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La vie avant l’homme par M. Atwood

Fiche de La vie avant l’homme

Titre : La vie avant l’homme
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 1979
Traduction : M. Véron
Editeur : Robert Laffont

Première page de La vie avant l’homme

« Je ne sais pas comment je devrais vivre. Je ne sais pas comment on devrait vivre. Je sais seulement comment je vis. Je vis comme un escargot privé de sa coquille. Et ce n’est pas un moyen de gagner de l’argent.

Je veux qu’on me rende ma coquille, j’ai mis assez longtemps à la fabriquer. Tu l’as emportée, où que tu sois désormais. Tu as bien su me l’ôter. Je veux une coquille comme une robe à sequins, faite de piécettes argentées et de dollars se chevauchant comme les écailles d’une armadille. L’arme à gauche. Imperméable ; comme un ciré breton.

Je voudrais bien n’avoir pas à penser à toi. Tu as voulu m’impressionner ; eh bien je ne suis pas impressionnée, seulement écœurée. C’était dégoûtant de faire cela. Et puéril. Et idiot. Comme de fracasser une poupée dans un moment de fureur, mais toi, c’est ta tête que tu as fracassée. »

Extrait de : M. Atwood. « La vie avant l’homme. »

L’oeuf de Barbe-bleue par M. Atwood

Fiche de L’oeuf de Barbe-bleue

Titre : L’oeuf de Barbe-bleue
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 1983
Traduction : H. Filion
Editeur : Libre expression

Sommaire de L’oeuf de Barbe-bleue

  • Quelques épisodes importants dans la vie de ma mère
  • L’ouragan Hazel
  • Loulou ; ou la vie domestique du langage
  • Vilaine chatte
  • Betty
  • L’oeuf de Barbe-bleue
  • Le chant printanier des grenouilles
  • Les ibis rouges
  • Le jardin de sel
  • La mange-péchés
  • Le lever du soleil
  • Suite sous-terrienne

Première page de L’ouragan Hazel

« L’été de mes quatorze ans, nous vivions dans une cabane d’une seule pièce, sur une concession de terre en friche d’une cinquantaine d’hectares. Le chalet était entouré d’un bouquet de grands et vieux érables laissés là au moment du défrichage. La lumière y filtrait en faisceaux, comme sur les images de l’école du dimanche, il y avait longtemps de cela, quand des chevaliers à la recherche du Graal, heaumes relevés et yeux limpides, regardaient vers le ciel. C’est probablement pour ces arbres que mes parents avaient acheté la terre, car s’ils ne l’avaient pas fait, quelqu’un d’autre l’aurait achetée et aurait vendu les arbres. C’était le genre de chose dont mes parents avaient pris l’habitude. »

Extrait de : M. Atwood. « L’œuf de Barbe-Bleue. »

L’odyssée de Pénélope par M. Atwood

Fiche de L’odyssée de Pénélope

Titre : L’odyssée de Pénélope
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2005
Traduction : L. Saint-Martin, P. Gagné
Editeur : Robert Laffont

Première page de L’odyssée de Pénélope

« Dans la vie, tout est question de point de vue : c’est souvent celui qui raconte l’histoire qui emporte le morceau car, en l’absence de récit contradictoire, on est bien obligé de le croire sur parole.
Et c’est ainsi que, depuis vingt-neuf siècles, un homme se taille la part du lion dans l’une des plus grandes épopées qui soient : l’Odyssée. Non qu’Ulysse, puisqu’il s’agit de lui, soit toujours le narrateur. Mais quand il l’est, égrenant par le menu la liste de ses exploits à ses hôtes ébahis, quel festival d’autocélébration ! Sa victoire sur l’horrible Polyphème, le cyclope mangeur d’hommes ? C’est grâce à sa ruse, à son génie, à sa vaillance ! La délivrance de ses compagnons changés en porcs par l’ensorceleuse Circé ? »

Extrait de : M. Atwood. « L’Odyssée de Pénélope. »

J’ai faim de toi par M. Atwood

Fiche de J’ai faim de toi

Titre : J’ai faim de toi
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2018
Traduction : P. Dusoulier
Editeur : Robert Laffont

