L’oiseau moqueur par W. Tevis
Fiche de L’oiseau moqueurTitre : L’oiseau moqueur Première page de L’oiseau moqueur« COMME il remonte la Cinquième Avenue à minuit, Spofforth se met à siffler. Il ignore le nom de l’air, et il ne s’en soucie guère ; c’est un air compliqué, un air qu’il siffle souvent lorsqu’il est seul. Il est torse nu et ne porte pas de chaussures ; il a pour unique vêtement un pantalon kaki. Il sent sous ses pieds la surface usée des vieux pavés. Bien qu’il avance en plein milieu de la vaste avenue, il distingue les hautes herbes et l’ivraie qui, de chaque côté, ont poussé aux endroits où les trottoirs, depuis longtemps fissurés et défoncés, attendent des réparations qui ne se feront jamais. De ces herbes, Spofforth entend s’élever un chœur d’insectes cliquetant et bourdonnant. Ces bruits le mettent mal à l’aise, comme toujours à cette époque de l’année – le printemps. Il enfonce ses larges mains dans les poches de son pantalon. Puis, embarrassé, il les retire et se met à courir à petites foulées, immense, aérien, athlétique, en direction de la silhouette massive de l’Empire State Building. » Extrait de : W. Tevis. « L’oiseau moqueur. » |