Étiquette : Bonnefoy

 

Gravé sur chrome par W. Gibson

Fiche de Gravé sur chrome

Titre : Gravé sur chrome (Tome 4 sur 4 – Conurb)
Auteur : William Gibson
Date de parution : 1986
Traduction : J. Bonnefoy
Editeur : J’ai lu

Sommaire de Gravé sur chrome

  • Johnny Mnemonic
  • Fragments de rose en hologramme
  • Le genre intégré
  • Hinterland
  • Etoile rouge, blanche orbite
  • Hôtel new rose
  • Le marché d’hiver
  • Duel aérien
  • Gravé sur chrome

Première page de Johnny Mnemonic

« Je glissai le fusil dans le sac Adidas, planqué sous quatre paires de chaussettes de tennis pour caler, pas du tout mon style, mais c’était le but visé : si on vous croit primaire, faites dans le technique ; si on vous croit technique, donnez dans le primaire. Moi, je suis du genre hypertechnique. Alors j’avais décidé d’être le plus primaire possible. Quoique, de nos jours, il faille être sacrément technicien, ne fût-ce que pour aspirer simplement à jouer les primaires. J’avais dû tourner moi-même dans un jet de laiton les douilles de 12 et les charger moi-même ; et pour ce faire, aller dénicher une vieille microfiche sur la manière de remplir à la main les cartouches ; j’avais dû me bricoler une presse à balancier pour emboutir
les amorces – délicat, tout ça. Mais j’étais sûr que ça marcherait.

Le rendez-vous était fixé à 23 : 00 au Drome, mais je descendis trois arrêts après la station la plus proche pour revenir sur mes pas à pied. Impeccable, la méthode.

Je me mirai dans la paroi latérale d’une machine à café : visage classique de Blanc, taillé à la serpe, avec une touffe de cheveux raides et noirs. »

Extrait de : W. Gibson. « Gravé sur Chrome – Conurb. »

Mona Lisa s’éclate par W. Gibson

Fiche de Mona Lisa s’éclate

Titre : Mona Lisa s’éclate (Tome 3 sur 4 – Conurb)
Auteur : William Gibson
Date de parution : 1988
Traduction : J. Bonnefoy
Editeur : J’ai lu

Première page de Mona Lisa s’éclate

« Le fantôme était le cadeau d’adieu de son père. Un secrétaire vêtu de noir le lui avait apporté dans un salon d’attente de l’aéroport de Narita.

Les deux premières heures du vol vers Londres, elle l’avait oublié au fond de son sac, forme oblongue, lisse et noire ; sur une des faces, plate, on avait gravé le sigle de la Maas-Neotek ; l’autre était légèrement incurvée pour mieux s’insérer au creux de la paume de son utilisateur.

Elle se tenait assise très raide dans son fauteuil de première classe, les traits figés en un masque froid qui reproduisait l’expression la plus caractéristique de sa défunte mère. Les places avoisinantes étaient toutes vides ; son père les avait louées. Elle refusa le repas présenté par un steward nerveux que ces sièges vacants effrayaient, témoignage de la fortune et du pouvoir du père. L’homme hésita puis s’inclina et se retira. Très brièvement, elle laissa le sourire de sa mère se peindre sur son masque. »

Extrait de : W. Gibson. « Mona Lisa s’éclate – Conurb. »

Comte Zéro par W. Gibson

Fiche de Comte Zéro

Titre : Comte Zéro (Tome 2 sur 4 – Conurb)
Auteur : William Gibson
Date de parution : 1985
Traduction : J. Bonnefoy
Editeur : J’ai lu

Première page de Comte Zéro

« Ils flanquèrent un pistard aux trousses de Turner, dans les vieilles rues de Delhi, calé sur ses phéromones et sa couleur de cheveux. Il le rattrapa dans une rue nommée Chandni Chauk et se précipita vers sa BMW de location à travers une forêt de jambes nues et brunes et de pneus de vélos-pousse. En son cœur : un kilo d’hexogène recristallisé et de TNT en paillettes.

Il ne le vit pas venir. Sa dernière image de l’Inde devait être la façade en stuc d’un bâtiment nommé l’hôtel Khush-Oil.

Parce qu’il avait un bon agent, il avait un bon contrat. Parce qu’il avait un bon contrat, il était à Singapour une heure après l’explosion. Pour sa plus grande part, du moins. Le chirurgien hollandais ne se priva pas d’en plaisanter – comment un pourcentage non spécifié de Turner n’était pas sorti de Palam International sur ce premier vol, l’obligeant à passer la nuit dans un hangar, en bac de survie. »

Extrait de : W. Gibson. « Comte Zéro – Conurb. »

Neuromancien par W. Gibson

Fiche de Neuromancien

Titre : Neuromancien (Tome 1 sur 4 – Conurb)
Auteur : William Gibson
Date de parution : 1984
Traduction : J. Bonnefoy
Editeur : J’ai lu

Première page de Neuromancien

« Le ciel au-dessus du port était couleur télé calée sur un émetteur hors service.

