Étiquette : Albaret-Maatsch

 

Trois contes très racontables par M. Atwood

Fiche de Trois contes très racontables

Titre : Trois contes très racontables
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2017
Traduction : M. Albaret-Maatsch
Editeur : Seghers

Sommaire de Trois contes très racontables

  • Ramsay le rustre et les radis rugissants
  • Bob le bileux et Dorinda la déprimée
  • Vanda la vagabonde et la vertigineuse Laverie de la veuve Vallop

Première page de Ramsay le rustre et les radis rugissants

« Ramsay le rustre résidait dans une résidence rectangulaire en ruine dotée d’un toit-terrasse, d’une resserre à racines et d’une porte à tambour. Un rempart roulait sur la rampe droite de cette retraite ravagée.
Résidant avec Ramsay le rustre, un réel rouquin, il y avait ses proches révoltants. Ron, Rollo et Ruby. Rondelets mais robustes, ces derniers se régalaient de rhum ou se relaxaient dans leurs rocking-chairs, en se repassant sans relâche des ribambelles de rock’n’roll rétro. C’était relativement rigoureux.
Pendant que Ron regardait les résultats des courses, Ruby et Rollo rissolaient régulièrement les repas. Ils faisaient revenir du riz, des raisins secs, des rutabagas et du rhinocéros. Ils rabattaient des reptiles avec un rouleau à pâtisserie. »

Extrait de : M. Atwood. « Trois contes très racontables. »

Le tueur aveugle par M. Atwood

Fiche de Le tueur aveugle

Titre : Le tueur aveugle
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2000
Traduction : M. Albaret-Maatsch
Editeur : Robert Laffont

Première page de Le tueur aveugle

« Dix jours après la fin de la guerre, ma sœur Laura se jeta d’un pont au volant d’une voiture. Le pont était en réfection : elle continua tout droit, malgré le panneau Danger. La voiture décrivit une chute de trente mètres dans le ravin, s’écrasa sur la cime des arbres couverts de feuilles nouvelles et prit feu avant de poursuivre sa chute jusqu’au petit cours d’eau tout au fond. Des éléments du pont s’abattirent dessus. Hormis des débris calcinés, il ne resta pas grand-chose de ma sœur.

J’appris l’accident par un policier la voiture m’appartenait et la plaque d’immatriculation leur avait permis de remonter jusqu’à moi. Il s’exprimait sur un ton respectueux – il avait certainement reconnu le nom de Richard. »

Extrait de : M. Atwood. « Le Tueur Aveugle. »

Graine de sorcière par M. Atwood

Fiche de Graine de sorcière

Titre : Graine de sorcière
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2016
Traduction : M. Albaret-Maatsch
Editeur : Robert Laffont

Première page de Graine de sorcière

« Felix se brosse les dents. Puis il se brosse les autres, les fausses, et les remet en place. Il a beau appliquer une bonne couche de crème adhésive, elles tiennent mal ; peut-être que sa bouche rétrécit. Il sourit : sourire illusoire. Simulacre, duperie, mais qui le remarquera ?
Avant, il aurait appelé son dentiste pour prendre rendez-vous, et il aurait eu droit à une luxueuse chaise en similicuir, à un visage attentif exhalant le bain de bouche mentholé, à des mains expertes maniant des instruments étincelants. Ah, je vois le problème. Ne vous inquiétez pas, on va vous arranger ça. Pareil que quand on va faire réviser sa bagnole. Peut-être même qu’il aurait eu le privilège d’avoir de la musique dans ses écouteurs et un cachet pour l’assommer à moitié. »

Extrait de : M. Atwood. « Graine de sorcière. »

Captive par M. Atwood

Fiche de Captive

Titre : Captive
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 1996
Traduction : M. Albaret-Maatsch
Editeur : Robert Laffont

Première page de Captive

« Entre les gravillons poussent des pivoines. Elles surgissent à travers le tapis de cailloux gris, tandis que leurs boutons, pareils à des yeux d’escargot, sondent l’air, se gonflent, puis s’ouvrent en d’énormes fleurs rouge sombre, brillantes et lustrées comme du satin. Ensuite, elles se défont brutalement et tombent par terre.

