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La peau du nègre par Pierre Pelot

Fiche de La peau du nègre

Titre : La peau du nègre (Tome 10 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1968
Editeur : Bragelonne

Première page de La peau du nègre

« Jim Spoltz se releva, se gratta la tête. Posément, il acheva de passer l’une après l’autre ses bretelles sur ses épaules. Ensuite, il dit :

— Cette dame est absolument morte.

Puis, comme si cette constatation l’eût amusé pour quelque raison obscure, il promena autour de lui un regard voilé dans lequel brillait une étrange lueur. Quelques-unes des filles accoudées au garde-corps de la galerie étouffèrent un cri sur leurs lèvres, d’une main rapide. Seule, Judie demeura prostrée, assise sur la première marche de l’escalier, les coudes aux genoux et les mains pendantes au bout de ses fins poignets. Elle était décoiffée, le visage exsangue et creux, ses yeux énormes fixés sur le corps de Mrs. Hillbee. Elle semblait ne pouvoir détacher ses yeux de la petite marque brune qui salissait les cheveux décolorés. »

Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – La Peau du nègre. »

La couleur de Dieu par Pierre Pelot

Fiche de La couleur de Dieu

Titre : La couleur de Dieu (Tome 3 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1967
Editeur : Bragelonne

Première page de La couleur de Dieu

« Les braises avaient fumé, et puis elles étaient mortes. Alors, elles s’étaient tassées. Au matin, sous la rosée, elles étaient devenues des cendres bien noires, bien brillantes. Les jours avaient suivi les jours, tous pareils, et pourtant de plus en plus chauds et longs, avec un soleil qui laissait prévoir plus de chaleur encore.

Les cendres s’étaient tassées. Elles étaient encore noires, mais seulement par endroits : ailleurs, tout avait pris une teinte brune terreuse et rouillée.

De la ferme, il restait peu de chose : la cheminée de grosses pierres, massive et grise (c’était là, sur la pierre, que les cendres étaient encore noires) ; un morceau de mur appuyé à cette cheminée, et qui descendait en biais jusqu’au sol. »

Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – La couleur de Dieu. »

Le vent de la colère par Pierre Pelot

Fiche de Le vent de la colère

Titre : Le vent de la colère (Tome 2 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1973
Editeur : Bragelonne

Première page de Le vent de la colère

« Un long moment, Luther Lez regarda l’assiette de fer-blanc posée sur la table, devant lui. À n’en pas douter, il faisait un violent effort pour maîtriser cette colère noire qui montait du fond de son être. Il était assis, tout raide, les poings serrés, tandis qu’un tremblement envahissait progressivement les muscles de ses joues mal rasées.

Luther n’était pas un homme habitué à l’effort. À aucun effort. Il avait toujours vécu au fil de la plus anarchique fantaisie, dans cette cabane de bois miteuse, en dehors de Vulcan, coincée entre la lance, le marais, les pineraies et la montagne de Savage Range. Quand il avait soif, il buvait ; quand il avait faim, il chassait ou tendait un piège… à la rigueur, il volait un peu ; et à ce propos, il valait mieux ne pas chercher à approfondir l’origine de sa basse-cour. C’était sa vie, et ce n’était jamais compliqué. La guerre elle-même n’avait pas tonné suffisamment haut pour prétendre déranger Luther Lez. »

Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – Le vent de la colère. »

Quatre hommes pour l’enfer par Pierre Pelot

Fiche de Quatre hommes pour l’enfer

Titre : Quatre hommes pour l’enfer (Tome 1 sur 22 – Dylan Stark)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1967
Editeur : Bragelonne

Première page de Quatre hommes pour l’enfer

« Juillet 1864. Géorgie.

Droit devant, la vallée jaune de la Snake River éclatait de soleil. Juillet était là, bien présent, et il n’en finissait pas de le dire aux arbres, aux herbes, aux caillasses pâlies des collines. Sur toute la Géorgie, il y avait ce soleil tremblant et clair qui semait des lumières vives dans les plus maigres halliers.

C’était juillet 1864, en Géorgie.

