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Légende de soeur Béatrix par Charles Nodier

Fiche de Légende de soeur Béatrix

Titre : Légende de soeur Béatrix
Auteur : Charles Nodier
Date de parution : 1924
Editeur : BnF

Première page de Légende de soeur Béatrix

« Il étoit bien convenu en France, il y a une vingtaine d’années, que tous les trésors de la poésie sont renfermés sans exception dans le Pantheum mythicum de Pomey, et dans le Dictionnaire de la Fable de M. Noël. Un nom inconnu de Phurnutus, une fable ignorée de Paléphate, un récit tendre et touchant qui ne remontoit pas aux Métamorphoses, toute idée qui n’avoit pas passé à la filière éternelle des Grecs et des Romains, étoit réputée barbare. Quand vous en aviez fini avec les Aloïdes, les Phaëiontides, les Méléagrides, les Labdacides, les Danaïdes, les Pélopides, les Atrides, et autres dynasties malencontreuses, fatalement vouées aux Euménides par la docte cabale d’Aristote et surtout par la rime, il ne vous restoit plus qu’un parti à prendre : c’étoit de recommencer, et on recommençoit. La patiente admiration des collèges ne se lassoit jamais de ces beaux mythes qui ne disoient pas la moindre chose à l’esprit et au cœur, mais qui flattaient l’oreille de sons épurés à la douce euphonie des Hellènes. »

Extrait de : C. Nodier. « Légende de sœur Béatrix. »

Le génie bonhomme par Charles Nodier

Fiche de Le génie bonhomme

Titre : Le génie bonhomme
Auteur : Charles Nodier
Date de parution : 1894
Editeur : BnF

Première page de Le génie bonhomme

« Il y avait autrefois des génies. Il y en aurait bien encore, si vous vouliez croire tous ceux qui se piquent d’être des génies ; mais il ne faut pas s’y fier.
Celui dont il sera question ici n’était pas d’ailleurs de la première volée des génies.
C’était un génie d’entresol, un pauvre garçon de génie, qui ne siégeait dans l’assemblée des génies que par droit de naissance, et sauf le bon plaisir des génies titrés.
Quand il s’y présenta pour la première fois, j’ai toujours envie de rire quand j’y pense, il avait pris pour devise de son petit étendard de cérémonie :
 Fais ce que dois, advienne que pourra.
Aussi l’appela-t-on le génie BONHOMME.
Ce dernier sobriquet est resté depuis aux esprits simples et naïfs qui pratiquent le bien par sentiment ou par habitude, et qui n’ont pas trouvé le secret de faire une science de la vertu.
Quand au sobriquet de génie, on en a fait tout ce qu’on a voulu. Cela ne nous regarde pas. »

Extrait de : C. Nodier. « Le Génie Bonhomme. »

Le bibliomane par Charles Nodier

Fiche de Le bibliomane

Titre : Le bibliomane
Auteur : Charles Nodier
Date de parution : 1834
Editeur : BnF

Première page de Le bibliomane

« Vous avez tous connu ce bon Théodore, sur la tombe duquel je viens jeter des fleurs, en priant le ciel que la terre lui soit légère.Ces deux lambeaux de phrase, qui sont aussi de votre connaissance, vous annoncent hissez que je me propose de lui consacrer quelques pages de notice nécrologique ou d’oraison funèbre.Il y a vingt ans que Théodore s’était retiré du monde pour travailler ou pour ne rien faire. Lequel des deux, c’était un grand secret. Il songeait, et on ne savait à quoi il songeait. Il passait sa vie au milieu des livres, et ne s’occupait que de livres, ce qui avait donné lieu à quelques-uns de penser qu’il composait un livre qui rendraient tous les livres inutiles, mais ils se trompaient évidemment. Théodore avait tiré trop bon parti de ses études pour ignorer que ce livre est fait il y a trois cents ans. C’est le treizième chapitre du livre premier de Rabelais. »

Extrait de : C. Nodier. « Le Bibliomane. »

La Seine et ses bords par Charles Nodier

Fiche de La Seine et ses bords

Titre : La Seine et ses bords
Auteur : Charles Nodier
Date de parution : 1836
Editeur : BnF

