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Le réveil des hommes blancs par Christian Léourier

Fiche de Le réveil des hommes blancs

Titre : Le réveil des hommes blancs
Auteur : Christian Léourier
Date de parution : 2013
Editeur : Bélial

Première page de Le réveil des hommes blancs

« D’abord, le rythme sourd d’un ressac. Mon cœur s’est remis à battre. Déchirure des écales. Bruit mat de la chair qui glisse au sol. Le sol : une surface molle et froide sous mon dos. Petit à petit je reprends possession de mon corps. Si mes poumons et ma gorge me le permettaient, je pousserais un long hurlement. Toute naissance est douleur.

Edeg aimait entendre le chant du grain ruisselant du silo vers la remorque du fardier. Ce chargement n’était pas programmé. Dahast, constatant qu’il restait de la place dans les cuves de la chenille, avait consenti un détour pour venir en compléter le niveau. En réalité, il s’était donné ce prétexte pour rendre visite à un vieil ami avant de rejoindre la base. Bien que de caractères différents, les deux hommes s’appréciaient.  »

Extrait de : C. Léourier. « Le Réveil Des Hommes Blancs.  »

La longue patience de la forêt par Christian Léourier

Fiche de La longue patience de la forêt

Titre : La longue patience de la forêt
Auteur : Christian Léourier
Date de parution : 2019
Editeur : Bélial

Première page de La longue patience de la forêt

«  Oublie, ça vaut mieux », dit Dalken.

Oublier un rêve ? On peut, au pire, y renoncer. Mais oublier !

« À supposer que quelque chose existe au-delà de la terre des morts… »

À supposer ? Pour lui, c’est une certitude. Ils l’ont dit à Erg. Ils lui ont montré des images de l’autre forêt. Les visages d’autres hommes.

«… personne ne l’a jamais franchie.

– Qu’en sais-tu ? se rebiffe Kred. Erg…

– Ton grand-père était un fou, dont les os ont dû blanchir à quelques lancers d’ici.

– Tu n’en sais rien, s’entête le gamin. Peut-être a-t-il réussi.

– Dans ce cas, pourquoi n’est-il pas revenu nous raconter sa découverte ? S’il avait pu passer dans un sens, il pouvait le faire dans l’autre, non ?   »

Extrait de : C. Léourier. « La Longue Patience de la forêt. »

Je vous ai donné toute l’herbe par Christian Léourier

Fiche de Je vous ai donné toute l’herbe

Titre : Je vous ai donné toute l’herbe
Auteur : Christian Léourier
Date de parution : 2022
Editeur : Bélial

Première page de Je vous ai donné toute l’herbe

« Même sans le secours du traceur individuel de Dan, l’unité n’aurait éprouvé aucune difficulté à le localiser. Elle le trouva sans surprise le dos calé contre un rocher enluminé par le lichen, les pieds appuyés sur deux pierres émergeant de la mousse, face à la désolation ocre de l’Extérieur. Il ne bougeait pas. On aurait pu croire qu’il dormait pour se reposer de la longue marche qui l’avait mené jusqu’ici. Ce n’était pas le cas : ses yeux demeuraient grands ouverts. Sans doute, le regard perdu dans le vague, ruminait-il une de ses innombrables questions. Depuis sa plus tendre enfance, Dan avait un don pour les spéculations qu’il ne savait pas résoudre. De ce point de vue, l’adolescence n’avait rien arrangé, au contraire.
Pour atteindre les Confins en partant de la Structure, il avait traversé tour à tour le Jardin, puis la futaie, la savane, la prairie et enfin l’épais tapis de mousse verte qui, ceinturant la Zone, constituait l’avant-garde de la conquête. »

Extrait de : C. Léourier. « Je vous ai donné toute herbe. »

Helstrid par Christian Léourier

Fiche de Helstrid

Titre : Helstrid
Auteur : Christian Léourier
Date de parution : 2019
Editeur : Bélial

