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Terrom, âge « un » par Max-André Rayjean

Fiche de Terrom, âge « un »

Titre : Terrom, âge « un »
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1963
Editeur : Fleuve noir

Première page de Terrom, âge « un »

« Le soleil embrasait, rôtissait copieusement la plaine. Des dizaines, des centaines, des milliers de bruissements divers montaient de l’herbe grillée. En réalité, il ne s’agissait pas du bourdonnement des insectes, ni des vibrations des ailes minuscules, ni du grésillement des pattes ou des antennes frottées les unes contre les autres.
L’origine de ce bruit, comparable à celui d’une armée en marche, provenait d’une cohorte de fourmis géantes dont la taille atteignait celle des humains. Combien étaient ces hyménoptères monstrueux, avançant vers un but défini ? Dix, vingt, trente… ou plus ? Il était difficile d’évaluer leur nombre.
En tout cas, leur cohésion formait une muraille de puissance et il semblait bien que rien ne pouvait s’opposer à leur avance. En fait, les fourmis ne découvraient devant elles qu’une plaine désolée, vide, abrutie de chaleur.
Elles marchaient, dressées sur leurs pattes de derrière prodigieusement musclées et développées. Elles imitaient l’homme à la perfection et cela trahissait une perturbation dans leur métabolisme. D’abord cette taille gigantesque. Puis leur comportement. Quelque chose avait changé. Il s’était produit un déséquilibre… »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Terrom, Âge « UN ». »

Ségrégaria par Max-André Rayjean

Fiche de Ségrégaria

Titre : Ségrégaria
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1975
Editeur : Fleuve noir

Première page de Ségrégaria

« Le Centre était immense et ressemblait à un labyrinthe. Sans les consignes répétées sans cesse par les ordinateurs, un homme s’y perdrait facilement.

Il n’y avait pas de pancartes, pas de panneaux luminescents, pas la moindre indication écrite. Rien. Mais par des haut-parleurs invisibles, une voix monocorde accompagnait le visiteur.

— Zélad, vous m’entendez ?

— Oui, murmura l’homme, excédé par tant de précautions qu’il jugeait inutiles.

— Bien. Je suis l’ordinateur H.7. Je vous guide vers la salle G.M.2. Prenez à droite maintenant…

Zélad obéit, machinalement. Il attendait ce moment depuis des années. Il allait enfin rencontrer celle qui deviendrait pendant quelques jours son « épouse » légitime.

Pendant quelques jours seulement. Une semaine. Peut-être deux. En tout cas pas davantage. Après, Zélad retournerait à son travail obscur. Il se noierait dans la masse sous le commandement des cerveaux électroniques. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Ségrégaria. »

Round végétal par Max-André Rayjean

Fiche de Round végétal

Titre : Round végétal
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1964
Editeur : Fleuve noir

Première page de Round végétal

« John Sommy pénétra dans la chambre de translation, quitta son casque spatial, et se dirigea immédiatement vers le télé-interphone.
Il manipula un bouton. L’écran s’éclaira et montra une standardiste casquée.
— Passez-moi le chef, Dolly.
L’opératrice sourit, acquiesçant d’un geste. Elle brancha une fiche. Une autre image se substitua alors à celle de la jeune fille. Un type trapu, aux yeux vifs, mobiles, aux traits grossiers. Il portait une chemise bleu azur, aux manches roulées, qui laissait apparaître les poils de ses bras. Il avait desserré le nœud de sa cravate noire. Assis à un bureau, devant des claviers, il fumait un gros cigare. C’était Ralph Parker, le chef du détachement des unités spatiales stationné sur R.S.3, une planète d’un système solaire voisin de Rigel.
Il avait assisté, de son bureau, à l’atterrissage de John Sommy. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Round végétal. »

Relais « Kera » par Max-André Rayjean

Fiche de Relais « Kera »

Titre : Relais « Kera »
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1969
Editeur : Fleuve noir

Première page de Relais « Kera »

« Un, deux, quatre, six, sept points lumineux apparaissent sur l’écran de l’amplificateur de brillance. Exactement sept, pas un de plus ni un de moins. Un compte d’une précision arithmétique. Sept points qui s’allumant, s’éteignent, clignotent, signalent indubitablement une présence humaine. Quelque chose de contrôlable à distance.

