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Morgane par A. de Villiers de L’Isle-Adam

Fiche de Morgane

Titre : Morgane
Auteur : Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
Date de parution : 1860
Editeur : BnF

Première page de Morgane

« ACTE PREMIER
Une grande chambre d’apparat dans la forteresse de Città-Lazzara, sur la frontière des Calabres citérieures. A droite, 1er plan, cheminée surmontée d’une glace de Venise aux torchères allumées. — 3° plan, croisée. A gauche, 1er plan, porte basse touchant le chevet d’un grand lit d’ébène à colonnes torses et d’un style ancien. Riches draperies de damas noir frangé d’or. 3e plan, derrière le lit, porte.
Torsade entre les colonnes : c’est le timbre de nuit communiquant avec l’intérieur du donjon.
Au fond, porte d’honneur entre deux grandes croisées encadrées de larges rideaux de même étoffe que ceux du lit : panoplies sur les murs entre les croisées et la porte.
Au plafond, lustre chargé de bougies éteintes.
Ameublement somptueux, noir et pourpre : — auprès dun guéridon de marbre, au milieu de la scène, un peu à droite, grand fauteuil surmonté d’une couronne ducale. »

Extrait de : A. de Villiers de L’Isle-Adam. « Morgane. »

Elën par A. de Villiers de L’Isle-Adam

Fiche de Elën

Titre : Elën
Auteur : Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
Date de parution : 1865
Editeur : BnF

Première page de Elën

« Au sortir de ce bal, nous suivîmes les grèves :
Vers notre toit d’exil, au hasard du chemin,
Nous allions ; une fleur se fanait dans sa main ;
C’était par un minuit d’étoiles et de rêves !…
 
Dans l’ombre, autour de nous, tombaient des flots foncés
Vers les lointains d’opale et d’or, sur l’Atlantique,
L’outremer épandait sa lumière mystique :
Les algues parfumaient les espaces glacés ;
 
Les vieux échos sonnaient dans la falaise entière,
Et les nappes de l’onde aux volutes sans frein
Ecumaient lourdement contre les rocs d’airain ;
Sur la dune brillaient les croix d’un cimetière. »

Extrait de : A. de Villiers de L’Isle-Adam. « Elën. »

Chez les passants de A. de Villiers de L’Isle-Adam

Fiche de Chez les passants

Titre : Chez les passants
Auteur : Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
Date de parution : 1890
Editeur : BnF

Sommaire de Chez les passants

  • L’étonnant couple Moutonnet
  • Une soirée chez Nina de Villard
  • Notre Seigneur Jésus-Christ sur les planches
  • Souvenir
  • Hamlet
  • Augusta Holmès
  • Lettre sur un livre
  • La suggestion devant la loi
  • Le réalisme dans la peine de mort
  • Le candidat
  • Peintures décoratives du foyer de l’Opéra
  • La tentation de Saint Antoine
  • Le cas extraordinaire de M. Francisque Sarcey
  • Le socle de la statue
  • La couronne présidentielle
  • Au gendre insigne

Première page de L’étonnant couple Moutonnet

« Ce qui cause la réelle félicité amoureuse, chez certains êtres, ce qui fait le secret de leur tendresse, ce qui explique l’union fidèle de certains couples, est, entre toutes choses, un mystère dont le comique terrifierait si l’étonnement permettait de l’analyser. Les bizarreries sensuelles de l’Homme sont une roue de paon, dont les yeux ne s’allument qu’au-dedans de l’âme, et, seul, chacun connaît son désir.

Par une radieuse matinée de mars 1793, le célèbre citoyen Fouquier-Tinville, en son cabinet de travail de la rue des Prouvaires, assis devant sa table, l’œil errant sur maints dossiers, venait de signer la liste d’une fournée de ci-devants dont la suppression devait avoir lieu le lendemain même, entre onze heures et midi. »

Extrait de : A. de Villiers de L’Isle-Adam. « Chez les passants. »

Axël par A. de Villiers de L’Isle-Adam

Fiche de Axël

Titre : Axël
Auteur : Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
Date de parution : 1890
Editeur : BnF

Première page de Axël

« Le chœur claustral dans la chapelle d’une vieille abbaye.