Première page de Helstrid

« Parfois, Vic s’interrogeait : pourquoi diable avait-il échoué sur Helstrid ? Il reconnaissait sans vergogne avoir, comme tous les volontaires qui s’y étiolaient, succombé à l’appât du gain: cinq années d’activité sur la base, temps terrestre, permettait d’engranger plus qu’il aurait touché dans une vie sur la Terre, à supposer qu’il ait déniché un emploi un tant soit peu durable. Il lui arrivait aussi de s’inventer des mobiles plus nobles : la curiosité, l’appel de l’aventure, l’exaltant sentiment d’appartenir à l’élite qui participait à l’expansion de l’espèce humaine, en somme tout ce ronflant galimatias qui nourrit les campagnes de recrute-ment et les discours
officiels, ce vernis si chatoyant qu’on finissait par y souscrire en toute bonne foi à défaut de lucidité. »

Extrait de : C. Léourier. « Helstrid. »

L’aventure de la cité ultime par Sylvie Denis

Fiche de L’aventure de la cité ultime

Titre : L’aventure de la cité ultime
Auteur : Sylvie Denis
Date de parution : 2012
Editeur : Bélial

Première page de L’aventure de la cité ultime

« Même sans consulter mes notes, je me souviens de cet hiver-là. À la mi-janvier, un froid sibérien s’installa sur Londres avec, semblait-il, l’intention de persister jusqu’à ce qu’ours polaires et loups des steppes viennent prendre leurs quartiers dans nos parcs. N’exerçant pas encore, je restais au coin du feu et me réjouissais de ne pas avoir à suivre Sherlock Holmes dans les rues polies par le verglas et récurées par le vent.

Pensée que je ne tardai pas à regretter.

Depuis deux semaines, Holmes installait chaque matin sa longue silhouette dans son fauteuil, devant la table du petit déjeuner, avalait une bouchée d’œufs au bacon et deux gorgées de café, puis lisait les journaux et les jetait loin de lui avec un soupir exaspéré. »

Extrait de : S. Denis. « L’Aventure de la cité ultime. »

Les escargots se cachent pour mourir par M. Pagel

Fiche de Les escargots se cachent pour mourir

Titre : Les escargots se cachent pour mourir
Auteur : Michel Pagel
Date de parution : 2003
Editeur : Bélial

Première page de Les escargots se cachent pour mourir

« Comme d’habitude, j’étais sous la douche lorsque le téléphone sonna. Je m’aspergeai vivement pour chasser le savon qui me recouvrait et reposai le pommeau au fond du bac. Quand je me redressai, mon crâne frappa avec un bruit harmonieux la tablette de céramique où aurait dû se trouver ma savonnette.

Je posai le pied sur le carrelage humide de la salle de bains en me frottant vigoureusement la tête. Je me rendis alors compte que j’avais oublié de rincer le shampooing. Une brûlure désagréable envahit mes yeux que je fermai illico. Voilà sans doute pourquoi je ne remarquai pas la savonnette tombée par terre, posai le pied dessus, partis en arrière et me retrouvai sur les fesses après avoir exécuté un splendide saut périlleux.

La journée commençait mal. »

Extrait de : M. Pagel. « Les Escargots se cachent pour mourir. »

La maison des soleils par A. Reynolds

Fiche de La maison des soleils

Titre : La maison des soleils (Tome 2 sur 2 – Maison des soleils)
Auteur : A. Reynolds
Date de parution : 2008
Traduction : P.-P. Durastanti
Editeur : Bélial

Première page de La maison des soleils

« J’ai vu le jour dans une maison d’un million de pièces, bâtie sur un petit monde dépourvu d’air aux confins d’un empire de lumière et de négoce que les adultes appelaient l’Heure d’or, pour une raison qui m’échappait.

J’étais alors une fille, un individu unique du nom d’Abigail Gentian.