Durant cet instant unique où elles vont se défaire, elles ressemblent aux pivoines du jardin de devant de M. Kinnear, le premier jour, sauf que celles-là étaient blanches. Nancy était en train de les cueillir. Elle portait une robe claire semée de boutons de rose roses avec une jupe à triples volants et une capote de paille qui lui cachait la figure. Elle tenait un panier à fond plat où elle mettait les fleurs ; elle se penchait en inclinant le buste, comme une dame, en restant bien raide. Quand elle nous entendit et qu’elle se tourna pour voir ce qu’il se passait, elle porta la main à sa gorge comme si elle était surprise. »

Extrait de : M. Atwood. « Captive. »

C’est le coeur qui lâche en dernier par M. Atwood

Fiche de C’est le coeur qui lâche en dernier

Titre : C’est le coeur qui lâche en dernier
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2015
Traduction : M. Albaret-Maatsch
Editeur : Robert Laffont

Première page de C’est le coeur qui lâche en dernier

« Dans la Honda, ils sont serrés pour dormir. Déjà que c’était pas un palace à la base, vu qu’ils l’ont achetée d’occasion… Si c’était un van, ils auraient davantage de place, mais tu parles qu’ils auraient pu s’en payer un, même à l’époque où ils pensaient avoir de l’argent. Stan dit qu’ils ont déjà de la veine d’avoir cette caisse, ce qui est vrai, n’empêche, ce n’est pas pour ça qu’ils sont un tant soit peu plus à l’aise.
Charmaine estime que Stan devrait dormir à l’arrière parce qu’il a besoin de plus de place – ce ne serait que justice, il est plus grand –, or il doit être devant pour lever le camp rapidement en cas d’urgence. Il ne fait pas confiance aux réactions de Charmaine dans ces circonstances : d’après lui, elle serait trop occupée à hurler pour conduire. Charmaine peut donc profiter de l’espace plus spacieux derrière, même si elle aussi est obligée de se recroqueviller comme un escargot, parce qu’elle ne peut pas vraiment étendre les jambes. »

Extrait de : M. Atwood. « C’est le cœur qui lâche en dernier. »

Les testaments par M. Atwood

Fiche de Les testaments

Titre : Les testaments (Tome 2 sur 2 – La servante écarlate)
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2019
Traduction : M. Albaret-Maatsch
Editeur : Robert Laffont

Première page de Les testaments

« Seuls les morts ont droit à une statue, mais on m’en a élevé une de mon vivant. Me voici pétrifiée avant l’heure.

Cette statue constituait un modeste témoignage de reconnaissance pour mes multiples contributions, pour reprendre la citation qu’a lue Tante Vidala à haute voix. Cette tâche que nos supérieurs lui avaient confiée était loin de lui plaire. J’ai remercié Tante Vidala avec toute l’humilité que j’ai pu mobiliser, puis j’ai tiré sur la corde et dégagé le drap qui me dissimulait ; il est tombé à terre en tourbillonnant, et je me suis dressée devant tous. Ici, à Ardua Hall, nous ne pratiquons pas les acclamations, mais j’ai eu droit à quelques applaudissements discrets. J’ai incliné la tête en guise de salut.

Ma statue est plus grande que nature, c’est souvent le cas chez les statues, et me représente plus jeune, plus mince et en meilleure forme que je ne le suis depuis quelque temps. Je me tiens droite, les épaules rejetées en arrière, et mes lèvres affichent un sourire assuré mais bienveillant. »

Extrait de : M. Atwood. « Les Testaments – La servante écarlate. »

Le dernier homme par M. Atwood

Fiche de Le dernier homme

Titre : Le dernier homme (Tome 1 sur 3 – Le dernier homme)
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2003
Traduction : M. Albaret-Maatsch
Editeur : 10 / 18

Première page de Le dernier homme

« Snowman se réveille avant l’aube. Immobile, il écoute la marée montante et les vagues qui déferlent, l’une après l’autre, et franchissent divers obstacles, flish-flish, flish-flish, au rythme des battements d’un cœur. Il aimerait tant se croire encore endormi.
La ligne d’horizon, à l’est, baigne dans une brume grisâtre teintée d’une lueur rosée, funeste. Curieux la douceur que cette couleur affiche encore. Elle sert de toile de fond aux silhouettes sombres des tours offshore qui émergent comme irréelles du rose et du bleu pâle du lagon. Les criailleries des oiseaux nichant là et le ressac de l’océan au loin dans les ersatz de récifs formés de pièces de voiture rouillées, de briques en vrac et de décombres assortis rappellent presque le bruit de la circulation les jours de congé.
Il consulte machinalement sa montre – boîtier en acier inoxydable et bracelet en aluminium poli encore brillants alors qu’elle ne marche plus. »

Extrait de : M. Atwood. « Le dernier homme – Le dernier homme. »