« Faudrait pas m’prendre pour un camé, entendit dire Case tandis qu’il se frayait un passage dans la foule pour gagner la porte du Tchat. C’est juste que mon organisme souffre d’une énorme carence en drogue. » C’était un accent de la Conurb et une vanne de la Conurb. Le Tchatsubo était un bar pour expatriés de profession ; vous pouviez y zoner une semaine sans jamais entendre deux mots de japonais.

Ratz officiait au comptoir, avec son bras artificiel qui tressautait sur un rythme monotone pour remplir les chopes de Kirin-pression. Il vit Case et lui sourit de toutes ses dents, treillis d’acier est-européen et de caries brunâtres. Case se trouva une place près du bar, entre le bronzage improbable d’une pute à Lonny Zone et l’uniforme impeccable d’un grand marin africain dont les pommettes s’ornaient des balafres régulières de marques tribales. »

Extrait de : W. Gibson. « Neuromancien – Conurb. »

Le soleil pas à pas par W. Tevis

Fiche de Le soleil pas à pas

Titre : Le soleil pas à pas
Auteur :  W. Tevis
Date de parution : 1982
Traduction : J. Bonnefoy
Editeur : Denoël

Première page de Le soleil pas à pas

« Lorsqu’ils m’eurent assommé, je régressai d’un coup jusqu’à mon adolescence sur Terre, pour y demeurer dans une espèce de rêve éveillé deux mois durant. Épisodiquement, je redevenais conscient du bourdonnement des moteurs du vaisseau, des tubes souples qui m’alimentaient, des machines qui exerçaient mon corps et de la douce voix de mon entraîneur mais, le plus clair du temps que prit le voyage, je le passai revenu dans la maison de mon père, dans l’Ohio, avec l’odeur de sa fumée de cigare et de ses livres, et cette crainte respectueuse que j’éprouvais, étant enfant, devant les certificats et les diplômes accrochés au mur derrière son bureau. Un mur tapissé d’un papier à fleurs bleu pâle ; il me semblait que je les distinguais mieux maintenant, depuis la passerelle de commandement de mon vaisseau interstellaire, qu’à l’époque. Des myosotis. Il y avait une tache brunâtre près du plafond, au-dessus d’un diplôme encadré portant la mention docteur de l’université honoraire. »

Extrait de : W. Tevis. « Le soleil pas à pas. »

Plus de vifs que de morts par F. Pohl

Fiche de Plus de vifs que de morts

Titre : Plus de vifs que de morts
Auteur : F. Pohl
Date de parution : 1990
Traduction : J. Bonnefoy
Editeur : Denoël

Première page de Plus de vifs que de morts

« Bien qu’il s’agisse d’un hôpital, ou que ce soit tout comme, ça n’a pas une odeur d’hôpital. Et ça n’y ressemble certainement pas. Entre les plantes grimpantes qui fleurissent sur les murs, et le plic plic doux et reposant de la minuscule cascade à la tête du lit, on dirait plutôt la suite d’apparat de quelque vieux motel anonyme. Rafiel est à présent tout beau, bien retapé, prêt à repartir pour cinq ans avant d’être obligé de revenir se faire traiter ici, si bien qu’il n’a pas trop l’air non plus d’un patient hospitalisé. On dirait plutôt une vedette de cinéma, ce qu’il est plus ou moins d’ailleurs, un homme aux alentours de la quarantaine mais en assez bonne condition physique pour passer pour un jeune de vingt ans. Là, en revanche, il y a erreur. Après tout le travail de taille, de fraise et de greffe qu’il a subi ces onze derniers jours, la vérité c’est qu’il est un homme en remarquable condition physique mais âgé de quatre-vingt-douze ans. »

Extrait de : F. Pohl. « Plus de vifs que de morts. »

L’avènement des chats quantiques par F. Pohl

Fiche de L’avènement des chats quantiques

Titre : L’avènement des chats quantiques
Auteur : F. Pohl
Date de parution : 1986
Traduction : J. Bonnefoy
Editeur : Denoël

Première page de L’avènement des chats quantiques

« 16 août 1983 
20:20. Nicky DeSota

Quand mon bruiteur s’est mis à sonner, j’avais une main sur le levier de vitesses, prête à passer la seconde, et l’autre sortie par la vitre pour indiquer que j’allais tourner à gauche. J’avais l’attention fixée sur le flic au carrefour, qui prenait un temps désagréablement long pour laisser passer le trafic de Meacham Road. J’avais la tête comme une citrouille, entre les taux d’hypothèques variables, les calculs de points, les acceptations de dossier de prêt, et l’éventualité ou non d’aller piquer une tête avec ma petite amie après le dîner. On était mardi. Par conséquent, une bonne occasion pour aller nager, parce que, des fois, les soirs de semaine, en fin de soirée, le maître nageur regarde de l’autre côté quand quelqu’un enlève le haut.