Première page de La Seine et ses bords

« L’HISTOIRE de la SEINE est, beaucoup plus qu’on ne l’imaginerait au premier abord, l’histoire de la France elle-même. Il en est des fleuves comme des nations. Inconnus à leur origine, rien ne révèle, dans la source obscure d’où ils s’échappent, la portée de l’espace qu’ils vont parcourir, et les différentes vicissitudes de leurs cours. Faibles à leurs commencements, ils coulent cependant au gré de la pente qui les entraîne, approfondissant peu a peu leur lit, reculant peu à peu leurs rivages, portant avec eux des désastres ou des bienfaits, la fertilité ou la terreur, jusqu’à ce que, parvenus au plus haut degré d’étendue, de richesse et de splendeur qu’il leur soit permis d’atteindre, et poussés à son terme par leur propre violence, ils se précipitent et disparaissent pour toujours dans l’abîme des mers. Ainsi apparaissent et s’accroissent et finissent les empires. L’histoire de l’homme est tracée partout dans le tableau magique de la nature. »

Extrait de : C. Nodier. « La Seine et ses bords. »

La neuvaine de la chandeleur par Charles Nodier

Fiche de La neuvaine de la chandeleur

Titre : La neuvaine de la chandeleur
Auteur : Charles Nodier
Date de parution : 1840
Editeur : BnF

Première page de La neuvaine de la chandeleur

« La vie intime de la province a un charme dont on ne conçoit aucune idée à Paris, et qui se fait surtout sentir dans les premières années de la vie. On peut aimer le séjour de Paris dans l’âge de l’activité, des passions, du besoin des émotions et des succès ; mais c’est en province qu’il faut être enfant, qu’il faut être adolescent, qu’il faut goûter les sentiments d’une âme qui commence à se révéler et à se connaître. Ce n’est pas à Paris qu’on éprouvera jamais ces émotions incompréhensibles que réveillent au fond du cœur le son d’une certaine cloche, l’aspect d’un arbre, d’un buisson, le jeu d’un rayon du soleil sur la ferblanterie d’un petit toit solitaire. Ces doux mystères du souvenir n’appartiennent qu’au village. J’entendais l’autre jour une femme de beaucoup d’esprit se plaindre amèrement de n’avoir point de patrie : « Hélas ! ajouta-t-elle en soupirant, je suis née sur la paroisse Saint-Roch. »Dieu me garde de faire un reproche à Paris de cette légère imperfection. C’est moins un vice qu’un malheur. »

Extrait de : C. Nodier. « La Neuvaine de la Chandeleur. »

Infernalia par Charles Nodier

Fiche de Infernalia

Titre : Infernalia
Auteur : Charles Nodier
Date de parution : 1822
Editeur : BnF

Première page de Infernalia

« La nonne sanglante

Un revenant fréquentait le château de Lindemberg, de manière à le rendre inhabitable. Apaisé ensuite par un saint homme, il se réduisit à n’occuper qu’une chambre, qui était constamment fermée. Mais tous les cinq ans, le cinq de mai, à une heure précise du matin, le fantôme sortait de son asile.

C’était une religieuse couverte d’un voile, et vêtue d’une robe souillée de sang. Elle tenait d’une main un poignard, et de l’autre une lampe allumée, descendait ainsi le grand escalier, traversait les cours, sortait par la grande porte, qu’on avait soin de laisser ouverte, et disparaissait.

Le retour de cette mystérieuse époque était près d’arriver, lorsque l’amoureux Raymond reçut l’ordre de renoncer à la main de la jeune Agnès, qu’il aimait éperdument.

Il lui demanda un rendez-vous, l’obtint, et lui proposa un enlèvement Agnès connaissait trop la pureté du cœur de son amant, pour hésiter à le suivre : « C’est dans cinq jours, lui dit-elle, que la non ne sanglante doit faire sa promenade. Les portes lui seront ouvertes, et personne n’osera se trouver sur son passage. Je saurai me procurer des vêtements convenables, et sortir sans être reconnue : soyez prêt à quelque distance… » Quelqu’un entra alors et les força de se séparer. »

Extrait de : C. Nodier. « Infernalia. »

Histoire du Roi de Bohême et de ses sept chateaux par Charles Nodier

Fiche de Histoire du Roi de Bohême et de ses sept chateaux

Titre : Histoire du Roi de Bohême et de ses sept chateaux
Auteur : Charles Nodier
Date de parution : 1830
Editeur : BnF

Première page de Histoire du Roi de Bohême et de ses sept chateaux

« Que ferois-je au reste d’un cheval ? je n’en donnerois pas la coquille univalve — je ne sais si c’est un cône ou un fuseau, une olive ou un sabot, une hélice ou un buccin — je crois que c’est une porcelaine — non, — je ne donnerois pas un fragment de cette petite monnoie du sauvage que la mer roule sur tes plages, pauvre et heureux insulaire, pour le cheval d’Alexandre qui avoit la tête du bœuf, et pour celui de César qui avoit le pied du bélier.

