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Le temple des muses par J. M. Roberts

Fiche de Le temple des muses

Titre : Le temple des muses (Tome 4 sur 5 – SPQR)
Auteur : J. M. Roberts
Date de parution : 1992
Traduction : A. Champon
Editeur : 10/18

Première page de Le temple des muses

« Je n’ai jamais fait partie de ceux qui pensent qu’il vaut mieux mourir que de quitter Rome. Du reste, je me suis souvent enfui de Rome afin de rester en vie. Pour moi, toutefois, la vie hors de Rome est comme une sorte de mort, une suspension trans-styxienne du processus de la vie, avec l’impression que tout ce qui compte se passe au loin. Il y a cependant des exceptions. Alexandrie, par exemple.

Je me souviens de ma première rencontre avec la ville comme si c’était hier, alors qu’en fait j’ai oublié ce qui s’est passé hier. Naturellement, lorsqu’on arrivait à Alexandrie par la mer, on ne voyait pas tout de suite la ville. On voyait le Pharos.

C’était, lorsque nous étions encore à une bonne vingtaine de milles, une tache à l’horizon. Nous avions coupé par la mer comme des idiots, plutôt que de longer la côte comme des gens raisonnables. »

Extrait de : J. M. Roberts. « SPQR – Le temple des muses. »

Sacrilège à Rome par J. M. Roberts

Fiche de Sacrilège à Rome

Titre : Sacrilège à Rome (Tome 3 sur 5 – SPQR)
Auteur : J. M. Roberts
Date de parution : 1992
Traduction : A. Champon
Editeur : 10/18

Première page de Sacrilège à Rome

« Je me demande parfois si nous pouvons réellement connaître le passé. Comme les morts n’écrivent pas, l’histoire est racontée par les survivants. Parmi ces derniers, certains ont vécu les événements tandis que d’autres en ont seulement entendu parler. Celui qui raconte ou qui écrit ne relate pas à coup sûr les choses telles qu’elles se sont déroulées, mais plutôt comme elles auraient dû le faire afin de donner une bonne image de l’historien, de ses ancêtres ou de son parti politique.

Autrefois, lors d’un de mes nombreux exils, je fus relégué dans la belle mais ennuyeuse Rhodes. Il n’y a rien à faire sur cette île sinon assister aux cours d’un de ses innombrables instituts d’enseignement. J’optai pour des cours d’histoire parce qu’il n’y en avait pas d’autres cette saison-là hormis la philosophie, que je fuyais comme tout homme sensé. »

Extrait de : J. M. Roberts. « SPQR. – Sacrilège a Rome. »

La République en péril par J. M. Roberts

Fiche de La République en péril

Titre : La République en péril (Tome 2 sur 5 – SPQR)
Auteur : J. M. Roberts
Date de parution : 1991
Traduction : A. Champon
Editeur : 10/18

Première page de La République en péril

« Cet été-là, nous apprîmes la mort de Mithridate. Nous eûmes d’abord peine à y croire. Il représentait depuis si longtemps une épine dans le flanc de Rome que nous avions fini par le considérer comme une puissance naturelle, aussi immuable que le lever du soleil. Seuls les citoyens romains les plus vieux pouvaient se rappeler l’époque où il n’était pas là pour nous empoisonner la vie. En fait, il était mort à un âge avancé, sans amis, quelque part dans le Bosphore cimmérien, alors même qu’il projetait une énième sortie contre Rome pour envahir l’Italie par le Danube. C’était notre ennemi le plus fidèle ; sans aucun doute, il allait nous manquer. »

Extrait de : J. M. Roberts. « SPQR – La République en péril. »

Echec au Sénat par J. M. Roberts

Fiche de Echec au Sénat

Titre : Echec au Sénat (Tome 1 sur 5 – SPQR)
Auteur : J. M. Roberts
Date de parution : 1990
Traduction : A. Champon
Editeur : 10/18

Première page de Echec au Sénat

« Comme chaque matin depuis mon affectation à la commission des Vingt-Six, je reçus le capitaine des vigiles* du quartier dans mon atrium. Je ne suis pas un lève-tôt, et ma charge ne comportait pas d’autre responsabilité. Il faisait toujours nuit et mes clients* ne s’étaient pas encore présentés devant moi. Mes vigiles étaient avachis sur le banc, le dos calé contre le mur de l’atrium, endormis, leur godet de cuir à leurs pieds. Mon vieux janitor* leur versait des coupes de vin aigre, chaud et fumant.

