Catégorie : Livres

 

Moi, un robot par Maurice Limat

Fiche de Moi, un robot

Titre : Moi, un robot
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1960
Editeur : Fleuve noir

Première page de Moi, un robot

« J’ai assisté au châtiment, avec une foule d’autres. Les Robotis étaient là
également. Nos maîtres, les Hommes, exigent que les punitions soient publiques,
pour l’exemple.

Robots et Robotis étaient en troupeau, mornes et accablés. Ils ont regardé le Robot, torse nu, attaché au poteau, et qu’un autre Robot a frappé de vingt coups de lanière. C’est la Loi. Nous ne sommes que des machines, que les Hommes font fabriquer pour être à leur service et si l’un d’entre nous se révolte, ou commet quelque faute, il faut que d’immédiates et cruelles sanctions soient prises sans délai.

Le Cosmos appartient aux Hommes.

Les Robots et leurs femelles, les Robotis, sont là pour leur servir d’esclaves. Les Hommes ne permettent la fabrication des Robots que selon leurs besoins.

C’est la Loi.

Ce matin, les Hommes étaient de méchante humeur. Il pleuvait et une eau lancinante tombait des nuages verts qui roulent dans le ciel de la planète Vaâl. »

Extrait de : M. Limat. « Moi, un Robot. »

Miroirs d’univers par Maurice Limat

Fiche de Miroirs d’univers

Titre : Miroirs d’univers
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1976
Editeur : Fleuve noir

Première page de Miroirs d’univers

« — Une veine qu’on soit en plein été ! dit le pilote. Vous vous rendez compte ? Un vent pareil… en plein hiver… avec une tempête de neige… On serait ratatinés en moins de deux !

Ken Erwin se mit à rire :

— Hé ! dis donc ! Tâche de mériter ton surnom !

Le mécano prit fort bien la chose :

— Tu vas voir ! Pas pour rien qu’on m’appelle Pince Vent !

Gilda, emmitouflée dans une couverture (c’était juillet mais dans l’hélico il faisait plus que frais) s’amusait de la conversation :

— Je pense, dit-elle, que nous ne sommes plus loin ?

— On va voir l’observatoire avant trois minutes, assura Pince Vent.

L’hélico survolait les Alpilles et la grande chaîne barrait l’horizon. »

Extrait de : M. Limat. « Miroirs d’Univers. »

Métro pour l’inconnu par Maurice Limat

Fiche de Métro pour l’inconnu

Titre : Métro pour l’inconnu
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1960
Editeur : Fleuve noir

Première page de Métro pour l’inconnu

« Ce fut une explosion qui réveilla Rigel. Il détestait être ainsi tiré brutalement du sommeil. Dormir… dans ce monde désolé, c’était à peu près tout ce qui lui restait. Comme tous les Xuléens, Rigel grelottait. Parce que la planète Xul mourait de froid.

Rigel ne croyait nullement que les faiseurs de séismes, comme on appelait les ingénieurs qui creusaient désespérément le sol, puissent arriver à sauver la planète.

Il se retourna dans son lit, bâilla, s’étira, déjà de mauvaise humeur pour la journée.

Si on pouvait appeler journée cette période où la voûte blanchâtre, à la fois cotonneuse et métallique qui enveloppait le globe entier de Xul, se trouvait vaguement luminescente pendant la course de l’étoile lointaine qui n’arrivait plus à atteindre le sol de la planète de ses rayons amoindris.

Cela durait depuis des révolutions et des révolutions de Xul autour de son soleil. »

Extrait de : M. Limat. « Métro pour l’Inconnu. »

Methoodias par Maurice Limat

Fiche de Methoodias

Titre : Methoodias
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1965
Editeur : Fleuve noir

Première page de Methoodias

« Le peuple écoutait la voix et regardait l’image.

Cent micros répétaient la voix du dictateur. Et l’image formidable, en reliefcolor, qu’aucun écran ne supportait, montrait un buste géant, à l’échelle d’une montagne, surplombant l’immense esplanade où les hommes du monde d’Harrania s’étaient massés, sur ordre, pour venir l’entendre.

Un colosse impalpable, reflété par les ondes. Un homme de soixante ans, d’une incroyable vitalité, encore très beau avec ses cheveux blancs, son visage rayonnant
d’intelligence et de force.

Le peuple écoutait, avec cette attention silencieuse, lourde et inquiétante, des opprimés.

Jorris Wead, descendant de ces Terriens qui, il y avait un siècle, étaient venus de la planète-patrie située à des centaines d’années de lumière, était maintenant le maître d’Harrania et des neuf lunes qui dansaient alentour de la planète centrale leur éternel ballet.

