Étiquette : Sous le vent du monde

 

Debout dans le ventre blanc du silence par Pierre Pelot

Fiche de Debout dans le ventre blanc du silence

Titre : Debout dans le ventre blanc du silence (Tome 3 sur 5 – Sous le vent du monde)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1999
Editeur : Bragelonne

Première page de Debout dans le ventre blanc du silence

« Le premier, le boiteux, s’avança à découvert, piquant de son bâton la neige devant lui. Les autres attendaient, groupés près de l’arbre dont une partie de la ramure s’était secouée dans un grand poudroiement quand le boiteux avait frappé le tronc, au passage.

La trace était unique, derrière eux, une seule frayée pour tous, droite.

Le boiteux piquait, poussait sur le bâton à petits coups, levait sa jambe valide et enfonçait son pied à hauteur du bâton, amenait la jambe raide, retirait le bâton et piquait de nouveau, une longueur de pas devant. Sous la neige recouvrant l’eau dure, la rivière coulait.

Il traversa.

Arrivé près de l’arbre, là-bas, il fit comme il avait fait de ce côté-ci de la rivière : fouetta les branches, libérant une grande envolée poudreuse jaillie et retombée en scintillant, et lui dessous, blanchi d’un seul coup. »

Extrait de : P. Pelot. « Debout dans le ventre blanc du silence – Sous le vent du monde. »

Le nom perdu du soleil par Pierre Pelot

Fiche de Le nom perdu du soleil

Titre : Le nom perdu du soleil (Tome 2 sur 5 – Sous le vent du monde)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1998
Editeur : Bragelonne

Première page de Le nom perdu du soleil

« Les Xuah marchaient depuis qu’ils étaient des Xuah. Mais un jour, ils s’étaient arrêtés.

Les enfants sortis du ventre des femmes, devenus des hommes et femmes Xuah, ne savaient plus que le monde s’étend aussi de l’autre côté des montagnes.

Alors, celui qui s’appelait Notlra, à la tête lourde de beaucoup de choses vues, au corps marqué par les os saillants qui crèveraient bientôt sa peau sombre, se mit à parler, et parler encore de ce temps-là enfoui derrière la montagne où le ciel s’éteint chaque jour, d’où venaient les Xuah. Notlra dit que là-bas n’était pas un territoire de nuit sans fin. Il savait.

Il dit avec les mots, avec les gestes, un temps où ses jambes étaient celles d’un enfant, alors pas bien grandes, pas bien dures, mais vives et infatigables – il l’affirmait. Il dit comment vivaient les Xuah, à la recherche du nom perdu de la lumière du ciel. »

Extrait de : P. Pelot. « Le nom perdu du soleil – Sous le vent du monde. »

Qui regarde la montagne au loin par Pierre Pelot

Fiche de Qui regarde la montagne au loin

Titre : Qui regarde la montagne au loin (Tome 1 sur 5 – Sous le vent du monde)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1997
Editeur : Bragelonne

Première page de Qui regarde la montagne au loin

« De sa langue bleue paresseuse, la nuit léchait les hautes herbes et les feuilles acérées des arbres. De loin en loin, montaient l’appel d’une bête, le cri saccadé d’une autre, déchirant les mailles lâches du lacis tressé par les gloussements d’oiseaux qui glissaient et rebondissaient dans les branches.

Elle écoutait la nuit proche.

Parfois, cela faisait comme un bruit de pierre râpant la première peau d’une branche, quand on la pèle. Ce n’était pas un bruit unique et répété, mais plusieurs, tantôt ici, tantôt là, qui montaient du chuchotis caressant.

Un peu après que le jour d’avant se fut éteint avec la plongée sous terre de la boule de lumière rouge, le petit souffle d’air s’était levé ; il semblait sortir de chacune des tiges d’herbes qui s’agitaient pour le retenir ou l’attraper, empêcher sa course invisible ; les feuilles et les épines des plus petites branches, entre ciel et terre, faisaient de même. »

Extrait de : P. Pelot. « Qui regarde la montagne au loin – Sous le vent du monde. »