— Pas de feu à signaler, commissaire, déclara le capitaine. Pas dans ce quartier, en tout cas.

— Rendons grâce aux dieux, dis-je. Et ailleurs ? »

Extrait de : J. M. Roberts. « SPQR – Échec au Sénat. »

Le vin de l’été par R. Bradbury

Fiche de Le vin de l’été

Titre : Le vin de l’été
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1957
Traduction : G. Dupont
Editeur : 10/18

Première page de Le vin de l’été

« C’était un matin calme. La ville, drapée par l’obscurité, reposait tranquille dans son lit. L’été s’amoncelait dans l’air du temps. Le vent avait un souffle régulier et le monde respirait à longs traits, profonds et lents. Vous n’aviez qu’à vous lever et vous pencher à votre fenêtre pour en prendre conscience, c’était là réellement le premier instant vrai de liberté et de vie, le premier matin de l’été.
Douglas Spaulding, âgé de douze ans, se réveilla de bonne heure et laissa l’été paresser en lui dans la demi-conscience du matin. Couché dans cette chambre en coupole du troisième étage, il sentit l’immense pouvoir que lui conférait, chevauchant haut le vent de juin, la plus grande tour de la ville. Le soir, lorsque les arbres pleuraient ensemble, il projetait son regard, telle la vive et brusque lueur d’un phare, dans toutes les directions, sur des mers bruissantes d’ormes, de chênes et d’érables.  »

Extrait de : R. Bradbury. « Le vin de l’été. »

Portrait de l’artiste en jeune fou par P. K. Dick

Fiche de Portrait de l’artiste en jeune fou

Titre : Portrait de l’artiste en jeune fou
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1975
Traduction : J. Hérisson
Editeur : 10/18

Première page de Portrait de l’artiste en jeune fou

« Je suis composé d’eau. Personne ne peut s’en apercevoir, parce qu’elle est contenue à l’intérieur. Mes amis sont composés d’eau eux aussi. Tous autant qu’ils sont. Notre problème, c’est que nous devons non seulement circuler sans être absorbés par le sol, mais également gagner notre vie.
En fait, nous avons un problème plus grave encore. Nous ne nous sentons chez nous nulle part. Pourquoi donc ?
Réponse : la Seconde Guerre mondiale.
La Seconde Guerre mondiale a commencé le 7 décembre 1941. J’avais à cette époque seize ans et faisais mes études au lycée de Séville. Dès que j’entendis la nouvelle à la radio, je me rendis compte que j’allais être dans le coup, que notre président tenait là maintenant l’occasion d’écraser les Japs et  »

Extrait de : P. K. Dick. « Portrait de l’artiste en jeune fou. »

Pacific Park par P. K. Dick

Fiche de Pacific Park

Titre : Pacific Park
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1987
Traduction : J.-P. Aoustin
Editeur : 10/18

Première page de Pacific Park

« La voiture, qui roulait à vive allure, dépassa des vaches rassemblées sur la droite, au-delà de l’accotement de la route nationale. D’autres formes brunes, qui se fondaient dans l’ombre d’une grange, étaient étendues un peu plus loin. On distinguait vaguement, sur un côté de la grange, une vieille enseigne Coca-Cola.
Joseph Schilling, assis sur la banquette arrière, sortit sa montre en or de son gousset. Il en ouvrit le couvercle d’un ongle expert et lut l’heure. Il était deux heures quarante de l’après-midi – le torride après-midi californien du milieu de l’été.
— C’est encore loin ? demanda-t-il avec quelque impatience ; il était las du mouvement de la voiture et de ces prairies qui défilaient sans cesse à l’extérieur.
Penché sur le volant, Max grogna sans tourner la tête :
— Dix minutes, peut-être un quart d’heure.
— Tu sais de quoi je parle ? »

Extrait de : P. K. Dick. « Pacific Park. »