Au bout de la vallée, à plus de deux cents yards, juste derrière le coude de la rivière, la ferme faisait une tache sombre. Les murs gris refusaient le soleil. Devant la porte, un boulet avait éclaté, creusant le sol et balafrant la maison d’une grande flamme de poudre noire. Le toit avait brûlé ; ne subsistaient que quelques poutres noircies s’élançant vers le ciel d’azur. »

Extrait de : P. Pelot. « Dylan Stark – Quatre hommes pour l’enfer. »

Villa Rosalie par Mélanie Fazi

Fiche de Villa Rosalie

Titre : Villa Rosalie
Auteur : Mélanie Fazi
Date de parution : 2006
Editeur : Bragelonne

Première page de Villa Rosalie

« Près de la porte, le nom de la maison s’affiche en lettres de fer forgé, « Villa Rosalie », comme un badge épinglé au revers d’une veste. Derrière, le blanc du crépi commence à s’encrasser.

Au moment d’entrer, je me raidis toujours en imaginant les regards braqués dans mon dos. Il suffit de se dire « Surtout, n’ayons pas l’air suspect » pour sentir ses épaules se voûter, ses doigts trembler, comme un cambrioleur à la manque. J’ai remonté l’allée avec une nonchalance calculée qui cache mal ma nervosité. Je commence à m’y habituer, mais je m’étonne toujours, à chaque nouvelle visite, de n’entendre aucun voisin m’interpeller.

On doit me connaître de vue comme le type qui vient tondre la pelouse chez la vieille Clémen­tine, parfois faire de menus travaux.  »

Extrait de : M. Fazi. « Villa Rosalie.  »

Notre Dame aux écailles par Mélanie Fazi

Fiche de Notre Dame aux écailles

Titre : Notre Dame aux écailles
Auteur : Mélanie Fazi
Date de parution : 2008
Editeur : Bragelonne

Sommaire de Notre Dame aux écailles

  • La cité travestie
  • En forme de dragon
  • Langage de la peau
  • Le train de nuit
  • Les cinq soirs du lion
  • La danse au bord du fleuve
  • Villa Rosalie
  • Le noeud cajun
  • Notre-Dame aux écailles
  • Mardi gras
  • Noces d’écume
  • Fantômes d’épingles

Première page de La cité travestie

« La cité travestie ne dort jamais. Ses insomnies sont contagieuses.
Depuis six mois, je hante ses rues. Ils sont des centaines à me croiser chaque jour pour m’oublier aussitôt. Avec mon sac en bandoulière et mes habits quelconques, on doit me croire touriste ou étudiant. Eux ne me voient pas, mais il en est d’autres qui guettent. Parfois, aux abords des canaux, je jurerais entendre le clapotis m’appeler par mon nom.
Giordano Salvaggio, murmurent les eaux. Ne nous oublie pas, Giordano.
Je suis un braconnier d’un genre un peu spécial, et Venise est mon terrain de chasse. Six mois, c’est assez pour nouer avec une ville un rapport plus qu’intime. Il suffit parfois de peu pour changer un regard : tirez sur un fil et la tapisserie entière se délite entre vos doigts. Mais une cité mise à nu, ce n’est jamais beau à voir. »

Extrait de : M. Fazi. « Notre-Dame-aux-Ecailles. »

Noces d’écume par Mélanie Fazi

Fiche de Noces d’écume

Titre : Noces d’écume
Auteur : Mélanie Fazi
Date de parution : 2008
Editeur : Bragelonne

Première page de Noces d’écume

« Ils étaient partis pêcher tous les quatre. À leur retour, Valentin avait refusé de me dire ce qu’ils avaient tiré de la mer.

Son expression hagarde, ce soir-là… Posé au bord du lit comme un tas de chiffons jeté là, négligemment. Épaules rentrées, dos voûté. Bras ballants à ses côtés comme s’il ne savait qu’en faire. Et le regard perdu entre ici et la fenêtre, ou plus loin encore. Tourné vers l’océan qu’il n’avait quitté que depuis quelques heures.