Durant les trente années de mon enfance, je n’ai guère vu qu’une fraction de cette vaste demeure pleine de coins et de recoins en constante évolution. Même si j’ai grandi et gagné le droit d’aller où il me plaisait, je ne pense pas en avoir exploré plus d’un centième. J’étais intimidée par les longs couloirs austères de verre miroir, les escaliers en colimaçon issus des caveaux obscurs que même les grandes personnes évitaient, les pièces et les salles réputées — même si les adultes et les domestiques n’en parlaient jamais — hantées ou du moins peu propices à davantage qu’une occupation éphémère. »

Extrait de : A. Reynolds. « La Maison des soleils. »

Mademoiselle Belle par L. Kloetzer

Fiche de Mademoiselle Belle

Titre : Mademoiselle Belle
Auteur : Laurent Kloetzer
Date de parution : 2012
Editeur : Bélial

Première page de Mademoiselle Belle

« Mademoiselle Belle
donne son salut à Monsieur de K.
Le 6e jour du 2e mois de l’été

Monsieur,

Vous ne savez pas qui je suis, j’en ai peur et croyez que je le regrette. Par contre, j’ai moi-même l’honneur de vous connaître un peu… j’ai lu vos livres.

Aussi, je me sens dans l’obligation de porter à votre connaissance un fait qui ne manquera pas d’éveiller votre intérêt.

J’ai appris, il y a peu, une affaire vous concernant ainsi que Mademoiselle C* qui pourrait vous causer quelques ennuis au cas où Monsieur ou Madame C* viendrait à en prendre connaissance.

Cela serait pour tous une chose regrettable, je vais donc tenter d’endiguer tout début de rumeur à ce sujet et j’aurai ainsi la grande joie de vous avoir rendu un service. Peut-être aurez-vous la gentillesse de bien vouloir m’aider à votre tour ? »

Extrait de : L. Kloetzer. « Mademoiselle Belle. »

La confirmation par L. Kloetzer

Fiche de La confirmation

Titre : La confirmation
Auteur : Laurent Kloetzer
Date de parution : 2016
Editeur : Bélial

Première page de La confirmation

« Un épi de blé noir sur fond rouge. L’épi s’étirait en amande pointue, on ne pouvait s’empêcher de penser à la lame d’une épée. Sable sur lit de gueule, Merlin ne connaissait pas les mots, il ne savait rien de l’héraldique, il ne savait rien du monde. Le dessin très stylisé se trouvait sur un rectangle de tissu synthétique, un drapeau attaché à la lance d’un equites abattu.

En voyant le dessin au bout de la lance couchée de ce garçon que Marie, la sage Marie avait allongé d’une balle en pleine tête, il se souvient d’avoir formulé ces mots à voix haute pour la première fois : la dame des moissons, avec un frisson de peur et de fascination comme s’il avait été capable alors de distinguer dans l’avenir son propre chemin, ses propres transformations. Les autres restaient saisis par l’arrivée soudaine des quatre puppies, et la surprise d’avoir vu l’equites sortir du chemin, sa lance accrochée au dos portant l’étendard de l’épi. Celui-là avait failli les avoir tous, jusqu’au sacrifice d’Ishmaël. »

Extrait de : L. Kloetzer. « La Confirmation. »

Issa Elohim par L. Kloetzer

Fiche de Issa Elohim

Titre : Issa Elohim
Auteur : Laurent Kloetzer
Date de parution : 2018
Editeur : Bélial

Première page de Issa Elohim

« L’hôtel des Mines d’Araies était ma dernière escale avant le camp Frontex, un palace désolé datant du temps de la colonisation avec réseau satellitaire dernier cri, climatisation aléatoire et plomberie bruyante. J’ai envoyé un mot à Edward pour le rassurer et le faire rire et je me suis allongée une vingtaine de minutes sur le lit étroit ; le trajet depuis la capitale du gouvernorat dans le taxi surchauffé m’avait porté sur les nerfs, je voulais souffler un peu avant d’aller retrouver Gertrud. C’était mon tout premier reportage de ce type ; à dire vrai, j’appréhendais l’arrivée au camp.

Tout ça, l’hôtel, le voyage, avait été financé par un crowdfunding monté à l’arrachée et bouclé dans les toutes dernières secondes. »

Extrait de : L. Kloetzer. « Issa Elohim. »