Au fond, grande fenêtre à vitrail. – À gauche, les quatre rangs des stalles. Elles s’élèvent insensiblement, en hémicycle, contre la haute grille circulaire fermée et voilée de draperies. Au fond, près de la grille, porte basse, aux degrés de pierre, communiquant au cloître.

À droite, faisant face aux stalles, les sept marches et le parvis du maître-autel invisible. – Le tapis se prolonge jusqu’au milieu du chœur, au bord des dalles tumulaires. Sur la deuxième marche, clochette et encensoirs d’or. Plus haut, corbeilles de fleurs. La lampe du sanctuaire éclaire seule l’édifice, entre les grands piliers, chargés d’ex-voto, qui supportent l’abside principale : là, s’élève, sur des ailes, la chaire de marbre blanc. »

Extrait de : A. de Villiers de L’Isle-Adam. « Axël. »

Trente et Quarante par Edmond About

Fiche de Trente et Quarante

Titre : Trente et Quarante
Auteur : Edmond About
Date de parution : 1859
Editeur : BnF

Première page de Trente et Quarante

« Lorsqu’on lui présenta les dernières listes de recensement, il y écrivit lui-même, d’une petite écriture sèche et hérissée comme un chaume :

« Jean-Pierre Bitterlin, de Lunéville ; 60 ans d’âge, 35 ans de services effectifs, 11 campagnes, 2 blessures ; capitaine de 1834, chevalier de 1836, retraité en 1847, médaillé de Sainte-Hélène. »

Sa personne courte et compacte semblait roidie par l’habitude du commandement plus encore que par les années. Il n’avait jamais été ce que les couturières appellent un bel homme ; mais en 1858 il lui manquait un millimètre ou deux pour avoir la taille réglementaire du soldat. Tout me porte à croire que son corps s’était tassé peu à peu sur les grandes routes, à force de mettre un pied devant l’autre : une, deux ! Ses pieds étaient courts et ses mains larges. »

Extrait de : E. About. « Trente et Quarante. »

Risette par Edmond About

Fiche de Risette

Titre : Risette ou Les millions de la mansarde
Auteur : Edmond About
Date de parution : 1859
Editeur : BnF

Première page de Risette

« RISETTE, seule.
Elle est assise et travaille à un chapeau ; elle chante.

Tradéri, déri ; tradéri, déra,
Encore ce ruban rose,
Et le chapeau, et le chapeau,
Encore ce ruban rose
Et le chapeau sera fini.
Tradéri, déra, tradéri, déri, déri, déri.

Elle se lève ; l’examinant. Très coquet, très coquet. Voyons comme il va. Elle le met sur sa tête, se place devant un petit miroir avec révérence. « Bonjour, ma toute belle. Bonjour, chère ! » Si l’on voulait, pourtant !… Mais, bah ! j’aime mieux mon petit bonnet de linge ! Chantant. »

Extrait de : E. About. « Risette ou Les Millions de la mansarde – Vaudeville en un acte. »

Les mariages de Paris par Edmond About

Fiche de Les mariages de Paris

Titre : Les mariages de Paris
Auteur : Edmond About
Date de parution : 1856
Editeur : BnF

Première page de Les mariages de Paris

« Lorsque j’étais candidat à l’école normale (c’était au mois d’octobre de l’an de grâce 1848), je me liai d’amitié avec deux de mes concurrents, les frères Debay. Ils étaient Bretons, nés à Auray, et élevés au collège de Vannes. Quoiqu’ils fussent du même âge, à quelques minutes près, ils ne se ressemblaient en rien, et je n’ai jamais vu deux jumeaux si mal assortis. Mathieu Debay était un petit homme de vingt-trois ans, passablement laid et rabougri. Il avait les bras trop longs, les épaules trop hautes et les jambes trop courtes : vous auriez dit un bossu qui a égaré sa bosse. Son frère Léonce était un type de beauté aristocratique : grand, bien pris, la taille fine, le profil grec, l’œil fier, la moustache superbe. Ses cheveux presque bleus frissonnaient sur sa tête comme la crinière d’un lion. »

