Étiquette : 10/18
Casse-tête au club des veufs noirs par I. Asimov
Fiche de Casse-tête au club des veufs noirs
Titre : Casse-tête au club des veufs noirs (Tome 3 sur 5 – Les veufs noirs)
Auteur : I. Asimov
Date de parution : 1980
Traduction : M. Valencia
Editeur 10/18
Première page de Casse-tête au club des veufs noirs
« LA CROIX DE LORRAINE
En règle générale, Emmanuel Rubin ne laissait jamais la moindre expression de soulagement flotter sur son visage. En effet, il aurait ainsi trahi quelque incertitude ou appréhension préalable, sentiments qu’il pouvait effectivement éprouver, mais qu’il n’était sûrement pas près d’avouer.
Cette fois, cependant, son soulagement ne faisait aucun doute. Ceci se passait au cours d’un banquet mensuel des Veufs Noirs. Rubin faisait office d’hôte et il avait convié un invité. À sept heures vingt, alors que le banquet allait commencer dans dix minutes à peine, son invité finit par arriver.
Rubin s’élança vers lui, tout en veillant à ne pas renverser une goutte de son second verre d’apéritif.
— Messieurs, dit-il en agrippant le bras du nouveau venu, voici mon invité, le Prodigieux Larri… ça s’écrit L-A-R-R-I.
Puis il ajouta à voix basse, au milieu du bourdonnement des « enchanté de faire votre connaissance » : »
Extrait de : I. Asimov. « Les veufs noirs – Casse-tête au Club des Veufs Noirs. »
Retour au club des veufs noirs par I. Asimov
Fiche de Retour au club des veufs noirs
Titre : Retour au club des veufs noirs (Tome 2 sur 5 – Les veufs noirs)
Auteur : I. Asimov
Date de parution : 1976
Traduction : M. Valencia
Editeur 10/18
Première page de Retour au club des veufs noirs
« Quand nul ne les poursuit
Thomas Trumbull prit son air féroce habituel et demanda :
— Monsieur Stellar, comment justifiez-vous votre existence ?
Mortimer Stellar haussa les sourcils de surprise et son regard fit le tour de la table à laquelle étaient assis les six Veufs Noirs qui l’avaient invité pour cette soirée.
— Vous voulez bien répéter ? dit-il.
Avant que Trumbull puisse le faire, Henry, le formidable serveur, s’était approché en silence pour déposer un brandy devant Stellar qui prit le verre en murmurant un « merci » d’un air distrait.
— C’est une question bien simple, dit Trumbull. Comment justifiez-vous votre existence ? »
Extrait de : I. Asimov. « Les veufs noirs – Retour au Club des Veufs Noirs. »
Le club des veufs noirs par I. Asimov
Fiche de Le club des veufs noirs
Titre : Le club des veufs noirs (Tome 1 sur 5 – Les veufs noirs)
Auteur : I. Asimov
Date de parution : 1974
Traduction : M. Valencia
Editeur 10/18
Première page de Le club des veufs noirs
« Le sourire acquisiteur
Ce soir-là, Hanley Bartram était l’invité des Veufs Noirs, qui se réunissaient chaque mois dans leur repaire tranquille, jurant la mort de toute femme qui viendrait les déranger. C’est en tout cas ce qu’ils faisaient en cette nuit-là, chaque mois.
Le nombre des participants était variable : cette fois-ci, ils étaient cinq.
Geoffrey était l’hôte de la soirée. Il était grand, portait une moustache soigneusement taillée et une petite barbe plus blanche que brune, mais ses cheveux n’avaient rien perdu de leur noirceur.
En tant qu’hôte, il se devait de porter le toast rituel qui marquait le commencement du dîner lui-même. D’une voix forte et avec entrain, il dit :
— En hommage au Vieux Roi Cole. Que sa pipe ne s’éteigne jamais, que sa coupe soit toujours pleine, que ses violonistes jouissent toujours d’une bonne santé. Puissions-nous être aussi joyeux que lui pendant toute notre vie. »
Extrait de : I. Asimov. « Les veufs noirs – Le Club Des Veufs Noirs. »
Le boucher de Chicago par R. Bloch
Fiche de Le boucher de Chicago
Titre : Le boucher de Chicago
Auteur : R. Bloch
Date de parution : 1974
Traduction : J. Fillion
Editeur : 10/18
Première page de Le boucher de Chicago
« Le château se dressait dans l’ombre.
Tandis que le fiacre s’éloignait en cahotant sur les pavés, Millie leva les yeux vers les hautes tours. Le château lui rendit son regard. De la tour la plus élevée, deux yeux la fixèrent avec mépris.
— Bah, dit Millie dans un murmure, après tout, ce ne sont jamais que des lumières !
C’était parfaitement exact – le premier imbécile venu s’en serait rendu compte – et cela ne méritait pas de faire tout haut cette constatation. Cependant, comme le claquement des sabots des chevaux s’évanouissait dans la nuit, Millie trouva rassurant le son de sa propre voix.
