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Poumon vert par I. R. MacLeod

Fiche de Poumon vert

Titre : Poumon vert
Auteur : I. R. MacLeod
Date de parution : 2002
Traduction : M. Charrier
Editeur : Bélial

Première page de Poumon vert

« Jalila était entrée dans sa douzième année standard, la saison des Pluies Douces habarienne, lorsqu’elle déménagea en compagnie de ses mères depuis les hautes plaines montagnardes de Tabuthal jusqu’à la côte. Cette longue descente représenta pour elles une découverte sans hâte. Le kamsin avait abandonné depuis longtemps le monde humidifié de frais, et les hayawans rouillaient au fil du voyage pendant que le sous-bois d’un vert pourpré aspirait les énormes plaques de leurs pieds. Jalila contemplait des qasrs et des falaises qu’elle n’avait vues jusqu’alors que dans sa tentexplo. Ses songeries inquiètes lui avaient représenté les passerelles de corde construites par ses ancêtres pour franchir les crêtes comme vieilles et fragiles, mais elles se révélaient en réalité robustes et subtiles ; d’énormes grues tièdes au toucher, ruisselantes et bourdonnantes, se soulevaient lourdement dans la brume telles des géantes avisées, dont l’étreinte lui offrait sans »

Extrait de : I. R. MacLeod. « Poumon vert. »

La viandeuse par I. R. MacLeod

Fiche de La viandeuse

Titre : La viandeuse
Auteur : I. R. MacLeod
Date de parution : 1999
Traduction : M. Charrier
Editeur : Bélial

Première page de La viandeuse

« Moi, j’étais la viandeuse – mais, à mon avis, personne ne sait plus ce que ça veut dire, de nos jours. L’eau et le sang ont tellement passé sous les ponts. Quand je suis allée sur la colline toucher ma retraite, les gamines de la Poste se demandaient combien de guerres mondiales il y avait eu la semaine dernière et qui au juste les avait gagnées.
Je m’étais engagée, oui, je pensais que ça me permettrait d’échapper à la puanteur des poêles à frire qui régnait dans l’arrière-boutique de notre salon de thé de Manchester. La Royal Air Force, s’il vous plaît, et moi persuadée de ma chance, une chance incroyable, insolente, parce que c’était la classe et qu’il y avait les gars, les beaux gars, les meilleurs gars du monde, avec l’accent BBC tel que je l’imaginais, des gars qui avaient joué au rugby et au foot pour leurs écoles chics et leurs comtés chics du sud. C’était globalement vrai, même si je me suis retrouvée à taper à la machine dans l’annexe des cuisines pour commander de la moutarde et de la sauce HP du fait, je cite, d’une expérience considérable de vendeuse dans la restauration. »

Extrait de : I. R. MacLeod. « La Viandeuse. »

Zombies par J.-P. Andrevon

Fiche de Zombies

Titre : Zombies
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2004
Editeur : Bélial

Première page de Zombies

« Ils sortent de partout, maintenant. Pas seulement de la terre des cimetières, mais tout aussi bien d’un vieux mur de pierre, d’un tumulus, de la paroi d’un bâtiment qu’on voit se gondoler, se craqueler, avant de libérer ce qu’il contenait : une substance éthérée, demeurée longtemps, très longtemps dans le calcaire, le granit, l’humus, et transportée avec sa gaine minérale devenue remblai, terrassement, brique, mortier, ciment ayant servi à élever un bâtiment. Ils sortent. Une portion de mur qui devient floue, un papier peint qui se boursouffle, un pan de béton qui pèle soudain, un coin de butte qui s’effrite – et en voilà un de plus qui paraît. Un de plus qui s’est… libéré.
D’abord à peine visible, une ombre qui flotte, une silhouette de brume suspendue dans l’air. Mais, vite, en quelques minutes le plus souvent, on le voit se condenser. On le voit reprendre chair, ou un semblant de chair racornie, accrochée à l’armature de son squelette reformé. Les plus récents portent encore des vêtements à divers degrés de décrépitude ou de loques. Les anciens, cent ans ou plus, bien plus parfois, vont nus : écorchés couleur de bois mort, ils s’ébranlent pesamment, étonnés semble-t-il de cette nouvelle position verticale à laquelle ils ne sont plus habitués. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Zombies, un horizon de cendres. »

La maison qui glissait par J.-P. Andrevon

Fiche de La maison qui glissait

Titre : La maison qui glissait
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2010
Editeur : Bélial