La nuit tombait dehors, chargée du bruit des vagues. Un silence épais, alourdi de cet écho, étouffait notre chambre. Ma voix s’y frayait un chemin hési­tant.

— Il s’est passé quelque chose, Valentin ?

Un accident peut-être ? C’était la première question qui m’avait traversé l’esprit en lui voyant cet air sonné quand il avait passé la porte. À se demander par quel miracle il avait regagné la maison. »

Extrait de : M. Fazi. « Noces d’écume. »

Matilda par Mélanie Fazi

Fiche de Matilda

Titre : Matilda
Auteur : Mélanie Fazi
Date de parution : 2001
Editeur : Bragelonne

Première page de Matilda

« C’est une sensation unique de me retrouver ici, juste devant la scène, à regarder tout ce matériel installé sous mes yeux, les amplis, les instruments, les câbles qui grouillent comme un nid d’asticots, et de me dire : dans moins d’une demi-heure, Matilda se tiendra face à moi.

Je n’étais encore jamais venue au Manoir, mais je m’attendais à plus grand. C’est beaucoup mieux comme ça : je préfère les petites salles intimes. Surtout pour Matilda. Ce sera parfait ici, ambiance cabaret garantie, avec ces rideaux, ces tables rondes alignées au fond de la salle, et surtout l’absence de barrière devant la scène. »

Extrait de : M. Fazi. « Matilda. »

Mardi gras par Mélanie Fazi

Fiche de Mardi gras

Titre : Mardi gras
Auteur : Mélanie Fazi
Date de parution : 2008
Editeur : Bragelonne

Première page de Mardi gras

« Une chanson me tourne dans la tête depuis mon retour : America, de Simon & Garfunkel. « Michigan seems like a dream to me now… » Mais c’est la Louisiane qui me fait l’effet d’un rêve.

Éblouissement des premières heures : l’euphorie d’arpenter ces rues dont j’ai absorbé le nom malgré moi dans les livres. La Nouvelle-Orléans, je l’avais recréée à ma façon, cité mythique et hors du temps. Depuis mon arrivée, j’emmagasinais images et sensa­tions en cherchant à démêler le réel du cliché. Pas facile quand on a tant rêvé d’un lieu. »

Extrait de : M. Fazi. « Mardi gras. »

Le jardin des silences par Mélanie Fazi

Fiche de Le jardin des silences

Titre : Le jardin des silences
Auteur : Mélanie Fazi
Date de parution : 2014
Editeur : Bragelonne

Sommaire de Le jardin des silences

  • Swan le bien nommé
  • L’arbre et les corneilles
  • Miroir de porcelaine
  • L’autre route
  • Les soeurs de la Tarasque
  • Le pollen de minuit
  • L’été dans la vallée
  • Le jardin des silences
  • Née du givre
  • Dragon caché
  • Un bal d’hiver
  • Trois renards

Première page de Swan le bien nommé

« Petite, les visites du Ferme-l’Œil m’intimidaient. Perché au bord de mon lit ou sur ma table de chevet, il racontait des histoires aussi prenantes que dérangeantes ou m’entraînait dans des promenades dont je ne savais ensuite si je les avais rêvées. Il les avait peut-être simplement semées dans ma tête en agitant son grand parapluie couvert d’images mouvantes. Au matin, il m’en restait des impressions tenaces. Des visions oniriques, des jeux de langage, des récits où princes et princesses triomphaient d’épreuves insensées.

Ses histoires étaient parfois cruelles. J’ai appris depuis que la vie sait l’être aussi.

Maintenant que les doigts me brûlent et que le silence me blesse la gorge, Ole Ferme-l’Œil est mon seul allié. Quand le monde bascule, c’est si rassurant de pouvoir compter sur quelqu’un qui pratique la logique des rêves et des contes.

Même sans son avertissement, j’aurais fini par quitter la maison. La tension devenait pesante. Quelque chose s’était cassé entre Papa et nous le jour où Marie-Anne s’était installée sous notre toit, prenant la place d’une mère dont nous n’avions pas fini d’apprivoiser l’absence. »

Extrait de : M. Fazi. « Le Jardin des silences. »