Le bruiteur bousilla tout ça.

J’ai horreur de laisser sonner un téléphone. Je pris le risque. Je retirai la main du levier de vitesses pour décrocher. « Dominic DeSota à l’appareil, oui ? » dis-je, juste au moment où le flic, se rappelant qu’il y avait des voitures qui attendaient sur Meacham Road, m’ordonnait de virer d’un geste péremptoire. »

Extrait de : F. Pohl. « L’avènement des chats quantiques. »

Les gogos contre-attaquent par F. Pohl

Fiche de Les gogos contre-attaquent

Titre : Les gogos contre-attaquent (Tome 2 sur 2 – Les gogos)
Auteur : F. Pohl
Date de parution : 1984
Traduction : J. Bonnefoy
Editeur : Denoël

Première page de Les gogos contre-attaquent

« La femme était une loque. Elle avait fait de pathétiques efforts pour se rendre jolie en vue de l’entretien. Pure perte de temps. J’avais devant moi une petite créature au teint cireux, à l’air maladif et qui s’humectait les lèvres en scrutant d’un regard apeuré mon bureau. Ce n’est pas un accident si tous les murs de la salle d’entretien sont intégralement tapissés d’affiches commerciales en tridi animée. « Seigneur, fit-elle. Je ferais n’importe quoi pour une bonne vieille tasse de Surcafé ! »

Je la gratifiai de mon plus menteur regard de sincère surprise. J’effleurai l’écran où s’affichait son dossier. « C’est marrant ! Je vois là que vous avez prévenu les Vénusiens des risques d’accoutumance induits par le Surcafé et des dangers qu’il faisait courir à la santé. »

Extrait de : F. Pohl. « Les gogos – Les gogos contre-attaquent. »

La grande roue par R. Bradbury

Fiche de La grande roue

Titre : La grande roue
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1980
Traduction : J. Bonnefoy
Editeur : Denoël

Première page de La grande roue

« La fête foraine était entrée dans la ville comme un vent d’octobre, comme le vol sombre d’une chauve-souris sur le lac glacial, dans le cliquetis des os, les plaintes, les soupirs et les murmures au long des toiles de tente battues d’une pluie sombre. Un mois durant, elle était restée sur les berges du lac aux eaux agitées et grises, par un temps noir et l’orage sous un ciel de plomb.
C’était la troisième semaine – un jeudi, au crépuscule – et les deux petits garçons longeaient les berges du lac dans le vent froid.
« Ouah, j’te crois pas ! disait Peter.
— Allons, je vais te montrer », disait Hank.
Et, laissant derrière eux un sillage de crachin dans le sable humide et brun de la plage battue, ils coururent jusqu’au champ de foire déserté.
Il avait plu. »

Extrait de : R. Bradbury. « La Grande Roue. »

La barrière de Santaroga par F. Herbert

Fiche de La barrière de Santaroga

Titre : La barrière de Santaroga
Auteur : F. Herbert
Date de parution : 1968
Traduction : J. Bonnefoy
Editeur : J.-C. Lattès

Première page de La barrière de Santaroga

« Le soleil déclinait lorsque la vieille camionnette Ford équipée en camping-car franchit le col pour amorcer la longue descente vers la Vallée de Santaroga. Une voie de dégagement en forme de croissant longeait la première courbe de l’autoroute. Gilbert Dasein engagea son camion sur le terre-plein gravillonné, l’arrêta devant une barrière blanche et considéra la vallée dont il devait dévoiler les secrets.
Dasein se souvint que deux hommes déjà avaient disparu à cause de ce projet. Des accidents. Des accidents naturels. Que se cachait-il donc là-bas dans cette cuvette d’ombre ponctuée de points de lumière ? Un accident l’attendait-il ?
Dasein avait mal dans le dos après cette longue route depuis Berkeley. Il stoppa le moteur, s’étira. Une odeur d’huile brûlée imprégnait la cabine. Les joints entre le châssis-cabine et la cellule du camping-car émettaient des craquements. »

Extrait de : F. Herbert. « La barriere Santaroga. »