Première page de La maison qui glissait

« La tour Les Érables se dresse au milieu d’une douzaine de tours semblables, elles-mêmes bordées en angle droit, sur leurs faces nord-est, par autant de barres en quinconces. L’ensemble de ces bâtiments forme la cité des Étangs, qui comporte aussi un centre sportif / maison des jeunes incrusté entre un terrain de foot et un autre de basket et, quelque peu décentré en bordure de la bretelle autoroutière, un centre commercial Soveco, sans oublier une école, une crèche, une bibliothèque, toutes situées dans la barre principale, celle de la Cour Longue. Au sud-ouest s’étale un semis anarchique de maisons particulières flanquées de quelques entrepôts d’entreprises. La cité des Étangs, rejetée à la lointaine périphérie d’une grande ville, peu importe laquelle, fut édifiée, comme tant d’autres du même genre, au début des années 70. La tour des Érables, tout comme ses sœurs immédiates, a été achevée en 1973, à peu près en même temps que les Twin Towers de Manhattan, une coïncidence sans véritable signification. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « La Maison qui glissait. »

L’anniversaire du Reich de mille ans par J.-P. Andrevon

Fiche de L’anniversaire du Reich de mille ans

Titre : L’anniversaire du Reich de mille ans
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2013
Editeur : Bélial

Première page de L’anniversaire du Reich de mille ans

« Orna ! Orna ! Le fer est assez chaud ? »

Le petit nez en trompette de Sigrid arrive à peine au niveau de la table. Elle avance un index intrépide, touche le flanc du fer à repasser. Un petit éclair de chaleur sèche. Sigrid retire son index brûlé. Mais elle ne crie pas, elle ne pleure pas. Le Führer la regarde. Et une fille de sept ans, une future Jungmädel, ne doit pas pleurer quand elle a mal.

« Je vais le repasser, Orna, je vais le repasser ! » couine Sigrid.

Orna, sa grand-mère Margrete, vient d’entrer dans la buanderie, et dresse contre la table de repassage sa corpulence de tour.

« Mais non, mein Püppchen, tu n’y arriveras pas, tu n’es pas assez grande, fait joyeusement Grossmutter Margrete. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « L’Anniversaire du Reich de mille ans. »

Demain le monde par J.-P. Andrevon

Fiche de Demain le monde

Titre : Demain le monde
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2013
Editeur : Bélial

Sommaire de Demain le monde

  • La réserve
  • Un nouveau livre de la jungle des villes
  • Un petit saut dans le passé
  • L’arme
  • L’homme qui fut douze
  • La bête des étoiles et l’empathe
  • Manuscrit d’un roman de SF trouvé dans une poubelle
  • Le château du dragon
  • Régression
  • L’anniversaire du Reich de mille ans
  • La porte au fond du parc entre le cèdre et les chênes
  • Rien qu’un peu de cendre, et une ombre portée sur un mur
  • … il revient au galop
  • Salut, Wolinski !
  • Tout à la main !
  • Halte à Broux
  • Comme un rêve qui revient
  • Sur la banquette arrière
  • Comme une étoile solitaire et fugitive
  • En route pour la chaleur !
  • Epilogue peut-être
  • Le monde enfin

Première page de La réserve

« Un oiseau aux ailes noires s’éleva silencieusement dans la caverne, gagna de son vol lourd le lointain point argenté qui s’ouvrait sur les Terres-sous-le-Ciel. Kitti Pritti nota ce fait comme un mauvais présage ; elle resserra plus fort ses bras sur le petit Phils. Celui-ci se cramponnait des deux mains à son sein gauche qu’il mordillait avec fureur, et sans grand résultat. Le lait de Kitti Pritti se faisait rare, et Phils devenait grand. Il devait avoir une dizaine de lunes maintenant, et il faudrait bientôt lui trouver autre chose à manger, mais quoi ? Ce n’était que le deuxième enfant qui était sorti du ventre de Kitti Pritti, et le premier était devenu raide peu après sa deuxième lunaison. Aussi n’avait-elle pas eu de problème alimentaire à résoudre avec lui. Mais maintenant, bien que ses seins fussent gros et fermes encore, ils ne contenaient presque plus de lait ; d’autre part, il n’y avait pas encore de dents à l’intérieur de la »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Demain le monde. »

Le fini des mers par G. R. Dozois

Fiche de Le fini des mers

Titre : Le fini des mers
Auteur : G. R. Dozois
Date de parution : 1973
Traduction : P.-P. Durastanti
Editeur : Bélial