Extrait de : E. About. « Les Mariages de Paris. »

Le roi des montagnes par Edmond About

Fiche de Le roi des montagnes

Titre : Le roi des montagnes
Auteur : Edmond About
Date de parution : 1857
Editeur : BnF

Première page de Le roi des montagnes

« Le 3 juillet de cette année, vers six heures du matin, j’arrosais mes pétunias sans songer à mal, quand je vis entrer un grand jeune homme blond, imberbe, coiffé d’une casquette allemande et paré de lunettes d’or. Un ample paletot de lasting flottait mélancoliquement autour de sa personne, comme une voile le long d’un mât lorsque le vent vient à tomber. Il ne portait pas de gants ; ses souliers de cuir écru reposaient sur de puissantes semelles, si larges que le pied était entouré d’un petit trottoir. Dans sa poche de côté, vers la région du cœur, une grande pipe de porcelaine se modelait en relief et dessinait vaguement son profil sous l’étoffe luisante. Je ne songeai pas même à demander à cet inconnu s’il avait fait ses études dans les universités d’Allemagne ; je déposai mon arrosoir, et je le saluai d’un beau : Guten Morgen. »

Extrait de : E. About. « Le Roi des montagnes. »

Le progrès par Edmond About

Fiche de Le progrès

Titre : Le progrès
Auteur : Edmond About
Date de parution : 1864
Editeur : BnF

Première page de Le progrès

« Qui que tu sois, lecteur (et tu me pardonneras si je te calomnie), je suppose que tu n’es ni meilleur ni pire que moi. Je ne connais ni ton âge, ni ta fortune, ni le rang que tu occupes dans ce mondé ; mais je suis à peu près sûr que tu as l’amour du bien et quelque penchant au mal ; beaucoup d’idées justes et passablement de préjugés ; une forte dose de bienveillance au fond du cœur et un petit levain de haine et de colère. Tu as un peu travaillé, un peu lutté, un peu souffert, et connu cependant les heures délicieuses où l’on s’écrie que la vie est bonne. Tu sais un peu de tout, mais la somme de tes connaissances n’est presque rien au prix des choses que tu ignores. La passion, le calcul et la raison te conduisent tour à tour, mais il t’arrive aussi de sacrifier tes intérêts les plus évidents au bonheur de faire le bien, et c’est ainsi que tu te maintiens dans ta propre estime. »

Extrait de : E. About. « Le Progrès. »

Le Fellah par Edmond About

Fiche de Le Fellah

Titre : Le Fellah – Souvenir d’Egypte
Auteur : Edmond About
Date de parution : 1869
Editeur : BnF

Première page de Le Fellah

« Je ne me rappelle pas précisément la date, mais l’Égypte était possédée par un original du nom de Saïd-Pacha, et je n’avais encore ni l’espérance ni même la curiosité de la voir. Tout compte fait, l’aventure que je vous livre en guise de prologue remonte à neuf ou dix hivers. Et l’hiver, cette fois, n’était pas un vain mot : les arbres ployaient sous le givre, la terre craquait sous nos bottes, le canon du fusil me brûlait le bout des doigts quand par hasard j’ôtais un gant.

La vieille année allait finir, à moins pourtant que la nouvelle eût commencé ; impossible de dire au juste si les étrennes étaient dues ou payées ; mais pour sûr c’était un dimanche, car nous chassions à quelques lieues de Paris chez un grand industriel qui travaille six jours sur sept. »

Extrait de : E. About. « Le Fellah – Souvenir d’Égypte. »