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Quand gronde la rivière par Pierre Pelot

Fiche de Quand gronde la rivière

Titre : Quand gronde la rivière (Tome 14 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1968
Editeur : Bragelonne

Première page de Quand gronde la rivière

« Crossing Jubal se demandait si l’âge était en cause. S’il s’agissait de ce ramollissement général dont parlent certains vieux, parfois, et qui lui tombait à présent sur le dos sans qu’il y soit le moins du monde préparé. Quand on se met à penser de pareilles choses, qu’on en arrive à se poser de semblables questions, alors, c’est tout de même le sacré signe que le rouleau se déroule vite, un peu trop vite, tout à coup… Crossing se disait cela. Il se voyait comme la grande misaine, quand le vent mollit. Était-ce l’heure de carguer ?

Peut-être, oui, était-ce l’âge qui sapait traîtreusement son enthousiasme et le freinait dans ses élans. L’âge qui lui donnait de sales idées, colorait en noir tout ce qui aurait aussi bien pu être teinté d’espoir. Peut-être aussi… oui, bien sûr. Il s’était mis à penser comme ça sitôt le sac à terre, bien avant même de rencontrer ceux de l’équipe. »

Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – Quand gronde la rivière. »

7h20 pour Opelousas par Pierre Pelot

Fiche de 7h20 pour Opelousas

Titre : 7h20 pour Opelousas (Tome 13 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1968
Editeur : Bragelonne

Première page de 7h20 pour Opelousas

« Somme toute, c’est relativement simple…

En premier lieu, un beau jour, vous rencontrez un homme sur le bord d’une piste. C’est naturellement une chose qui peut se produire des centaines de fois sans que rien n’en résulte. Bien sûr… Mais celui-là vient de crever son cheval ; celui-là n’a rien d’autre que sa selle sur l’épaule, et un drôle d’air méfiant qui laisse présager que tout n’est pas net et limpide au fond de sa conscience.

Et que fait-on, hein ? lorsque l’on tombe ainsi sur un homme sans cheval, perdu au cœur des tertres… et après que cet individu vous a dit que votre chemin est le sien ?

Bien. En deuxième lieu, après avoir deviné – l’intuition sert tout de même parfois à quelque chose – que ce type, qui se nomme Hilkija Britton, n’est pas un mauvais bougre, après s’être attaché à sa compagnie sans autre vraie raison qu’une curiosité piquante, c’est à deux sur le même cheval que vous arrivez un beau jour à Sanwooten. »

Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – 7 h 20 pour Opelousas. »

Deux hommes sont venus par Pierre Pelot

Fiche de Deux hommes sont venus

Titre : Deux hommes sont venus (Tome 12 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1968
Editeur : Bragelonne

Première page de Deux hommes sont venus

« Début 64, il avait quitté le pays. Bien obligé ! Et de toute façon, si rien de ce qui avait eu lieu ne s’était produit, il aurait tout de même changé de bottes… il serait parti, avec le vieux Sam et les autres fidèles. Ils avaient dans l’idée de s’installer plus au nord, loin de la guerre, là-haut dans le nouveau pays, aux environs de cette fameuse ligne transcontinentale que l’on poussait vaillamment de plus en plus loin vers l’Ouest. C’était cela, l’idée de Sam. Seulement…

… Les hommes sont là, et ils regardent les nuages, et ils n’ont rien de mieux que leurs deux pieds pour se caler sur terre ; ce n’est pas toujours très solide ! Ils regardent les nuages et ils se disent : « Demain, il fera beau ». Et puis, le lendemain, l’orage les détrompe avec fracas… »

Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – Deux hommes sont venus. »

La peau du nègre par Pierre Pelot

Fiche de La peau du nègre

Titre : La peau du nègre (Tome 10 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1968
Editeur : Bragelonne

Première page de La peau du nègre

« Jim Spoltz se releva, se gratta la tête. Posément, il acheva de passer l’une après l’autre ses bretelles sur ses épaules. Ensuite, il dit :

— Cette dame est absolument morte.