Première page de Le fini des mers

« Un jour, ils débarquèrent, comme tout le monde l’avait prévu. Tombés d’un ciel bleu candide par une froide et belle journée de novembre, ils étaient quatre, quatre vaisseaux extraterrestres à la dérive tels les premiers flocons de la neige qui menaçait depuis déjà une semaine. Le jour se levant sur le continent américain, c’est là qu’ils atterrirent : un dans la vallée du Delaware vingt-cinq kilomètres au nord de Philadelphie, un dans l’Ohio, un dans une région désolée du Colorado, et un (pour un motif inconnu) dans un champ de canne des abords de Caracas, au Venezuela. Aux yeux des témoins, chacun parut tomber plutôt que descendre guidé ou piloté, clou noir soudain planté dans le ciel, surgi du néant tel un caillou suscité en altitude par un phénomène digne de Charles Fort »

Extrait de : G. R. Dozois. « Le Fini des mers. »

Atomic Bomb par F. Colin et D. Calvo

Fiche de Atomic Bomb

Titre : Atomic Bomb
Auteur : F. Colin et D. Calvo
Date de parution : 2002
Editeur : Bélial

Sommaire de Atomic Bomb

« Le soleil frappe l’herbe sèche et je suis là, le visage sous les feuilles, un calepin sur les genoux. Kelvo fait le poirier à quelques mètres : un arbre de plus à Kensington Gardens, et c’est réellement de circonstance, étant donné l’état de joyeux délabrement mental dans lequel nous nous complaisons depuis quelques jours. Le truc, c’est que nous semons des morceaux de cervelle un peu partout dans Londres. Maintenant, bientôt, dans quelques mois, il y aura la guerre. Des obus vont exploser, nous irons voir ailleurs si le ciel est bleu – il s’avérera bien sûr que non. Mais pour l’instant : des drogues. Des kilos, des litres, alcool, opiums, dérivés, absinthe glauque, cocaïne, morphine, chanvre indien, sarments de chique, laudanum, mouchoirs de soie imbibés d’éther, de sirop, léchés, reniflés, absorbés, brûlés, injectés. Nous n’avons pas trente ans. »

Extrait de : F. Colin et D. Calvo. « Atomic Bomb. »

La chose par J. W. Campbell

Fiche de La chose

Titre : La chose
Auteur : J. W. Campbell
Date de parution : 1938
Traduction : P.-P. Durastanti
Editeur : Bélial

Première page de La chose

« Ça puait, là-dedans.

De la puanteur singulière, brassée, des casemates d’une base antarctique enfouies dans la glace, où se mêlaient les relents de sueur rance et l’arôme de friture de la graisse de phoque fondue. Une pointe de pommade combattait l’odeur de moisi des fourrures qu’imprégnaient la sueur et la neige. Dilués par le temps, le fumet âcre de l’huile de friture brûlée et le bouquet presque plaisant des chiens planaient.

Un effluve de lubrifiant s’attardait, contrastant avec des notes de cuir et de cirage à harnais. Mais, à ce bouquet d’humains et de ce qu’on leur associe – chiens, machines, cuisine –, s’ajoutait une autre senteur. Insolite, à vous faire dresser le poil sur la nuque, elle suggérait la vague présence d’une émanation étrangère parmi les remugles de l’activité et de la vie – une odeur de vie, oui, mais issue de la chose posée sur la table et emballée dans une bâche ficelée avec soin qui s’égouttait lentement, méthodiquement, sur les planches grossières. Sous l’éclat cru de la lumière électrique, elle apparaissait froide, humide, dé­charnée. »

Extrait de : J. W. Campbell. « La Chose. »

Waldo par R. A. Heinlein

Fiche de Waldo

Titre : Waldo
Auteur : R. A. Heinlein
Date de parution : 1942
Traduction : P.-P. Durastanti
Editeur : Bélial

Première page de Waldo

« Le spectacle était présenté comme un ballet de claquettes — ce qui ne lui rendait guère justice.

Ses pieds créaient une tympanie complexe de tapotis clairs et nets. Un silence à couper le souffle tomba lors-qu’il sauta, haut, plus haut qu’un être humain n’aurait dû le pouvoir — et qu’il accomplit, en l’air, un entrechat douze fantastiquement improbable.

Il atterrit sur la pointe des pieds, immobile en apparence, mais produisant un fortissimo de claquettes fracassantes.

La poursuite s’éteignit, l’éclairage de scène se ralluma. Le public resta coi un long moment, avant de s’aviser qu’il était temps d’applaudir et de se déchaîner.
Campé devant les spectateurs, il laissa la vague d’émo-tion le balayer, avec l’impression de pouvoir s’appuyer contre elle — elle le réchauffa jusqu’à la moelle.

C’était merveilleux de danser — extraordinaire d’être fêté, aimé, désiré. »

Extrait de : R. A. Heinlein. « Waldo. »