La bulle cassée par P. K. Dick

Fiche de La bulle cassée

Titre : La bulle cassée
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1956
Traduction : I. Delord-Philippe
Editeur : 10/18

Première page de La bulle cassée

« Les établissements Looney Luke sont florissants. L’été est là, et Luke est tout disposé, on ne peut plus disposé, à faire affaire avec vous dans ses trois grands garages, tous bourrés d’automobiles. Encore des automobiles, toujours plus d’automobiles… Vous êtes-vous demandé combien peut valoir votre vieille voiture ? Peut-être deux fois plus qu’une Plymouth flambant neuve, une berline Chevrolet à quatre portes ou un break Ford Ranch de luxe personnalisé. Luke fait des affaires sur une grande échelle ces temps-ci, à l’achat comme à la vente. Luke voit grand. Luke est grand !
Avant l’arrivée de Luke, on ne pouvait pas parler de ville. Aujourd’hui, c’est une grande métropole dédiée à l’automobile. Aujourd’hui, tout le monde conduit une DeSoto toute neuve, équipée de vitres et de sièges à commande électrique. Venez voir Luke ! Avant d’émigrer ici, sous le ciel ensoleillé de notre bonne vieille Californie, Luke est né en Oklahoma. Luke est arrivé chez nous en 1946, après notre victoire sur les Japonais. Écoutez son camion sonorisé qui sillonne les rues en montagnes russes.  »

Extrait de : P. K. Dick. « La bulle cassée. »

Puzzles au club des veufs noirs par I. Asimov

Fiche de Puzzles au club des veufs noirs

Titre : Puzzles au club des veufs noirs (Tome 5 sur 5 – Les veufs noirs)
Auteur : I. Asimov
Date de parution : 1990
Traduction : M. Valencia
Editeur 10/18

Première page de Puzzles au club des veufs noirs

« Le quatrième homonyme

— Homonymes ! dit Nicholas Brant.
Il était l’invité de Thomas Trumbull au banquet mensuel des Veufs Noirs. Il était assez grand et il avait des poches étonnamment marquées sous les yeux, malgré une allure relativement jeune par ailleurs. Son visage était étroit et bien rasé et ses cheveux châtains n’avaient pas encore commencé à grisonner.
— Homonymes, dit-il.
— Quoi ? fit Mario Gonzalo d’un air déconcerté.
— Les mots « qui se prononcent pareil », comme vous dites. Le terme approprié est « homonymes ».
— Ah bon ? dit Gonzalo. Comment vous écrivez ça ?
Brant le lui épela.
Emmanuel Rubin jeta à Brant un regard de hibou derrière les verres épais de ses lunettes et dit :
— Il faut excuser Mario, monsieur Brant. Il ne connaît pas bien notre langue. »

Extrait de : I. Asimov. « Les veufs noirs – Puzzles au Club des Veufs Noirs. »

A table avec les veufs noirs par I. Asimov

Fiche d’A table avec les veufs noirs

Titre : A table avec les veufs noirs (Tome 4 sur 5 – Les veufs noirs)
Auteur : I. Asimov
Date de parution : 1984
Traduction : M. Valencia
Editeur 10/18

Première page d’A table avec les veufs noirs

« Soixante millions de milliards de combinaisons

Puisque c’était lui qui ferait office d’hôte au cours de la réunion des Veufs Noirs prévue ce mois-là, Thomas Trumbull, contrairement à son habitude, ne surgit pas à la dernière minute en réclamant son apéritif d’une voix agonisante.
Il était déjà là, étant arrivé dignement avant l’heure, et avec Henry, ce serveur sans égal, il tenait conseil sur les détails du menu, tout en saluant chacun des membres du club au fur et à mesure de leur arrivée.
Mario Gonzalo fut le dernier. Il retira son pardessus léger avec soin, il le secoua doucement, comme s’il voulait le débarrasser de la poussière du taxi, et il le déposa au vestiaire. Il revint en se frottant les mains et dit :
— Il y a une fraîcheur d’automne dans l’air. Je crois que l’été est fini.
— Bon débarras ! s’écria Emmanuel Rubin, qui était en train de converser avec Geoffrey Avalon et  »

Extrait de : I. Asimov. « Les veufs noirs – A table avec les veufs noirs. »