Puis, comme si cette constatation l’eût amusé pour quelque raison obscure, il promena autour de lui un regard voilé dans lequel brillait une étrange lueur. Quelques-unes des filles accoudées au garde-corps de la galerie étouffèrent un cri sur leurs lèvres, d’une main rapide. Seule, Judie demeura prostrée, assise sur la première marche de l’escalier, les coudes aux genoux et les mains pendantes au bout de ses fins poignets. Elle était décoiffée, le visage exsangue et creux, ses yeux énormes fixés sur le corps de Mrs. Hillbee. Elle semblait ne pouvoir détacher ses yeux de la petite marque brune qui salissait les cheveux décolorés. »

Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – La Peau du nègre. »

La couleur de Dieu par Pierre Pelot

Fiche de La couleur de Dieu

Titre : La couleur de Dieu (Tome 3 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1967
Editeur : Bragelonne

Première page de La couleur de Dieu

« Les braises avaient fumé, et puis elles étaient mortes. Alors, elles s’étaient tassées. Au matin, sous la rosée, elles étaient devenues des cendres bien noires, bien brillantes. Les jours avaient suivi les jours, tous pareils, et pourtant de plus en plus chauds et longs, avec un soleil qui laissait prévoir plus de chaleur encore.

Les cendres s’étaient tassées. Elles étaient encore noires, mais seulement par endroits : ailleurs, tout avait pris une teinte brune terreuse et rouillée.

De la ferme, il restait peu de chose : la cheminée de grosses pierres, massive et grise (c’était là, sur la pierre, que les cendres étaient encore noires) ; un morceau de mur appuyé à cette cheminée, et qui descendait en biais jusqu’au sol. »

Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – La couleur de Dieu. »

Le vent de la colère par Pierre Pelot

Fiche de Le vent de la colère

Titre : Le vent de la colère (Tome 2 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1973
Editeur : Bragelonne

Première page de Le vent de la colère

« Un long moment, Luther Lez regarda l’assiette de fer-blanc posée sur la table, devant lui. À n’en pas douter, il faisait un violent effort pour maîtriser cette colère noire qui montait du fond de son être. Il était assis, tout raide, les poings serrés, tandis qu’un tremblement envahissait progressivement les muscles de ses joues mal rasées.

Luther n’était pas un homme habitué à l’effort. À aucun effort. Il avait toujours vécu au fil de la plus anarchique fantaisie, dans cette cabane de bois miteuse, en dehors de Vulcan, coincée entre la lance, le marais, les pineraies et la montagne de Savage Range. Quand il avait soif, il buvait ; quand il avait faim, il chassait ou tendait un piège… à la rigueur, il volait un peu ; et à ce propos, il valait mieux ne pas chercher à approfondir l’origine de sa basse-cour. C’était sa vie, et ce n’était jamais compliqué. La guerre elle-même n’avait pas tonné suffisamment haut pour prétendre déranger Luther Lez. »

Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – Le vent de la colère. »

Quatre hommes pour l’enfer par Pierre Pelot

Fiche de Quatre hommes pour l’enfer

Titre : Quatre hommes pour l’enfer (Tome 1 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1967
Editeur : Bragelonne

Première page de Quatre hommes pour l’enfer

« Juillet 1864. Géorgie.

Droit devant, la vallée jaune de la Snake River éclatait de soleil. Juillet était là, bien présent, et il n’en finissait pas de le dire aux arbres, aux herbes, aux caillasses pâlies des collines. Sur toute la Géorgie, il y avait ce soleil tremblant et clair qui semait des lumières vives dans les plus maigres halliers.

C’était juillet 1864, en Géorgie.

