Étiquette : Bragelonne
Mourir au hasard par Pierre Pelot

Fiche de Mourir au hasard
Titre : Mourir au hasard
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 2013
Editeur : Bragelonne
Première page de Mourir au hasard
« C’était un froid dur et noir, comme si le canal du Rhin, au nord, soufflait à travers toute la ville son haleine polaire. Un froid à vous fêler les dents, vous dépiauter les bronches. Il fallait bien respirer, vaille que vaille.
Zien Doors était en train de se dire : Mon vieux Zien, ne crois-tu pas qu’il y a mille choses plus intéressantes, dans la vie, que se geler les pieds dans cette espèce de mauvaise boîte à sandwichs mal chauffée ? Hein ? Des choses plus passionnantes que surveiller l’autre côté de la rue en attendant qu’une vieille dame de quarante-huit, quarante-neuf ans, sorte de cette putain de maison ?
Il remua ses pieds, frottant les semelles minces de ses chaussures sur le carrelage froid, en espérant que la friction dégagerait un peu de chaleur, une sorte de petit rayonnement amical suffisamment énergique pour traverser la barrière gluante de ses chaussettes poisseuses de sueur. »
Extrait de : P. Pelot. « Mourir au hasard. »
Les îles du vacarme par Pierre Pelot

Fiche de Les îles du vacarme
Titre : Les îles du vacarme
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1981
Editeur : Bragelonne
Première page de Les îles du vacarme
« Comment un homme normal aurait-il pu raisonnablement aimer Lorane ?
Ce n’était pas la première fois qu’il se posait la question ; en fait, il se l’était posée aussitôt après l’avoir rencontrée. Dans les mois qui suivirent, elle devint une sorte de leitmotiv qui ne manquait jamais de s’imposer à lui, tous les jours, tôt ou tard, lui vrillant le crâne et interrompant le cours ordinaire de ses pensées… Il s’en était accommodé. Et n’avait toujours pas trouvé de réponse satisfaisante.
Peut-être était-ce mieux, finalement ? Une réponse satisfaisante ne signifierait-elle pas la fin de quelque chose ? Encore une question à laquelle Dylan Dancer Moab, le Veilleur, ne voulait surtout pas apporter l’ombre d’une réponse. Rien qui aurait pu clarifier le problème. Surtout pas… »
Extrait de : P. Pelot. « Les Îles du vacarme. »
Les caïmans sont des gens comme les autres par Pierre Pelot

Fiche de Les caïmans sont des gens comme les autres
Titre : Les caïmans sont des gens comme les autres
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1996
Editeur : Bragelonne
Première page de Les caïmans sont des gens comme les autres
« On entendit d’abord la voiture arriver – forcément. Ensuite, on l’entendit ralentir et freiner. Et puis ses pneus sur le gravier, le moteur coupé. Un court instant plus tard, la portière qui claquait.
Au moment même où l’homme franchissait le seuil, une mouche tomba dans le verre de bière du gamin, bien que cela n’eût probablement aucun rapport avec l’entrée de l’étranger, en dépit de la sévère odeur de merde qui flotta aussitôt dans la salle du café. C’était juste une coïncidence. En réalité, le gamin ne prêta aucune attention à la mouche dans son verre. Il y avait une bonne douzaine d’autres cadavres d’insectes sur le bar de formica, certains pas encore tout à fait cadavres et zizillant leur agonie en tournoyant sur le dos. La senteur de merde filtrait insidieusement à travers cette autre odeur pas vraiment flatteuse du produit tue-mouches vaporisé dans l’atmosphère pesante et chaude de la fin de journée. Ce que regardait le gamin, c’était le type qui venait d’entrer. »
Extrait de : P. Pelot. « Les caïmans sont des gens comme les autres. »
Le sourire des crabes par Pierre Pelot

Fiche de Le sourire des crabes
Titre : Le sourire des crabes
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1977
Editeur : Bragelonne
Première page de Le sourire des crabes
« La maison était douce, les bruits n’y venaient pas.
Polipotern dansait quelque part au-dehors, ou ailleurs, je ne sais pas. Je ne sais pas encore, et ne connais pas Polipotern.
La maison était douce, molle, bien taillée sur mesure. À ma mesure. C’est bien.
Je dors.
Il y a une porte à ma maison, porte que je pousse, en souriant, car je souris toujours. Il fait chaud, il fait mou. J’ai le choix. Alors je choisis la mer – je ne sais pas ce que c’est, mais je choisis la mer. À cause de l’eau, peut-être… C’est certainement à cause de l’eau.
C’était ainsi depuis toujours, depuis cette première fois où quelqu’un inventa le mot Temps. La maison molle et agréable, avec la porte poussée, sur la mer ou le sable. Avec la chaleur du soleil. Et j’ai su que les choses allaient changer. »
Extrait de : P. Pelot. « Le Sourire des crabes. »
Le bonheur des sardines par Pierre Pelot

Fiche de Le bonheur des sardines
Titre : Le bonheur des sardines
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1993
Editeur : Bragelonne
Première page de Le bonheur des sardines
« Il entra dans le bar à midi tapant, traversa la salle de restau bondée, taillant dans la fumée et le brouhaha. À cette heure-là, c’était une clientèle de bureaux. Aucune des filles attablées devant le plat du jour ne détourna son attention à son passage.
Ils étaient comme prévu dans la salle du fond. Quatre autour d’une table. La partie n’était pas engagée depuis longtemps, à en juger par le tapis découvert et les piles de jetons. Le vacarme en provenance de la salle voisine était à peine moins fort.
Deux autres types, inconnus, se tenaient assis un peu en retrait, derrière Norbert. Visiblement deux frères, maigres, grands, osseux, dont un avec une tête incroyablement hirsute et vêtu un peu comme un hippie des temps révolus – une allure qui aurait motivé tout net le refoulement à l’entrée de l’établissement. Il fallait que ce type soit important pour que Norbert tolère un pareil look.
Il attendit, debout, sous le regard inexpressif des deux types maigres. »
Extrait de : P. Pelot. « Le Bonheur des sardines. »
La passante par Pierre Pelot