Première page de J’ai faim de toi

« Stan ouvre le grand casier vert et y range les vêtements qu’il a portés : les shorts, les tee-shirts, les jeans, les tenues d’été. Il ne va pas les remettre avant un moment : quand il reviendra ici, la saison chaude sera probablement terminée, et il passera aux pulls en polaire. Il aura moins à s’occuper de la pelouse, ce qui est un plus. La pelouse sera quand même en piteux état… Il y a des gens qui n’ont pas le sens des pelouses. Ils les laissent se transformer en paillassons et se dessécher, et alors les fourmis jaunes s’y mettent, et ça demande un sacré boulot pour rattraper tout ça. S’il était ici tout le temps, il pourrait maintenir la pelouse en parfait état. Mais les choses étant ce qu’elles sont, il est constamment en mode réparation.Ses vêtements ont tous été lavés et soigneusement pliés. Sa femme, Charmaine, a fait la lessive en dernier, avant de prendre son scooter pour se rendre au quartier des femmes de Positron. »

Extrait de : M. Atwood. « J’ai faim de toi. »

Graine de sorcière par M. Atwood

Fiche de Graine de sorcière

Titre : Graine de sorcière
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2016
Traduction : M. Albaret-Maatsch
Editeur : Robert Laffont

Première page de Graine de sorcière

« Felix se brosse les dents. Puis il se brosse les autres, les fausses, et les remet en place. Il a beau appliquer une bonne couche de crème adhésive, elles tiennent mal ; peut-être que sa bouche rétrécit. Il sourit : sourire illusoire. Simulacre, duperie, mais qui le remarquera ?
Avant, il aurait appelé son dentiste pour prendre rendez-vous, et il aurait eu droit à une luxueuse chaise en similicuir, à un visage attentif exhalant le bain de bouche mentholé, à des mains expertes maniant des instruments étincelants. Ah, je vois le problème. Ne vous inquiétez pas, on va vous arranger ça. Pareil que quand on va faire réviser sa bagnole. Peut-être même qu’il aurait eu le privilège d’avoir de la musique dans ses écouteurs et un cachet pour l’assommer à moitié. »

Extrait de : M. Atwood. « Graine de sorcière. »

Captive par M. Atwood

Fiche de Captive

Titre : Captive
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 1996
Traduction : M. Albaret-Maatsch
Editeur : Robert Laffont

Première page de Captive

« Entre les gravillons poussent des pivoines. Elles surgissent à travers le tapis de cailloux gris, tandis que leurs boutons, pareils à des yeux d’escargot, sondent l’air, se gonflent, puis s’ouvrent en d’énormes fleurs rouge sombre, brillantes et lustrées comme du satin. Ensuite, elles se défont brutalement et tombent par terre.

Durant cet instant unique où elles vont se défaire, elles ressemblent aux pivoines du jardin de devant de M. Kinnear, le premier jour, sauf que celles-là étaient blanches. Nancy était en train de les cueillir. Elle portait une robe claire semée de boutons de rose roses avec une jupe à triples volants et une capote de paille qui lui cachait la figure. Elle tenait un panier à fond plat où elle mettait les fleurs ; elle se penchait en inclinant le buste, comme une dame, en restant bien raide. Quand elle nous entendit et qu’elle se tourna pour voir ce qu’il se passait, elle porta la main à sa gorge comme si elle était surprise. »

Extrait de : M. Atwood. « Captive. »

C’est le coeur qui lâche en dernier par M. Atwood

Fiche de C’est le coeur qui lâche en dernier

Titre : C’est le coeur qui lâche en dernier
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2015
Traduction : M. Albaret-Maatsch
Editeur : Robert Laffont

Première page de C’est le coeur qui lâche en dernier

« Dans la Honda, ils sont serrés pour dormir. Déjà que c’était pas un palace à la base, vu qu’ils l’ont achetée d’occasion… Si c’était un van, ils auraient davantage de place, mais tu parles qu’ils auraient pu s’en payer un, même à l’époque où ils pensaient avoir de l’argent. Stan dit qu’ils ont déjà de la veine d’avoir cette caisse, ce qui est vrai, n’empêche, ce n’est pas pour ça qu’ils sont un tant soit peu plus à l’aise.
Charmaine estime que Stan devrait dormir à l’arrière parce qu’il a besoin de plus de place – ce ne serait que justice, il est plus grand –, or il doit être devant pour lever le camp rapidement en cas d’urgence. Il ne fait pas confiance aux réactions de Charmaine dans ces circonstances : d’après lui, elle serait trop occupée à hurler pour conduire. Charmaine peut donc profiter de l’espace plus spacieux derrière, même si elle aussi est obligée de se recroqueviller comme un escargot, parce qu’elle ne peut pas vraiment étendre les jambes. »

