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Cinq chemins de pardon par U. Le Guin

Fiche de Cinq chemins de pardon

Titre : Cinq chemins de pardon (Tome 6 sur 7 – Cycle de l’Ekumen)
Auteur : U. Le Guin
Date de parution : 2023
Traduction : M. Surgers
Editeur : L’Atalante

Sommaire de Cinq chemins de pardon

  • Trahisons
  • Jour de pardon
  • Un homme du peuple
  • Libération d’une femme
  • Musique ancienne et les femmes esclaves

Première page de Musique ancienne et les femmes esclaves

« LE DIRECTEUR DU SERVICE des renseignements à l’ambassade ékuménique sur Werel, un homme qui s’appelait Sohikelwenyanmurkeres Esdan sur sa planète d’origine et que, sur Voe Deo, on surnommait Esdardon Aya ou Musique Ancienne, s’ennuyait. Il lui avait fallu une guerre civile et trois ans pour commencer à s’ennuyer, mais il en était arrivé au stade où, dans les rapports qu’il envoyait par ansible aux stabiles de Hain, il se désignait comme directeur du service d’ignorance.
Il avait toutefois réussi à conserver quelques liens clandestins avec des amis dans la Cité Libre, même après que le gouvernement légitimiste avait isolé l’ambassade, empêchant les gens et les informations d’entrer ou de sortir. Au cours du troisième été de la guerre, il était venu transmettre une requête à l’ambassadeur. »

Extrait de : U. Le Guin. « Cycle de l’Ekumen – Cinq chemins de pardon. »

Lavinia par U. Le Guin

Fiche de Lavinia

Titre : Lavinia
Auteur : U. Le Guin
Date de parution : 2008
Traduction : M. Surgers
Editeur : L’Atalante

Première page de Lavinia

« JE SUIS ALLÉE aux salines près de l’embouchure du fleuve, au mois de mai de ma dix-neuvième année, afin de récolter du sel pour la farine sacrée. Tita et Maruna m’accompagnaient, et mon père nous avait adjoint, pour ramener le sel, un vieil esclave et un garçon qui menait un âne. Ce n’était qu’à quelques milia au nord, mais nous en avons fait une véritable excursion : le pauvre petit âne portait d’abondantes provisions, nous avons mis la journée entière à atteindre notre destination pour finir par installer notre campement sur une dune herbeuse qui dominait les plages du fleuve et de la mer. Tous les cinq, nous avons soupé autour du feu, raconté des histoires et chanté des chansons alors que le soleil se couchait dans les flots et que le bleu du crépuscule printanier s’assombrissait à vue d’œil. Puis nous avons dormi sous la brise marine.
Je me suis éveillée aux premières lueurs. Les autres dormaient profondément. Les oiseaux entamaient tout juste leur chœur d’aurore. Je me suis levée pour gagner la rive du fleuve. J’ai puisé un peu d’eau dans le creux de ma main et, avant de boire, l’ai laissée couler en offrande, prononçant le nom du fleuve, Tibre, père Tibre, et ses noms anciens, secrets, Albu, Rumon. Puis j’ai bu en savourant l’arrière-goût salé. Le ciel était assez clair pour offrir à mon regard les longues vagues raides de la barre où se rencontraient le courant et la marée montante. »

Extrait de : U. Le Guin. « Lavinia. »

Quatre chemins de pardon par U. Le Guin

Fiche de Quatre chemins de pardon

Titre : Quatre chemins de pardon (Tome 6 sur 7 – Cycle de l’Ekumen)
Auteur : U. Le Guin
Date de parution : 1995
Traduction : M. Surgers
Editeur : L’Atalante

Sommaire de Quatre chemins de pardon

  • Trahisons
  • Jour de pardon
  • Un homme du peuple
  • Libération d’une femme

Première page de Trahisons

«  DE GUERRE, la planète O n’en a pas connu depuis cinq mille ans, et il n’y en a jamais eu sur Gethen. » Elle interrompit sa lecture, à la fois pour reposer ses yeux et parce qu’elle voulait s’habituer à lire lentement au lieu de gober les paquets de mots comme Tikuli gobait sa nourriture. « Il n’y en a jamais eu » : ces mots brillaient en elle, noyés dans une incrédulité sombre, immense, douce. Que serait un monde sans guerre ? Il serait vrai. La paix, c’était la vérité, une vie pour travailler, apprendre, élever des enfants qui travaillent et apprennent. La guerre dévorait le travail, la sagesse, les enfants, niait la vérité. Mais mon peuple, se dit-elle, ne sait que nier. Nés dans l’ombre noire du pouvoir dévoyé, nous faisons de la paix une lumière trop lointaine, un but inaccessible. Nous ne savons que combattre. Toute paix que l’un de nous crée ne sert qu’à nier la guerre qui continue, ombre de l’ombre, mensonge échafaudé. »

Extrait de : U. Le Guin. « Cycle de l’Ekumen – Quatre chemins de pardon. »