Il parlait.

La télévision transmettait son discours, dans toutes les villes de la planète et des neuf satellites. »

Extrait de : M. Limat. « Methoodias. »

Metalikus par Maurice Limat

Fiche de Metalikus

Titre : Metalikus
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1969
Editeur : Fleuve noir

Première page de Metalikus

« C’était, sur la planète Terre, la douceur d’un beau crépuscule d’été.

Corinne et Igor, la main dans la main, escaladaient la colline où les arbres fruitiers exhalaient leurs senteurs, tandis que sur les derniers rayons du soleil, des insectes
attardés s’enfuyaient.

— Tu crois que nous le verrons, de là-haut ?

— Sûrement, dit Igor. Je suis déjà venu avec les copains. Par-dessus la vallée, on aperçoit les toits des hangars et la tour de contrôle de l’astrodrome, là-bas, derrière
Palaiseau.

Il gambadait, courant devant sa sœur avec toute la fougue de ses dix-sept ans.

Parvenu, un peu avant elle, à l’orée du petit bois qui dominait, avec la vallée de la Bièvre à ses pieds, il cria, montrant une flèche de feu qui s’élevait :

— Le courrier martien. Regarde !… On le voit bien…

Comme tous les jeunes, il ne rêvait que de voyages spatiaux et bûchait ferme son examen d’entrée à l’EHEI (École des Hautes Études Interplanétaires).

Corinne, légère, mais tout de même moins rapide que son diable de frère, parvenait, elle aussi, au sommet. »

Extrait de : M. Limat. « Metalikus. »

Message des Vibrants par Maurice Limat

Fiche de Message des Vibrants

Titre : Message des Vibrants
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1961
Editeur : Fleuve noir

Première page de Message des Vibrants

« Brigitte jeta un dernier coup d’œil au miroir. Elle inspectait son image avec cette acuité qui n’appartient qu’aux filles de la Terre. Mais sans doute fut-elle assez satisfaite de son examen car elle envoya au reflet le joli sourire de son visage rose, sans fard. Elle n’avait guère besoin de maquillage et, d’ailleurs, le règlement de la CATL (Compagnie Astronautique Terre-Lune) interdisait toute vaine coquetterie aux hôtesses de l’espace.

Avant de quitter sa chambre, elle jeta un regard vers l’astroport. Les rampes immenses brillaient sous le soleil et, dans le ciel, un gigantesque vaisseau spatial lançait les flammes de ses turboréacteurs de freinage, avant de toucher la planète Terre.

— Le courrier de Vénus…

Brigitte était employée sur une ligne infiniment moins grandiose. Seulement la Terre-Lune. Mais elle aimait son métier, exercé depuis un an déjà. Vingt-quatre jeunes filles seulement assuraient le service entre la planète-patrie et son satellite. »

Extrait de : M. Limat. « Message des Vibrants. »

Mandragore par Maurice Limat

Fiche de Mandragore

Titre : Mandragore
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1963
Editeur : Fleuve noir

Première page de Mandragore

« Il n’y avait plus qu’un point rouge qui s’estompait dans l’ombre grise, comme pressé de s’éloigner de ce pays de désolation.

La petite gare s’élevait, sinistre et tristement administrative, sans grâce, inhospitalière et froide. Le lieu pouvait être charmant, au printemps. Mais dans cette brume menaçante, avec cette crainte permanente d’averse…

Le train était loin et le brouillard semblait l’avoir absorbé. La voyageuse tendit son billet au préposé, et traversa le hall d’entrée servant en même temps de salle d’attente. Des tubes de néon jetaient une clarté qui n’arrangeait rien.

Au-delà des carreaux sales, c’était la campagne. Le bourg était loin. Deux, trois kilomètres. Elle ne savait plus.

Il y avait si longtemps…

Un frisson la secoua. Elle pouvait avoir trente-cinq ans, un peu plus peut-être. On la devinait blonde et elle était de celles dont on dit : elle devait être très jolie, à vingt ans. Mais le beau visage était marqué par des stigmates de souffrance. Telle quelle, elle demeurait attirante, désirable même. Elle portait un chapeau ciré, un imperméable, ce qu’il fallait pour voyager par ce temps de pluie. Une petite valise à la main, c’était tout. »

Extrait de : M. Limat. « Mandragore. »

Le livre des contes perdus 2 par John R. R. Tolkien

Fiche de Le livre des contes perdus 2

Titre : Le livre des contes perdus 2 (Tome 2 sur 6 – L’histoire de la Terre du Milieu)
Auteur : John R. R. Tolkien (édition établie par Christopher Tolkien)
Date de parution : 1983
Traduction par : A. Tolkien
Editeur : Christian Bourgeois

Première page de Le livre des contes perdus 2

«  Qui donc fut Tinúviel ? dit Eriol. – Ne le sais-tu pas ? dit Ausir ; Tinúviel était la fille de Tinwë Linto. – Tinwelint », dit Vëannë, mais le premier dit : « C’est du pareil au même, mais les Elfes de cette maison qui aiment le conte disent bien Tinwë Linto, quoique Vairë affirme que Tinwë seul est son nom correct avant qu’il n’errât dans les forêts.

