fleuve noir

Première page de Plate-forme de l’éternité

« — Pas des illuminés, dit Agardin… Des gens sérieux, commandants de bord ou pilotes, auxquels on n’a jamais eu à reprocher la moindre fantaisie…

Bertrand, allongé sur une couchette, hoche la tête :

— Illusion collective.

— On l’a cru la première fois… la seconde aussi… à la troisième on a parlé d’escroquerie. Tu n’as jamais rien lu là-dessus ?

— Non… J’entends parler de la planète disparue pour la première fois.

— Je vais essayer de te résumer les faits… car moi, j’y crois et c’est à cause de la planète disparue que nous sommes ici.

Grand, Agardin ! Large d’épaules. La taille mince. Un visage énergique aux traits réguliers, avec une expression moqueuse dans le regard des yeux bruns. Les lèvres épaisses, voluptueuses, généralement retroussées par un sourire ironique.

— Le premier vaisseau à avoir touché la planète disparue s’appelait L’ORONTE. Capitaine Corhérus. Il ne s’y est arrêté qu’une demi-journée pour effectuer des réparations à son astronef… De son temps, on découvrait de nouvelles planètes continuellement et la chose en elle-même n’avait rien d’extraordinaire.  »

Extrait de : P. Randa. « Plate-forme de l’éternité.  »

Planète de désolation par Peter Randa

Fiche de Planète de désolation

Titre : Planète de désolation
Auteur : Peter Randa
Date de parution : 1971
Editeur : Fleuve noir

Première page de Planète de désolation

« Le haut-parleur relié au calculateur électronique du bord annonce :
— « Nous entrons dans la zone d’attraction de Tahan ».
Je me tourne vers Nelston qui a une moue dubitative pendant que je murmure :
— L’aviso d’Irba ne va tout de même pas tenter de s’y poser ?
— Qui sait ?
— Tahan est zone interdite.
— Depuis 4 000 ans…, donc, le taux de radioactivité doit y être très faible… Probablement nul sur la plus grande partie des continents… A mon avis, il doit tout au plus subsister quelques points chauds… Si j’étais à la place de ces Irbanais, je crois que je prendrais le risque. »

Extrait de : P. Randa. « Planète de désolation. »

Périls sur la galaxie par Peter Randa

Fiche de Périls sur la galaxie

Titre : Périls sur la galaxie
Auteur : Peter Randa
Date de parution : 1976
Editeur : Fleuve noir

Première page de Périls sur la galaxie

« Le surveillant s’approche ; un vieux bonhomme à l’uniforme élimé et à la casquette avachie. Il traverse toute la salle d’attente dans ma direction, mais ce n’est qu’à la toute dernière seconde que je réalise qu’il s’intéresse à moi.

Il y a pas mal de monde dans les fauteuils et sur les bancs. Je ne m’en étais même pas rendu compte. J’ai l’impression de me réveiller subitement alors que j’avais les yeux grands ouverts. Étrange… Je ne voyais et je n’entendais rien ; j’étais comme engoncé dans une brume épaisse…

— Vous attendez quel vol ?

Surpris, j’ai une hésitation. J’essaye de réfléchir et, finalement, avec un mouvement d’épaules, je réponds :

— Je ne sais pas.

Absurde, cette réponse. Je m’en rends compte sans trouver quoi que ce soit d’autre à dire. Je ne sais même pas depuis combien de temps je suis assis dans mon fauteuil…

En un sens, je n’ai conscience de ma présence ici que depuis l’instant où ce surveillant s’est intéressé à moi.

— Vous attendez quelqu’un ?

— Peut-être.

Avec un soupir, je demande :

— Où sommes-nous ? »

Extrait de : P. Randa. « Périls sur la Galaxie. »

Parodie à la mort par Peter Randa

Fiche de Parodie à la mort

Titre : Parodie à la mort
Auteur : Peter Randa
Date de parution : 1960
Editeur : Les éditions d’Avallon

Première page de Parodie à la mort

« Longues plaines flamandes dans le silence épais de la nuit. Parfois un chien hurle en raclant sa chaîne sur le pavé sonore et tous les chiens du voisinage lui répondent à leur tour… les aboiements montent et décroissent et tout à coup l’ombre reste seule… l’ombre qui tantôt va lutter contre le matin blême et qui, vaincue, cherchera un refuge sous les murs noirs du presbytère… l’ombre complice comme un manteau sous lequel se nichent les amours défendues.
Je me retourne dans mon lit et cela m’est difficile comme si j’étais écrasé de fatigue. Le front moite. Je transpire sans avoir chaud et pourtant le médecin prétend que je n’ai pas de fièvre. Une grande faiblesse que rien ne justifie. Je me sens bien, sauf une lourdeur incompréhensible, une pesanteur de tout le corps et ces longues torpeurs à demi éveillées où le cauchemar vient me chercher.
Dès que je reste immobile, tout s’apaise. Il me semble que je pourrais me lever et au premier mouvement je retrouve comme une chape qui me donne l’impression hallucinante de me débattre dans un monde où la pesanteur aurait subitement triplé. »