Elle ne s’était pas attendue à ce que la rue fût si obscure et déserte, et n’avait pas un instant ima- »
Extrait de : R. Bloch. « Le boucher de Chicago. »
Une histoire birmane par G. Orwell
Fiche d’Une histoire birmane
Titre : Une histoire birmane
Auteur : G. Orwell
Date de parution : 1946
Traduction : C. Noël
Editeur : 10/18
Première page d’Une histoire birmane
« U Po Kyin, magistrat sous-divisionnaire à Kyautkada, en Haute-Birmanie, était assis dans sa véranda. Il n’était encore que huit heures et demie du matin, mais en ce mois d’avril, l’air déjà lourd laissait pressentir les longues heures étouffantes de la mi-journée. Une légère brise, qui par contraste semblait fraîche, agitait de temps à autre les orchidées récemment arrosées qui retombaient par-dessus l’avancée du toit. Au-delà des orchidées, on apercevait le tronc poussiéreux et arqué d’un palmier, puis le ciel d’un outremer aveuglant. Au zénith, si haut qu’on ne pouvait les regarder sans en être ébloui, quelques vautours planaient en décrivant de grands cercles. »
Extrait de : G. Orwell. « Une histoire birmane. »
Le quai de Wigan par G. Orwell
Fiche de Le quai de Wigan
Titre : Le quai de Wigan
Auteur : G. Orwell
Date de publication : 1982
Traduction : M. Pétris
Editeur : 10/18
Première page de Le quai de Wigan
« Le premier bruit du matin, c’était le pas des ouvrières et le son de leurs galoches sur la rue pavée. Avant, il y avait, sans doute, les sifflets d’usine, mais je n’étais pas réveillé pour les entendre.
Nous étions la plupart du temps quatre à dormir dans cette chambre — et l’endroit était véritablement sinistre, avec cet air de précarité honteuse que l’on retrouve dans tous les lieux détournés après coup de leur destination première. Bien des années avant, la maison avait été une maison d’habitation comme tant d’autres. Mais, en la reprenant pour en faire une pension de famille et boutique de tripier, les Brooker avaient hérité de tout un bric-à-brac dont ils n’avaient jamais eu le cœur de se débarrasser. Nous couchions donc dans ce qui avait jadis été, selon toute évidence, un salon. Du plafond pendait un pesant lustre en verre disparaissant presque sous »
Extrait de : G. Orwell. « Le Quai de Wigan. »
Hommage à la Catalogne par G. Orwell
Fiche d’Hommage à la Catalogne
Titre : Hommage à la Catalogne
Auteur : G. Orwell
Date de parution : 1936
Traduction : Y. Davet
Editeur : 10/18
Première page d’Hommage à la Catalogne
« Dans la caserne Lénine, à Barcelone, la veille de mon engagement dans les milices, je vis, debout devant la table des officiers, un milicien italien.
C’était un jeune homme de vingt-cinq ou vingt-six ans, de forte carrure, les cheveux d’un jaune roussâtre, l’air inflexible. Il portait sa casquette à visière de cuir farouchement inclinée sur l’œil. Je le voyais de profil : le menton touchant la poitrine, les sourcils froncés comme devant un casse-tête, il contemplait la carte que l’un des officiers avait dépliée sur la table. Quelque chose en ce visage m’émut profondément. C’était le visage de qui est capable de commettre un meurtre et de donner sa vie pour un ami, le genre de visage qu’on s’attend à voir à un anarchiste – encore que cet homme fût peut-être bien un communiste. Il reflétait, ce visage, la bonne foi en même temps que la férocité, et ce pathétique respect aussi, que les illettrés vouent à ceux qui sont censés leur être supérieurs. On voyait »
Extrait de : G. Orwell. « Hommage à la Catalogne. »
Dans la dèche à Paris et à Londres par G. Orwell
Fiche de Dans la dèche à Paris et à Londres
Titre : Dans la dèche à Paris et à Londres
Auteur : G. Orwell
Date de parution : 1982
Traduction : M. Pétris
Editeur : 10/18
Première page de Dans la dèche à Paris et à Londres
« Rue du Coq-d’Or, Paris, sept heures du matin. Une succession de cris furieux, perçants, en provenance de la rue. Madame Monce, qui tient le petit hôtel situé juste en face du mien, apostrophe une locataire du troisième. Elle est campée sur le trottoir, pieds nus dans ses sabots, mèches grises en bataille.
MADAME MONCE. – Salope ! Salope ! Combien de fois que je t’ai dit de pas écraser les punaises sur la tapisserie ? Tu t’imagines peut-être que l’hôtel est à toi ? Tu peux pas les flanquer par la fenêtre, comme tout le monde ? Putain, salope !
LA LOCATAIRE DU TROISIÈME. – Vieille vache ! Cet échange d’aménités est salué par un concert de hurlements discordants. Les fenêtres s’ouvrent à la volée et la moitié de la rue joint sa voix au débat. Dix minutes plus tard, le tapage s’interrompt comme par magie. Un escadron de cavalerie passe et tout le monde s’arrête de brailler pour le suivre du regard.
Je rapporte cette scène à seule fin de faire passer un peu de l’atmosphère qui règne rue du Coq-d’Or. Non que tout s’y résumât en querelles et chamailles, mais le fait est qu’on voyait rarement venir le bout d’une matinée sans que ne se produise un éclat de ce genre. Prises de bec, plainte rituelle des marchands »
Extrait de : G. Orwell. « Dans la dèche à Paris et à Londres. »