— Fais silence, Ausir, dit Vëannë, car c’est mon conte et je le raconterai à Eriol. N’ai-je pas vu Gwendeling et Tinúviel une fois de mes propres yeux lorsque je voyageais par le Chemin des Rêves en des jours depuis longtemps écoulés ?

— Comment était la Reine Wendelin (car c’est ainsi que les Elfes la nomment), ô Vëannë, si tu la vis ? demanda Ausir.

— Mince à la chevelure très noire, dit Vëannë, et sa peau était blanche et pâle, mais ses yeux brillaient et semblaient profonds, et elle était vêtue d’habits vaporeux très beaux et pourtant de noir, sertis de jais et ceints d’argent. »

Extrait de : J. R. R. Tolkien. « Le Livre des Contes Perdus T2. »

Le livre des contes perdus 1 par John R. R. Tolkien

Fiche de Le livre des contes perdus 1

Titre : Le livre des contes perdus 1 (Tome 1 sur 6 – L’histoire de la Terre du Milieu)
Auteur : John R. R. Tolkien (édition établie par Christopher Tolkien)
Date de parution : 1983
Traduction par : A. Tolkien
Editeur : Christian Bourgeois

Première page de Le livre des contes perdus 1

« Maintenant il se trouva en un temps qu’un voyageur venu de pays lointains, un homme d’une grande curiosité, fut par le désir de pays étranges et d’us et de demeures de peuples inhabituels mené par bateau tant loin à l’ouest que l’Île Solitaire elle-même, Tol Eressëa dans le langage des fées, mais que les Gnomes nomment Dor Faidwen, le Pays de la Libération, et un grand conte s’y rapporte.

Maintenant un jour au bout de longs voyages il vint à l’heure où l’on allumait les lumières du soir à de nombreuses fenêtres au pied d’une colline dans une large plaine boisée. Il se trouvait maintenant près du centre de cette vaste île et avait erré sur ses routes durant bien des jours, s’arrêtant chaque nuit dans telle demeure de gens où il arrivait par hasard, qu’il s’agisse d’un hameau ou d’une ville de bonne taille, vers l’heure du soir où l’on allumait les chandelles. Maintenant à cette heure le désir de nouvelles visions se fait moindre, même chez celui dont le cœur est celui d’un explorateur, et même un fils d’Eärendel tel ce voyageur-ci tourne plutôt ses pensées vers le souper et le repos et la narration de contes avant que n’advienne l’heure du lit et du sommeil. »

Extrait de : J. R. R. Tolkien. « Le Livre des Contes Perdus T1. »

Du conte de fées par John R. R. Tolkien

Fiche de Du conte de fées

Titre : Du conte de fées
Auteur : John R. R. Tolkien
Date de parution : 2017
Traduction par : C. Laferrière
Editeur : Christian Bourgeois

Première page de Du conte de fées

« Je me propose de parler du conte de fées, non sans avoir conscience des risques d’une telle entreprise : la Faërie est un territoire périlleux qui réserve des chausse-trappes aux imprudents et des cachots aux téméraires. Et l’on peut m’estimer téméraire, car bien qu’épris de contes de fées depuis que j’ai appris à lire et bien qu’ayant parfois réfléchi à leur propos, je ne les ai pas étudiés en tant que professionnel. Je n’ai guère été davantage qu’un explorateur (ou un intrus) vagabond dans cette contrée, plein d’émerveillement mais non de savoir.
Le royaume du conte de fées est vaste, profond, élevé et recèle de nombreuses choses : on y trouve toutes sortes d’animaux et d’oiseaux, des mers sans rivages et des étoiles sans nombre, une beauté qui est un enchantement et un péril omniprésent ; joie et peine à la fois, tranchantes comme des épées. Un homme peut s’estimer heureux d’avoir erré dans ce royaume, mais sa richesse et son étrangeté mêmes lient la langue du voyageur qui voudrait les rapporter. »

Extrait de : J. R. R. Tolkien. « Du conte de fées. »