Fiche de La passante
Titre : La passante
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1999
Editeur : Bragelonne
Première page de La passante
« Il a plu toute la journée.
Je ne crois pas mentir en affirmant que l’averse ne s’est pas calmée une seconde. La bourrasque battant contre les volets métalliques de ma chambre m’a tiré du sommeil bien avant que sonne le réveil. Il est minuit moins le quart, les rafales continuent de secouer régulièrement ce sacré volet – il faudra tout de même que je prenne mon courage à deux mains et trouve une petite demi-heure pour réparer ce qui cloche dans la fermeture : c’est quelque chose que je suis capable de faire.
Il semblerait que ce temps-là annonce un mois de juin totalement pourri, ce qui est le cas, régulièrement, depuis quelques années. Le mois de juin n’est pas un mois que j’aime, sur tous les plans, d’ailleurs, et pas uniquement sous l’angle météorologique. »
Extrait de : P. Pelot. « La Passante. »
La nuit sur Terre par Pierre Pelot

Fiche de La nuit sur Terre
Titre : La nuit sur Terre
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1983
Editeur : Bragelonne
Première page de La nuit sur Terre
« Il avait neigé la veille, vendredi 31 mars, sur les premiers bourgeons éclatés des saules. De la neige fondue et de la pluie crachouillante, du matin jusqu’au soir, et même encore dans les heures avancées de la nuit. Résultat : le sol une fois de plus recouvert de mauvaise boue, l’air humide porté par un vent ricanant, qui savait s’insinuer par le moindre interstice – même qu’il n’avait pas besoin de ça, le vent, pour vous pénétrer sous la peau et venir vous lécher l’intérieur des boyaux.
Et aujourd’hui, jeudi 1er avril, grand soleil, beau temps parfait, ciel bleu. Ce n’était pas une blague. À croire que la veille remontait à des mois…
En fait, cette alternance de chaleurs odoriférantes et de froidures traîtresses ne présentait rien d’extraordinaire pour la saison et le manège durait depuis le milieu du mois écoulé. »
Extrait de : P. Pelot. « La nuit sur Terre. »
L’assassin de Dieu par Pierre Pelot

Fiche de L’assassin de Dieu
Titre : L’assassin de Dieu
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1998
Editeur : Bragelonne
Première page de L’assassin de Dieu
« … Et de tous ceux qui hantent ce pays, pas un ne sait ni ne se souvient qui il était avant, d’où il venait. Ni quels sont les pays d’avant ce pays-là, et pas davantage ceux d’après.
C’est un pays que certains personnages particulièrement mystérieux, et qui disent tout connaître des secrets, nomment parfois le Monde au bord du Gouffre. Ce qui finalement ne veut rien dire, car les gouffres ne sont pas plus inquiétants ni plus grands dans ce monde qu’ils ne le sont ailleurs. Le seul vrai gouffre, si l’on veut bien, est peut-être le ciel. L’immense, l’insondable trou noir du ciel.
Mais est-ce le ciel ? »
Extrait de : P. Pelot. « L’Assassin de Dieu. »
Fou comme l’oiseau par Pierre Pelot

Fiche de Fou comme l’oiseau
Titre : Fou comme l’oiseau
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1980
Editeur : Bragelonne
Première page de Fou comme l’oiseau
« La mère s’était déjà mise à la vaisselle, achevant de mâcher une dernière bouchée de pain. Irénée leva les yeux sur Chip, quand celui-ci repoussa sa chaise et s’en alla, claquant peut-être un peu fort la porte derrière lui. Irénée demeura immobile pendant quelques secondes ; même ses mâchoires se figèrent. Son visage n’avouait rien de ce qu’il pensait en cet instant, ses yeux gris pâle, comme à l’accoutumée, étaient vides. Il reprit sa mastication.
Sur le buffet de bois peint en blanc, parmi des bibelots, le transistor diffusait en sourdine les nouvelles du monde et de l’extérieur.
La cuisine était sombre, mais moins qu’en plein hiver à cette même heure, sur cette pente de la montagne. En hiver, il fallait allumer du lever au coucher.
La mère quitta l’évier pour venir ramasser la vaisselle sur la table. Elle prit l’assiette devant Irénée, et sa fourchette, mais lui laissa son couteau. Elle n’avait pas encore fini de mâcher sa croûte de pain. Son dentier clapait. »
Extrait de : P. Pelot. « Fou comme l’oiseau. »
Dylan Stark – l’intégrale par Pierre Pelot

Fiche de Dylan Stark – l’intégrale
Titre : Dylan Stark – l’intégrale
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution :
Editeur : Bragelonne
Sommaire de Dylan Stark – l’intégrale
- Quatre hommes pour l’enfer
- Le vent de la colère
- La couleur de Dieu
- La horde aux abois
- Les loups dans la ville
- Les loups sur la piste
- Les irréductibles
- Le hibou sur la porte
- La marche des bannis
- Deux hommes sont venus
- 7h20 pour Opelousas
- La peau du nègre
- L’homme-qui-marche
- Quand gronde la rivière
- Plus loin que les docks
- Un jour, un ouragan…
- Le tombeau de Satan
- L’homme des monts déchirés