Extrait de : P. Randa. « Parodie à la mort. »

Nau et le cahier rouge par Peter Randa

Fiche de Nau et le cahier rouge

Titre : Nau et le cahier rouge
Auteur : Peter Randa
Date de parution : 1966
Editeur : Fleuve noir

Première page de Nau et le cahier rouge

« — On insiste, dit la standardiste de nuit du journal. Ce monsieur a l’accent américain ; j’ai pensé…

— Vous avez bien fait. Passez-moi la communication.

Deux heures du matin ! S’il ne s’agit pas d’un mauvais plaisant, ça devrait être intéressant. La standardiste de Centre-Presse joue un instant avec ses fiches, puis une voix enrouée fait :

— Allô !

— Ici, Jacques Dupont.

— Achille Nau ?

— C’est Nau que vous voulez atteindre ?

— Je sais que c’est possible grâce à vous.

Un homme qui parle difficilement.

— Qui êtes-vous ?

— Mon nom ne vous dira rien. À Nau non plus. Dan Cooper.

— Que lui voulez-vous à Achille Nau ?

Au bout du fil, l’homme souffle fort. Je suis certain qu’il fait un terrible effort pour parler.

— Je voudrais qu’il vienne me rejoindre tout de suite à Marly. »

Extrait de : P. Randa. « Nau et le cahier rouge. »

Métamorphose par Peter Randa

Fiche de Métamorphose

Titre : Métamorphose
Auteur : Peter Randa
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir

Première page de Métamorphose

« — Baraquement C, décrète l’officier xantol.

Immédiatement, je proteste :

— Baraquement ?… Vous oubliez que je suis officier et que je dois être traité avec égards !

Le Xantol sourit. C’est un gros homme à la face rubiconde qui n’a jamais dû servir en première ligne. C’est un Xantol à corne, pourtant. La sienne est épaisse, trapue, ramenée vers l’arrière de son crâne.

Il secoue la tête.

— Ici, nous ne sommes plus dans un camp militaire. Vous avez été condamné à vingt ans de bagne pour avoir été trouvé sur Timon… Une planète où les Terriens ne possèdent
aucun poste.

— Je ne vois pas le rapport.

— Du moment que vous vous trouviez sur une de nos planètes, sans dépendre d’un poste avancé quelconque, vous étiez nécessairement en mission d’espionnage.

— C’est faux ! La preuve c’est que j’étais en uniforme lorsqu’on m’a arrêté… L’uniforme que je porte du reste toujours.

Le Xantol ne se laisse pas démonter. »

Extrait de : P. Randa. « Métamorphose. »

Lieutenant Fabien Fauvel par Peter Randa

Fiche de Lieutenant Fabien Fauvel

Titre : Lieutenant Fabien Fauvel
Auteur : Peter Randa
Date de parution : 1976
Editeur : Les éditions d’Avallon

Première page de Lieutenant Fabien Fauvel

« Paris, 1976
— Mon lieutenant…
Bartoldi a un élan joyeux, puis un pincement au cœur car Fauvel ne paie pas de mine dans son costume élimé et avec sa barbe de trois jours en train de manger le bas de son visage émacié aux yeux fiévreux. Pas encore le clochard, mais presque.
— Bon Dieu ! Bartoldi…
Fauvel se redresse en essayant de prendre un air désinvolte ; difficile quand la misère vous colle à la peau. Tout ce qui reste, c’est la possibilité de crâner pour soi, car les autres ne sont jamais dupes.
— Ça en fait des années…
— Une bonne douzaine, mon lieutenant.
— Seulement ?
Pour l’ancien lieutenant, la traversée du désert dure depuis beaucoup plus longtemps que ça. Du moins, il en a l’impression. Peut-être parce qu’il n’en voit pas la fin et commence à croire qu’il n’y en aura jamais. Ce que Bartoldi évoque pour lui est aussi lointain que s’il s’agissait d’une autre époque.
Le Moyen Âge ou le Grand Siècle. »

Extrait de : P. Randa. « Lieutenant Fabien Fauvel. »