Au bout de la vallée, à plus de deux cents yards, juste derrière le coude de la rivière, la ferme faisait une tache sombre. Les murs gris refusaient le soleil. Devant la porte, un boulet avait éclaté, creusant le sol et balafrant la maison d’une grande flamme de poudre noire. Le toit avait brûlé ; ne subsistaient que quelques poutres noircies s’élançant vers le ciel d’azur. »

Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – Quatre hommes pour l’enfer. »

Villa Rosalie par Mélanie Fazi

Fiche de Villa Rosalie

Titre : Villa Rosalie
Auteur : Mélanie Fazi
Date de parution : 2006
Editeur : Bragelonne

Première page de Villa Rosalie

« Près de la porte, le nom de la maison s’affiche en lettres de fer forgé, « Villa Rosalie », comme un badge épinglé au revers d’une veste. Derrière, le blanc du crépi commence à s’encrasser.

Au moment d’entrer, je me raidis toujours en imaginant les regards braqués dans mon dos. Il suffit de se dire « Surtout, n’ayons pas l’air suspect » pour sentir ses épaules se voûter, ses doigts trembler, comme un cambrioleur à la manque. J’ai remonté l’allée avec une nonchalance calculée qui cache mal ma nervosité. Je commence à m’y habituer, mais je m’étonne toujours, à chaque nouvelle visite, de n’entendre aucun voisin m’interpeller.

On doit me connaître de vue comme le type qui vient tondre la pelouse chez la vieille Clémen­tine, parfois faire de menus travaux.  »

Extrait de : M. Fazi. « Villa Rosalie.  »

Notre Dame aux écailles par Mélanie Fazi

Fiche de Notre Dame aux écailles

Titre : Notre Dame aux écailles
Auteur : Mélanie Fazi
Date de parution : 2008
Editeur : Bragelonne

Sommaire de Notre Dame aux écailles

  • La cité travestie
  • En forme de dragon
  • Langage de la peau
  • Le train de nuit
  • Les cinq soirs du lion
  • La danse au bord du fleuve
  • Villa Rosalie
  • Le noeud cajun
  • Notre-Dame aux écailles
  • Mardi gras
  • Noces d’écume
  • Fantômes d’épingles

Première page de La cité travestie

« La cité travestie ne dort jamais. Ses insomnies sont contagieuses.
Depuis six mois, je hante ses rues. Ils sont des centaines à me croiser chaque jour pour m’oublier aussitôt. Avec mon sac en bandoulière et mes habits quelconques, on doit me croire touriste ou étudiant. Eux ne me voient pas, mais il en est d’autres qui guettent. Parfois, aux abords des canaux, je jurerais entendre le clapotis m’appeler par mon nom.
Giordano Salvaggio, murmurent les eaux. Ne nous oublie pas, Giordano.
Je suis un braconnier d’un genre un peu spécial, et Venise est mon terrain de chasse. Six mois, c’est assez pour nouer avec une ville un rapport plus qu’intime. Il suffit parfois de peu pour changer un regard : tirez sur un fil et la tapisserie entière se délite entre vos doigts. Mais une cité mise à nu, ce n’est jamais beau à voir. »

Extrait de : M. Fazi. « Notre-Dame-aux-Ecailles. »

Noces d’écume par Mélanie Fazi

Fiche de Noces d’écume

Titre : Noces d’écume
Auteur : Mélanie Fazi
Date de parution : 2008
Editeur : Bragelonne

Première page de Noces d’écume

« Ils étaient partis pêcher tous les quatre. À leur retour, Valentin avait refusé de me dire ce qu’ils avaient tiré de la mer.

Son expression hagarde, ce soir-là… Posé au bord du lit comme un tas de chiffons jeté là, négligemment. Épaules rentrées, dos voûté. Bras ballants à ses côtés comme s’il ne savait qu’en faire. Et le regard perdu entre ici et la fenêtre, ou plus loin encore. Tourné vers l’océan qu’il n’avait quitté que depuis quelques heures.

La nuit tombait dehors, chargée du bruit des vagues. Un silence épais, alourdi de cet écho, étouffait notre chambre. Ma voix s’y frayait un chemin hési­tant.

— Il s’est passé quelque chose, Valentin ?

Un accident peut-être ? C’était la première question qui m’avait traversé l’esprit en lui voyant cet air sonné quand il avait passé la porte. À se demander par quel miracle il avait regagné la maison. »

Extrait de : M. Fazi. « Noces d’écume. »