Extrait de : M. Atwood. « C’est le cœur qui lâche en dernier. »

Les testaments par M. Atwood

Fiche de Les testaments

Titre : Les testaments (Tome 2 sur 2 – La servante écarlate)
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2019
Traduction : M. Albaret-Maatsch
Editeur : Robert Laffont

Première page de Les testaments

« Seuls les morts ont droit à une statue, mais on m’en a élevé une de mon vivant. Me voici pétrifiée avant l’heure.

Cette statue constituait un modeste témoignage de reconnaissance pour mes multiples contributions, pour reprendre la citation qu’a lue Tante Vidala à haute voix. Cette tâche que nos supérieurs lui avaient confiée était loin de lui plaire. J’ai remercié Tante Vidala avec toute l’humilité que j’ai pu mobiliser, puis j’ai tiré sur la corde et dégagé le drap qui me dissimulait ; il est tombé à terre en tourbillonnant, et je me suis dressée devant tous. Ici, à Ardua Hall, nous ne pratiquons pas les acclamations, mais j’ai eu droit à quelques applaudissements discrets. J’ai incliné la tête en guise de salut.

Ma statue est plus grande que nature, c’est souvent le cas chez les statues, et me représente plus jeune, plus mince et en meilleure forme que je ne le suis depuis quelque temps. Je me tiens droite, les épaules rejetées en arrière, et mes lèvres affichent un sourire assuré mais bienveillant. »

Extrait de : M. Atwood. « Les Testaments – La servante écarlate. »

La servante écarlate par M. Atwood

Fiche de La servante écarlate

Titre : La servante écarlate (Tome 1 sur 2 – La servante écarlate)
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 1985
Traduction : S. Rué
Editeur : Robert Laffont

Première page de La servante écarlate

« Nous dormions dans ce qui fut autrefois le gymnase. Le sol était en bois verni, avec des lignes et des cercles tracés à la peinture, pour les jeux qui s’y jouaient naguère ; les cerceaux des paniers de basket-ball étaient encore en place, mais les filets avaient disparu. Un balcon courait autour de la pièce, pour recevoir le public, et je croyais sentir, ténue comme une image persistante, une odeur âcre de sueur transpercée par les effluves sucrés de chewing-gum et de parfum que dégageaient les jeunes spectatrices, que les photographies me montraient en jupes de feutrine, plus tard en minijupes, ensuite en pantalons, puis parées d’une unique boucle d’oreille, les cheveux en épi, striés de vert. »

Extrait de : M. Atwood. « La servante écarlate – La servante écarlate. »

Madaddam par M. Atwood

Fiche de Madaddam

Titre : Madaddam (Tome 3 sur 3 – Le dernier homme)
Auteur : Margaret Atwood
Date de parution : 2013
Traduction : P. Dusoulier
Editeur : Robert Laffont

Première page de Madaddam

« Quand l’histoire commence, Snowman habite dans un arbre au bord de la mer. Il croit être le seul véritable humain survivant après qu’une pandémie létale a balayé la planète. Non loin de là vivent les Enfants de Crake, une espèce humanoïde douce et pacifique, biogénétiquement créée par le brillantissime Crake, autrefois le meilleur ami de Snowman et son rival auprès de sa bien-aimée, la belle et énigmatique Oryx.
Les Crakers sont exempts de jalousie sexuelle, de cupidité, de vêtements et du besoin d’ingérer des protéines animales ou d’utiliser des insectifuges – tous facteurs que Crake tenait pour responsables non seulement des malheurs de l’humanité, mais aussi de la dégradation de la planète. Les Crakers s’accouplent de manière saisonnière, lorsque certaines parties de leur corps virent au bleu. »

Extrait de : M. Atwood. « MaddAddam – Le dernier homme. »