John Clexon soupire. Il soupire non pas parce qu’il se désintéresse de son boulot, parce qu’il le trouve monotone, sans attrait. Non. Au contraire, il se passionne pour sa mission. Il n’accuse jamais le moindre fléchissement, s’impose une discipline de travail rigoureuse.

Il sait que de lui, de lui seul, dépend la sécurité des hommes dont il assume la charge. Aussi, pas une seconde il ne relâche sa surveillance. Il contrôle tout, minutieusement, avec une sorte de délectation maladive qui crispe perpétuellement son visage, assombrit son expression, burine son front, plisse ses lèvres, lui communique une attitude de sévérité peu en rapport avec son caractère. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Relais « KERA ». »

Puissance : facteur 3 par Max-André Rayjean

Fiche de Puissance : facteur 3

Titre : Puissance : facteur 3
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1961
Editeur : Fleuve noir

Première page de Puissance : facteur 3

« Les gardes fédéraux rectifièrent leur position lorsque la Cour entra dans la vaste salle du Palais de Justice décorée aux couleurs de la Confédération Occidentale.

Le juge et ses quatre assesseurs, tous en robe de lamé pourpre, regagnèrent la tribune. Ils s’assirent en un mouvement unanime promenant devant eux des regards inexpressifs. Ils aperçurent les gardes figés, impassibles, mais vigilants, puis les avocats de la défense derrière lesquels, dans le box, menottes magnétiques aux poignets, se retranchait l’accusé.

Le banc des jurés était vide, parce que ces messieurs délibéraient encore à huis clos. Mais le verdict ne faisait aucun doute. Il entérinerait le jugement déjà prononcé dans ce même Palais il y avait cinq ans.

Aucun journaliste n’assistait au procès. C’était la règle immuable, inflexible. Seul le public, aujourd’hui assez clairsemé, était admis dans le large hémicycle. Les foules se désintéressaient de plus en plus des actes judiciaires. Il existait maintenant d’autres spectacles plus attractifs. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Puissance : Facteur 3. »

Projet « Kozna » par Max-André Rayjean

Fiche de Projet « Kozna »

Titre : Projet « Kozna »
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1964
Editeur : Fleuve noir

Première page de Projet « Kozna »

« Klas avança la main et frôla un tableau de commandes. La porte, en face de lui, se dématérialisa. Un écran de contrôle, orienté convenablement, lui apprit que Morg, l’un de ses adjoints, sollicitait une entrevue.
À l’entrée de son collaborateur, Klas demeura impassible. Il semblait taillé dans une masse de rocher. Il n’esquissait que des gestes précis, mesurés, jamais inutiles. Bardé d’une cuirasse rouge, il trônait dans un large fauteuil de métal, devant un bureau encombré d’appareils.
Morg entra. Il ressemblait à son patron, par l’aspect, par les gestes. C’était aussi un androïde, une créature synthétique extrêmement perfectionnée, plus homme que machine, car son cerveau raisonnait en homme et son corps obéissait comme une machine. Il était le symbole d’une brillante civilisation.
— Klas, annonça-t-il d’une voix monocorde, sans relief, nos capteurs cosmiques viennent de déceler, à travers le spectre solaire de Mû, une radiation de type inconnu.
La nouvelle ne surprit pas le premier savant de Kirtas. Pourtant, il l’ignorait. Seulement un androïde restait parfaitement maître de ses réflexes, en toute circonstance. Il notait simplement les observations. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Projet « Kozna ». »

Planètes captives par Max-André Rayjean

Fiche de Planètes captives

Titre : Planètes captives
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1962
Editeur : Fleuve noir

Première page de Planètes captives

« Régan IV s’avança jusqu’à la cloison opaque. Ses deux conseillers, Tibur et Nomar, le suivaient comme son ombre. Sans que l’un de ces personnages eût esquissé le moindre geste, manipulé la moindre commande, prononcé la moindre parole, la cloison se dématérialisa.
La prodigieuse chambre à vide apparut. Une boule brillante comme un soleil surgit du néant. Elle semblait immobile. Mais elle étincelait. Elle irradiait une fantastique lumière d’un jaune orangé. Il fallait un écran polarisateur pour la contempler, pour la disséquer, sans quoi la rétine eût été brûlée.
L’écran était là, invisible tout comme la cloison. Mais il protégeait les yeux de Régan IV et de ses conseillers.
— Le microsystème de Déberria, dit l’un d’eux d’une voix nasillarde.
La boule brillante suspendue dans la chambre à vide était en effet un soleil en réduction. Quatre planètes l’escortaient dans sa ronde sur des orbites différentes.
Les trois créatures intelligentes, bien différentes par leur aspect des habitants de la Terre, s’éloignèrent d’une allure nonchalante, caractéristique. Aussitôt, le système de Déberria disparut et la cloison reprit son opacité primitive. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Planètes captives. »

Les singes d’Ulgor par Max-André Rayjean

Fiche de Les singes d’Ulgor

Titre : Les singes d’Ulgor
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1979
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les singes d’Ulgor

« La pirogue à moteur pétaradait doucement et remontait le Kapuas entre deux murs de végétation luxuriante.