Ne puis-je voyager sans cheval dans tous les espaces que Dieu a ouverts à l’imagination de l’homme ? N’ai-je pas à mon service la voiture commode et obéissante dont il me fit présent, pour toute part de mon céleste héritage, et que j’ai préférée quelquefois aux chars de Pharaon ? »

Extrait de : C. Nodier. « Histoire du roi de Bohême et de ses sept chateaux. »

Histoire du chien de Brisquet par Charles Nodier

Fiche de Histoire du chien de Brisquet

Titre : Histoire du chien de Brisquet
Auteur : Charles Nodier
Date de parution : 1853
Editeur : BnF

Première page de Histoire du chien de Brisquet

« En notre forêt de Lions, vers le hameau de la Goupillière, tout près d’un grand
puits-fontaine qui appartient à la chapelle Saint-Mathurin, il y avait un bonhomme,
bûcheron de son état, qui s’appelait Brisquet, ou autrement le fendeur à la bonne
hache, et qui vivait pauvrement du produit de ses fagots, avec sa femme qui
s’appelait Brisquette. Le bon Dieu leur avait donné deux jolis petits enfants, un
garçon de sept ans qui était brun, et qui s’appelait Biscotin, et une blondine de
six ans, qui s’appelait Biscotine. Outre cela, ils avaient un chien bâtard à poil
frisé, noir par tout le corps, si ce n’est au museau qu’il avait couleur de feu ; et
c’était bien le meilleur chien du pays, pour son attachement à ses maîtres. »

Extrait de : C. Nodier. « Histoire du chien de Brisquet. »

Dictionnaire raisonnée des onomatopées françaises par Charles Nodier

Fiche de Dictionnaire raisonnée des onomatopées françaises

Titre : Dictionnaire raisonnée des onomatopées françaises
Auteur : Charles Nodier
Date de parution : 1808
Editeur : BnF

Première page de Dictionnaire raisonnée des onomatopées françaises

« AARBRER. Se cabrer. Terme de Manège, qui se dit des chevaux qui se dressent sur les pieds de derrière quand on leur tire trop la bride.Ce mot, plus énergique que celui qui nous est resté, et dont la double voyelle rend la construction plus imitative, est depuis longtemps hors d’usage. On le trouve dans le vieux roman de Perceval. »

Extrait de : C. Nodier. « Dictionnaire raisonné des onomatopées françaises. »

Contes fantastiques par Charles Nodier

Fiche de Contes fantastiques

Titre : Contes fantastiques
Auteur : Charles Nodier
Date de parution : 1850
Editeur : BnF

Sommaire de Contes fantastiques

  • Trésor des fèves et fleur des pois
  • Le génie bonhomme
  • La fée aux miettes
  • Le songe d’or
  • Smarra ou les démons de la nuit

Première page de Trésor des fèves et fleur des pois

« Il y avoit une fois un pauvre homme et une pauvre femme qui étoient bien vieux, et qui n’avoient jamais eu d’enfants : c’étoit un grand chagrin pour eux, parce qu’ils prévoyoient que dans quelques années ils ne pourroient plus cultiver leurs fèves et les aller vendre au marché. Un jour qu’ils sarcloient leur champ de fèves (c’étoit tout ce qu’ils possédoient avec une petite chaumière ; je voudrois bien en avoir autant) ; un jour, dis-je, qu’ils sarcloient pour ôter les mauvaises herbes, la vieille découvrit dans un coin, sous les touffes les plus drues, un petit paquet fort bien troussé qui contenoit un superbe garçon de huit à dix mois, comme il paroissoit à son air, mais qui avoit bien deux ans pour la raison, car il étoit déjà sevré. Tant y a qu’il ne fit point de façons pour accepter des fèves bouillies qu’il porta aussitôt à sa bouche d’une manière fort délicate. Quand le vieux fut arrivé du bout de son champ aux acclamations de la vieille, et qu’il eut regardé à son tour le bel enfant que le bon Dieu leur donnoit, le vieux et la vieille se mirent à s’embrasser en pleurant de joie ; et puis ils firent hâte de regagner la chaumine, parce que le serein qui tomboit pouvoit nuire à leur garçon. »

Extrait de : C. Nodier. « Contes fantastiques. »