Des arbres aux énormes racines plongeaient leurs basses branches dans l’eau. Des lianes s’enchevêtraient les unes aux autres, formant un entrelacement compact, impénétrable. Les fourrés sombres, épais, regorgeaient d’humidité. Dans un ciel chauffé à blanc, le soleil n’entrait dans la forêt qu’avec parcimonie.

Le courant du fleuve était régularisé par un barrage situé cinquante kilomètres plus haut. Le flot torrentueux ne s’en précipitait pas moins vers Pontianak, sur la mer de Java.

À l’arrière de la pirogue flottait le drapeau indonésien. Il y avait trois hommes à bord, un sergent et deux policiers. Ils étaient vêtus d’un uniforme en toile, saharienne et short, et une casquette à visière coiffait leurs cheveux noirs. Un insigne brillait sur leur poitrine.

Ils allaient à Pansang, un petit village de Dayaks situé sur le fleuve. Mission de routine afin d’affirmer la présence du Gouvernement de Djakarta jusque dans les coins les plus reculés de Bornéo. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Les Singes d’Ulgor. »

Les Psycors de Pââl Zuick par Max-André Rayjean

Fiche de Les Psycors de Pââl Zuick

Titre : Les Psycors de Pââl Zuick
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1971
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les Psycors de Pââl Zuick

« Bro, contrôleur-chef au Fichier Central, hoche la tête et grimace. Il montre sa bouche édentée, soulignée par un cartilage. Franchement, il n’est pas beau et ne fait pas honneur à la race humaine. Il est vrai que celle-ci a bien changé depuis cinq siècles. Terriblement changé. Au point qu’un voyageur du passé, brusquement projeté dans le présent, ne reconnaîtrait pas ses semblables.
Tout a changé. Pas seulement les hommes. Mais aussi le décor, l’environnement, le mode d’existence, la mentalité.
Bro – B.412 pour le Code – possède des membres grêles. Des cheveux prématurément gris encadrent un visage ratatiné, pâle, exsangue. Un dégénéré, respirant un air confiné. Il a totalement perdu le besoin d’un effort physique. Même l’effort de mastiquer est devenu superflu. Alors, les dents ont disparu et les muscles se sont atrophiés, créant un être à grosse tête, aux formes mal adaptées, mal équilibrées. Et ces imbéciles s’habillent de telle façon qu’ils n’enjolivent pas leurs silhouettes. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Les Psycors de Pââl Zuik. »

Les parias de l’atome par Max-André Rayjean

Fiche de Les parias de l’atome

Titre : Les parias de l’atome
Auteur : Max-André Rayjean
Date de parution : 1957
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les parias de l’atome

« Le crépuscule tombait sur Paris, apportant un peu de fraîcheur après cette lourde journée d’été.

Les gens ne semblaient guère pressés de rentrer chez eux. Au contraire, ils musardaient sur les trottoirs, s’attardaient devant les vitrines, dans les squares et les parcs.

Sur les terrasses et les balcons, des groupes devisaient avec insouciance, alors qu’un terrible danger les menaçait. Mais personne n’avait l’air de s’en rendre compte et Henri Fridman haussa les épaules en montant dans l’hélibus qui le reconduirait chez lui, à Montrouge.

Il grommela, tout haut :

— Les imbéciles !

Le contrôleur, qui lui poinçonnait son billet, releva brusquement la tête et fronça les sourcils.

— Vous dites ?

— Rien… rectifia Fridman en reprenant son ticket. Rien, en tous cas, qui puisse vous intéresser.

Le docteur s’installa confortablement sur un siège en cuir. Il constata que le regard du contrôleur le suivait avec animosité. Peut-être l’employé avait-il pris pour lui la
réflexion peu élogieuse, et dénuée de toute politesse. »

Extrait de : M.-A. Rayjean. « Les parias de l’atome. »